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dissent de l'Université pour les écoles ecclésiastiques, et qu'ils ne pussent en hommer les maîtres à leur gré. Il étoit intolérable qu'ils payassent un droit pour des jeunes gens qu'ils élèvent la plupart gratuitement. Il étoit intolérable qu'ils fussent contraints d'envoyer ces jeunes gens à des écoles publiques où'on se moquoit d'eux. Toutes ces entraves contre lesquelles le clergé avoit réclamé avec force dans ces derniers temps, viennent de tomber à la voix d'un Monarque qui aime et protège la religion. Déjà plusieurs évêques avoient annoncé hautement leur intention de s'affranchir d'un joug onéreux et d'une exaction humiliante. Le clergé bénit de toutes parts la sagesse et l'équité du Prince qui le fait rentrer dans ses droits, qui rend au ministère ecclésiastique son indépendance, et qui rassurera des vocations ébranlées par la fréquentation des lycées. Il est clair que l'éducation ecclésiastique ne peut être la même que l'éducation militaire. Il faut préparer de longue main l'élève du sanctuaire aux habitudes de son état. Il faut lui en donner l'esprit. Il faut diriger de ce côté ses études, ses conversations, ses jeux mêmes. Il faut qu'il ne connoisse l'irréligion qu'à un âge où il aura acquis assez de maturité et d'instruction pour n'en être point ébranlé. Mais s'il étoit obligé d'essuyer des railleries sur son état et jusque sur son costume; si on lui apprenoit à rougir de la foi et de la piété, alors il est assez naturel de penser que, dans un âge si tendre, il n'auroit pas la force de soutenir un tel assaut. C'est une plante fragile qu'il ne fant exposer au vent que lorsqu'elle aura acquis de la consistance.

Je ne sais jusqu'à quel point l'Université a concouru à la nouvelle ordonnance du Roi. Je lui sau

rois gré d'avoir provoqué elle-même cet acte de justice. Elle sembloit convenir dans ses apologies que ses réglemens avoient besoin d'être modifiés, et il lui seroit honorable de préparer encore quelques autres changemens qui sont réclamés par l'intérêt de la religion et de la société, par le vœu des familles et par l'avantage des enfans.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. Les Suisses ont fait célébrer, dans leur oratoire du Quirinal, une fête en l'honneur du rétablissement du Pape. La chapelle étoit richement décorée et illuminée. Beaucoup de personnes de la maison du Pape y ont assisté, et S. S. a daigné elle-même y venir.

- Les deux marquises Patrizi, mère et femme du nouveau sénateur de Rome, ont été admises à faire leur remercîment au saint Père, qui leur a donné audience dans les jardins du Quirinal. Il a accueilli avec bonté ces dames, dont il connoissoit la haute vertu, et qui ont montré tant de courage et de résignation pendant la longue prison du marquis Patrizi. La mère a pris pendant ce temps soin de ses petits-enfans, et la femme, qui est une princesse de Saxe, a supporté la confiscation de ses biens et la privation de tout ce qui lui étoit cher.

-On a publié ici l'abjuration du comte Jean-Jules Tedeschi, noble véronois, né le 14 février 1753, et mort à Venise, le 15 février 1812. Il dit lui-même dans cet écrit, qu'il étoit entré à Roveredo dans une loge d'illuminés où présidoit Cagliostro. Il avoue qu'après avoir passé par les premiers grades, il travailla, avec quelques autres personnes séduites comme lui, à détruire la religion, se moquant de ses dogmes et de ses préceptes, attaquant ses livres, tournant en ridicule sea.

cérémonies, ses ministres, son langage, et la qualifiant de superstition déraisonnable. Mais étant tombé malade, il sentit l'aiguillon du remords, et la foi se réveilla en lui. Il déclara formellement qu'il renonçoit à son association des illuminés; qu'il en rétractoit les erreurs, et. qu'il s'efforceroit, s'il revenoit à la santé, de réparer les scandales qu'il avoit donnés. Il chargea l'abbé Tedeschi, son frère, de faire connoître sa résolution à ses connoissances, et particulièrement à ceux qui fréquentoient sa loge. Cette déclaration, signée de lui, fut faite en présence de ses amis, le comte Gaspard Bevilacqua Lazise, et D. Zanetto Mastraca. Elle est datée du 27 janvier 1812, et conçue dans des termes pleins de repentir.

PARIS. Une députation du clergé et des habitans de la ville d'Arles (Bouches-du-Rhône), a eu l'honneur d'ètre présentée au Roi, le 14 de ce mois. Elle étoit composée de MM. Constant, chanoine honoraire d'Aix, et curé de l'église majeure de Saint-Trophime; Mercier, prêtre bénédictin; le comte de Coetlogon, chevalier de l'ordre royal de Saint-Louis; le comte de ClermontLodève, chevalier du même ordre: François Gibert et Antonin Beuf, tous Arlésiens. Cette députation avoit pour objet de solliciter le rétablissement du siége archiepiscopal d'Arles. Dans l'adresse qui a été lue à Sa Majesté, l'orateur a rappelé que l'attachement bien prononcé de cette ville à la cause de son Roi lui avoit attiré la haine des méchans, et occasionné des pertes immenses; mais que celle qui lui étoit la plus sensible, étoit la suppression de son antique métropole : il a ajouté qué cette métropole avoit été lé berceau de la foi dans les Gaules, étoit devenue célèbre, dans les fastes de l'Eglise, par la longue suite des saints pontifes qui l'avoient gouvernée, par le vicariat apostolique dont elle étoit décorée, par le grand nombre des conciles qui y ont été tenus, et avoit été illustrée, dans ces derniers temps, par le martyre du vertueux Dulau, son dernier archevêque. L'orateur a dit enfin que la population d'Arles, son immense territoire,

son éloignement de la ville d'Aix, et l'attention qu'avoit eue le Pape d'en conserver le titre, étoient des motifs puissans qui militoient en faveur du rétablissement de cette fameuse métropole. Le Roi a répondu qu'il recevoit avec reconnoissance l'expression des sentimens de sa ville d'Arles, qu'il connoissoit ses malheurs, tacheroit de les réparer, et examineroit particulièrement la demande qui venoit de lui être faite.

On a parlé dans ce journal du zèle et de la charité du vénérable évêque d'Orense, ainsi que des secours généreux qu'il a accordés à un grand nombre de prêtres françois réfugiés en Espagne. Cette conduite du vénérable prélat vient de lui procurer un témoignage honorable et flatteur. On mande d'Orense que M. l'évêque a reçu récemment de S. M. le roi Louis XVIII une lettre en remerciment du bon accueil qu'il a fait aux prêtres françois. Cette attention délicate de S. M. montre assez Ja part qu'elle prend au malheur de ses sujets; et ceux que M. de Quevedo a si libéralement secourus, et qui ne pouvoient lui en témoigner leur reconnoissance, verront avec plaisir que S. M. veuille bien se charger aussi de leur dette envers un prélat dont les bienfaits leur sont toujours précieux.

CHANTILLY. Notre ville vient d'avoir le bonheur de posséder ses illustres et anciens maîtres, M. le prince de Condé et M. le duc de Bourbon. LL. AA. ont été reçues avec de grands témoignages de joie. Elles se sont rendues d'abord à l'église paroissiale, à l'entrée de laquelle M. le curé les a harangués. Il leur a fait part des voeux de tous les habitans pour une famille à laquelle Chantilly doit tout. Les princes, après avoir entendu le Te Deum dans cette église, monument de la piété de leurs ancêtres, se sont rendus au château que les habitans avoient fait meubler d'eux-mêmes. Le soir ils se sont promenés dans la ville qu'ils ont trouvée illuminée. Le lendemain ils ont visité le riche hôpital que M. le prince de Condé avoit

fondé et doté pour cent lits. Toutes les paroisses sont venues leur présenter leurs hommages, et leurs députations ont été accueillies avec bienveillance. Le dimanche, les princes se sont rendus à l'église paroissiale, quoiqu'ils eussent une belle chapelle dans le château. On a été trèstouché de cette démarche, et en même temps édifié de la piété de LL. AA. Un particulier avoit bravé tous les dangers pour soustraire à la profanation les cours des sept derniers princes de la maison de Condé. Ces cœurs ont été reconnus, et vont être honorablement replacés dans le lieu où ils avoient été déposés, depuis leur translation de l'église des Grands -Jésuites de Paris à Chantilly.

SAINT-MALO. Le clergé de cette ville et du diocèse qui en dépendoit, a fait passer à M. le ministre de l'inté➡ rieur une adresse ainsi conçue:

« Le clergé de l'ancien évêché de Saint-Malo, supplie humblement V. Exc. de porter au pied du trône de S. M. Louis XVIII l'hommage respectueux de son amour et de sa fidélité, et de le conjurer de rendre, à ses vœux, son église antique et son pasteur chéri, longtemps l'objet de ses regrets, et aujourd'hui celui de tous ses désirs.

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» Cet évêché de Saint-Malo, assez étendu, et qui, depuis treize siécles, a été gouverné par tant d'illustres prélats, a l'honneur de compter parmi ses évêques Ms. Cortois de Pressigny, aujourd'hui la gloire du clergé françois, et le sujet de toutes nos espérances.

» Sa cathédrale, sa maison épiscopale, ses séminaires et ses colléges ont été conservés.

>> Nous osons donc espérer, Monseigneur, que S. M., que nous nommons par excellence le restaurateur de la religion, octroiera notre demande et remplira nos Suivent les signatures. DIGOIN. On a commencé ici, le 29 septembre, uno mission qui promet les plus heureux fruits. Elle est

vœux ».

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