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3 Avril 1809, pour avoir, par son décret du 17 Mai dernier, ordonné l'envahissement de la ville de Rome.

Nous déclarons que la susdite excommunication sera encourue ipso facto, par tous ceux qui, ou par la force, ou par tout autre moyen, s'opposeraient à la publication de ces Présentes. Sont compris dans la même excommunication tous les Membres de notre College Apostolique, Évêques, Prélats, tant séculiers que réguliers, qui, par quelque motif que ce soit, et respect humain, refuseraient de se conformer à ce qui, avec l'assistance du Père des lumières, a été statué par Nous dans nos décrétales des 10 et 11 du mois de Juin courant.

Donné dans notre Palais du Quirinal, le 12 Juin de la Naissance de Notre-Seigneur 1809, et le 10.o de notre Pontificat.

PIE VII, PAPE.

N. B. On a cru inutile de publier ici l'adresse de la Consulte aux Habitans de Rome, parce que tous les journaux l'ont rapportée. Elle est du 10 Juin, et signée Firmati-Saliceti, Janet, le Comte Miollis, Gouverneur - général, Président. Par la Consulte C. BALBE.-M. Degerando avait obtenu provisoirement sa démission; mais ayant ensuite reçu de nouveaux ordres de Vienne, il est venu se joindre aux autres membres de la Consulte.

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MON CHER AMI,

Génes, le 10 Août 1809.

DURANT l'intervalle qui s'est écoulé entre l'excommunication de P'Empereur et l'enlèvement du Pape, ce dernier s'était retiré au fond de son palais, et n'en sortait plus, attendant avec patience ce que la Providence déciderait à son égard. Il avait fait murer les principales avenues, afin que l'on ne pût parvenir chez lui qu'au moyen d'une violation bien évidente de son domicile. La nuit du 5 au 6 Juillet, on force la demeure du Souverain Pontife, on s'introduit par uue croisée qui est enfoncée, on attache ce vénérable vieillard à son fauteuil, et on le descend ainsi par la fenêtre. Les premiers Fidèles, animés par des sentimens bien différens, descendirent ainsi Paul dans une corbeille; mais c'était pour le soustraire à ses ennemis.

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On part, on traverse la Toscane; et au moment d'entrer dans P'Etat de Gênes, comme on craignait quelque mouvement, porte le Saint Père dans une barque, pour traverser le golfe. Il demanda alors à ses satellites si le Gouvernement Français avait ordonné de le noyer. Cependant le cortége des voitures avait traversé Gênes; on remet Pie VII dans celle qu'il avait quittée; on ordonne, sous peine de mort aux postillons, d'aller au grand galop, et le Souverain Pontife est ainsi entraîné rapidement, sans s'arrêter un instant, durant un espace de 52 lieues. Enfin on arrive au Mont-Cenis, où le Pape reste deux jours, accordant sa bénédiction à un grand nombre de personnes qui étaient montées de Suze. Le Chef de l'escorte offrit ses services au Saint Père, de la part du Gouvernement Français; mais Pie VII déclara ne vouloir rien accepter que de la charité des Fidèles.

Le 21 Juillet on arrive à Grenoble, d'où l'on expédie un courrier pour recevoir de nouveaux ordres du Gouvernement; le Souverain Pontife est logé à la Préfecture, et le Cardinal Paccá dans un hôtel séparé. Cependant la ville est en mouvement pour contempler l'illustre persécuté, et admirer cet air de bonté qui avait commandé le respect et l'amour aux impies même de la moderne Babylone. La foule se presse contre la grille du jardin,

pour recevoir sa Bénédiction. On lui propose de faire un tour en voiture; il répond d'un ton pathétique : Quand l'Eglise est en deuil, il ne convient pas à son Chef de se promener. La sérénité de l'auguste Prisonnier ne fut altérée que par la lecture du N.° du Moniteur, où se trouve la lettre circulaire de l'Empereur aux Évéques; lettre que la Providence a permis qu'on distribuât à profusion, afin qu'elle servît de type à la postérité, pour juger celui qui, le même jour a écrit qu'il voulait continuer à relever les autels et à investir le clergé d'une considération particulière, tandis qu'il ordonnait à ses sbirres de ravir à ce même Clergé son auguste Chef, à l'Eglise son Pontife suprême, aux Fidèles leur Père commun.

Le 1er Août, jour de la fête de S. Pierre dans les liens, de nouveaux ordres arrrivent; le Pape est encore une fois enlevé, au milieu de la nuit, {porté dans sa voiture : et l'on prend la route de Valence. Au même moment on avait aussi enlevé le Cardinal Pacca, et on le conduisit à Pierre-Châtel(*), où il est réuni à quelques autres Cardinaux et à un grand nombre de victimes du despotisme.

Le Souverain Pontife, accablé par la fatigue, traverse Valence, passe à Avignon, où il ne reste que demi-heure, et arrive le 4 Août à Aix, sur les 8 heures du soir. Il couche dans cette ville; et le lendemain il fait dire la messe dans l'hôtel, et donne sa Bénédiction à tout le monde, disant paisiblement aux Fidèles qui fondaient en larmes sur les maux qu'il endurait : « Orate et » non timete. Priez et ne craignez rien. » Enfin le cortége a pris la route de Nice, où est maintenant le Successeur de S. Pierre.

J'oubliais de vous dire que c'est le Prince Borghèse, d'une ancienne famille de Rome, qui a été chargé de l'enlèvement de son premier Souverain. On compte déjà 18 Évêques et Archevêques Italiens, déportés pour n'avoir pas voulu prêter le serment qu'on exigeait d'eux.

FIN.

(*) Pierre-Châtel est un fort près duquel était une Chartreuse, . environ deux lieues de Belley, dans le Département de l'Ain. Cette prison d'Etat est gardée par des vétérans, des gendarmes et des dragons,

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