boles que nous avons méditées les jours précédents, il vint, dit l'Évangile, à Nazareth sa patrie... Et, quand le jour du Sabbat fut arrivé, il entra dans la Synagogue et se leva pour lire.. et ayant ouvert le livre à un endroit des prophéties d'Isaïe, il en donna l'explication. Tous les yeux étaient fixés sur lui, et tous ceux qui l'entendaient, admiraient les paroles de grâce qui sortaient de sa bouche, et ils disaient: D'où lui viennent toutes ces connaissances? Et quelle est cette sagesse qui lui a été donnée? Et comment de si grands miracles se font-ils par ses mains? (ss. Luc. Marc. et Matt. 4. 6. 12.)

APPLICATIONS. Pourquoi, après une absence de près de deux ans, Jésus vient-il passer quelques jours à Nazareth? Est-ce pour goûter les douceurs du repos au milieu de ses concitoyens et de ses proches, ou pour s'en faire applaudir? Non, mais pour leur donner une marque d'affection, pour leur être utile, pour les sanctifier. Concluez de là qu'il ne vous est pas défendu d'avoir une affection spéciale pour vos proches, pour vos concitoyens, et de leur faire du bien de préférence à tous autres, mais vous devez sanctifier l'amour que vous leur portez et le bien que vous désirez leur faire par la bonne intention, de peur que des motifs tout humains ne vous privent de mérites devant Dieu. Quelle a été à ce sujet votre manière de voir, de raisonner et d'agir?

AFFECTIONS. Apprenez-moi, ô Jésus, à ne chercher en tout et toujours que votre plus grande gloire, le salut de mon âme et le bien du prochain.

RESOLUTIONS. Aimer sa patrie et ses proches en Dieu, pour Dieu et selon Dieu.

CONSIDÉRATIONS. Les bonnes dispositions que les habitants de Nazareth avaient montrées d'abord pour Jésus firent bientôt place à la jalousie : il leur semblait que sa grande renommée les amoindrissait tous. De l'envie ils passèrent au mépris; du mépris, au scandale; et du scandale à l'incrédulité. N'est-ce donc pas là, disaient-ils, le fils du charpentier (1) Joseph, le fils de Marie, le frère (cousin) de Jacques et de Jude et de Simon? D'où lui vient donc tout cela? Et ils se scandalisaient à son sujet (ss. Matt. Luc. Marc. Ibid.), comme s'il eût usurpé le titre de docteur en Israël, ou que la médiocrité de sa famille les dispensât de croire en lui!

APPLICATIONS. Reconnaissons ici les caractères et les funestes effets de l'envie : elle ne peut voir sans dépit que d'autres l'emportent par la science, le mérite, le succès ou le crédit, surtout s'ils sont inférieurs sous le rapport de la naissance ou de l'âge; elle est ingénieuse à relever leurs défauts vrais ou supposés; souvent même elle leur fera un crime du bien qu'ils opèrent et des louanges qu'ils reçoivent! Ces caractères hideux de l'envie, nous les voyons ici mal déguisés dans les Nazaréens. Nous les en blâmons; mais allons au fond de notre cœur, interrogeons notre conduite, sans nous rien dissimuler, et nous trouverons peutêtre de quoi rougir de nous-mêmes; de quoi redouter pour nous-mêmes les conséquences de l'envie.

(1) Le texte porte simplement fabri, mot qui veut dire artisan ou ouvrier. On le traduit communément par le mot charpentier.

AFFECTIONS. Demandez à Dieu qu'il vous préserve des illusions de l'envie.

RÉSOLUTIONS. Redouter les premières concessions faites à l'envie.

III. POINT. - JÉSUS MALTRAITÉ A NAZARETH.

CONSIDÉRATIONS. Les Nazaréens, assimilant Jésus à un homme vulgaire, s'attendaient à ce que, pour se relever dans leur opinion, il répondît au reproche de son humble extraction en opérant au milieu d'eux beaucoup de miracles; cette disposition les en rendait indignes. Le Sauveur le leur fit entendre par ces paroles: Vous allez sans doute m'appliquer ce proverbe : Médecin, guérissezvous vous-même; faites ici, dans votre patrie, ce que vous avez fait à Capharnaüm, d'après ce qui nous a été rapporté. Mais, ajouta-t-il, je vous assure qu'aucun prophète n'est bien venu dans sa patrie. Ces paroles, dit saint Luc, remplirent de colère tous ceux de la Synagogne qui les entendirent aussitôt tous se levèrent et chassèrent Jésus de la ville; et ils le conduisirent du côté le plus élevé du roc, sur lequel la ville est bâtie, pour l'en précipiter (s. Luc. 4).

APPLICATIONS. On voit ici à quels terribles excès peut conduire une passion mal comprimée. Rentrez en vousmême; voyez s'il n'y a pas en vous quelque passion dangereuse que vous vous dissimulez; et, mettant en pratique la leçon renfermée dans l'adage cité par notre divin Maître : Médecin, guérissez-vous vous-même, appliquez-vous tout entier à combattre cette passion dangereuse. Dieu secondera vos efforts; vous la réduirez à l'impuissance.

COLLOQUE. Avec votre bon Ange gardien.

MISSION DES DOUZE APOTRES.

1. Prél. Je me représenterai Jésus entouré de ses douze apôtres, au moment où il les envoie prêcher dans différentes parties de la Galilée.

II. Prél. Je lui demanderai qu'il me communique son esprit de zèle et de charité.

CONSIDÉRATIONS. Jésus étant sorti de Nazareth par miracle, en tenant enchaînés les bras de ceux qui voulaient le précipter, alla évangéliser les peuples environnants. Les voyant accourir à lui de toute part, il en eut pitié, dit l'Évangéliste, parce qu'ils étaient languissants et étendus çà et là sur l'herbe comme des brebis qui n'ont point de pasteur. Alors il dit à ses disciples: La moisson est grande, mais le nombre des ouvriers est petit; priez donc le maître de la moisson qu'il envoie des ouvriers dans sa moisson. Après avoir ainsi enflammé leur zèle, il voulut qu'ils en fissent l'essai il les envoya deux à deux dans diverses directions prêcher le royaume de Dieu à ceux qui ne pouvaient venir l'écouter. (s. Matt. 9. s. Luc. 10.)

APPLICATIONS. Après avoir attentivement médité les admirables paroles ou plutôt les tendres épanchements du cœur de Jésus touché de compassion, enflammé de zèle å la vue des misères spirituelles du peuple qui l'entoure, demandez-vous à vous-même quels sont les sentiments de votre cœur à la vue de tant d'âmes égarées qui n'écoutent plus la voix de leur pasteur? à la vue, à la pensée d'un si grand nombre d'autres qui, à défaut d'ouvriers

évangéliques, n'ont pas encore entendu la parole de salut, qui sont encore, d'après l'expression plaintive du Psalmiste, assises dans les ténèbres et les ombres de la mort (Ps. 106)? Hélas! peut-être "votre cœur n'en est pas ému? Vous restez dans l'inaction. Mais que puis-je y faire, dites-vous? Jésus vous l'apprend: Priez le maître de la moisson qu'il envoie des ouvriers dans sa vigne.

AFFECTIONS. Prière ardente adressée du fond du cœur au divin Pasteur afin qu'il daigne se choisir et envoyer dans sa vigne des hommes puissants en paroles et en œuvres (s. Luc. 24).

RÉSOLUTIONS. Renouveler cette prière à l'élévation de la sainte messe, chaque fois qu'on y assiste.

II. POINT.

POUVOIR ET AVERTISSEMENTS DONNÉS AUX APOTRES.

CONSIDERATIONS. Avant que les apôtres se missent en route, Jésus, dit saint Luc, leur conféra un pouvoir absolu sur tous les démons pour les chasser, et la puissance de guérir toutes les langueurs et toutes les maladies. Puis il leur donna ses instructions en ces termes : Vous ne porterez rien avec vous, ni bâton, ni besace, ni deux vêtements, ni pain, ni argent; car l'ouvrier mérite sa nourriture. Donnez gratuitement ce que vous avez reçu gratuitement. En quelque ville ou village que vous alliez, demandez qui est digne de vous recevoir, et demeurez chez lui, sans aller de maison en maison, jusqu'à ce que vous sortiez de ce lieu. Et, lorsqu'on ne voudra pas vous recevoir, ni vous écouter, sortez de là et secouez la poussière de vos chaussures en témoignage contre eux. (ss. Marc. Matt. Luc. 6. 10. 9.)

APPLICATIONS. A l'occasion des leçons que Jésus donne