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Mouchy, de Luxembourg, d'Havré, de Grammont, de Rivière et de Mortemart, précédaient la voiture du Roi. M. le duc de Bellune était à l'une des portières, le bâton de maréchal à la main, et M. le général Partouneaux à l'autre 1.

Sa Majesté a été reçue sous le dais, à la porte de la cathédrale, par M. l'archevêque de Reims, vêtu pontificalement, précédé de sa croix et de sa crosse, et accompagné des évêques de Soissons, de Beauvais, de Châlons-sur-Marne, et d'Amiens, ses suffragans, tous en chapes et en mitres, ainsi que du chapitre de son église, en chapes.

L'archevêque a présenté l'eau bénite et l'encens au Roi, qui s'est agenouillé devant le portail sur un carreau porté sur le drap de pied. Sa Majesté s'est relevée après une courte prière, et l'archevêque l'a complimentée en ces termes :

«< SIRE,

>> Aux vives acclamations de bonheur et d'amour qu'excite dans mon diocèse la présence d'un Roi

' Pendant la marche du cortége, on assure avoir vu les princesses aux fenêtres d'une des maisons de la rue de Vesle.

Au sacre de Louis XVI, les princesses ne firent pas non plus partie du cortége. Madame Clotilde et madame Elisabeth furent reçues la veille par le corps municipal et firent leur entrée au bruit de l'artillerie. La Reine et Madame arrivèrent incognito pendant la nuit, et s'étaient placés aux fenêtres de la maison de M. Andrieux, rue de Vesle, pour y voir passer le roi.

digne fils de Saint-Louis, et aux sincères expressions de la reconnaisance et de la fidélité de cette bonne ville, si heureuse de se voir encore la ville du sacre, qu'il me soit permis d'ajouter les hommages et les voeux d'un chapitre aussi recommandable par la pureté de ses principes que par la solidité de ses vertus, et de tout un clergé qui connaît, qui aime et remplit ses devoirs.

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Quant à moi, Sire, j'ose me croire dispensé de manifester des sentimens qui, invariables comme principes, sont depuis long-temps connus de Votre Majesté.

» Mais, après avoir, comme un serviteur fidèle, pris part, pendant une si longue suite d'années, à tous les événemens de la vie de Votre Majesté, je dois aujourd'hui bénir hautement la divine Providence qui, dans une cérémonie si remarquable par toutes ses circonstances, m'a destiné à remplir auprès de votre auguste personne la plus belle, la plus consolante des fonctions de mon saint ministère; et je rends grâce à Dieu, la sagesse éternelle, de vous avoir inspiré, Sire, la grande et religieuse pensée de venir sanctifier la dignité de Roi par un acte solennel de religion au pied du même autel où Clovis reçut l'onction sainte; car, dans tous les lieux soumis à votre puissance, Sire, tout vous fera assez entendre que vous êtes Roi, tandis qu'ici, dans ce temple, dans cette cité, berceau de la foi de vos pères, tout vous rappellera que vous

êtes chrétien; tout vous dira que', pour votre bonheur, comme pour le bonheur de vos peuples, et afin d'accomplir les desseins de Dieu en marchant sur les traces de tant de rois dont, par le droit de votre naissance, vous portez la couronne; oui, Sire, tout vous dira que toujours vous êtes le fils aîné de l'Église et le Roi très-chrétien.

>> Daigne le Roi agréer l'expression de nos sentimens! daigne le Ciel exaucer tous nos vœux!»>

Le Roi a répondu avec l'accent d'une vive émotion '.

Après cette réponse, un chanoine a entonné l'antienne: Ecce ego mitto angelum meum, et le Roi a été conduit processionnellement vers le sanctuaire dans l'ordre suivant :

Le chapitre de la métropole;
Les évêques suffragans;

L'archevêque de Reims;

Le service de la maison civile et militaire de Sa Majesté, marchant en avant d'elle et se tenant sur les ailes;

Le Roi ;

Le service de la maison civile et militaire de Sa Majesté, marchant en arrière;

Monseigneur le Dauphin, monseigneur le duc d'Orléans et monseigneur le duc de Bourbon, pré

' Cette réponse du Roi n'a été publiée nulle part.

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cédés et suivis des premiers officiers de leur maison.

Arrivée au sanctuaire, Sa Majesté s'est placée à son prie-dieu, élevé sur une petite estrade sous un dais magnifique, à douze ou quinze pieds de l'autel; à sa droite, étaient monseigneur le Dauphin et le duc de Bourbon; à sa gauche, le duc d'Orléans ; et derrière les princes, les premiers officiers de leurs maisons. Le grand et le premier aumônier, deux des aumôniers et l'aumônier ordinaire, se tenaient à droite, en avant du prie-dieu. A gauche, et en avant, étaient MM. les cardinaux, en rochets et en camails.

Madame la Dauphine s'était rendue dans sa tribune avec Madame duchesse de Berri, et LL. AA. RR. les princesses du sang.

La tribune des ambassadeurs, placée en face de celle de madame la Dauphine, était occupée; les autres tribunes sont restées vides.

Les personnes admises avec des billets dans la cathédrale ont été placées dans le fond du sanctuaire, derrière la musique du Roi. On y a vu arriver en masse les maires, les adjoints et les membres des conseils municipaux, revêtus de leurs écharpes blanches et conduisant leurs jeunes villageoises par la main.

Après avoir porté ses regards autour de lui, le Roi s'est agenouillé et a fait sa prière au milieu du plus profond silence. Il s'est relevé au bout de quelques minutes. L'archevêque, placé devant l'autel, a

récité alors quelques oraisons, et a été ensuite se placer dans la première stalle du chœur, ayant à sa gauche MM. les évêques de Soissons et de Châlons. Dans les stalles en face se trouvaient les évêques de Beauvais et d'Amiens. Les autres stalles étaient occupées par le chapitre de la métropole.

Alors l'archevêque a entonné les vêpres.

Après les vêpres, monseigneur le cardinal de Lafare, un des assistans de Sa Majesté est monté dans la chaire, élevée du côté de l'Évangile à quelques pas du Roi et a prononcé le sermon.

Son Éminence s'est exprimée en ces termes:

« Spiritus Domini super me eo quod Dominus

unxerit me.

» Le Seigneur a imposé sur mon front l'onction sacrée, et l'esprit de Dieu est descendu dans mon âme. »>

« SIRE,

» Il est au-dessus des Rois et des peuples un dominateur suprême dont toute puissance émane. Sa volonté, à laquelle rien ne résiste, forme, élève et fait disparaître les empires de ce monde et ceux qui les gouvernent. Il tient dans sa main les cours des dépositaires du pouvoir, et suivant ses desseins impénétrables, il en fait ou des agens de sa miséricorde ou des agens de sa colère.

» Heureux les peuples sur qui, du haut de son

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