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entière indépendance, dans un pays où il n'est pas connu, croit être au comble du bonheur : maintenant il jouira !.... Plus de contrainte!.. Il pourra satisfaire tous les désirs de son cœur... Telles sont ses illusions. Mais qu'arrive-t-il? En peu de temps, dit la parabole, tout son avoir fut dissipé par la débauche, et il se trouva dans l'indigence. Alors il se mit au service d'un maître qui l'envoya dans samétairie garder les pourceaux; et il eût bien voulu se rassasier des gousses que les pourceaux mangeaient, mais personne ne songeait à lui en donner. (Ibid.)

APPLICATIONS. Le Fils de Dieu nous met ici devant les yeux le tableau navrant de l'homme qui croit trouver le bonheur en se soustrayant à la loi divine pour mener la vie des sens: et aussi, on peut le dire, le tableau du chrétien qui, déchu de sa ferveur première, s'ennuie du service de Dieu et cherche dans les créatures une diversion au dégoût qu'il éprouve. Mais qu'arrive-t-il? Après avoir en peu de temps dissipé d'immenses trésors de grâces et de mérites, il sent dans son cœur un vide affreux que rien ne peut combler, et son esprit se remplit de pensées sensuelles et impures dont les pourceaux de la parabole sont la fidèle image. Pour lui, plus de paix, plus de repos, ni le jour ni la nuit. C'est le sort de quiconque cherche le bonheur hors de Dieu... N'avez-vous pas malheureusement éprouvé quelque chose de tout cela?

AFFECTIONS. Rendez-moi, Seigneur, la joie de la ferveur; et, dans la lutte contre mes passions, fortifiez mon cœur, par votre esprit souverain (Ps. 50).

RÉSOLUTIONS. Craindre les moindres concessions faites à la passion.

III. POINT.

AVILISSEMENT DE L'ENFANT PRODIGUE

CONSIDÉRATIONS. A la faim et au dénûment qu'éprouve le Prodigue, vient se joindre, pour comble d'affliction, le souvenir de son ancienne position, la pensée de l'avilissement dans lequel il est tombé et qui le met bien au dessous de ceux qui étaient jadis à son service: Combien de serviteurs dans la maison de mon père, se dit-il, ont du pain en abondance, et moi je meurs ici de faim (Ibid.), gardien de vils pourceaux, devenu le rebut de la société humaine!

APPLICATIONS. Voilà, s'écrie saint Chrysologue, le sort réservé à l'homme qui ne veut plus avoir Dieu pour père. Sic invenit qui se negat Putri: devenu le jouet de passions honteuses et tyranniques, il ne connaît plus d'autres jouissances que celles de la brute. Il est devenu semblable, dit l'Esprit-Saint, à la bête de somme (Ps. 48). Vous n'êtes pas descendu si bas, ou vous vous êtes promptement relevé de cette dégradation : vous avez élevé vos regards et votre cœur vers votre Père qui est aux cieux, mais êtes-vous depuis resté toujours à la hauteur de vos nobles aspirations vers la perfection chrétienne? N'avez-vous pas rouvert votre cœur à quelque affection déréglée ou trop mondaine å et incompatible avec le parfait amour de Dieu?...

COLLOQUE. Avec votre Ange gardien témoin de vos écarts, de votre repentir et des dispositions actuelles de

votre cœur.

CONTRASTE DES DEUX ÉTATS PAR OU PASSA L'ENFANT

PRODIGUE.

CONTEMPLATION.

1. Prél. Se représenter l'enfant prodigue assis sur un fumier, entouré de pourceaux.

II. Prél. Demander une extrême frayeur de tout ce qui éloigne de Dieu.

I. POINT. L'ENFANT PRODIGUE DANS LA MAISON DE SON PÈRE.

CONTEMPLATION. Représentez-vous, dans une vallée agréablement ombragée, une maison spacieuse et commodément distribuée où règnent la paix et l'aisance. C'est là qu'habite l'enfant prodigue, en compagnie d'un frère plein d'égards et de prévenances pour lui, sous l'autorité et la sage direction du meilleur des pères. Quelle heureuse position la Providence lui a faite! Exempt de soucis et de sollicitudes, abondamment pourvu de ce que demande l'entretien de la vie et la culture de l'esprit, il ne connaît que par ouï-dire les misères du monde.

APPLICATIONS. N'est-ce pas l'image fidèle du bonheur des communautés religieuses qui nous est ici mise sous les yeux? Ceux qui en font partie ne vivent-ils pas aussi à l'ombre d'un paisible sanctuaire, loin des soucis et des préoccupations du monde, avec des frères pleins de charité, sous la sage direction paternelle de leurs supérieurs qui pourvoient avec tant de sollicitude à tous leurs besoins de l'âme et du corps? Tâchez de bien apprécier la nature et les avantages de l'état religieux afin de pouvoir le relever dans l'idée de tant d'hommes à préjugés, qui le croient

incompatible avec la joie et le bonheur de la vie présente, qui le poursuivent de leur haine, de leur sarcasmes et de leurs blasphèmes. Dissipez leurs préjugés et vous en ferez des admirateurs, des prôneurs de la vie religieuse.

AFFECTIONS. Demandez à Dieu qu'il daigne dans sa miséricorde éclairer ceux qui, par préjugés, se tiennent éloignés de lui et blasphement ce qu'ils ignorent.

RÉSOLUTIONS. J'unirai mes efforts à la prière pour obtenir cet heureux résultat.

II. POINT.

LE PRODIGUE LOIN DE LA MAISON DE SON PÈRE.

CONTEMPLATION. Contemplez maintenant le Prodigue dans une position bien différente il a dissipé tout son bien; ses compagnons de débauche l'ont abandonné; il se voit seul, comme perdu sur une terre étrangère, et désolée par la famine... Pâle, amaigri, décharné, il ne porte plus sur son corps que des haillons... Voyez-le dans ce triste état, mêlé à la foule des mendiants... tendant la main à la charité, mais n'essuyant d'ordinaire que des rebuts et du mépris... Quelle misère !

APPLICATIONS. Si malheureusement vous êtes tombé dans l'infidélité, vous verrez le pitoyable état de votre âme dans la personne de ce jeune prodigue. Considérez, de point en point, tout ce qui le rend si digne de pitié, et vous y trouverez l'image des misères de votre âme. Cette vue vous touchera; vous aurez pitié de vous-même ; vous vous sentirez le courage et l'énergie nécessaires pour sortir de l'état de péché et revenir à votre première ferveur.

AFFECTIONS. Demander la grâce de le faire victorieu

sement.

RESOLUTIONS. Craindre souverainement et éviter soigneusement tout ce qui mène au péché, à la tiédeur.

III. PONT.

L'ENFANT PRODIGUE DANS LA DÉPENDANCE D'UN
MAITRE.

CONTEMPLATION. Alors il se mit au service d'un maître (s. Luc. 15). Quel est ce maître que s'est donné le jeune prodigue? Un homme intéressé, avare, sans entrailles pour celui qui est venu lui demander un morceau de pain. Il lui refuse le logement; il l'oblige de passer les jours et les nuits dans le réduit des pourceaux; il va jusqu'à lui refuser la nourriture qu'on l'oblige de jeter à ces vils animaux ! Quel changement! Quel déchirant spectacle! Ge jeune homme naguère honoré dans sa patrie, objet des soins assidus d'un nombreux domestique, assis tous les jours à une table somptueuse, est maintenant assis sur un fumier... sans nul secours... méprisé de tout le monde... mourant de faim au milieu d'animaux immondes!

å

APPLICATIONS. Avec quelles vives couleurs le divin Sauveur nous dépeint l'abjection et les misères de ceux qui rejettent son joug si doux, si honorable, pour se mettre au service du monde, tyran impitoyable. Et n'est-ce pas lå la folie du grand nombre? Elle a été la vôtre peut-être; mais la lumière s'est faite dans votre esprit vous avez reconnu votre erreur ; vous êtes revenu au Seigneur, votre Dieu. Attachez-vous à lui de plus en plus; faiteslui oublier vos infidélités passées par un redoublement de ferveur dans son service.

COLLOQUE. Avec saint Augustin, qui vécut jusqu'à sa trentième année en enfant prodigue, mais qui, depuis sa

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