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Monseigneur, vous prenez votre part des sentimens que les Français conservent aux descendans du bon Roi, et nous contemplons avec confiance dans Votre Altesse Royale, et sa nombreuse famille, l'appui et l'ornement du trône.

Daignez, Monseigneur, recevoir nos hommages respectueux et nos vœux.

A Madame la duchesse d'Orléans.

MADAME,

Fille et épouse d'un Bourbon, Votre Altesse Royale retrouve, dans la solennité du sacre de nos Rois, le plus grand titre de son illustre famille. Dans chaque siècle, la maison de France a fourni des héros modèles de courage, ou des princesses modèles de vertus. Elle n'en a pas perdu le privilége. Si on en voulait signaler, il suffirait de nommer Votre Altesse Royale, et de la montrer au sein de son heureuse famille. C'est là, Madame, qu'adonnée toute entière aux devoirs sacrés et touchans de mère et d'épouse, vous avez trouvé le trône que votre cœur eût choisi.

Veuillez, Madame, agréer nos hommages respectueux et nos vœux.

A Mademoiselle d'Orléans.

MADAME,

Vous paraissez à la solennité du sacre à un ti

tre bien cher aux Français, celui de petite-fille d'Henri IV. Vous reproduisez, Madame, les grâces de l'esprit et la sincérité de ce grand Roi. C'est par là surtout que Votre Altesse Royale règne sur les cœurs, et qu'elle complète l'éclat et le bonheur de la famille des princes qui croissent sous ses yeux. Daignez, Madame, agréer nos hommages respectueux et nos vœux.

A Monseigneur le duc de Bourbon.

MONSEIGNEUR.

La valeur qui caractérise si éminemment les Français n'eût été qu'imparfaitement représentée au sacre, s'il ne s'y fût pas trouvé un Condé ! Partout Votre Altesse Royale a acquitté cette dette de famille; et après qu'a cessé l'heure des combats, elle a reporté au sein de la paix une grandeur modeste et la bienfaisance qui se cache.

Monseigneur, la France vous découvre, plaint votre solitude et vous admire! Il n'est pas donné à un prince de votre nom d'échapper aux regards de son siècle et à l'immortalité.

Daignez, Monseigneur, recevoir nos hommages respectueux et nos vœux.

Dans la matinée de ce même jour, avant l'arrivée du Roi, Monseigneur le cardinal, prince de Croï, grand-aumônier de France, s'était rendu, accom

pagné de deux aumôniers du Roi, à l'Hôtel-deVille; Son Éminence était en rochet et camail; MM. les aumôniers en rochet et manteau. Elle fut reçue par MM. les commissaires du Roi, Bellard et Delamalle, conseillers d'état ; vicomte de Peyronnet, et baron de Crouzeilhes, maîtres des requêtes, qui lui présentèrent la liste de cinquante détenus que le Roi avait jugés dignes de sa clémence, avec des notes sur chacun d'eux. Son Altesse Éminentissime sortit ensuite, accompagnée de ces messieurs, et passa dans la cour où les prisonniers étaient ruénis. Ces prisonniers ayant salué Son Éminence par les cris de grace! grâce!.... M. le cardinal leur a parlé en ces termes :

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« Oui, mes enfans, ce Roi, que la divine Provi dence dans sa miséricorde, donné à la France, aime à signaler toutes ses actions, et particulièrement ses grands actes religieux, par des bienfaits. L'esprit de charité est l'âme de notre sainte religion consoler ceux qui sont dans l'affliction; secourir ceux qui sont dans le besoin : voilà ce que la religion de Jésus-Christ commande à ses enfans voilà ce que notre monarque bien-aimé aime à pratiquer.

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» Eh bien, mes enfans, témoignez votre reconnaissance à Dieu par un véritable changement : la religion et vos cœurs vous le commandent également. Si vous avez jusqu'à présent mérité les châtimens de

Dieu et des punitions de la part de la justice, prenez tous la plus ferme résolution de vivre désormais en honnêtes gens et en vrais catholiques; instruisezvous de vos devoirs de chrétiens, et pratiquez-les exactement : sans cela, point de salut pour l'éternité, point de bonheur sur la terre.

» De la part du Roi, je vous annonce la grâce que vous demandez; on va, en son nom, vous distribuer des secours. Vivez en bons chrétiens, en bons Français. Le Roi, auteur de la grâce que je vous annonce, va nous réjouir tous par son arrivée : portez-vous sur son passage, on va vous y conduire exprimez lui par vos acclamations ce que vos cœurs éprouvent. Vive le Roi! »

A ces mots, les prisonniers ont répondu par des cris réitérés de vive le Roi! et ont témoigné à la fois leur repentir, leur joie et leur reconnaissance de la manière la plus vive. Son Éminence ayant ajouté quelques paroles d'édification, s'est retirée comblée des bénédictions des captifs qu'elle venait de rendre à la liberté. MM. les aumôniers du Roi ont distribué à chacun de ces prisonniers une somme de 20 fr.

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Dès quatre heures du matin, tout était en mouvement dans la ville de Reims comme au milieu de la journée. Les équipages parcouraient déjà les rues. Avant cinq heures, malgré l'extrême froideur d'un temps pluvieux, une foule de dames, en parure de cour, avec des barbes pendantes à leur chevelure, et une foule d'hommes en habits à la française ou en uniformes assiégeaient les avenues de la cathédrale. L'entrée par le portail était réser vée aux personnes ayant des lettres closes; les autres entraient par les petites portes latérales.

A cinq heures et demie les portes ont été ouvertes, et la foule s'y est précipitée. On se pressait tellement dans le vestibule, que les cris de quelques dames ont causé un moment d'alarme; mais les précautions avaient été prises de manière à prévenir tout accident. Les gardes à pied et les gardesdu-corps veillaient à l'entrée, les premiers à l'extérieur, et les autres dans l'intérieur.

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