Page images
PDF
EPUB

boue et aux eaux de Siloë une vertu qu'elles n'avaient pas d'elles-mêmes. A l'exemple de cet aveugle, croyez et faites hautement profession de croire que c'est à Dieu seul que vous êtes redevable de tout ce que vous avez d'avantages corporels et spirituels, ainsi que du bien que vous faites. C'est le moyen de vous garantir contre la vaine gloire, et d'obtenir de Dieu de nouvelles faveurs. Comment avezvous employé ce moyen?

COLLOQUE. Avec notre divin Sauveur. Protester que nous sommes incapables de faire le bien sans le secours de sa grâce. Le remercier du bien qu'il nous aide à faire. —Lui demander un cœur docile, aveuglément soumis à tout ce qu'il exigera de nous.

SUITE DE LA MÉDITATION PRÉCÉDENTE. (1)

I. Prél. Se représenter l'aveugle debout devant le Conseil des Pharisiens.

II. Prél. Demander la droiture de cœur et la générosité de l'aveugle guéri.

1. POINT. - L'AVEUGLE GUÉRI CONFOND LES PHARISIENS EN PLEIN CONSEIL.

CONSIDÉRATIONS. Le grand miracle opéré par Jésus en faveur de l'aveugle mit le comble à l'exaspération des Pharisiens. Ils entreprirent d'en obscurcir l'éclat, soit en le révoquant en doute, soit en incriminant l'Auteur, parce qu'il avait fait de la boue et des onctions le jour du Sabbat. Ils firent donc comparaître tour à tour devant le

(1) Si l'on aime mieux faire la méditation sur l'apôtre saint Matthieu, dont on fait la fête en ce jour, voir tom. I. page 540.

Conseil l'aveugle et ses parents. Ceux-ci attestérent que c'était bien là leur fils, et qu'il était né aveugle. Le fils, de son côté, attesta de nouveau que c'était Jésus qui lui avait mis de la boue sur les yeux, et lui avait dit de se laver qu'il l'avait fait ainsi, et qu'il voyait. Ne pouvant plus nier le fait, ils s'efforcèrent de lui ôter le cachet de la divinité Cet homme qui n'observe pas le Sabbat, dirent-ils à l'aveugle, n'est pas de Dieu. Il restait à conclure qu'il ne pouvait être que le suppôt du démon. Ils essayèrent par tous les moyens d'en faire convenir l'aveugle. Mais ce fut en vain Depuis que le monde existe, répliqua celui-ci, on n'a point ouï dire que quelqu'un ait ouvert les yeux à un aveugle-né. Si cet homme ne venait pas de Dieu, il ne pourrait rien faire de pareil. Honteux et furieux de se voir ainsi réfutés par un mendiant sans instruction, et n'ayant plus d'arguments à faire valoir, ils s'emportérent contre lui: Malheureux! s'écrièrent-ils, tu n'es que péché dès ta naissance, et tu prétends nous faire la leçon! Ce qu'ayant dit, ils le chassèrent de leur présence (s. Jean. 9).

APPLICATIONS. C'est pour notre instruction et pour notre consolation que l'Esprit-Saint a voulu que tous ces détails nous fussent conservés. Faisons-en notre profit : apprenons à connaître de mieux en mieux et à abhorrer de plus en plus la basse passion de l'envie. A quoi nous servirait-elle? A quoi a-t-elle servi aux Pharisiens si ce n'est à les couvrir de honte et à imprimer å leur mémoire une tache ineffaçable? D'autre part, si nous sommes l'objet de cette passion, soyons sans crainte ; tant que nous aurons la vertu et la vérité avec nous, l'envie nous sera

plutôt avantageuse que nuisible. C'est ainsi que tout ce qu'elle fit entreprendre aux ennemis de Jésus-Christ contribua plus que nulle autre chose à prouver la vérité du grand miracle qui venait de s'opérer et, par conséquent, la divinité du Sauveur. Tout, dit saint Paul, contribue au bien de ceux qui aiment Dieu, et qui le cherchent avec un cœur droit (Aux Rom. 8). Quoi de plus consolant!

AFFECTIONS. Demandez une grande droiture de cœur et une vive horreur du moindre sentiment d'envie, ainsi que de tous les déguisements sous lesquels cette passion se cache.

RÉSOLUTIONS. Louer, encourager le bien, n'importe d'où il vienne et par qui il soit fait.

II. POINT.

L'AVEUGLE GUÉRI RECONNAÎT ET ADORE SON DIVIN

BIENFAITEUR.

CONSIDÉRATIONS. La droiture de cœur et la générosité de l'aveugle à glorifier Jésus devant le Conseil furent magnifiquement récompensées: Jésus, qui avait appris, continue saint Jean, comment on avait expulsé l'aveugle de la synagogue, l'ayant rencontré, lui dit : Croyez-vous au Fils de Dieu? Il répondit : Qui est-ce, Seigneur, pour que je croie en lui? Vous l'avez vu, répliqua Jésus, et c'est lui qui vous parle. Je crois, Seigneur, dit-il alors, et se jetant aux pieds de Jésus, il l'adora (Ch. 9). C'est ainsi qu'outre la lumière des sens, il reçut la lumière de l'âme et le don de la foi. La tradition porte qu'il s'attacha à la personne de Jésus-Christ; qu'il fut du nombre des soixantedouze Disciples; qu'il devint le compagnon d'exil de Lazare, aborda avec lui miraculeusement sur les côtes de

la Gaule, y exerça l'apostolat avec beaucoup de fruit et mourut saintement à Aix en Provence. Considérons encore combien est manifestement vraie la parole de l'Apôtre : Dieu résiste aux orgueilleux; il donne sa grâce aux humbles (Aux Rom. 12); tandis que les Pharisiens orgueilleux tombent dans l'aveuglement spirituel, et meurent dans leurs péchés, dans l'impénitence finale, l'aveugle-né, qui se regarde comme le dernier des hommes et ne sait comment exprimer sa reconnaissance, est comblé des dons de la grâce et glorifié dans le ciel!

APPLICATIONS. Pour avoir une large part aux dons de la grâce, aux faveurs de Jésus, soyez généreux aussi envers lui, et surtout très-reconnaissant; remerciez-le souvent de vous avoir ouvert les yeux; de s'être révélé à vous d'une manière spéciale; de vous avoir fait comprendre tout ce qu'il y a d'avantages dans la pratique de la piété et des vertus solides; de vous avoir attiré sur ses pas par les attraits d'une grâce de prédilection. Efforcez-vous de lui prouver en particulier votre reconnaissance, en le faisant connaître et aimer autant qu'il est en votre pouvoir.

COLLOQUE. Avec notre aimable Sauveur. Ou avec l'apôtre saint Matthieu, dont on fait solennellement la fête en ce jour.

MISSION

DES SOIXANTE-DOUZE DISCIPLES.

I. Prél. Représentez-vous Jésus donnant ses instructions aux soixante-douze disciples.

II. Prél. Demandez la docilité et le zèle dont ils firent preuve dans la mission qui leur fut confiée.

J. POINT.

[ocr errors]

CHOIX ET MISSION DES SOIXANTE-DOUZE DISCIPLES.

CONSIDÉRATIONS. Après que Jésus eut prémuni ses disciples contre la séduction des Pharisiens, il sortit de Jéru– salem, vers la fin du mois de septembre, pour évangéliser les autres villes et bourgades de la Judée. La mission était grande et le temps qu'il y pouvait consacrer n'était pas long. La fin de sa carrière mortelle approchait; il n'en était plus séparé que d'une demi-année. Pour faciliter le travail et en même temps pour former de loin des ouvriers évangéliques, il fit choix, dit saint Luc, de soixantedouze disciples, futurs coopérateurs des douze apôtres, et il les envoya, deux à deux, devant lui, dans toutes les villes et dans tous les lieux où lui-même devait aller (Ch. 10).

APPLICATIONS. Vous enviez le sort de ces disciples fortunés. Quel bonheur, dites-vous, d'avoir fixé sur leurs personnes le choix de Jésus-Christ, d'avoir pu se former à son école et sur son modèle pendant une ou même deux années; puis d'avoir été appelés et appliqués à la mission si belle, si méritoire, de lui préparer et de lui gagner les cœurs des hommes! Sans doute, c'est là un sort digne

« PreviousContinue »