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entier à traverser le pays de Génésar en guérissant tous les infirmes, arriva à Capharnaum à l'heure où commençait le repos du Sabbat (le vendredi après le coucher du soleil; et, sans se donner aucun repos, il entra dans la Synagogue. Il y trouva une assemblée fort nombreuse composée en majeure partie de ceux qui, la veille, avaient été nourris et rassasiés du pain miraculeux. Leur empressement à rejoindre Jésus, quoique très-louable en soi, était néanmoins sans mérite et même digne de blâme, parce qu'il n'était motivé que par un intérêt purement matériel et sensuel, comme le prouvent ces paroles du Sauveur : En vérité, vous me cherchez, non parce que vous avez vu des miracles, mais à cause des pains dont vous avez mangé, et parce que vous avez été rassasiés,.. sans qu'il vous ait coûté ni dépense ni travail (s. Jean. 6).

APPLICATIONS. Ne vous arrive-t-il pas aussi de diminuer le mérite de vos bonnes œuvres par des vues intéressées et peu avouables?... Votre empressement pour remplir quelques devoirs de charité ou de zèle, n'est-il pas motivé, en grande partie, par l'attrait de la nouveauté ou par des considérations d'amour-propre, de vaine gloire?.... Pour en juger sûrement, voyez si vous mettez autant d'empressement à concourir aux bonnes œuvres qui sont sans éclat et sans attraits naturels, qu'à celles qui flattent l'amour-propre et la vanité.

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AFFECTIONS. Confusion. Désir d'être plus mort à soi-même et au monde.

RESOLUTIONS. Faire aujourd'hui une attention particulière au mobile de ses actions.

II. POINT.

RÉVÉLATION QUE JÉSUS FAIT AUX CAPHARNAITES.

CONSIDÉRATIONS. Jésus, voulant préparer de loin les esprits à croire au mystère ineffable de l'Eucharistie, le fit à l'occasion du pain miraculeux qu'il avait donné aux Capharnaïtes et du reproche qu'il venait de leur adresser; il leur dit donc Travaillez, non pour la nourriture qui périt, mais pour celle qui demeure dans la vie éternelle et que le Fils de l'homme vous donnera... Je suis le pain vivant descendu du ciel... Le pain que je donnerai pour la vie du monde, c'est ma chair. A ces mots, les Juifs dirent: Comment celui-ci peut-il nous donner sa chair à manger? Or Jésus, loin de nier que le sens de la manducation réelle fût le vrai sens de ses paroles, le confirma au contraire en disant En vérité, en vérité, je vous dis que, si vous ne mangez la chair du Fils de l'homme et ne buvez son sang, vous n'aurez point la vie en vous; car ma chair est vraiment une nourriture et mon sang est véritablement un breuvage. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui... Vos pères ont mangé la manne et ils sont morts, mais celui qui mangera de ce pain vivra éternellement (s. Jean. 6).

APPLICATIONS. La considération de ces admirables paroles, sorties de la bouche ou plutôt du cœur de notre aimable Sauveur, nous invite à le remercier, dans toute l'effusion de nos âmes: 1o de nous avoir donné tout ce qu'il pouvait nous donner, en se donnant lui-même pour notre nourriture; 2° d'avoir établi le dogme ou la vérité de cet impénétrable mystère d'une manière si claire, si précise, qu'elle rend le doute impossible; -3° de nous

avoir fait naître dans le sein de l'Église catholique, où nous avons eu tant de fois le bonheur de participer à ce mystère.

AFFECTIONS. Vous les ferez consister à exprimer à JésusChrist vos sentiments de foi, de reconnaissance et d'amour. RÉSOLUTIONS. Être généreux à l'égard d'un Dieu si libéral envers nous.

III. POINT.

DÉFECTION DES CAPHARNAITES.

APOTRES.

FIDÉLITÉ DES

CONSIDÉRATIONS. Plusieurs des disciples de Jésus, dit saint Jean, l'ayant entendu parler ainsi de l'obligation de manger de sa chair et ne comprenant rien au mystère de l'Eucharistie, se dirent entre eux : Ce discours est dur, et qui peut l'entendre? Et, dès lors, ils s'éloignèrent de la personne du Sauveur et ne marchèrent plus à sa suite. Sur quoi Jésus dit aux douze : Et vous, ne voulez-vous point aussi vous en aller? Simon-Pierre répondit : A qui irionsnous, Seigneur? Vous avez les paroles de la vie éternelle. Et nous avons cru, et nous avons connu que vous êtes le Christ, Fils du Dieu vivant (Ch. 6).

APPLICATIONS. Joignez-vous à saint Pierre pour protester comme lui de votre inviolable fidélité et attachement à la personne de votre divin Maître. Mais, connaissant votre inconstance naturelle, priez-le, conjurez-le de vous soutenir, de vous défendre contre votre faiblesse et contre l'astuce de vos ennemis.

COLLOQUE. Avec Jésus, l'aimable, le généreux Pasteur de nos âmes, qui se donne lui-même pour notre nourriture; ou avec le saint martyr Jules, dont on fait la fête en ce jour.

FÊTE DE SAINT BERNARD

SECOND FONDATEUR DE L'ORDRE DE CITEAUX. (1)

I. Prél. Représentez-vous le Saint dans le séjour de la gloire immortelle.

II. Prél. Demandez qu'il vous obtienne un ardent désir de la per fection.

I. POINT. VIE DE SAINT BERNARD DANS LE MONDE. CONSIDERATIONS. Bernard eut le bonheur de naître de parents aussi distingués par leur vertu que par leur noblesse. Élevé avec grand soin et doué d'une éloquence naturelle jointe à une rare pénétration d'esprit, il fit d'étonnants progrés dans les lettres. Sa pieuse mère lui avait inspiré de bonne heure l'amour de la chasteté et une tendre dévotion envers la très-sainte Vierge. Elle fut bien récompensée de ses peines. La chasteté de son fils fut héroïque : pour se punir d'un regard indiscret, il s'enfonça dans l'eau par un froid très-rigoureux. On sait d'ailleurs qu'il célébra dans la suite les louanges de Marie avec un succès que nul n'a dépassé.

A l'âge de vingt-trois ans, il se sentit appelé à embrasser la réforme très-austère de Citeaux, établie depuis peu par le Bienheureux Robert. Il suivit cette vocation. avec un tel élan de ferveur, que non-seulement il triompha de l'opposition de ses frères, mais qu'il leur persuada

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Il fonda 160

(1) Né près de Dijon, 1091. Mort, 1153, à Clairvaux, diocèse de Langres. - Mis au nombre des Saints, 1165. monastères.

ainsi qu'à vingt-cinq autres gentilshommes de le suivre dans ce nouveau genre de vie. Tous, au nombre de trente, entrèrent à Citeaux le même jour, et firent l'année suivante (1114) leur profession entre les mains de l'abbé saint Étienne.

APPLICATIONS. Faites un retour sur vous-mêmes : songez aux heureuses circonstances de votre naissance, de votre éducation, de votre position dans le monde, et vous verrez que, sous plus d'un rapport, Dieu n'a pas été moins prodigue de ses faveurs envers vous qu'envers saint Bernard.

AFFECTIONS. Exprimez à Dieu votre reconnaissance, et témoignez-lui votre regret de n'avoir pas répondu à ses faveurs avec la même générosité que le Saint.

RÉSOLUTIONS. S'entretenir fréquemment, dans de fervents colloques avec le Seigneur, des faveurs et des grâces spéciales qu'on a reçues de sa main libérale.

II. POINT. VIE DU SAINT DANS LA SOLITUDE DU CLOITRE. CONSIDÉRATIONS. La merveille de la vie de saint Bernard dans le cloître, c'est que jamais sa première ferveur ne s'y ralentit. Aussi devint-il en peu d'années un modèle accompli de toutes les vertus. La mortification de ses sens lui devint comme naturelle. Après avoir passé une année å Citeaux il ne savait pas, comme on eut lieu de le remarquer, comment était fait le plafond du dortoir ni combien de fenêtres il y avait au chœur de l'église. Il était également mortifié en tout sa nourriture habituelle était du pain bis trempé dans de l'eau chaude; l'obéissance seule put le déterminer à prendre quelquefois, pour soulager

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