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période en 457, à l'occasion de la dispute qui s'était élevée entre les Grecs et les Latins, au sujet de la pâque de l'an 455. Il fixe le commencement de cette période à l'année de la passion du Sauveur, qui, selon la manière de compter de cet ancien auteur, répond à l'an 28 de notre ère chrétienne, ou de l'Incarnation, comme nous comptons cette année aujourd'hui. Mais les auteurs du Traité de l'art de vérifier les dates que nous suivons ici, disent que cette manière de la commencer ne paraît pas avoir duré longtemps. Denysle-Petit, qui a travaillé depuis sur la même période, lui a donné un autre commencement, et il la fait remonter un an au-dessus de notre ère vulgaire; en sorte que la première année de Jésus-Christ répond à la seconde année de la période victorienne, ainsi corrigée par Denys-le-Petit. Les anciens ont appelé quelquefois ce cycle annus, ou circulus, ou cyclus magnus. Il est devenu parfaitement inutile aux catholiques depuis la réformation du calendrier, en 1582. Mais les protestants et les schismatiques grecs, qui n'ont pas suivi l'ordre de cette réformation, s'en servent encore pour la célébration de leur pâque.

Indiction.

4o Les indictions sont une révolution de quinze années qu'on recommence toujours par une, lorsque le nombre de quinze est fini. On ne sait ni l'origine de cette époque, ni quand, ni pourquoi, ni comment elle a été établie. Il est certain qu'on ne peut la faire remonter plus haut qu'au temps de l'empereur Constantin, ni descendre plus bas qu'à celui de Constance. Les premiers exemples qu'on en trouve dans le code théodosien, sont du règue de ce dernier, qui est mort en 361. Dans ces premiers temps, il n'est point aisé de fixer les années par les indictions, parce que tous les auteurs ne leur donnent point le même commencement : il y en a qu le fixent en 312, d'autres en 313, d'autres en 314, et d'autres enfin en 315.

On distingue trois sortes d'indictions: celle de Constantinople, indictio Constantinopolitana, dont les empereurs grecs se sont servis, commence le premier de septembre, quatre mois avant l'indiction romaine, qui commence avec le mois de janvier. En France, on s'est quelquefois servi de cette indiction de Constantinople.

La seconde sorte d'indiction, dont l'usage a été plus commun en France et en Angleterre, est celle qui commence le 24 de septembre; elle est appelée impériale ou constantinienne, en latin Constantiniana, parce qu'on en attribue l'établissement à l'empereur Constantin. On peut voir les preuves du commencement de cette indiction, le 24 septembre, dans le Glossaire de du Cange: elles sont claires et en bon nombre. Cette sorte d'indiction est encore en usage en Allemagne, et c'est parce que les empereurs d'Occident s'en sont servis qu'elle a été appelée Césaréenne, Cæsarea.

La troisième sorte d'indiction, encore connue en France, par l'u

sage que nos anciens en ont fait, est l'indiction romaine, Romana ou Pontificia, parce que les papes s'en sont servis, surtout depuis saint Grégoire VII, comme le Père Mabillon le dit dans sa Diplomatique. Auparavant ils se servaient de l'indiction de Constantinople. La romaine commence avec le mois de janvier, comme notre année julienne. On voit de temps en temps, disent les auteurs cités, des écrivains qui font des bévues chronologiques, pour n'être point attentifs à ces trois sortes d'indictions dont nos anciens se sont servis assez indifféremment. Une fausse indiction est une preuve certaine de la fausseté des bulles qui émanent de Rome, où l'on a accoutumé de mettre l'indiction.

Période Julienne.

5o Il y a encore la période qu'on appelle Julienne, et qui fut trouvée par Joseph Scaliger; c'est une révolution de 7980 années, produite par les cycles solaire et lunaire et par l'indiction multipliée les uns par les autres, 28 par 29, qui font 631, et 532 par 15, qui composent la période de 7980 années. Cette révolution est aujourd'hui aussi inutile que celle de Victorius, depuis la réformation du calendrier.

Épacte.

6o On donne le nom d'épacte au nombre de jours dont la nouvelle lune précède le commencement de l'année. Ainsi quand on dit: l'année 1852 a IX d'épacte, cela signifie que la lune avait 9 jours, lorsque l'année a commencé. L'épacte vient donc d'un excès de l'année solaire sur l'année lunaire; cet excès est de 9 jours.

Les épactes sont d'un grand usage pour connaître les nouvelles lunes. On les attribue au savant Aloisius Licius. Voici les explications nécessaires pour s'en servir.

Les épactes se marquent en chiffres romains à côté des jours du mois, comme il est aisé de le voir dans le calendrier. Ces chiffres sont au nombre de trente, et on les place toujours dans un ordre rétrograde, c'est-à-dire que XXX ou l'astérique *, qui signifie XXX, se trouve toujours à côté du premier janvier; le chiffre romain XXIX, à côté du second du même mois, et ainsi des autres, jusqu'au 30 janvier, qui a le chiffre I pour épacte.

Lorsque le mois a plus de 30 jours, le trente et unième jour a pour épacte le chiffre XXX ou l'astérique *, et par conséquent le premier jour du mois suivant a pour épacte XXIX. Tout cela se peut aisément voir dans le calendrier précédent.

L'on doit remarquer que l'on met ensemble dans le calendrier les épactes XXV et XXIV, de manière qu'elles répondent à un même jour dans six différents mois de l'année, savoir: au 5 février, au 5 avril, au 3 juin, au 1er août, au 29 septembre et au 27 novembre. La raison de cela est que les six mois que l'on vient de nommer, n'ont que 29 jours de l'année lunaire, et qu'il y a 30 épactes.

Voici deux manières de se servir de l'épacte: 1o la présente année 1852 a IX d'épacte. Le chiffre IX se trouve toujours dans le calendrier à côté du 22 janvier, du 20 février, du 22 mars, du 20 avril, du 20 mai, du 18 juin, du 18 juillet, du 16 août, du 15 septembre, du 14 octobre, du 13 novembre, du 12 décembre. Les nouvelles lunes arrivent ces jours-là ou environ, la règle est certaine; elle serait parfaite, si l'on n'était pas obligé de dire environ, mais c'est un défaut du calendrier grégorien, dont on désirera vraisemblablement longtemps, mais en vain, la correction.

2o L'autre manière de connaître l'âge de la lune en se servant des épactes, est indépendante du calendrier. On prend le nombre de l'épacte de l'année qui court, on y joint le nombre des jours écoulés depuis le commencement du mois où l'on est, on joint encore le nombre des mois qui ont passé depuis celui de mars inclusivement, on fait de la somme un calcul dont on soustrait le nombre de trente, l'excédant sera le quantième de la lune.

Comme le principal usage du calendrier consiste à nous faire connaître le jour auquel on doit célébrer la Pâque, par où l'on se règle ensuite pour les fêtes et l'office divin, on opère ainsi, quand on veut parvenir à cette connaissance: on sait que l'équinoxe du printemps est fixée au 21 mars, et que le concile de Nicée a ordonné qu'on célébrerait la Pâque le premier dimanche d'après la pleine lune, au 24 ou après le 21 mars.

On consulte l'épacte de l'année et la lettre dominicale, on regarde ensuite sur le calendrier quel est le premier jour auquel répond l'épacte ou la nouvelle lune; on ajoute le nombre de 14 jours qu'il faut pour aller du 7 au jour de l'équinoxe, au nombre des jours qu'il y a dans le mois jusqu'à celui auquel répond l'épacte, et l'on conclut que la pleine lune pascale tombe le dernier de ces jours ajoutés; on cherche ensuite quel est le premier dimanche après cette nouvelle lune, et c'est ce premier dimanche auquel on célébrera la Pâque. Nous avons déjà dit que, dans l'excellent traité de l'Art de vérifier les dates, on trouve, avec la table chronologique dont il est parlé sous le mot DATE, un calendrier perpétuel qui dispense aussi de bien des calculs dans la recherche de la Pâque et des fêtes mobiles.

Nombre d'or.

7° On appelle nombre d'or le chiffre qui marque l'année du cycle lunaire. Les uns disent qu'on appelle ainsi ce chiffre, parce qu'il est si intéressant qu'il faudrait l'écrire en lettres d'or; les autres, plus croyables, disent que ce nom vient de ce que les Athéniens marquaient dans la place publique ces sortes de chiffre en or.

Il faut faire trois observations sur ce nombre d'or : 1° Lorsque le nombre d'or est plus grand que XI, si l'année a 25 d'épacte, il faut prendre dans le calendrier le chiffre 25 pour marquer les nouvelles lunes; et c'est pourquoi vous voyez dans la table du calendrier gré

gorien le chiffre 25 toujours marqué à côté de XXVI ou de XXV. 2° Lorsque la même année a pour nombre XXI, et pour épacte XIX, alors il y a deux nouvelles lunes dans le mois de décembre. La première, qui tombe le 2 décembre, est marquée par l'épacte XIX, et la seconde, qui tombe le 31 décembre, est marquée par l'épacte XIX mise à côté de 20.

CALICE.

On appelle calice le vase sacré qui sert, au sacrifice de la messe, à recevoir le corps et le sang de Jésus-Christ. On trouve ce mot employé dans l'Ancien comme dans le Nouveau Testament. Bède assure que le calice dont Notre-Seigneur se servit à la cène avait deux anses, et qu'il était d'or. Les calices des apôtres et de leurs premiers successeurs étaient de bois: Tunc enim erant lignei calices, et aurei sacerdotes, nunc verò contrà (1).

Comme l'usage des calices de bois avait des inconvénients, le pape Séverin voulut qu'on se servit de calices de verre; on ne tarda pas à reconnaître que le verre était moins propre, à cause de sa fragilité. Le concile de Reims, tenu l'an 815, ordonna donc qu'on n'userait plus à l'avenir que de calices et de patènes d'or ou d'argent, ou au moins d'étain en cas de pauvreté, mais jamais d'airain ni de laiton, ni d'aucun métal sujet à la rouille ou au vert-de-gris: Ut calix Domini cum patenâ, si non ex auro omninò, ex argento fiat. Si quis autem tàm pauper est, saltem vel stanneum calicem habeat; de ære aut aurichalco non fiat calix, quia ob vini virtutem æruginem parit, quæ vomitum provocat. Nullus autem in ligneo aut vitreo calice præsumat missam cantare. (Can. 45 Ut calix, de Consecr., dist. 1; cap. ult. de Celeb. miss.)

Le pape Zéphirin, ou, selon d'autres, Urbain Jer, ordonna que tous les calices fussent d'or ou d'argent; Léon IV défendit d'en employer d'étain ou de verre, et dès l'an 787 le concile de. Galchut, ou Celcyth, en Angleterre, fit la même défense.

Actuellement, en France, la plupart des statuts diocésains défendent expressément de se servir de calices dont la coupe au moins ne serait pas en argent ainsi que la patène. Il faut que l'intérieur de la coupe et l'intérieur de la patène soient dorés. Calix debet esse vel aureus, vel argenteus, aut saltem habere cuppam argenteam intus inauratam et simul cum patenâ itidem inaurata ab episcopo consecratus (2).

Les calices n'ont plus d'anses à présent, mais ils sont faits d'une coupe posée sur un pied assez haut et assez large. On voit dans les trésors et les sacristies de plusieurs églises des calices pesant au moins trois marcs; il y en a même dont il paraît que l'on n'a jamais pu se servir, à cause de leur poids considérable, et qui sont

(1) Rationale officiorum divin., de Píct. et ornament., cap. 3, n. 44. (2) St Alphonse de Liguori, Theologia, lib. v1, n. 394,

probablement des dons faits par les princes pour servir d'ornement.

On ne peut se servir d'un calice qui ne soit consacré par l'évêque, lequel, suivant le chapitre Cùm venisset, §8, de Sacra Unct., doit en bénissant ce calice l'oindre de chrème, comme lorsqu'il consacre un autel ou qu'il fait la dédicace d'un temple: Ungitur prætereù, secundùm ecclesiasticum morem, cùm consecratur altare, cùm dedicatur templum, cùm benedicitur calix. (Voyez BENEDICTION.) L'évêque ne peut donner à personne la faculté de consacrer des calices; cependant un simple prêtre pourrait les consacrer en vertu d'un pouvoir spécial du pape. On ne regarde pas comme suffisamment fondée l'opinion de ceux qui prétendent qu'un calice acquiert la consécration par l'usage qu'on en fait à l'autel. On ne peut sans péché mortel, se servir pour la messe d'un calice et d'une patène non consacrés, il en serait de même, si l'on se servait d'un ciboire, comme l'ont fait certains prêtres ignorants, parce que le ciboire n'est pas consacré, mais seulement bénit. (Voyez CIBOIRE.)

Le calice une fois consacré ne perd pas sa consécration pour être endommagé, ni pour quelques coups qu'il reçoit de l'orfèvre, quand on le répare; il faut pour cela qu'il perde entièrement sa forme, comme si, étant tout consacré, le pied venait à manquer: la coupe ne pouvant être sans le pied, ni le pied sans la coupe, on peut alors consacrer la coupe avec le nouveau pied, comme cela arrive ordinairement, au moyen des vis que les artistes pratiquent au milieu du corps des calices, dans ce cas on n'a pas besoin de le consacrer de nouveau, pourvu que la coupe consacrée soit restée en son entier (1). Le calice et la patène conservent encore leur consécration, lors même qu'on s'en serait servi à des usages profanes et sacriléges.

Un calice d'argent qu'on a doré après la consécration, doit être reconsacré; mais si le calice était doré lors de la consécration et que la dorure vienne à tomber, à se décruster, la reconsécration n'est pas en ce cas nécessaire, quoiqu'elle le soit à une église dont les murs se décrustent, suivant la glose sur le chapitre In eccles., de Consecr., dist. 1. (Voyez ÉGLISE, § IV.)

L'article 58 du règlement des réguliers, fait par le clergé de France, défend aux religieux et à tout prêtre d'un ordre inférieur de consacrer les calices, quelques priviléges qu'ils puissent avoir (2).

Ceux qui font la visite des églises doivent pourvoir à ce qu'elles soient fournies de calices. (Voyez VASES SACRÉS.)

CALOMNIE.

La calomnie est une fausse et malicieuse accusation : Est malitiosa et mendax accusatio. (Marcian., ad leg. 1, § 1.)

(1) Fumus, in Summ, verbo CALIX.

(2) Mémoires du clergé, tom. VI, pag. 1558.

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