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violent pour tout ce qui flatte les sens de là une infinité de péchés et de désordres. Résister à ce penchant, c'est ce qu'on appelle se mortifier. La mortification est donc un acte de la volonté par lequel nous réprimons, nous faisons mourir les désirs vicieux qui naissent de la concupiscence. Si on le fait par un motif surnaturel et qu'on ait acquis l'habitude de le faire, on possède la vertu de mortification. Il y a donc une grande différence entre un acte de mortification et la vertu de mortification. Du reste, cette vertu, comme toutes les autres, admet des degrés : elle est d'autant plus parfaite qu'on a acquis plus de facilité et de constance à en pratiquer les actes.

APPLICATIONS. On vous a initié de bonne heure à la connaissance et à la pratique de la vertu de mortification, parce qu'elle est la base de tout l'édifice religieux, d'après ces paroles si connues de notre divin Sauveur : Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il se renonce soi-même et porte sa croix tous les jours (s. Luc. 9. et 14). Quel cas faites-vous de cette vertu? Quels progrès y avez-vous faits? N'êtes-vous pas du nombre de ceux qui, après avoir commencé à en pratiquer les actes avec ardeur, les ont peu à peu négligés parce qu'il leur en coûtait, et sont devenus comme étrangers à l'esprit de mortification?...

AFFECTIONS. Demander la grâce de croître sans cesse dans la connaissance et l'estime de la mortification.

RÉSOLUTIONS. Reprendre avec une nouvelle ardeur ses pratiques de mortification.

II. POINT. NÉCESSITÉ DE LA MORTIFICATION.

CONSIDÉRATIONS. Au dehors comme au dedans de nous,

tout proclame la nécessité absolue de la mortification: au dehors de nous, c'est le précepte et l'exemple de JésusChrist, la doctrine et l'exemple des apôtres; nous l'avons vu dans la précédente méditation: c'est l'exemple aussi de tous les Saints. En est-il un seul qui n'ait excellé dans la pratique de la mortification?

Au dedans de nous, c'est l'expérience qui nous dit qu'à moins de combattre continuellement et énergiquement les désirs déréglés de notre cœur, nous tombons dans toute espèce d'excès et de désordres : c'est la vérité que l'Apôtre nous rappelle quand il dit: Si vous faites mourir par l'esprit les passions de la chair, vous vivrez (Aux Rom. 8).

APPLICATIONS. Donc sans la mortification point de persévérance, point de salut pour nous. Sans la mortification, ce qui est plus évident encore, point de progrès dans la vertu. La main sur le cœur, convenez que c'est à votre peu de mortification que vous devez attribuer d'être encore si inconstant dans vos résolutions, si éloigné de l'esprit d'oraison; d'être si souvent infidèle à vos résolutions et à certaines obligations de votre état; d'être si peu édifiant, si peu charitable; d'avoir si peu de zèle, si peu de patience et de résignation. Examinez-vous devant Dieu. AFFECTIONS. Aveux.-Confusion.-Demander l'esprit de mortification.

RÉSOLUTIONS. Faire pendant quelque temps une attention particulière à la mortification.

III. POINT.

EXCELLENCE ET AVANTAGES DE LA MORTIFICATION.

CONSIDÉRATIONS. Se mortifier, c'est mourir à soi-même et au monde pour ne vivre qu'à Dieu seul ; c'est dompter

le péché qui habite en nous, d'après l'expression de l'Apôtre Quod habitat in me peccatum (Aux Rom. 7), et y faire vivre Jésus en maître souverain; c'est renverser tout ce qui met obstacle à notre progrès dans la perfection; c'est détruire tout ce qui en nous déplaît à Dieu; c'est aimer Dieu, selon l'expression de l'apôtre saint Jean, par les œuvres et en vérité (Ep. 1. Ch. 3); enfin, c'est porter sa croix à la suite de Jésus; c'est être crucifié avec Jésus, selon l'expression de saint Paul: Je suis cloué à lacroix avec Jésus. Christo. Confixus sum cruci (Aux Gal.2).

APPLICATIONS. En faut-il davantage pour vous engager å embrasser avec ardeur les saintes rigueurs de la mortification? D'ailleurs, si faible que soit votre santé, votre complexion, vous pouvez vous mortifier d'une infinité de manières elles vous sont connues; elles firent vos délices à une certaine époque. Mais maintenant?... Revenez à votre première ferveur. Quelle joie vous en aurez à la mort! Quel surcroît de délices dans l'éternité!

COLLOQUE. Avec le saint roi Édouard, dont on fait la fête en ce jour anniversaire de la translation de son corps, retrouvé sans corruption trente-six années après qu'il eut été déposé dans le caveau. Ce fut, on peut le croire, en récompense de l'admirable chasteté du saint, fruit de sa grande mortification.

DE L'OBLIGATION DE NOUS MORTIFIER

DÉDUITE DE NOTRE SENSUALITÉ.

1. Prél. Je me représenterai l'Apôtre disant: Je sens dans les membres de mon corps une loi qui combat contre la loi de mon esprit (Aux Rom. 7).

II. Prél. Je demanderai la grâce d'être de plus en plus convaincu de la nécessité de la mortification.

I. POINT.

LA SENSUALITÉ NOUS POUSSE AU MAL.

CONSIDÉRATIONS. L'extrême besoin que nous avons de nous mortifier vient d'un mauvais levain que le péché originel a déposé dans notre cœur, et qui n'est autre chose que la sensualité ou la concupiscence. On la définit un penchant inné, violent pour tout ce qui flatte les sens ou procure des jouissances au corps, et, par suite, une aversion innée de tout ce qui nous coûte Les sens et la pensée de l'homme, dit l'Esprit-Saint, sont enclins au mal dès sa jeunesse. Sensus et cogitatio humani cordis in malum prona sunt ab adolescentia sua (Gen. 8). De ce penchant vicieux qui ne mourra qu'avec nous, naissent toutes espèces d'attaches déréglées qui nous détournent de Dieu. et de notre fin dernière. Celui qui n'y résiste pas vigoureusement par une mortification continuelle, en sera infailliblement la malheureuse victime.

APPLICATIONS. Hélas! nous ne sentons que trop la présence de ce penchant vicieux en nous; il nous pousse sans cesse au désordre: 1° désordre de la vue : nous nous sentons comme entraînés à tout lire, à tout voir,

à tout observer; au dedans, la conduite de nos supérieurs et de nos égaux; au dehors, tous les objets qui frappent ou qui flattent les yeux. De là une infinité de jugements téméraires, de tentations, de péchés ; - 2o désordre de l'ouïe: nous sommes curieux, empressés d'être mis au courant de toutes les nouvelles du jour, de tout ce qui se dit et se fait autour de nous et au loin, plus encore du mal que du bien; de là les conversations, les visites inutiles et prolongées; la perte d'un temps précieux et, ce qui pis est, les critiques, les murmures, les médisances, les indiscrétions; de là enfin la dissipation de l'esprit, le vide du cœur, l'impossibilité de se recueillir, de prier, de méditer; 3° désordre dans le goût, dans le sommeil, dans le soin du corps : nous nous sentons portés à excéder les bornes de la tempérance dans la nourriture ou dans la boisson; de prolonger le temps accordé au repos, de pousser à l'excès le soin que nous pouvons et que nous devons avoir raisonnablement de notre santé. Tels sont les effets de la sensualité, les désordres qu'elle engendre infailliblement dans tous ceux qui ne la contrarient et ne la combattent pas par la mortification.

AFFECTIONS. Demandez à Dieu avec instance, avec larmes, qu'il vous fasse voir en quoi vous devez surtout vous mortifier et qu'il vous aide à le faire.

RÉSOLUTIONS. Manifester à notre Directeur spirituel nos tentations, les moindres concessions que nous faisons à la sensualité, et suivre ses avis.

II. POINT. LA SENSUALITÉ NOUS DÉTOURNE DU BIEN.

CONSIDÉRATIONS. D'après la définition donnée, la sen

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