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maintenant ? Je termine en remerciant la Chambre de la bonté qu'elle a eue de m'écouter; je me renfermerai dans les bornes de la discussion qu'elle a tracées elle-même, à moins que le soin de ma propre défense ne me force d'en sortir. C'est à elle à juger. »

Le président du congrès, M. Pidal, se chargea de répondre au discours précédent qui avait rempli à peu près trois séances. Il combattit la théorie établie par M. Olozaga, que les rois ne peuvent parler politique qu'avec les ministres responsables; il nia l'urgence du décret de dissolution et réprouva comme violente la manière dont il avait été obtenu. Suivant M. Pidal, les paroles du ministre destitué ne faisaient que confirmer les accusations dont il était l'objet. L'orateur termina en protestant de son dévouement à la liberté et à la politique de conciliation.

Le débat fut interrompu par une proposition de M. Madoz, qui demandait que le message à la reine fût voté, sans préjuger la question de savoir si M. Olozaga serait mis en accusation. Cette proposition fut repoussée.

M. Cortina prit ensuite la défense de l'ex-ministre et occupa l'attention de la Chambre durant deux séances environ, mais sans produire la conviction dans les esprits. On en peut juger par le vote qui eut lieu sur une demande de mise en accusation présentée par plusieurs membres du parti modéré. La proposition réunit en sa faveur 81 suffrages sur 147 votants.

M. Lopez suivit également la tactique de son parti et parla en faveur de M. Olozaga; son discours occupa environ deux séances; il en formula la pensée dans une proposition qui tendait à faire déclarer qu'il n'y avait pas lieu à délibérer sur le message à la reine, et qui fut rejetée par 77 voix contre 62.

Ces propositions incidentes retardèrent la conclusion du débat que le parti progressiste semblait vouloir trainer en longueur. M. Martinez de la Rosa prit la parole pour demander à la Chambre d'écarter désormais toute proposition,

et de passer le plus rapidement possible au vote du message. Toute la Chambre, moins deux membres, approuva l'avis de M. Martinez de la Rosa.

M. Olozaga reparut à la tribune, et, emporté par le besoin de la défense, se livra aux plus violentes et aux plus amères récriminations contre la cour, et les débats recommencèrent pour s'égarer sur des objets tout-à-fait étrangers au message.

L'agitation régnait depuis plusieurs jours dans Madrid; une tentative espartériste promptement réprimée avait eu lieu dans les premiers jours du mois ; d'autre part, la conduite de M. Olozoga, qui désormais semblait jugée, excitait une vive irritation.

La discussion du congrès était peu propre à ramener le calme dans les esprits. M. Olozoga commençait à craindre pour sa vie; il s'abstint de paraître au congrès (15 décembre).

Le message ayant été adopté le 17, à la majorité de 101 voix contre 18; l'ex-ministre prit la route de Portugal. Durant ces débats, le sénat s'occupait de matières d'administration; il discutait un projet de loi pour la réorganisation des ayuntamientos.

Le ministère Gonzalès-Bravo entrait pleinement dans les tendances administratives des deux derniers ministères : constituer l'administration, telle était sa pensée, qui avait déjà été celle de MM. Lopez et Olozaga. Mais l'activité des Chambres ne lui paraissait point pouvoir répondre à l'urgence de certaines réformes ; il craignait les retards que les discussions toujours compliquées de luttes et de rivalités de parti apportent à la confection des lois. Il pensa qu'un ministère qui oserait prendre sur lui de faire des lois par ordonnances, sauf à soumettre plus tard ses actes au contrôle des Chambres et à demander pour sa conduite un bill d'indemnité, rendrait à l'Espagne le plus grand des services. M. Gonzalès-Bravo n'hésita pas devant les difficultés d'une

exprimer les vœux sincères que la chambre faisait pour son bonheur, et de lui dire combien elle ressentait l'acte peu délicat dont elle avait été victime dans la nuit du 28 novembre.

La lutte s'engagea immédiatement sur la question ainsi posée. M. Olozaga prit la parole et essaya de rejeter sur des intrigues de cour l'accusation dont il était l'objet, et dit qu'il n'avait pas cessé, pendant la durée de ses fonctions de précepteur, de répéter à la reine que, pour gouverner constitutionnellement, les rois ne devaient prêter l'oreille en matière politique à d'autres entretiens que ceux des conseillers responsables de la couronne. Cette conduite lui avait créé des inimitiés dans le palais, et ces inimitiés avaient éclaté violemment pendant la formation de son ministère. Les insinuations de M. Olozaga portaient spécialement sur une dame du palais et sur le général Narvaez. Il essayait de justifier, par l'opposition qu'il avait vue se former contre le ministère, le décret de dissolution, et, quant à la manière dont il l'avait obtenu, il protestait de son innocence en versant des larmes abondantes. Enfin, M. Olozaga faisait valoir en sa faveur la source suspecte par laquelle le récit des faits était venu à la connaissance du président du congrès, comme aussi le style des paroles que l'on avait mise dans la bouche de la reine, paroles évidemment dictées à S. M. et qui ne lui appartenaient pas. Il alléguait encore les moyens employés pour dresser l'acte royal présenté à la Chambre, et il s'efforçait de prouver que l'origine de cet acte n'était pas légale, puisqu'on ne savait pas qu'elles étaient-les personnes qui l'avaient d'abord préparé.

M. Olozaga termina par ces paroles :

«La reine n'a pas dit que je lui avais arraché violemment un décret, mais qu'elle l'avait signé sur mes instances. N'était-ce pas dire que le ministre avail rempli son devoir. Un ministre présente à la couronne les mesures qu'il juge nécessaires; si le souverain hésite, le ministre, convaincu de l'utililé de ses mesures, insiste, et la responsabilité royale demeure intacte. On fera preuve

barrière entre les deux partis. Dans leurs fréquentes et dernière communications, dans leur coalition contre un ennemi commun, les modérés et les progressistes ont pu voir qu'il n'y avait point entre eux une différence de principes aussi profonde qu'ils l'avaient cru, et que dans beaucoup de cas leurs actes seraient les mêmes. Les modérés ont sagement profité de ces heureuses circonstances, et ils ont si bien rétabli leur autorité dans le pays, que, sous M. Gonzalès-Bravo, on les voit gouverner l'Espagne par un ministre progressiste, et que ce ministre, en s'appuyant sur eux, sc croit assez fort pour faire des lois sans le concours des Chambres. Son premier acte ne soulève pas d'opposition: la loi des ayuntamientos est acceptée sans murmure; il est vrai qu'elle a pour elle le vote des cortès de 1840, et par là une sorte de sanction parlementaire plus ou moins légale; mais l'effet produit par la suspension des cortès n'est point tel que l'on doive craindre que, pour d'autres mesures venant de la simple autorité du ministère, il y ait dans le pays une résistance sérieuse. S'il y a des émeutes, si l'insurrection relève la tête, ce ne sera que le téméraire effort d'un parti vaincu qui, n'ayant d'espoir que dans le désordre, profite de toutes les occasions qui lui sont offertes pour le faire naître et le répandre.

maintenant? Je termine en remerciant la Chambre de la bonté qu'elle a eue de m'écouter; je me renfermerai dans les bornes de la discussion qu'elle a tracées elle-même, à moins que le soin de ma propre défense ne me force d'en sortir. C'est à elle à juger. »>

Le président du congrès, M. Pidal, se chargea de répondre au discours précédent qui avait rempli à peu près trois séances. Il combattit la théorie établie par M. Olozaga, que les rois ne peuvent parler politique qu'avec les ministres responsables; il nia l'urgence du décret de dissolution et réprouva comme violente la manière dont il avait été obtenu. Suivant M. Pidal, les paroles du ministre destitué ne faisaient que confirmer les accusations dont il était l'objet. L'orateur termina en protestant de son dévouement à la liberté et à la politique de conciliation.

Le débat fut interrompu par une proposition de M. Madoz, qui demandait que le message à la reine fût voté, sans préjuger la question de savoir si M. Olozaga serait mis en accusation. Cette proposition fut repoussée.

M. Cortina prit ensuite la défense de l'ex-ministre et occupa l'attention de la Chambre durant deux séances environ, mais sans produire la conviction dans les esprits. On en peut juger par le vote qui eut lieu sur une demande de mise en accusation présentée par plusieurs membres du parti modéré. La proposition réunit en sa faveur 81 suffrages sur 147 votants.

M. Lopez suivit également la tactique de son parti et parla en faveur de M. Olozaga; son discours occupa environ deux séances; il en formula la pensée dans une proposition qui tendait à faire déclarer qu'il n'y avait pas lieu à délibérer sur le message à la reine, et qui fut rejetée par 77 voix contre 62.

Ces propositions incidentes retardèrent la conclusion du débat que le parti progressiste semblait vouloir trainer en longueur. M. Martinez de la Rosa prit la parole pour demander à la Chambre d'écarter désormais toute proposition,

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