I. Prél. Voyez la Cananéenne prosternée aux pieds de Jésus. I. POINT. FOI ET PRIÈRE HUMBLE DE LA CANANÉENNE. CONSIDÉRATIONS. Jésus s'éloignant toujours davantage de Jérusalem alla vers le nord jusqu'aux extrêmes limites de la Galilée, les dépassa et entra dans la Phénicie, pays habité en partie par les descendants des anciens Cananéens. Son intention n'était pas d'évangéliser cette terre étrangère et idolâtre : Il entra donc, dit saint Marc, dans une maison située aux environs de Tyr et de Sidon (selon quelques auteurs à Sarepta), voulant que personne ne le sût; mais il ne put rester tout à fait inconnu : car, ajoute l'Évangéliste, une femme cananéenne, prévenue par la grâce, n'eut pas plus tôt connu la présence de Jésus, qu'elle accourut, et, avant que Jésus fùt entré dans la maison, se mit à crier et à dire : Seigneur fils de David, ayez pitié de moi; ma fille est cruellement tourmentée du démon. (s. Marc. 7. s. Matt. 15.) APPLICATIONS. Admirez, pour vous les rendre propres, les qualités de la prière de cette femme: 1° Elle recourt à Jésus sans hésiter, sans différer. 2o Elle s'approche de lui animée d'une foi vive en sa toute-puissance comme Dieu et en sa commisération comme homme : Seigneur, fils de David.-3° Pénétrée des sentiments d'une humble suppliante, sentant toute son impuissance: Ayez pitié de moi. 4° Avec une parfaite abnégation et une entière résignation, elle expose le malheureux état de sa fille et s'en remet entièrement à la bonté de Jésus. Est-ce ainsi que vous approchez de Dieu? Est-ce ainsi que vous priez? AFFECTIONS. Demandez les lumières et le courage qui vous sont nécessaires, pour connaître et corriger les défauts qui rendent vos prières peu efficaces. RÉSOLUTIONS. Avant la prière, réveiller en soi des sentiments de foi et d'humilité. II. POINT. FOI ET PRIÈRE PERSÉVÉRANTE DE LA CANANÉENNE. CONSIDÉRATIONS. Il semble que le Sauveur ait voulu, pour notre instruction, éprouver rudement la foi et la confiance de cette femme, devenue célèbre dans le monde entier. Non-seulement il ne lui répondit pas un mot, comme s'il ne daignait pas même l'écouter; mais aux instances que firent les apôtres en sa faveur, disant : Maître, congédiez-la; car elle ne cesse de crier derrière nous, et elle vous fera connaître, il se contenta de répondre Je ne suis venu que pour les brebis perdues de la maison d'Israël. C'était l'équivalent d'un refus. La femme néanmoins ne se découragea point étant entrée après Jésus dans la maison, elle se jeta à ses pieds, l'adora et lui dit: Seigneur, secourez-moi, et elle ne cessa de le prier de délivrer sa fille du démon qui l'obsédait (s. Matt. 15). APPLICATIONS. Une des causes principales de l'inefficacité de nos prières, c'est notre peu de constance ou de persévérance: nous désirons, par exemple, obtenir de Dieu pour nous ou pour un ami quelque faveur signalée; nous commençons à cette intention une neuvaine : les deux ou trois premiers jours, nous acquittons fidèlement le tribut de prières promises, mais en est-il de même le sixième et le septième? Ne devons-nous pas avouer que notre ferveur se soutient difficilement? Ne devons-nous pas convenir qu'après avoir demandé deux ou trois fois quelque grâce, sans l'avoir obtenue, nous cessons de demander, comme si nous craignions d'importuner le bon Dieu! L'exemple de la Cananéenne doit nous ôter cette crainte, et nous prouver qu'une sainte importunité plaît à Dieu. AFFECTIONS. Aveu. Confusion. RESOLUTIONS. Imiter l'invincible constance et la pieuse importunité de la Cananéenne. III. POINT. FOI ET PRIÈRE VICTORIEUSE DE LA CANANÉENNE. CONSIDÉRATIONS. Déjà la foi et la constance de la Cananéenne étaient sorties victorieuses de rudes épreuves. Jésus néanmoins voulut lui en faire subir encore une avant de lui accorder sa demande; il lui dit donc : Laissez premièrement les enfants se russasier; car il ne convient pas de prendre le pain des enfants et de le jeter aux chiens. Cette dureté de paroles ne rebuta point la suppliante: Cela est vrai, Seigneur, repartit-elle, mais encore les petits chiens mangent les miettes du pain que les enfants laissent tomber sous la table. A ces mols, Jésus, comme vaincu, lui dit: 0 femme, votre foi est grande. Qu'il vous soit fait selon votre désir. Allez; le démon est sorti du corps de votre fille. Et dès ce moment la fille fut guérie. (s. Matt. 15. s. Marc. 7.) APPLICATIONS. Cette fille, objet de tant de soins, est d'après saint Jérôme (Ch. 15. sur s. Matt.), une excellente figure de notre âme; et la sollicitude de la mère est l'image des soins assidus que nous devons avoir pour cette âme afin de la préserver non-seulement de la possession du démon, des œuvres du démon, mais aussi des influences que cet esprit rusé et malfaisant tâche d'exercer sur elle. Hélas! peut-être les subissez-vous, ces influences, sans vous en douter parce que vous n'êtes pas assez recueilli, pas assez vigilant dans la prière, ni assez confiant en Dieu. -- COLLOQUE. Avec Jésus. Demandez-lui qu'il vous fasse bien connaître le prix de votre âme et le soin que vous devez en avoir, etc. DU PRIX DE NOTRE AME. I. Prél. Je me représenterai Jésus-Christ disant ces mémorables paroles Que pourra donner l'homme en échange de son âme? II. Prél. Je demanderai la grâce de bien apprécier le prix de mon âme. I. POINT. NOTRE AME VAUT AUTANT ET PLUS QUE LE MONDE ENTIER. CONSIDÉRATIONS. Rien ne peut être mis en parallèle avec le prix d'une âme, pas même le monde entier, dit saint Jean Chrysostome: Nihil animæ æquiparari potest nec universus quidem mundus. Notre âme, une seule âme vaut donc infiniment plus que tout ce que ce vaste univers peut offrir de grandeur et de beauté à nos sens, parce que tout cela est matériel et voué à la destruction, tandis que notre âme est un être spirituel, immortel, intelligent, appelé à une destinée surnaturelle. APPLICATIONS. De cette incontestable vérité les Docteurs tirent cette conclusion également incontestable : la perte du monde entier devrait être préférée à celle d'une seule âme; et cependant que d'âmes périssent tous les jours, à chaque instant! Je les ai vues dans un ravissement, dit sainte Térèse, tomber en enfer comme les feuilles tombent des arbres! Depuis lors, cette sainte pénitente redoubla ses prières et ses austérités pour la conversion des âmes engagées dans les voies de la perdition. Et moi, quelle peine me donné-je pour sauver les âmes? AFFECTIONS. Humilions-nous profondément devant Dieu d'être si peu sensibles à la perte des âmes. - Demandonslui qu'il allume dans notre cœur le feu d'un zèle entreprenant, infatigable, généreux, héroïque. RÉSOLUTIONS. Remettre en pratique, avec une nouvelle ardeur, tous les moyens qui sont en notre pouvoir pour sauver les âmes, celles en particulier qui sont confiées à nos soins et à notre vigilance. II. POINT. NOTRE AME VAUT AUTANT QUE LE SANG D'UN DIEU. CONSIDÉRATIONS. Par la rébellion du premier homme, notre âme était tombée au pouvoir du démon. Un Dieu fait homme, Jésus-Christ seul, pouvait la racheter, la réhabiliter, lui rendre les droits au céleste héritage. Il l'a voulu. Mais qu'a-t-il donné pour prix du rachat?... 0 homme! c'est ici, s'écrie saint Augustin, que vous devez apprendre à connaître la vraie valeur de votre âme : Voyez ce que le Fils de Dieu a donné pour la racheter, et vous |