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tentes, qui se chiffre à environ 11 millions. Une modification sur l'impôt des voitures publiques de terre et d'eau est proposée par un projet de loi spécial pour une réduction de 1 million. Ces réductions viendront s'ajouter à celles faites dans le budget antérieur, savoir: 9 millions sur la chicorée; 3 millions sur les huiles; 1 million 1/2 sur les savons; 11 millions 1/2 sur la petite vitesse; en tout 20 millions, sans compter la réforme postale et télégraphique.

La sous-commission des finances s'étant entretenue, dans sa première séance, de la conversion du 5 p. 100, le ministère a dû sortir de sa réserve et faire connaître sa décision, qui a été négative. Celle-ci était communiquée au syndic des agents de change, à 11 heures et demie, et affichée à deux heures de distance. Dans l'intervalle de ces pourparlers, du 22 au 27 février, les spéculateurs se sont mis à l'œuvre. On avait d'abord cru à la conversion, et la panique s'en mêlant, il en est résulté une assez forte baisse, peu après suivie de la hausse, ce qui a permis aux bien inspirés de faire d'assez gros bénéfices, et a produit un vif mécontentement sur le marché financier. C'est un avis pour le ministre des finances qui fera la conversion, quand on croira le moment favorable, et qui devra être aussi muet que s'il l'était de naissance.

La Chambre des députés a consacré plusieurs séances (1) à la première délibération d'un projet de loi relatif à la marine marchande, qui exhale ses plaintes et demande un remède à ses maux. Dans cette première discussion, le sujet a été à peu près épuisé; mais on n'a rien conclu de bien positif, si ce n'est le renvoi des articles importants à la commission, qui reviendra avec une rédaction plus nette. Il serait difficile de dire quelle sera la solution définitive; mais il semble bien que la Chambre ne votera pas la surtaxe des pavillons, ni une subvention à la marine à voiles, mais seulement une prime à la marine à vapeur, soit à la construction, soit à l'armement, soit sous les deux formes. Le gouvernement, par la voix de M. Lepère, pour le moment chargé du ministère du commerce, a adhéré à la prime à la construction, et a repoussé la prime à l'armement.

MM. Rouvier, député de Marseille, Périn, député de la HauteVienne et l'amiral Jauréguiberry, ministre de la marine, ont bien éclairci le sujet. Nous publions le discours de ce dernier qui est un exposé faisant bien comprendre l'état de la question. M. Desseaux, député de la Seine-Inférieure, rapporteur, MM. Gaudin et Laisant, députés de la Loire-Inférieure, Allain-Targé, député de la Seine ont parlé dans le sens inverse.

(1) Séances des 3, 4, 6, 8 et 10 mars.

Le vote définitif de la Chambre ne donnera pas une mesure exacte des opinions protectionnistes ou libre-échangistes de ses membres, parce que le vote ne portera pas sur la surtaxe des pavillons étrangers.

Cette question est en voie d'élaboration, car le moment de la discussion approche; et il serait bien à désirer que ces Messieurs voulussent lire les publications de l'Association pour la défense dela liberté commerciale, concurremment avec celles de l'« Association de l'industrie nationale ». A cet effet, nous reproduisons dans ce numéro l'éloquent et probant discours que prononçait, il y a un mois, M. Jules Simon devant un nombreux auditoire convoqué au théâtre du Château-d'Eau, et en plús la vigoureuse argumentation du vaillant président de cette association, pour démontrer aux protectionnistes qui l'ignorent qu'ils sont tout bonnement des prohibitionistes. (Voy. p. 458 et 472.)

Les chefs du protectionnisme le savent bien; mais ils repoussent la prohibition et même la protection; ils ont arboré l'étendard de la compensation, à l'aide duquel ils espèrent induire les pouvoirs publics en erreur. En attendant les efforts de tribune, ils font des démarches. Ils ont conduit leurs plus chaleureux adhérents chez M. le Président de la République, chez M. le président du Conseil, chez M. Lepère, un instant ministre de l'agriculture et du commerce, pour leur arracher des promesses ou tout au moins pour les toucher et au besoin les intimider, en leur parlant des classes ouvrières.

Ils ont renouvelé une manœuvre qui leur a beaucoup servi sous Louis-Philippe. Filateurs, métallurgistes et autres, ils se sont transformés en agriculteurs de France et sont allés en grand nombre assister aux séances de cette Société qui vient de se réunir à Pariset là ils ont parlé au nom de l'agriculture, qui souffre aussi de l'inondation des produits étrangers et qu'il faut protéger contre l'invasion. C'est un air que M. Pouyer-Quertier chante avec une habileté sans pareille. Et les « agriculteurs de France », qui ne représentent pas les vrais intérêts de l'agriculture, ont oublié les saines démontrations des Pommier, des Lavergne, des Lecouteux, des Barral; ils ont presque hué les contradicteurs qui ont voulu répondre à leur Ajax, et particulièrement MM. Edgar et Fernand Raoul-Duval, lesquels ne veulent pas oublier qu'ils sont les petitsfils de J.-B. Say et connaissent la question en agriculteurs et en manufacturiers qu'ils sont aussi. Finalement, la Société des agriculteurs en est revenue au point où en était le Congrès des laines tenu en 1844, de si prohibitionniste mémoire.

Ces représentants ont demandé à être entendus à l'enquête et ils y sont venus réclamer des droits sur les laines et sur les blés !

Mais il y a agriculteurs et agriculteurs, et nombreux sont ceux qui n'acceptent pas cette représentation. M. A. Blaise (des Vosges), un des plus anciens rédacteurs de ce recueil, membre de la Société des agriculteurs de France, s'est hâté de nous demander la parole pour raisonner d'une toute autre manière et sur un tout autre ton. (Voyez page 399).

-En Allemagne, M. de Bismarck, qui est un gros finaud, mais encore plus fin que les leaders du parti national libéral, profite de ce courant général de protectionnisme pour obtenir des recettes fédérales. Il a mis l'imbroglio qui suit dans la bouche de l'empereur, à l'ouverture du Reichstag :

Les gouvernements confédérés délibèrent sur les moyens que la législation peut fournir pour diminuer ou supprimer les maux dont nous souffrons au point de vue économique. Les propositions que j'ai déjà faites et celles que j'ai l'intention de faire encore à mes confédérés ont tout d'abord pour but de créer de nouvelles sources de revenus pour l'empire et de mettre ainsi les divers gouvernements en état de renoncer à percevoir ceux des impôts qu'eux et les représentants de leurs pays considèrent comme les plus difficiles à recouvrer. En même temps, je suis d'avis que notre activité économique, dans son ensemble, a pleinement droit au concours que la législation sur les droits de douane et les impôts peut lui prêter et qu'elle prête peut-être au delà du besoin dans les pays avec lesquels nous avons des relations commerciales.

Je considère comme mon devoir d'agir de façon à ce que le marché allemand, pour le moins, soit assuré à la production nationale dans la mesure où cela sera compatible avec nos intérêts généraux, et de façon à ce que notre législation douanière revienne aux principes dont l'expérience a démontré la vérité et dont, depuis 1865, notre politique commerciale a abandonné les parties essentielles.

Il m'est impossible de reconnaître que la tournure que notre politique commerciale a prise depuis cette époque, ait eu des résultats avantageux. Les propositions faites dans le sens que je viens d'indiquer seront soumises à vos délibérations dès que les gouvernements confédérés se seront entendus, et dans la mesure où ils seront entendus pour les adopter.

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- A la suite de la lettre de ce grand monarque, il nous parait assez curieux de pouvoir insérer une lettre du glorieux compagnon de Cobden, M. John Bright, à M. Cyrus Field, un des plus notables citoyens des États-Unis, sur la politique économique de ce dernier pays. Nous la prenons dans le dernier « Bulletin de l'Association pour la défense de la liberté commerciale ».

Mon cher M. Field... je ne crois pas que tout ce qu'un anglais pourrait dire puisse avoir aucun effet sur un protectionniste américain.

L'homme qui possède un monopole auquel il croit devoir ses bénéfices n'est pas enclin à le discuter. Il en était ainsi dans notre pays il y a quarante ans, et il en est ainsi dans le vôtre maintenant. C'est une étrange chose qu'un peuple qui, grâce à un immense sacrifice, a aboli l'esclavage, ne soit pas capable de supprimer le monopole, qui n'est, en réalité, que le même mal sous une forme adoucie. Sous l'esclavage, l'homme était prisonnier, son travail lui était volé, et son maître et propriétaire jouissait du profit. Sous la protection, l'homme est libre en apparence, mais on lui dénie le droit d'échanger les produits de son labeur, sauf avec ses compatriotes, qui lui en offrent beaucoup moins que l'étranger n'en donnerait. C'est ainsi que l'on confisque une certaine partie de son travail. Aux jours de notre protection, nos tisserands et nos artisans ne pouvaient pas échanger contre la farine américaine. Ils échangeaient avec un fermier anglais qui ne leur donnait quelquefois que la moitié de la quantité qu'ils eussent reçue d'un américain. Maintenant, on défend à votre fermier de négocier avec l'anglais et il faut qu'il donne à un américain, contre bien des objets dont il a constamment besoin, le double de la quantité de grain et de farine qu'il donnerait si vos lois ne lui interdisaient le commerce avec l'Angleterre.

Un pays peut avoir des institutions démocratiques, son gouvernement peut être républicain et basé sur un large suffrage, et cependant les hommes peuvent n'avoir aucune liberté pour tout ce qui constitue la vie et le confort. Si le travail de l'homme n'est pas libre, si ses échanges ne sont pas libres, l'homme n'est pas libre! Que la loi qui ordonne cette restriction soit le fruit d'un pouvoir républicain ou d'un gouvernement autocratique, elle est également pernicieuse et doit être condamnée et combattue par tous ceux qui aiment la liberté et savent en quoi elle consiste. Les nations apprennent lentement... mais elles apprennent; et c'est pourquoi je ne doute pas que le temps viendra où le commerce sera aussi libre que les vents, et où la liberté de l'industrie contribuera beaucoup à la suppression des grandes armées, et à faire disparaître le danger et les souffrances de la guerre...

One Ash, Rochdale, 21 janvier 1879.

JOHN BRIGHT.

Pour revenir à M. de Bismarck, notons qu'il a dit,"dans une conversation parlementaire, que « les principes économiques qui le guident n'ont pas un caractère de certitude absolue ». Il se serait vanté, suivant une autre correspondance, de s'être moqué de Napoléon III «< en flattant sa manie des traités de commerce ». Ce qui ca use une douce gaîté à nos protectionnistess

Paris, 14 mars 1879.

Jph G.

Bibliographie économique

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Congrès international de l'agriculture tenu au palais du Trocadéro (Exposition universelle interna

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