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AVANT-PROPOS

On sait qu'après la bataille de Waterloo et l'abdication de l'empereur Napoléon I, Paris fut remis aux commandants des troupes anglo-prussiennes, en vertu d'une convention signée à Saint-Cloud, le 5 juillet 1845. Cette convention fut scrupuleusement exécutée par le gouvernement provisoire français, avec lequel les alliés de Louis XVI avaient traité; ils occupèrent Paris sans coup ferir le 7 juillet, et Louis XVIII lui-même y rentrala-leur suite dès le lendemain. Malgré l'avantage immédiat, évident, que ce prince avait retiré de la convention du 5 juillet, ses ministres jugèrent à propos, ultérieurement, de déclarer en son nom que cette transaction, ayant été conclue avec des rebelles, lui avait été et lui demeurait plus qu'étrangère; qu'en conséquence, il refusait de la reconnaître et d'en observer les clauses. Cette détermination, conforme aux tendances réactionnaires qu'encourageait alors la politique des puissances coalisées, fut inspirée par une pensée mau

vaise, le désir de se venger à tout prix d'ennemis désarmés. On mit à néant, par une interprétation sophistique, la capitulation de Paris, parce qu'un des articles de cette capitulation créait un obstacle insurmontable à des mesures de rigueur auxquelles on recourut sans scrupule, dès qu'on crut pouvoir le faire sans péril.

Le gouvernement de Louis XVIII ayant donc écarté, comme chose indifférente ou importune, tout souvenir, toute trace matérielle de l'acte qui avait restitué à ce monarque sa capitale, plusieurs documents d'un grand intérêt, concernant cette capitulation, demeurèrent entre les mains de mon beaupère, M. le baron Bignon, l'un des trois commissaires français qui l'avaient débattue et signée. Ce dossier comprend toutes les pièces originales, et la plupart inédites, des diverses négociations essayées pendant l'interrègne, du 22 juin au 3 juillet, notamment :

1° Les lettres adressées aux ministres des grandes puissances par M. Bignon, chargé du portefeuille des affaires étrangères pendant cet interrègne;

2o Les instructions et la correspondance de M. de Lafayette et de ses collègues, envoyés par la commission de gouvernement provisoire auprès des souverains alliés aussitôt après l'abdication;

5o La correspondance de M. le comte Otto, chargé

simultanément d'une mission semblable auprès du cabinet de Londres;

4° Les instructions et les lettres des cinq commissaires nommés le 27 juin pour traiter spécialement d'une suspension d'armes avec les Anglais et les Prussiens, qui déjà menaçaient Paris;

5° Toutes les pièces directement relatives à la convention du 5 juillet, et notamment le premier projet présenté par les commissaires français, avec des annotations et corrections de la main même du duc de Wellington, puis une des expéditions originales du texte définitif de la convention, avec les signatures et les cachets.

Enfin, à ces documents sont jointes des observations et de nombreuses notes, qui, comme on le verra bientôt, jettent un grand jour sur la discussion de cet acte, et sur plusieurs circonstances importantes qui s'y rattachent. L'une de ces notes, scellée d'un quadruple cachet demeuré intact pendant près de quarante ans, donne la clef d'une énigme qui, vers l'an 1820, préoccupa vivement la curiosité publique en France et à l'étranger. On fit à cette époque beaucoup de commentaires, on hasarda diverses hypothèses plus ou moins ingénieuses sur ce qu'on appelait alors le secret de M. Bignon. Des considérations, dont on appréciera bientôt toute la gravité,

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