Page images
PDF
EPUB

dinave, en ce qu'il mit obstacle à une agitation d'idées suivant eux dangereuse, on ne le vit cependant pas s'accomplir, sans concevoir quelque inquiétude pour l'avenir. Le sentiment national s'effraya de l'influence que la Russie pourrait prendre par là sur les affaires du Danemark.

Cependant le gouvernement usait de son pouvoir absolu pour introduire quelques améliorations dans l'armée, dans les finances et l'administration. Ce n'étaient pas là, sans doute, les réformes indiquées par les États à la dernière session; mais elles témoignaient de l'activité du gouvernement et étaient encore de nature à être utiles à la nation. La plus importante fut celle qui dota l'Islande d'États provinciaux et la mit ainsi sur le même pied que les autres provinces du royaume (8 mars).

Au reste, le bien-être du pays est en progrès : les travaux d'utilité publique, les voies de communication sont l'objet des soins du gouvernement. Le commerce de transit s'étend et le trésor recueille les fruits de l'abaissement du tarif du Sund (Voy. le texte officiel de ce tarif aux documents historiques). Si les droits sont moins élevés, le nombre des vaisseaux qui passent le détroit s'est considérablement accru et a donné une grande augmentation de revenus.

SUÈDE ET NORWÈGE.

Dans le long intervalle qui sépare les diètes, il est difficile que l'opinion publique ne perde pas de sa force, que la lutte des idées et des intérêts ne se ralentisse pas, quels que soient les besoins du pays. C'est ce qui explique le calme et l'assoupissement des esprits en Suède, après une session aussi agitée que le fut celle de 1840-41. Aucun fait important ne se produisit cette année. Ce n'est pas à dire que le pays ait oublié les griefs qu'il fit valoir avec tant d'énergie à la dernière diète; mais le débat des grandes questions est ajourné. Les seuls faits qui soient à signaler sont l'abaissement des

droits sur l'exportation des fers; des changements de personnes et non de système dans le ministère ; une maladie du roi, peu grave en elle-même, mais dont les symptômes révélaient un affaiblissement irréparable dans la santé du doyen des monarques européens; enfin, des fêtes assez animées qui saluèrent le vingt-cinquième anniversaire de son avénement au trône.

RUSSIE ET POLOGNE.

Sans rien perdre de son activité et de son intelligence la diplomatie russe fut cette année moins heureuse que de coutume; le rapprochement de la France et de l'Angleterre dans les questions de politique européenne, et particulièrement dans celles qui touchent immédiatement la Russie, opposa de nombreux obstacles aux projets du cabinet de St-Pétersbourg. Si l'influence russe prévalut et se consolida en Valachie, elle fut aussi plus vivement combattue par la susceptibilité des populations; si elle put, en Serbie, annuler une élection à laquelle elle n'avait point eu part et faire éloigner du pays deux ministres suspects de patriotisme, cependant elle ne put empêcher l'établissement d'une nouvelle dynastie ni arrêter le développement des sentiments nationaux. De son côté, le gouvernement Turc ne laissa pas que de montrer quelque fermeté et quelque indépendance dans les occasions où il fut aux prises avec les suggestions ou les exigences de la Russie, et le soin qu'il mit, d'ailleurs, à améliorer certaines parties de l'administration, ne put être avantageux à la puissance qui est le plus directement intéressée à la décadence du pouvoir en Turquie. Mais c'est en Grèce surtout que les combinaisons de la diplomatie moscovite furent trompées et mises au grand jour. Mêlée par des agents subalternes à une émeute qui devait, suivant toutes prévisions, affaiblir, déconsidérer la personne royale et qui, au contraire, prit bientôt le ca

ractère d'uue révolution sérieuse, légitime, nationale, acceptée par le souverain lui-même, la diplomatie russe se trouva tout d'abord dans une certaine perplexité. Elle s'efforça de cacher son désappointement et de donner le change à l'Europe. Elle censura hautement les auteurs de la révo lution, proclama l'indignation que lui causait la violence faite au roi Othon, feignit de vouloir retirer son ambassadeur et refusa de concourir avec la France et l'Angleterre à l'établissement de la nouvelle constitution. L'échec était certain, et le cabinet russe ne chercha pas autre chose que de l'amoindrir et de l'exploiter à son profit autant qu'il pouvait l'être.

Ajoutons à ces difficultés la continuation de la guerre du Caucase, qui prit cette fois un caractère plus sérieux et ne laissa pas que de coûter beaucoup de sang; la persistance bien qu'affaiblie de la cour de Rome dans les opinions de sa pròtestation de l'année 1840, et l'effet produit par cette conduite dans la catholicité en Pologne; enfin le progrès religieux du propagandisme polonais mis au service des Lazaristes français parmi la population slave de la Turquie. Voici, au reste, quelques compensations importantes à ces défaites de la diplomatie russe : elle obtint de l'Angleterré un traité de navigation et de libre établissement, qui devait avoir pour résultat d'attirer en Russie les capitaux anglais; elle maria une fille de l'empereur au prince de Hesse, qui est destiné sans doute au trône de Danemarck. Le czar lui-même, dans un voyage en Prusse, reconquit sur l'esprit du souverain allemand une influence solidement établie, mais qui l'année précédente avait semblé s'affaiblir. Le cartel d'extradition fut re nouvelé.

Toutefois le voyage de l'empereur en Prusse fut troublé par un accident qui se rattachait peut-être à la disposition des esprits à l'intérieur, en Pologne. Un coup de feu fut tiré sur l'escorte impériale, au moment où elle traversait un fau bourg de Posen. Était-ce le fait isolé de quelque émigré?

cette tentative venait-elle d'un projet plus vaste qui aurait eu des ramifications en Pologne? Le secret qui entoure les actes du gouvernement absolu autant que la difficulté des recherches laissèrent ces questions dans le doute, et ce n'est que de la suite des événements que viendra l'explication d'un fait jusqu'à présent enveloppé de mystère. Toujours est-il que les émigrés polonais établis dans le duché de Posen furent entourés d'une surveillance plus sévère, et l'administration du maréchal Paskewicth, en Pologne, commença à paraître trop modérée au gouvernement central. Des mesures furent prises en ce sens par la Prusse et la Russie.

Il en faut distinguer celle qui vint frapper les juifs à la fin de cette année. Tous les juifs de l'empire qui habitent à moins de quinze lieues de la frontière doivent, en vertu d'un ukase, vendre leurs biens dans un espace de temps limité et se transporter dans le sein de l'empire, en deçà de la frontière désignée par le gouvernement. Toute famille qui ne pourra pas justifier d'une certaine aisance dont le pouvoir sera seul juge, sera déportée dans les steppes; enfin, les juifs seront désormais soumis au recrutement militaire, et leurs enfants pourront être enlevés par le gouvernement pour le service de la marine. Le prétexte assigné à une détermination si éloignée des idées de justice reçues dans les autres États, c'est la contrebande pratiquée par les juifs de la frontière; mais contre une telle pratique n'y avait-il pas d'autre recours dans les lois existantes et dans la forme du gouvernement? Il faut, sans doute, voir plutôt là une application de cette pensée absolue du czar, de réduire toutes les communions religieuses à l'unité, pour faire de cette unité même la base de l'unité politique, et le dessein immédiat d'alimenter les colonies militaires établies dans le sein de l'empire. L'opinion publique se souleva contre cet acte dans les États constitutionnels et en Allemagne.

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small]

Modification

Conseils et protestations de la France et de l'Angleterre. Insulte

faite au pavillon français à Jérusalem.

dans le ministère.

Réparation.

- Effet produit par la révolution grecque. nuation du différend élevé entre le divan et la Perse.

[blocks in formation]

SERBIE. État de la question serbe. - Résistance du divan aux prétentions de la Russie. Politique des cabinets européens. La Porte cède à la Communication du divan au gouvernement serbe.

Russie.

du sénat.

Réponse

Déférence des Serbes pour le sultan. - Modification de la

politique de la France et de l'Angleterre.

[blocks in formation]

[ocr errors]

Rappel de Kiamil, pacha de Nomination de Hafiz-Pacha au même poste. Retraite de

Sarim-Effendi. - Retards apportés au départ de Wutchitch et Petroniewitch. Capture de plusieurs agents russes. - Voyage du prince Alexandre. Ordres de la Porte pour l'établissement d'une administration provisoire. — Protestations. —Réponse de M. de Lieven. — Réélection du prince Alexandre. Nouvelles difficultés. - Éloignement de Wulchitch et Petroniewitch. - Caractère de la révolution serbe. VALACHIE. Élection du prince Bibesco. Son voyage à Constantinople. Sa politique.

[merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

Préparatifs pour une Règlement d'administration et

Envoi d'une expédition à la recherche des sources

[merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

Deux causes ont plus que toutes les autres contribué à amener la Turquie au degré d'affaiblissement où elle se

« PreviousContinue »