Page images
PDF
EPUB

autres conseillers d'État, MM. d'Argout, Allent et Cormenin, également menacés, ne durent qu'à leur mérite personnel leur maintien en fonctions. Six préfets, MM. de Beaumont, de Lézardière, Feutrier, de Riccé, d'Arros et Fumeron-d'Ardeuil, appartenant pour la plupart au parti de la défection, furent révoqués ou mis à la retraite. L'élection de M. de Guernon-Ranville, à Angers, en remplacement de M. de la Bourdonnaye, et divers arrêts judiciaires qui frappèrent de peines plus ou moins rigoureuses les organes les plus exaltés de l'opinion libérale, parurent rendre à l'administration une consistance momentanée.

M. de Chabrol, ministre des finances, mit au jour, à la même époque, un document d'une grande importance: c'était un Rapport au roi sur la situation des finances du royaume, et en quelque sorte une histoire financière de la France, depuis 1818 jusqu'à 1830. Cette publication, dont le but politique était évidemment de calmer les esprits par le tableau de la prospérité matérielle dont la France était redevable à la Restauration, se résumait dans les résultats suivants :

Le capital des différentes parties de la dette publique, inscrit au 1er janvier 1830, était au pair de 3 milliards 949 millions 553,337 fr., et les

[blocks in formation]

arrérages annuels s'élevaient à 170 millions 328,203 fr.

Les rentes rachetées par la caisse d'amortissement figuraient à la même époque pour 755 millions 338,706 fr. de capital, et 37 millions 503,204 fr. d'intérêts.

Les fonds affectés annuellement à la dotation de la caisse d'amortissement avaient été portés à 79 millions 168,844 fr.

La dette viagère n'était plus que de 7 millions 271,914 fr.

Les pensions inscrites sur les livres du trésor montaient, au 1er janvier 1830, à 56 millions 984,196 fr.

Les intérêts des capitaux de cautionnements s'élevaient annuellement à la somme de 9 millions. Les charges annuelles de la dette inscrite étaient donc de 322 millions 752,569 fr.

Les dépenses publiques pour 1831 devaient s'élever à la somme de 983 millions 185,597 fr., et les recettes, estimées d'après les recouvrements du dernier exercice, à celle de 986 millions 201,158 fr. C'était donc, pour le trésor public, un excédant disponible de 3 millions 15,661 fr. (1).

(1) Voyez, comme suite à ce Rapport, le discours pro

« Le tableau que je viens de mettre sous les yeux de V. M., disait le ministre en terminant ce Rapport, ne présente que des résultats satisfaisants pour le passé et plus favorables encore pour l'avenir. Jamais aucun peuple n'a recueilli des avantages plus précieux et plus prompts que ceux dont la France a commencé à jouir depuis le retour de ses souverains légitimes; jamais aucune nation n'a été appelée à de plus belles destinées que celles que prépare encore la sollicitude royale à la reconnaissance publique. Tous les efforts se réuniront désormais à ceux du souverain pour conserver les bienfaits d'un gouvernement qui a fondé la prospérité financière de la France, et qui doit satisfaire chaque jour davantage à ses nouveaux besoins et à ses plus chères espérances. »

Parmi les autres actes qui se rapportent à cette période, et qu'on peut considérer comme les derniers bienfaits du gouvernement de la Restauration, il convient de mentionner, dans le département de la guerre, la création du comité consultatif et permanent pour l'administration de la guerre, et des comités spéciaux et consultatifs de l'infanterie et de la cavalerie;

noncé à la Chambre des pairs, le 17 janvier 1833, par M. Roy, aux Documents justificatifs, pièce F.

Dans celui de la marine, l'ordonnance du 28 mars, qui organisait le corps royal du génie maritime;

A l'intérieur, celle du 27 janvier, qui affectait les magnifiques bâtiments du quai d'Orsay à l'exposition des produits de l'industrie;

Au ministère de l'instruction publique, l'ordonnance du 14 février, qui assurait libéralement la diffusion de l'instruction primaire dans toutes les communes de France, et pourvoyait au sort des instituteurs obligés à la retraite, et celle du 1er avril, qui instituait des pensions au profit des veuves des membres de l'Université, mariés depuis cinq ans au moins, à l'époque de leur décès (1);

Enfin, au ministère des finances, l'ordonnance royale du 30 décembre qui apportait des améliorations essentielles dans le service des postes et des douanes.

La plupart de ces ordonnances furent précédées de rapports généralement bien faits, et remplis des vues les plus judicieuses et les plus paternelles.

(1) Un des premiers actes de l'administration de M. de Guernon-Ranville avait été d'ouvrir un concours, et d'offrir un prix de dix mille francs au meilleur ouvrage élémentaire applicable à l'instruction primaire. Son programme s'exprimait ainsi : « Un ouvrage de ce genre doit contenir des notions exactes et tout à la fois élémentaires sur les actes et les sciences qui se rattachent aux premiers besoins de la vie;

Ces publications, malgré leur importance, n'excitèrent qu'un faible intérêt au milieu de l'agitation universelle des esprits. La préoccupation publique était ailleurs.

Une démonstration peu conforme à l'esprit général du siècle, vint à cette époque fournir de nouveaux aliments à la malveillance. Paris étonné vit opérer avec un grand appareil la translation des reliques de saint Vincent-de-Paul, que l'archevêque, M. de Quélen, fit porter processionnellement de la cathédrale à la chapelle des Lazaristes. Ces reliques avaient été enfermées dans une châsse d'argent massif, du poids de 250 kilogrammes, que portaient des forts de la halle. Cette cérémonie fut d'ailleurs fort imposante. Trois ou quatre mille prêtres ou lévites, de nombreuses confréries d'hommes des différentes paroisses de Paris, chantant des cantiques et précédés de leurs bannières, les religieux

en même temps de sages préceptes, et plus encore des exemples capables de développer les sentiments naturels de bienveillance et de toutes les affections généreuses, des traits d'histoire, et surtout de l'Histoire Sainte et de l'Histoire nationale; en un mot, tout ce qui peut éclairer les intelligences et fortifier le sentiment du devoir, tout ce qui peut inspirer l'amour de Dieu et des hommes, le dévoûment à l'auguste famille dont les destinées sont inséparablement unies à celles de la France, l'attachement au pays et à ses institutions. »

« PreviousContinue »