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Russie ne voulait appuyer aucun candidat russe et n'a pas laissé se produire la candidature du général Dondoukoff, sympathique aux Bulgares.

Avec la solution de l'affaire bulgare, réglée quant à présent, s'est produite aussi la solution pour l'Herzégovine et la Bosnie. Le 21 avril une convention a été signée par le comte Zichy, représentant de l'Autriche, et Caratheodory-pacha, qui règle, en application du traité du Berlin, l'occupation de ces deux provinces (toujours turques!) par une administration et des troupes autrichiennes. La même convention détermine les frontières entre les territoires turc, monténégrin et serbe.

Reste à trouver la solution d'un autre problème, laissé en suspens par le traité de Berlin, pour la délimitation des frontières. avec la Grèce, qui veut l'Épire, parce qu'il y a des Héllènes haïssant les Turcs, et que la Turquie ne veut pas abandonner parce qu'il y a des Albanais haïssant les Grecs.

Quatrième question, qui n'est pas la dernière du nouvel imbroglio oriental, le gouvernement russe a quelque peine à quitter l'est de la Roumélie qu'il aurait dû évacuer le 3 mai, et où se trouvent des éléments bulgares très-fermentescibles.

-La question du tarif douanier de l'Empire allemand est venue. au Reichstag où elle a fait l'objet d'une vive discussion, qui se terminera très-probablement selon les vœux de M. de Bismarck, lequel appelle « réformé dans l'intérêt fédéral » l'installation de droits fiscaux-protectionnistes et la généralisation des impôts indirects.

A ce propos il a pris la parole, dès le début, pour débiter les sophismes économiques les plus vulgaires avec l'assurance qui caractérise son esprit et que lui donne sa haute situation. Dans son discours il a été amené à dire, à la grande joie de nos protection nistes, que la France est de tous les pays d'Europe celui qui supporte le mieux la crise industrielle et qu'il faut attribuer cette situation exceptionnelle à ses tendances protectionnistes et à ce qu'elle veut réserver le marché national au travail national. Le grand politicien sait-il bien ce qu'il dit, nous l'ignorons; mais à coup-sûr il n'en croit rien. Quoi qu'il en soit, ce sera en vain qu'il aura été combattu, avec de bonnes raisons, par plusieurs orateurs, et notamment par M. Delbruck, un des leaders du Parlement, ancien ministre, ce nous semble, et par M. Bennigsen, chef humilié du parti national-libéral qui s'inclinera comme toujours, ainsi que le parti catholique actuellement « en tendresse » avec le chancelier.

Une curiosité de ce débat c'est le dicours du ministre des finances,

M. Hobrecht, qui s'est mis en travers de son chef et a osé comparer les projets de réforme de M. de Bismarck à la bruyante musique de Wagner. Une autre curiosité a été le discours de M. Richter, orateur progressiste, qui a attribué la crise économique en Allemagne, non pas à l'absence de protection douanière, mais aux guerres faites par l'Allemagne, et qui a signalé dans la proposition du chancelier le moyen de se procurer des ressources et entreprendre de nouvelles guerres, sans le consentement du Reichstag et des divers états de l'Empire, le tout pour aboutir à l'unification complète de l'Allemagne et à l'absolutisme.

Le parlement anglais a repris ses séances, et il résulte des explications qui ont été données à la tribune et par la presse que la guerre de l'Inde et celle du Cap touchent à leur fin. Le nouvel émir afghan a manoeuvré pour la paix et le roi des Zoulous semble aussi avoir des visées moins fanfaronnes. Ces deux guerres, la première surtout, auraient pu être évitées; mais il entrait dans les plans de lord Beaconsfield de montrer qu'il était à la tête d'un gouvernement comprenant mieux l'honneur national que celui de M. Gladstone. Divers symptômes montrent qu'il est temps que cette politique dangereuse prenne fin.

Ce retour d'opinion a contribué à calmer l'humeur belliqueuse du premier ministre de la reine par la solution de la question d'Egypte, qui aurait pu être une cause de dissentiment et de brouille avec la France, fort imprudemment engagée dans cette affaire. Le khédive paraît disposé à réparer son imprudence et désire rassurer l'opinion publique en Europe en confiant l'administration des finances égyptiennes à des fonctionnaires européens.

En attendant, les deux gouvernements anglais et français ont envoyé une note commune, par M. Vivian, chargé de faire au khédive des observations sur sa conduite. A ce sujet on a remarqué le langage du Times disant que le gouvernement anglais doit se dégager d'une responsabilité dont il n'aurait jamais dû charger l'Angleterre et qu'il n'y aurait lieu à intervention que le jour où la libre circulation daus le canal de Suez serait menacée. Nous pouvons bien, en France, tenir un pareil langage au gouvernement du président de la République.

Pour le momnt, le khédive, qui a congédié l'assemblée des notables avec laquelle il avait battu la grosse caisse, fait publier des réclames au sujet d'un « Conseil d'Etat égyptien » qui travaillera à la régénération du pays, à l'allégement des contribuables et à la sécurité des créanciers indigènes et étrangers. Ah! le bon Conseil d'Etat qu'aura l'Egypte !

Au nombre des symptômes auxquels nous venons de faire allusion se trouve le discours de M. John Bright à ses commettants de Birmingham, dans lequel il a relevé le drapeau de la politique de Manchester qui a eu pour apôtres les orateurs de la Ligue ayant à leur tête l'illustre Cobden, dont les conseils eussent évité pas mal de fautes aux gouvernements qui se sont succédé. Nous reproduisons ce discours qui porte sur les diverses questions politiques et économiques de nos jours.

-Les Chambres françaises vont aussi reprendre leurs travaux. La commission des tarifs de douane n'a, pour ainsi dire, pas cessé de travailler, et les rapports des sous-commissions ainsi que le rap> port général sont à l'imprimerie; sous peu tout sera prêt pour la discussion impatiemment attendue à cause de la solution que réclament le commerce et les diverses industries pour savoir au moins sur quoi compter.

Entre temps, les chefs du protectionnisme ont fait de nouvelles démarches auprès de M. le président de la République et des ministres du commerce et des affaires étrangères, se présentant un jour avec des membres des chambres de commerce, un autre avec des chef's d'industrie, un autre avec des agriculteurs, un autre avec des ouvriers, tous soi-disant délégués (on ne leur a pas demandé leurs pouvoirs), et venant réclamer des mesures pour rémédier aux maux de la situation, c'est à dire le relèvement des tarifs. M. PouyerQuertier a presidé le 1er mai un « congrès» des chambres de commerce protectionnistes dont il a évalué le nombre à cinquante, quorum pars maxima les chambres normandes. Dans ce congrès et devant les membres du gouvernement, il a continué à avancer les assertions les plus risquées, et cela crescendo. Mais une réunion de filateurs et d'autres manufacturiers convoqué à Epinal par M. Claude (des Vosges) a résumé d'une manière plus serrée et plus présentable les arguments et les conclusions du protectionisme, ou plutôt du « compensationisme » militant. Nous reproduisons plus haut ce résumé doctrinal.

Du côté des libre-échangistes, pas de visite officielle, mais une série d'efforts nouveaux parmi lesquels : une brillante conférencǝ qui a eu lieu le dimanche 27 avril sous la présidence de M. Jean David, député du Gers, et dans laquelle M. Pascal Duprat, député de Paris, a répondu avec esprit et éloquence aux sophismes courants des protectionnistes, après avoir fait l'historique du développement de l'idéé de la liberté commerciale en France, où elle est pour ainsi dire née. Une autre conférence a été tenue a Bordeaux le 22 avril par la Société d'agriculture de la Gironde, et

M. Jules Simon ya repris sous une autre forme le sujet qu'il avait traité à Paris, en s'arrêtant plus spécialement cette fois sur le côté agricole de la question. L'orateur de Bordeaux a surpassé encore l'orateur de Paris.

L'infatigable M. Frédéric Passy a trouvé le moyen d'alier pren. dre la parole et de porter la lumière libre-échangiste à SaintBrieux, à Evreux, à Lisieux; de revenir faire une conférence à Paris à la mairie du 1er arrondissement.

Parmi les hommes de bonne volonté qui s'efforcent d'éclairer l'opinion, citons encore un zélé disciple de la science, M. Edorard Percin, percepteur, qui évangélisait le 6 avril les cultivateurs de Gagny (Seine-et-Oise) et des environs.

- En vertu d'une déclaration signée à Paris, le 8 avril, par le ministre des affaires étrangères et le chargé d'affaire du Porugal, le traité de commerce et de navigation, conclu le 9 juillet 1800, entre ce pays et la France, a été prorogé du 1er juillet au 31 décembre prochain.

Il a été conveau qu'à l'entrée en France les vins du Portugal seraient soumis à une taxe de 3 fr. 50 par hectolitre, comme ceux d'Espagne et des autres pays qui ont droit au traitement de la na tion la plus favorisée.

Par suite d'une entente entre les gouvernements de France et d'Angleterre, le traité de commerce qui expirait le 31 décembre prochain a été prorogé de six mois.

Le but de cette convention spéciale est de donner à la France le temps nécessaire pour discuter dans les deux Chambres le tarif général des douanes et pour donner aux deux puissances le temps de négocier leur nouveau traité de commerce.

Jph G.

Paris, 14 mai 1879.

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