cachait sous cette apparence de charité; car, comme le remarque immédiatement saint Jean, il parla ainsi, non qu'il s'intéressât aux pauvres, mais parce qu'il était voleur, et qu'étant chargé de la bourse il avait entre les mains ce qu'on y déposait. Jésus prit la défense de Madeleine: Pourquoi, dit-il, faites-vous de la peine à cette femme?... elle a fait une bonne action; elle a embaumé mon corps par avance. Je vous le dis en vérité, ce qu'elle a fait à mon égard sera publié à sa louange, partout où cet Évangile sera préché, dans le monde entier (s. Marc. 14).

APPLICATIONS. Ce qui nous indigne et nous charme ici tout à la fois, c'est, d'une part, la profonde perversion de Judas, un des Douze, devenu voleur, fourbe, censeur d'une action faite en l'honneur de son divin Maître; et, d'autre part, l'ineffable mansuétude de Jésus-Christ, qui, tout en lisant dans le cœur de Judas, Sciens autem Jesus(s. Matt.26), s'abstient de lui reprocher ses injustices, ses hypocrisies, ses murmures inconvenants. Il épargne sa réputation devant les convives, afin de lui laisser la voie ouverte à un honorable retour au bien. Il se contente de le blâmer indirectement en louant l'action de Marie Madeleine.

AFFECTIONS. Félicitez Madeleine. Priez-la de vous obtenir quelque chose de son amour et de sa générosité envers Jésus-Christ.

RÉSOLUTIONS. J'éviterai avec grand soin de décourager par des blâmes ou des reproches publics ceux sur qui j'ai quelque autorité.

beaucoup de Juifs, habitants de Jérusalem, ayant appris la présence de Jésus à Béthanie, s'y rendirent en foule. Nous pouvons distinguer parmi ces Juifs quatre classes de personnes les uns, à qui la résurrection de Lazare a ouvert les yeux et révélé dans la personne de Jésus le Messie promis, accourent à Béthanie pour lui présenter leurs hommages et se réjouir avec celui qu'il a retiré du tombeau; d'autres y viennent, amenés par un mouvement de curiosité; le grand nombre, et ce sont les indifférents, restent chez eux, dédaignant de s'occuper d'un fait qui aurait dû les mettre dans la voie du salut. Enfin les ennemis de Jésus, les Princes des Prêtres, dit saint Jean, avisèrent aux moyens de faire mourir aussi Lazare, parce que plusieurs Juifs les abandonnaient et croyaient en Jésus (Ch.12).

APPLICATIONS. Qu'est-ce qui nous est démontré dans ce récit évangélique? Que les triomphes remportés par l'Église du Dieu Sauveur ont toujours produit les mêmes effets conversion des cœurs bien disposés et consolation des vrais fidèles, redoublement de haine chez les ennemis déclarés Dieu-Sauveur, indifférence chez le grand nombre préoccupés uniquement des plaisirs et des intérêts matériels. Quant à vous, puisez-y un redoublement de zèle pour la gloire de votre divin Sauveur et pour la conversion des pécheurs.

COLLOQUE. Unissez-vous aux pieux habitants de Jérusalem pour vous réjouir de la gloire de Jésus; demandez la conversion de ceux que la passion a rendus indifférents ou hostiles à son égard.

ENTRÉE TRIOMPHALE DE JÉSUS A JÉRUSALEM.

I. Prél. Voyez Jésus monté sur une ânesse, s'approchant de la ville, au milieu du concours et des acclamations de la foule.

II. Prél. Demandez que l'amour de Jésus triomphe de votre cœur et du cœur de tous les hommes.

I. POINT.

PRÉPARATIFS DU TRIOMPHE DE JÉSUS.

CONSIDÉRATIONS. Jésus se tint en repos à Béthanie, tout le jour qui suivit le repas pris chez Simon : c'était le Sabbat. Le lendemain (dimanche des Rameaux), Il s'avança, dit l'Évangile, vers Jérusalem. Arrivé à Bethphagé, bourg situé au pied du mont des Oliviers, il envoya deux de ses disciples, en leur disant: Allez dans la bourgade qui est devant vous; en y entrant, vous trouverez une ânesse attachée et son ânon qui n'a point encore été monté (1). Détachez-les, et amenez-les-moi. Que si quelqu'un vous dit: Pourquoi les détachez-vous? vous répondrez : C'est le Seigneur qui en a besoin; et aussitôt il les laissera aller. (s. Luc. 19. s. Marc. 11.) On ne sait ce qu'on doit le plus admirer ici ou de la science de Jésus, à qui rien n'échappe et du libre domaine qu'il exerce sur les biens de ses créatures, ou de l'obéissance de ses disciples dans une chose qui devait naturellement leur paraître téméraire

(1) Il paraît, par le texte, que Jésus monta successivement l'ânesse et l'ânon. Les Saints Pères y voient un sens mystique. L'ânesse représente, d'après eux, la nation juive, déjà habituée à porter le joug de la Loi; et l'ânon indompté, le peuple gentil.

et dangereuse, ou enfin de l'empressement des habitants de Bethphagé à mettre leurs biens à la disposition des envoyés du Sauveur.

APPLICATIONS. De l'admiration passez à la pratique : 1o Abandonnez-vous à la providence de Dieu. Il veille sur tous et sur chacun en particulier; il n'ignore rien de tout ce qui vous arrive, de tout ce qui peut vous être avantageux, et il vous aime tendrement. 2o Faites-lui souvent aussi l'offrande de tout ce que vous possédez de santé, de talents, de sciences acquises; et,-3° si l'obéissance vous impose des ordres qui paraissent ou peu sages ou d'une exécution difficile, n'hésitez point: obéissez promptement, en esprit de foi, et vous verrez, comme les disciples, disparaître toutes les difficultés.

AFFECTIONS. Offrez à Dieu la résolution de vous conformer à ces sages règles de conduite, et demandez la grâce d'être fidèle à cette résolution.

RÉSOLUTIONS. S'attacher spécialement à obéir en esprit de foi, seul moyen de surmonter les répugnances de la nature.

II. POINT.

GLOIRE DU TRIOMPHE DE JESUS.

CONSIDÉRATIONS. Arrêtez avec bonheur vos regards sur ce triomphe si différent de celui des conquérants de la terre,... sur la personne de Jésus, sur le peuple et sur la joie qu'il manifeste. Dans la personne de Jésus... quelle majesté unie à la plus ineffable douceur, à la plus attrayante amabilité! Il fixe sur lui tous les regards; il attire à lui tous les cœurs : l'immense foule des étrangers et des citoyens sortis de la ville au devant de Jésus, ou

accourus des bourgades d'alentour, se sent prise d'enthousiasme au souvenir des bienfaits miraculeux qu'il a semés partout sur ses pas, l'espace de trois ans ; c'est à qui lui fera le plus d'honneurs : Les uns, dit l'Évangile, prenaient des branches de palmier pour aller au devant de lui; d'autres coupaient de la verdure dont ils couvraient le chemin; un grand nombre étendaient leurs manteaux sur son passage. Tous faisaient retentir l'air des cris répétés de Hosanna! Béni soit le roi d'Israël, qui vient au nom du Seigneur (s. Jean. 12. s. Matt. 21).

APPLICATIONS. Il vous arrivera peut-être aussi, dans l'exercice de lacharité ou du zèle, d'être applaudi, regardé même comme un homme supérieur, comme un saint... Prenez bien garde alors de vous laisser aller à quelque sentiment de vanité. Attribuez vos succès à Dieu seul, et affermissez-vous contre ces retours soudains dont JésusChrist fut la victime lorsque, cinq jours plus tard, les échos de Jérusalem répétèrent le terrible Crucifigatur; qu'il soit crucifié!

AFFECTIONS. Apprenez-moi, ô Jésus, à me perdre de vue, pour ne chercher en toutes choses que votre gloire, le triomphe de votre Église et na propre sanctification.

RÉSOLUTIONS. Je renouvellerai souvent la bonne intention, afin d'éviter les surprises de la vanité.

III. POINT.

LES PHARISIENS ENVIEUX DU TRIOMPHE DE JÉSUS.

CONSIDÉRATIONS. L'entrée triomphale de Jésus à Jérusalem était, d'après la prophétie de Zacharie (Ch. 9), une preuve évidente de la venue du Messie. Les Scribes et les Pharisiens, interprètes des prophéties, ne pouvaient