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privé ne permettant pas de fufpendre la liberté & l'activité du commerce, les Ci toyens ont le droit d'exercer en tout temps leurs facultés industrielles. En conféquence, le Corps Municipal enjoint aux Officiers de Police & à la Gårde Nationale de veiller à l'ordre public conformément à ces ma

ximes.

Il eft probable que le Corps Municipal fera éconduit par le Public qui, libre de manifefter fon opinion, continuera de rendre au culte les honneurs qui lui font dûs, & appréciera ces baffes menées dont le motif & les refforts font connus.

M. Manuel, furnommé l'anti-Roi, sobriquet dont il fe fait honneur, s'eft tiré d'affaire; le Décret d'ajournement perfon nel, lancé contre lui pour la vente qu'il a faite des écrits de Mirabeau, appartenans de droit à fa famille, a été levé, & le tout civilifé. Quiconque connoît l'efprit de Paris & l'engouement populaire devoit bien s'attendre à ce résultat. On doit cependant dire que M. Verrières, Commiffaire du Roi auprès du Tribunal qui avoit décrété M. Manuel, a foutenu avec courage les principes du droit & de la raifon; mais le vertueux Procureur de la Commune pourfuivi par les ennemis de la Révolution, l'a vertement réprimandé de cet incivifme, qui ne reftera sûrement pas impuni. Mais en tout ceci, comme dans le

refte, on ne voit de conféquent que les Jacobins, qui favent profiter de l'égarement qu'eux-mêmes ont fait naître, & qu'ils favent fi bien entretenir.

Le petit échec qu'ils ont éprouvé il y a quelque temps à Soiffons, où le Peuple fe mutina contre une de leurs loges, vient d'être avantageufement reparé. L'arrivée d'un bataillon du Département du Calvados leur en a fourni l'occafion, le 17 du mois dernier. Ces Volontaires ont crié vive la Nation; les fenêtres de quelques Citoyens ennemis du Club ont été caffées; plufieurs perfonnes maltraitées, deux entrautres ont éprouvé les plus indignes traitemens; ils ont vingt fois manqué de perdre la vie qu'ils n'ont confervée que par la reffource ordinaire de les envoyer en prifon, au milieu d'une troupe de furieux qui demandoient leur tête à grands cris. Cette expédition patriotique a rétabli le Club qui va reprendre fes féances avec un nouveau civisme.

Une lettre que nous recevons de l'Auvergne, nous apprend que M. Lastic, habitant riche & refpectable de la Paroiffe. de St. Martin, a eu le 18 & jours fuivans fa maifon pillée, fes propriétés ra vagées, fa famille difperfée, & s'eft vu obligé de fe fauver pour ne point être égorgé par des brigands armés qu'on avoit

ameutés contre lui: c'étoit un Proprié

taire.

On vient de fe convaincre enfin, que le prétendu Comité Autrichien n'étoit qu'un leurre effroyable dont on s'eft fervi pour abufer le Public, qui ne s'en corrigera pas plus pour cela. Le rapport du dénonciateur Chabot a paru à fes partifans même abfurde & contradictoire. Mais ce qu'on vouloit, on l'a obtenu; le Comité Autrichien peut devenir ce qu'il voudra. Quelques Membres ont propofé d'envoyer le rapporteur à l'Abbaye: c'eft la petite guerre de ces Meffieurs, dont perfonne n'est dupe.

La dénonciation contre M. Duport, ce Miniftre Plébéien, dont le civifnie a été à fi jufte titre proclamé, & qui, fans caractère dans fa place, pour ne point avoir fu défendre fon Roi, n'en a pas moins encouru la difgrace de fes ennemis, ce Miniftre qui a pouffé le refpect fuperftitieux pour le parti régnant, jufqu'à nuire, par zèle, à ceux qui ne le menageoient point comme lui, cette dénonciation n'a point eu un caractère auffi atroce que celle de MM. de Montmorin & de Bertrand. L'un & l'autre viennent de publier leurs obfervations juftificatives. Nous regrettons de ne pouvoir les rapporter, nous ferons feulement connoître le fommaire de celles du premier.

M. de Montmoriin y fuit M. Briffot dans fes points d'accufation, 1°. celui-ci accufe le Miniftre de s'être entendu avec l'Autriche lorfqu'on prit la Bastille; & à cette époque. M. de Montmorin n'étoit point dans le Miniftère. Il en fortit le 12 Juillet, & n'y rentra que le 20; 2°. d'avoir facrifié les intérêts de la Nation à l'Etranger, favorifé les Emigrés, difcrédité l'Affemblée Nationale; enfin, depuis l'Acte Conftitutionnel jufqu'au 1o Mars, d'avoir été d'un Comité Autrichien pour prouver tout cela, M. Briffot invoque la cortefpondance de M. de Montmorin, & fe plaint en même temps qu'on en a retiré les principales pièces du dépôt des Affaires Etrangères ; fur quoi le Miniftre lui obferve que cette fouftraction eft impoffible, puifque toutes les pièces font numérotées, & qu'avec un peu d'attention on s'appercevroit des lacu nes. Quant au refte, c'eft avec fa correfpondance même que M. de Montmorin répond à M. Briffot, & il efpère que l'Affemblée Nationale en ayant ordonné l'impreffion, il lui fuffit d'y renvoyer le Public, pour prouver la droiture de fes intentions. Il faut en effet que cette correfpondance foit bien décifive en faveur de l'Accufé, puifque M. Briffot a eu la mauvaife foi de ne faire imprimer à la fuite du Difcours qu'il a prononcé à l'Affemblée, que quelques agmens de cette correfpondance; frag

mens tronqués,&qui ne préfentent les chofes que comme il plaît à l'Accufateur.

M. Briot palle enfuite à d'autres prétendus délits, & la fatigue qu'il met à les réunir & à les gonfler prouve bien & leur infuffifance & la haine du Journaliste Briffot, dont l'acharnement contre tout ce qui eft plus que lui, attefte la baffeffe & l'igno Jance féroce. Il reproche donc au Miniftre; 1o. la journée du 18 Février; 2°. la décla ration des intentions du Roi fur la Révolu tion, & qui, dit-il, ne fut point envoyée aux Cours étrangères; 3°. la démiffion que donna & que retira à cette époque M. de Montmorin; 4°. la plainte que le Ministre porta contre une lettre inférée dans le Moniteur, où ce papier évidemment livré à la faction dominante, inculpoit d'une manière grave M. de Montmorin; 5. le paffe-port donné deux fois à Madame de Korff, pour faciliter le voyage à Varennes, ce qui prouve, fuivant M. Briffot, la part que le Miniftre a eu au complot.

A quoi M. de Montmorin répond qu'il ignore ce que veut dire M. Briffot par la journée du 18 Février; 1°. que la démiffion donnée & retirée par lui, n'eft point une comédie, comme le dit le JournalisteDéputé, mais qu'il fut forcé à rester dans Je Ministère, parce que des deux perfonnes que le Roi nomma dans le temps, aucune n'accepta; 2o, que les plaintes contenues

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