Page images
PDF
EPUB

Le premier gentilhomme de la chambre du Roi a reçu des mains de l'aumônier le reliquaire de la vraie croix, et l'a remis au Dauphin, qui l'a présenté à Sa Majesté.

.I

Le Roi s'est avancé pour offrir le reliquaire à Dieu; il l'a posé sur l'autel et a baisé la vraie croix.

Après cette dernière cérémonie, la musique de la chapelle a exécuté une très-belle marche, de la composition de M. Lesueur, et Sa Majesté s'est retirée, accompagnée comme à son entrée.

Au moment où le Roi traversait la galerie extérieure, il a été accueilli par de nouvelles acclamations. La foule s'est précipitée sur son passage avec tant de violence, que la force armée s'est mise en mesure de l'écarter. Mais le Roi ordonná aux gendarmes de s'arrêter : « Votre service a cessé, leur a dit Sa Majesté, vous pouvez vous retirer; je veux que mon peuple puisse s'approcher. » Les gendarmes ayant obéi, tout le monde s'approcha de Sa Majesté et quelques personnes baisèrent ses habits.

Arrivé dans ses appartemens, le Roi a reçu lé chapitre de Reims, ayant à sa tête M. l'archevêque, M. le commandant de la seconde division militaire, M. le préfet de la Marne, M. le commandant du département, M. le sous-préfet de Reims, le tribunal civil, le tribunal de commerce, M. le maire de Reims et le corps municipal, qui ont présenté à Sa Majesté les présens de la ville, lesquels con

1

sistent en vins de Champagne, en pain d'épice, en poires de rousselet et en biscuits.

En présentant ces fruits du pays au Roi, « Sire, a dit M. le maire, comme un de mes aïeux le disait à Henri IV, je dirai à un de ses petit-fils: Nous lui offrons ce que nous avons de meilleur, nos vins, nos poires et nos cœurs ; veuillez les agréer. »

Les autres autorités ont aussi harangué le Roi. On a recueilli les réponses suivantes de la bouche de Sa Majesté:

A M. le préfet.

Monsieur le préfet, je reçois avec beaucoup de satisfaction l'expression des voeux et des sentimens des habitans de mon département de la Marne. Leur dévouement à ma personne ne date point de ces jours de prospérités. Je n'oublie point celui qu'ils m'ont témoigné à mon arrivée au milieu d'eux en 1814, et dans des temps si voisins du danger. Je suis assuré qu'ils persévèrent dans leurs bons sentimens, sous une administration sage et vigilante telle que la vôtre, Monsieur, et que tout va concourir sous vos yeux à justifier ma confiance, et à mériter de plus en plus mon affection.

A M. le président du tribunal civil.

Monsieur le président, c'est par la justice que règnent les Rois; et la partie la plus importante de mon autorité vous est déléguée : usez-en, Monsieur, avec

la religieuse fidélité qui caractérise les vrais magistrats, et soyez persuadé que vous vous concilierez des droits à ma bienveillance et à ma protection, à mesure que vous apporterez dans vos jugemens de l'exactitude et de l'impartialité. »

A M. le président du tribunal de commerce.

Monsieur le président, vous avez raison de dire que je place parmi les premiers sujets de ma sollicitude les progrès du commerce et de l'industrie; j'apprécie combien ils influent aujourd'hui sur la puissance et la prospérité des états. Comme négocians, vous pouvez compter sur ma protection; comme juges, j'attends de votre zèle que vous vous efforcerez de maintenir dans le commerce la bonne foi, qui en est l'âme.

Les mêmes autorités ont été ensuite admises à présenter leurs hommages aux princes et aux princesses de la famille royale et du sang. Les discours suivans ont été prononcés :

A Monseigneur le Dauphin.

MONSEIGNEUR,

Daignez recevoir nos hommages respectueux et nos vœux. Permettez-nous d'admirer dans votre personne l'alliance si touchante du courage et de la vertu. Tandis que les acclamations publiques en

tourent votre auguste père et réfléchissent sur vous comme la plus noble image, votre nom, Monseigneur, est béni dans les chaumières et célébré par nos braves. Le ciel a voulu venger la France de ses longues souffrances, puisqu'au sacre de Charles X, nous trouvons réuni tout ce qui peut assurer le bonheur d'un grand peuple et perpétuer ses espé

rances.

MADAME,

1

A Madame la Dauphine.

Vous allez assister à l'antique solennité du sacre et vous y serez entourée des ombres de cent Rois vos aïeux. Quelque grande que soit cette illustration, la première du monde, vos vertus, Madame, y ont encore ajouté. Tous les malheureux vous connaissent. A votre voix, les larmes tarissent et la douleur se tait. La princesse qui fut un si beau modèle de courage en est encore un de cette inépuisable charité qui semble descendre du Ciel. C'est ici, Madame, c'est à Reims, en contemplant son auguste race replacée sur le pavois et consacrée par la religion, que la fille des Rois devait recevoir le prix de ses héroïques vertus.

Daignez, Madame, recevoir nos hommages trèsrespectueux et nos vœux.

A Madame duchesse de Berry.

MADAME,

Votre présence à l'auguste cérémonie qui rassemble ici la famille royale, émeut tous les cœurs. Et qui peut voir sans attendrissement la princesse qui, éprouvée au printemps de sa vie, porta l'espérance au milieu du malheur; celle à qui nous devons l'enfant du miracle qui fera le bonheur de nos neveux !

La France a contracté avec Votre Altesse Royale une dette immense d'amour et de reconnaissance dont vous trouvez partout le tribut. Vous exciteriez ces sentimens par vos seules vertus; et à la grace dont vous savez les recouvrir, on s'aperçoit, Madame, qu'en arrivant en France, vous avez retrouvé votre patrie.

Daignez, Madame, recevoir nos hommages trèsrespectueux et nos vœux.

A Monseigneur le duc d'Orléans.

MONSEIGNEUR,

La solennité du sacre est un jour de triomphe pour les fils d'Henri-le-Grand. Tous sont couronnés dans le chef de cette auguste race, qui a tour à tour montré à nos pères ce que le courage a d'héroïque, la grandeur d'imposant et la bonté d'enivrant pour les peuples.

« PreviousContinue »