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de lui remettre son collègue au Sénat M. Ed. Laboulaye et un des vice-présidents de la société, numéro contenant une intéressante notice de M. Sbarbaro, professeur d'économie politique à 1 Université de Naples sur le comte Michelini, qui s'est éteint récemment dans un âge très-avancé. M. Michelini appartenait à cette phalange des libéraux piémontais qui ont tant contribué à faire l'Italie. C'était de plus un ardent économiste, toujours à la brèche pour signaler les erreurs, les abus et les sophismes se glissant dans les discussions, les projets de loi et les mesures financières. Il était venu en 1855 à Paris, à l'occasion de l'Exposition universelle. Il s'était assis à la table des économistes, et une lettre que rapporte M. Sbarbaro témoigne du bon souvenir qu'il avait conservé de la Société et de son secrétaire perpétuel. M. Jean-Baptiste Michelini était né à Saluces en 1798.

M. le Dr LUNIER, inspecteur général des établissements d'aliénés, sécrétaire général de la Société de tempérance, en présentant le compte-rendu du Congrès international pour l'étude des questions relatives à l'alcoolisme (voyez plus loin), expose quelques considérations sur le vinage. Ce procédé doit inspirer de grandes défiances, parce que trop souvent l'opération consiste à ajouter aux vins non pas de l'alcool de raisin, mais des alcools de belteraves, de pommes de terre ou de grains, et elle n'est alors autre chose qu'une sophistication très-préjudiciable à la santé publique. Des vins contenant un alcool de nature suspecte sont portés ainsi jusqu'à 15 0/0, et passent à l'octroi sans payer de droit supplémentaire. M. Lunier pense que toute proportion d'alcool contenue dans les vins et dépassant 12 0/0 devrait être taxée à part comme alcool véritable.

M. le comte FoUCHER DE CAREIL signale l'heureux résultat de la mission donnée à M. Chotteau par le comité du traité franco-américain fondé par les soins de M. Menier. Les deux Chambres américaines n'en sont pas encore à prendre une résolution; mais elles comptent dans leur sein un groupe d'hommes qui en font l'objet de leur préoccupation, laquelle pourra aboutir à quelque proposition parlementaire. L'honorable sénateur signale en même temps la réunion du congrès inter-océanique qui vient d'étudier à Paris, scus la présidence de M. de Lesseps, les divers projets de canalisation à travers l'Amérique centrale. Cette entreprise sera un gros argument permanent contre le protectionnisme du Nord accumulant des entraves à la circulation.

M. DREYFUS, rédacteur de l'Union libérale de Tours, entretient

la réunion de la conférence faite à la salle des chambres syndicales par M. Masseras, sur les funestes effets du protectionnisme des Etats-Unis, qui donnent un démenti positif à l'argumentation de nos protectionnistes.

M. LIMOUSIN signale l'apparition d'un nouvel organe de la protection, le Protectionniste, journal hebdomadaire qui aspire à faire double emploi avec l'Industrie française, laquelle collige avec soin les articles protectionnistes de la presse semblant d'ailleurs tous sortir de la même officine.

A ce propos, M. DE MOLINARI appelle l'attention de la réunion sur les dangers que fait courir à la cause de la liberté commerciale la vive action des protectionnistes, qui ne lui paraît pas assez énergiquement combattue par celle des libre-échangistes.

Ce sujet alimente la conversation de la soirée.

Prennent successivement la parole: MM. Marchal, A. Mangin, Fournier de Flaix, Georges Renaud, Joseph Garnier, Jean David, député du Gers, et l'abbé Tounissoux.

Nous n'avons à retenir de cette vive discussion sur les efforts tentés de part et d'autre, avec plus ou moins de chance, de succès, que cette remarque de M. Marchal, ancien ingénieur en chef, maire de Laval- les libre-échangistes ont tort de se servir des expressions de « protection et de compensation », qui cachent des sophismes. C'est renchérissement artificiel » qu'il faut toujours dire, parce que c'est ce qui résulte du système douanier protecteur, et parce que les mots ont une grande importance auprès du public fort ignorant des questions économiques.

OUVRAGES PRÉSENTÉS.

Elementi di scienza economica, coordinati al foro principio ed armonizzati colle altre scienze morale di NICOLA SIMONI (1).

Introduction à un ouvrage qui paraît devoir être étendu, intitulé Economia teoretica.

La commune et son système financier en France, par VICTOR DE BRASCH, traduit de l'allemand par PLATON DE WAXEL (2).

Euvre d'un jeune écrivain de mérite mort avant la publication de son travail dans lequel il est question de la commune avant et depuis 1789, de son organisation actuelle, de ses revenus, de ses biens et de sa dette.

La Réforme des chemins de fer, journal des transports à bon marché (3), par M. AUGUSTE CHÉROT.

(1) Chieti, 1878. Pet. in-8 de Xxiv-306 p.

(2) Paris, 1879. Guillaumin et Ce. In-8 de XIV-162 p.

(3) Paris, 1878-79. 1 vol. in-8 de 412 p.

Revue bimensuelle fondée en septembre 1878 et dont l'auteur offre le le mestre, contenant plusieurs études intéressantes.

Formules et Tables d'intérêts composés et d'annuités, ouvrage contenant un traité pratique des emprunts et des opérations financières qui s'y rattachent, par MM. F. VINTEJOUX et J. DE REINACH (1).

2e édition, avec un chapitre nouveau sur les Parités.

Rapport sur l'enseignement de l'agriculture dans l'instruction primaire, par M. RICHARD (du Cantal) (2).

Les Chambres votent en ce moment une loi sur cet important sujet. Congrès international pour l'étude des questions relatives à l'alcoolisme, tenu à Paris du 13 au 16 août 1879 (3).

La Tempérance, bulletin de la Société française de tempérance, associa tion contre l'abus des boissons alcooliques. Tome VII, 1er numéro de l'année 1879 (4).

Revue géographique internationale, dirigée par GEORGES RENAUD.
Tome III, année 1878 (5).

Projet de loi sur le crédit agricole, par JACQUES VALSERRES (6). Question remise à l'ordre du jour par la formation d'une commission spéciale nommée par le ministre de l'agriculture et du commerce.

Les services d'épargne populaire : caisses d'épargne, caisses d'épargne scolaires, bureau d'épargne des manufactures et ateliers, par M. A. de MaLARCE (7).

Ce nouveau travail expose l'organisation actuelle de ces institutions, les améliorations dernières et leurs résultats et les réformes encore désirables. La direction départementale du ministère de l'intérieur a envoyé cet écrit aux Conseils généraux.

Manuel des caisses d'épargne scolaires de France, par LE MÊME (8).

C'est la septième édition du Manuel que M. de Malarce a formulé en 1874, d'après les expériences comparées des divers pays d'Europe, et dont il a fait le

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principal instrument de la propagation des caisses d'épargne [scolaires en France. Cet ouvrage a été déjà traduit en anglais, en allemand, en italien et en portugais.

Société d'agriculture de la Gironde. Conférence de M. Jules Simon, le 22 avril 1879 (1).

Eloquent discours continuant celui de la salle Ventadour.

CHRONIQUE

Son

SOMMAIRE: Intervention de M. de Bismarck dans les affaires d'Egypte. évolution ultramontaine et protectionniste. Continuation de l'agitation en Russie. - Solution de la question de la Roumélie: Fez ou Kalpack. Le czar en Bulgarie. Mouvement des caisses d'épargne en Hollande, aux EtatsUnis, au Brésil. - Les longueurs de la commission des tarifs. Un projet de loi en prévision du vote des tarifs. — M. Tirard, ministre du commerce, à Marseille et à Lille.

M. de Bismarck a jugé à propos d'intervenir aussi dans les affaires d'Egypte, soi-disant pour garantir les intérêts des créanciers allemands, et en réalité pour signifier à l'Angleterre et à la France qu'il y a là une question dont il entend se mêler; c'est un élément de discorde de plus dans cette autre question d'Orient. Espérons qu'il n'y a pas là une nouvelle allumette chimique pour les discordes européennes, comme disait lord Palmerston en parlant des duchés danois, qui ont mis le feu à l'Europe.

A tout événement, le leader allemand a changé son fusil d'épaule: il a remplacé dans la majorité la fraction des libéraux nationaux libres-échangistes, passés à l'opposition, par le centre ultramontain qu'il combattait naguère avec violence. Le conservatisme allemand sera la caractéristique de la nouvelle période de la politique bismarckienne. Le président national libéral du parlement, M. Forkenbeck, a donné sa démission; il est remplacé par M. Seydewitz, de la droite extrême. Le grand chancelier n'est plus «le marteau des prêtres »; il va suivre, ou plutôt il va se faire suivre des conservateurs de toute nuance dans toutes les questions, dans celle du tarif douanier, pour commencer. Déjà il a fait adopter par 172 voix contre 88 la loi d'un tarif provisoire imaginé en attendant le tarif définitif et complet.

(1) Bordeaux, Grugy, 1879, in-8 de 44 p.

Mais le déboire des libéraux économistes n'est pas à comparer avec celui des libéraux politiques se disant nationaux. L'idéal de l'unité allemande rêvée par les philosophes et les poëtes de la Germanie, chantée par les écrivains français, c'est la déception des Etats annexés, c'est la misère publique, la stagnation des affaires, l'augmentation des impôts, la diminution des libertés.

La terreur règne toujours en Russie. Aux assassinats ont succédé les incendies et M. le général Gourko, gouverneur de SaintPétersbourg, a fait expulser des milliers de personnes. L'insécurité sévit dans les villes, et encore plus dans les districts et les villages, où les autorités rurales n'ont aucune règle et agissent selon leur bon plaisir.

Voilà pour les Russes le résultat de l'émancipation des Bulga

res.

Un autre résultat, c'est l'augmentation des impôts sous toutes les formes, comme naguère en France, et un nouvel emprunt, décoré du nom de grand «emprunt oriental. >>

Le traité de Berlin a créé la question de la Roumélie orientale laissée à la Grèce à de certaines conditions, bien que d'après le traité de San-Stefano, elle dût faire partie de la Bulgarie. Il s'ensuivra toute une complication des frontières des Balkans, capable d'amener une guerre ultérieure entre la Russie et la Turquie; plus la complication pour le régime de la Roumélie orientale au gouvernement de laquelle le gouvernement turc a préposé Aleko Pacha (fils de Vogoridès), lequel, se sentant soutenu par la diplomatie, a fait son apparition avec le kalpack bulgare, en place du fez turc, ce qui l'a fait mander à Constantinople.

Le czar, on s'en souvient, avait fait de belles promesses aux habitants de la Roumélie orientale; il a chargé le général Obroutchef de leur dorer la pilule, et voici le discours que celui-ci a prononcé dans la cathédrale de Philippopoli :

Bulgares de la Roumélie-Orientale,

Avant de partir pour votre pays, j'ai reçu de l'empereur Alexandre II une lettre pour le sultan. Dans les entretiens que j'ai eus avec Sa Majesté et ses ministres, j'ai pu me convaincre que la Sublime-Porte est animée des meilleures intentions à l'égard des Buigares de la RoumélieOrientale. Le sultan a bien voulu renoncer pour le moment à l'entrée des troupes ottomanes dans le pays, afin que toute méfiance de la part des habitants puisse disparaître totalement.

L'Europe a compris que l'occupation des Balkans était pour le mo

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