Mémoires de Joseph Fouché, duc d'Otrante, ministre de la Police générale, Volume 2

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Page 264 - France, j'ai combattu à ses côtés; mais aujourd'hui, il ne m'est plus permis de conserver aucune illusion; l'Empereur ne veut que la guerre. Je trahirais les intérêts de mon ancienne patrie, ceux de mes États et les vôtres, si je ne séparais pas sur-le-champ mes armes des siennes, pour les joindre à celles des puissances alliées, dont les intentions magnanimes sont de rétablir la dignité des trônes et l'indépendance des nations.
Page 115 - ne me serviriez pas bien , parce que vous vous ima» ginez que tout va être remis en question; mais avant » un an vous me servirez avec le même zèle et la même » ardeur qu'aux époques de Marengo et d'Austerlitz. » Vous verrez encore mieux que tout cela; c'est moi qui » vous le dis. Adieu, monsieur le duc; ne faites ni le » disgracié, ni le frondeur, et mettez en moi un peu plus » de confiance. » Je me retirai stupéfait , après avoir fait une révérence profonde à l'empereur, qui...
Page 46 - ... aucune autre passion que celle de la domination et des conquêtes ne pouvait maîtriser cette âme hautaine et belliqueuse. Quand, après Wagram et à la paix de Vienne, Napoléon revint triomphant dans Paris, précédé par le bruit sourd de son prochain divorce avec Joséphine, il courut le jour même chez sa sœur, inquiète et dans la plus vive attente de son retour. Jamais elle ne montra pour son frère tant d'amour et d'adoration. Je l'entendis le jour même dire, car elle n'ignorait pas...
Page 215 - Mais l'Illyrie dans nos mains était une avant-garde au cœur de l'Autriche, propre à la contenir; une sentinelle aux portes de Vienne pour forcer de marcher droit; et puis je voulais y introduire, y enraciner nos doctrines, notre administration, nos codes: c'était un pas de plus vers la régénération européenne.
Page 212 - Roi d'Italie, le comté de Gorice, le territoire de Montef'alcone, le gouvernement et la ville de Trieste, la Carniole avec ses enclaves sur le golfe de Trieste, le cercle de Villach en Carinthie et tous les pays situés à la droite de la Save, en partant du point où cette rivière sort de la Carniole, et la suivant jusqu'à la frontière de la Bosnie, savoir: partie de la Croatie provinciale, six...
Page 16 - Savary dans le début de son noviciat ministériel. On sent bien que je ne poussai pas la bonhomie jusqu'à l'initier dans les hauts mystères de la police politique ; je me gardai bien de lui en donner la clef, qui pouvait un jour contribuer à notre salut commun. Je ne l'initiai pas davantage dans l'art assez difficile de coordonner le bulletin secret dont le ministre seul doit se réserver la pensée et souvent même la rédaction. Le triste savoir-faire de Savary dans ce genre m'était connu;...
Page 200 - D'ailleurs, la négociation secrète avec l'Autriche me semblait sans objet du moment où l'empereur ne faisait point à ce cabinet les concessions sans lesquelles il ne pouvait le retenir dans ses intérêts. Or, ma mission n'était, à l'égard de l'Autriche, qu'un leurre, et envers moi qu'un prétexte pour m'éloigner, pendant la crise, du centre des affaires. L'empereur avait deux autres buts. D'abord , de tenir le plus long-temps possi...
Page 113 - L'Espagne tombera, dès que j'aurai anéanti l'influence anglaise à Saint-Pétersbourg ; il me fallait huit cent mille hommes, et je les ai; je traîne toute l'Europe avec moi, et l'Europe n'est plus qu'une vieille p.... pourrie dont je ferai tout ce qui me plaira avec huit cent mille hommes. Ne m'avez-vous pas dit autrefois que vous faisiez consister le génie à ne rien trouver d'impossible?
Page 289 - Ses intérêts ne peuvent être pour moi une chose indifférente, puisqu'ils ont excité la pitié généreuse des puissances qui l'ont vaincu. Mais le plus grand de tous les intérêts pour la France et pour l'Europe, celui auquel on doit tout sacrifier, c'est le repos des peuples et des puissances après tant d'agitations et de malheurs; et le repos, même alors qu'il serait établi sur de solides bases, ne serait jamais suffisamment assuré; on n'en jouirait jamais tant que l'empereur Napoléon...
Page 244 - D'un autre côté, vos ennemis opposent au tableau de la situation de la France celui des avantages immenses que présente au roi son accession à la coalition : ce prince consolide son trône, agrandit ses États; au lieu de faire à l'Empereur le sacrifice inutile de sa gloire et de sa couronne, il va répandre sur l'un et l'autre l'éclat le plus brillant en se proclamant le défenseur de l'Italie, le garant de son indépendance. Se déclare-t-il pour Votre Majesté, son armée l'abandonne, son...

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