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nité, un souvenir de commune origine que des prédications récentes avaient contribué à resserrer. Dans la révolution serbe, ces sentiments trouvèrent leur place; les Polonais apportèrent à leurs frères de Serbie la connaissance qu'ils ont de la Russie et le patriotisme qui les pousse à lui chercher partout des ennemis. La Russie ne s'y trompa point; elle adressa même au divan une note où elle se plaignait de l'appui que l'agence polonaise prêtait à la Serbie. Le divan éluda toute explication à ce sujet ; et un commun intérêt, de communes passions, un succès remporté en commun cimentèrent l'union des Polonais et des Serbes. L'influence russe en Serbie reçut donc un coup mortel dont peut-être les humiliations du divan n'étaient pas une compensation.

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Le prince Alexandre fut confirmé dans sa dignit é par un bérat impérial (14 septembre), et son administration, inaugurée au milieu de l'enthousiasme général, continua dans le bon ordre et la paix publique.

VALACHIE.Pendant que cela se passait, les affaires de Valachié s'arrangeaient d'une manière plus paisible et sans obstacle. Un des hommes qui dans la dernière crise s'étaient le plus distingués parleur conduite, leurs paroles ou leurs écrits, M. Bibesco, fut nommé à l'hospodarat (janvier). Ce choix fut accepté par l'Europe comme libéral et de bon augure. Dans un voyage à Constantinople, l'hospadar de Valachie fut comblé d'honneurs par le sultan. La Russie rivalisa de générosíté avec le divan; mais à la fin de cette année il n'y a pas encore à penser que les décorations flatteuses du czar aient prévalu dans l'esprit de Bibesco. Son administration s'est, dès les commencements, montrée ferme et nationale.

MOLDAVIE. En Moldavie, le pouvoir s'est consolidé par sa durée. Bien que dévoué à la Russie, le prince gouverne avec sagesse et modération. Il a trouvé, au moins pour quelque temps encore le moyen d'éluder les difficultés de sa position. Au reste, dans le pays, les esprits honnêtes semblent peu portés à ces inutiles changements, dont le

profit n'est jamais que pour les ambitieux et pour l'étranger. ÉGYPTE. - Dans une autre partie de l'empire, l'Égypte, le pacha s'est affermi dans sa nouvelle situation. Un incident inattendu faillit lui causer des embarras assez graves. Ahmed-Pacha, gouverneur de Sennaar, refusait de reconnaître à l'avenir l'autorité de Méhémet-Ali, et demandait à être considéré comme sujet de la Porte. Le Pacha d'Égypte allait envoyer des troupes pour le rappeler à l'obéissance, lorsque sa mort remit toutes choses à leur place. C'est le seul fait politique de quelque importance qui se soit produit cette année. Les intérêts agricoles, industriels et commerciaux du pays sont surtout ceux qui occupent la pensée et l'activité du pacha. Plusieurs règlements furent publiés, particulièrement sur l'industrie du coton, dont le pacha a résigné le monopole, et sur le commerce du transit, qu'il a entouré de nouvelles garanties pour toutes les puissances; il a tenté également d'assurer les communications avec l'Afrique centrale par l'envoi d'expéditions à la recherche des sources du Nil.

TUNIS. A Tunis, plusieurs faits assez graves ont eu lieu. La question de frontière avec la France est restée indécise. Le consul français insulté a reçu une éclatante réparation. Enfin, un différend est survenu entre la régence et le royaume de Sardaigne, et la Sardaigne à fait des armements (Voy. Sardaigne ). La Porte a trouvé ici l'occasion de rappeler ses droits de suzeraineté et s'est adressée au cabinet de Turin pour les faire respecter. La solution de cette question était encore en suspens à la fin de cette année.

Telle est la physionomie variée de l'empire Turc en 1843. Beaucoup d'ignorance et de faiblesse dans l'administration, quelques velléités d'indépendance, honorables dans les affaires de Serbie, simplement fanatiques dans celle des renégats; dans les populations, point d'unité, de communauté de sentiments, d'alliance d'intérêts. Cependant

un fait important s'est accompli, puisque la France et l'Angleterre, reconnaissant que leurs devoirs et leurs intérêts sont les mêmes à Constantinople, ont commencé à agir sérieusement de concert pour contrebalancer l'influence de la Russie.

Pendant que tout se préparait pour ce grave événement, l'enthousiasme continuait à posséder l'esprit des grecs;

tionale, ainsi que les instructions y annexées. Cette assemblée sera présidée par le plus ancien démogéronte.

Le desservant de l'église dressera le catalogue des citoyens qui seront présents et qui auront le droit de voler. Ce catalogue devra être lu à haute voix et approuvé par la majorité des membres de la réunion. C'est alors que l'assemblée sera constituér légalement; il ne devra plus rester dans l'assemblee que les citoyens dont les noms seront inscrits au catalogue.

Le desservant de l'église fera prêter alors sur le saint Évangile le serment suivant:

Au nom de la Sainte Vierge et de l'indivisible Trinité, je prête serment devant le vrai Dieu de ne donner ma voix ni par amitié ni par haine, ni par crainte de dommage, ni en vue d'aucun intérêt personnel, mais consciencieusement et sans aucune partialité.

Dès que le serment sera prêté, cinq membres des plus âgés feront, en présence du démogeronte qui préside l'assemblée, la liste des candidats proposés à l'élection. Les candidats portés dans cette liste devront être en nombre quadruple des électeurs à nommer. L'assemblée votera pour chaque candidat en particulier, l'un après l'autre, et ceux qui auront le plus de voix seront les électeurs légaux.

Le desservant de l'église conservera les procès-verbaux des scrutins, lesquels contiendront les noms et prénoms de ceux qui auront été nommés, ainsi que le chiffre de la majorité qu'ils auront obtenue et celui des voix qui se seront déclarées contre leur élection. Ces procès-verbaux seront signés par le desservant de l'église, le démogéronte qui aura présidé l'assemblée et par les cinq membres qui auront dressé la liste des candidats: ils seront conservés dans les archives de la démogérontie.

Chaque électeur nommé dans cette réunion recevra copie des procès-verbaux approuvés par la démogérontie. Si un des démogérontes est nommé, sa signature sera remplacée au procès-verbal par celle de cinq membres pris parmi les plus âgés de l'assemblée. Les copies des procès-verbaux des élections, délivrées aux électeurs, seront leurs titres pour se faire admettre membres de l'assemblée qui nommera les représentants.

Les commissaires extraordinaires ou les gouverneurs fixeront ensuite le jour de la réunion des électeurs pour la nomination des représentants. Ce jour sera le premier dimanche, huit jours après la réception de l'ordonnance du gouvernement, sur la nomination du président de l'assemblée électorale qui aura lieu au siége de la démogérontie provinciale. Un jour avant, les électeurs tiendront leur première assemblée, dans laquelle le président, cinq membres des plus âgés et les démogérontés statueront sur la validité des élections.

Le lendemain l'assemblée nommera une commission, prise dans son sein et composée d'autant de membres qu'il y aura de candidats à proposer. Cette commission dressera la liste des candidats qui devront être en nombre quadruple des représentants que la province doit envoyer à l'assemblée nationale. La commission chargée de dresser la liste des candidats, se fera un rigoureux devoir de ne proposer pour représentants que les citoyens qui, par leur position sociale, leur bonne réputation et leur patriotisme, seront dignes de la confiance publique.

Les règles prescrites dans cette ordonnance pour la nomination des électeurs seront observées pour celle des représentants. Les candidats seront soumis au vole l'un après l'autre, et celui ou ceux qui obtiendront la plus forte majorité seront les représentants de la province à l'assemblée nationale.

Le secrétaire de la démogérontie dressera le procès-verbal de l'élection des représentants. Ce procès-verbal portera les noms et prénoms des représentants élus, la majorité obtenue par chacun d'eux et le nombre de voAnn. hist. pour 1813.

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devait son origine ne voulurent rien négliger de ce qui pouvait servir à le consolider. On ne pensa point qu'un pays où tout était à refaire pût suffire à ses besoins avec les seules ressources de l'impôt. Il fallait recourir à l'emprunt : l'emprunt n'est possible qu'à la condition du crédit. Et comment la Grèce aurait-elle pu inspirer aux capitalistes européens cette confiance qui fonde le crédit? Les puissances protectrices y suppléèrent en garantissant l'emprunt et le service de la dette. Mais, pour s'assurer elles-mêmes contre tout événement, elles convinrent de conserver en leur pouvoir la troisième série de l'emprunt pour la consacrer au paiement de la rente. L'incapacité et la faiblesse du gouvernement grec ne justifièrent que trop leurs prévisions. Les finances furent mises au pillage et servirent à alimenter de méprisables ambitions, lorsqu'elles ne devaient avoir pour but que la création de la richesse nationale.

Il devait arriver que les puissances auraient épuisé pour le service de la rente la troisième série de l'emprunt, sans que la Grèce fût en mesure de remplir par elle-même ses engagements; c'est ce qui eut lieu cette année, au moins pour l'Angleterre et la Russie. La France qui, depuis 1838, avait préféré prendre sur son budget pour satisfaire les créanciers de la Grèce, avait conservé une somme assez considérable appartenant à l'emprunt, mais elle était déterminée à reprendre le premier système. Les trois puissances adressèrent individuellement et collectivement de sévères conseils au gouvernement grec et le pressèrent de mettre de l'économie dans ses dépenses. La Russie se signala par la vivacité de ses avertissements. Cependant, réunies en conférence à Londres, elles consentirent à s'entendre pour continuer aux créanciers de la Grèce le service de la rente.

Les négociations auxquelles cette affaire donna lieu produisirent une grande sensation dans ce pays, et l'administration prit des mesures pour montrer à l'Europe qu'elle tenait compte de ses observations. Le roi donna l'exemple

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