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Paul, saint Luc et saint Marc, coloriées sur un fond mosaïque. Non loin, et au-dessus des tribunes du fond de la croix sont, comme témoins, les images de la Religion, de la Charité, de la Foi et de la Tempérance, qui complètent, en quelque sorte, l'enceinte du sanctuaire.

Deux vastes tribunes occupent le fond des deux branches de la croix, et l'orchestre est placé derrière l'autel élevé de six pieds en avant du sanctuaire. Enfin le fond du cœur est rempli par une immense tribune aussi large que le bâtiment, qui s'élève en pente douce jusqu'à une hauteur assez considérable et qui termine le point de vue par une perspective en amphithéâtre.

Soixante lustres de sept pieds de hauteur, chargés chacun de trente six bougies sont placés en avant des tribunes. Un lustre garni de vingt bougies est dans l'intérieur de chacune de ces tribunes et au-dessus de chaque colonne se trouve un porte-lumière gothique, chargé de vingt cierges 1.

Il est impossible de se faire une idée de la magnificence de ces décorations, qui ne laisse plus apercevoir aucun vestige réel de l'ancienne cathédrale de Reims. Elle a tout-à-fait disparu sous les ornemens dont elle est enrichie, et dans lesquels

'La majeure partie de ces lustres a été exécutée par M. Ravrio.

toutefois on a cherché à la reproduire. C'est en quelque sorte la vieille cathédrale remise gothiquement à neuf. C'est dans ses formes et dans sa construction un monument du douzième siècle, qui brille cependant de tout l'éclat de la jeunesse et de la nouveauté.

Lorsqu'en sortant de cette basilique toute rèsplendissante, on porte les regards sur ses tours extérieures, qu'on croirait prêtes à tomber de vieillesse, l'esprit est singulièrement frappé d'un pareil contraste, image anticipée de la grande circonstance, pour laquelle ces constructious ont été faites; car les cérémonies du sacre offrent ellesmêmes nécessairement un assemblage extraordinaire de choses antiques et de choses modernes qui caractérise l'époque actuelle.

Mais ce contraste devient plus saillant encore lorsqu'on jette les yeux sur le palais archiepiscopal, qui attient à la cathédrale, et qui a été en quelque sorte improvisé. Ce bâtiment, presque ruiné, qui renfermait des tribunaux, des greffes et des prisons, a été, en moins de quatre mois, transformé en un brillant palais avec des appartemens séparés pour le Roi, pour monseigneur le Dauphin, madame la Dauphine, et Madame, duchesse de Berri,

En avant de ce palais on a construit un porche d'ordre corinthien jusqu'à la hauteur de la toiture, qui se prolonge sur une large surface. On monte à ce porche par un escalier de vingt-deux marches

qui s'avance dans la seconde cour du palais. La façade, de cent trente pieds environ d'étendue, sur cinquante de profondeur, est divisée en cinq arcades; elle présente une espèce de plate-forme couverte, coupée de deux rangs d'arcades, avec les ornemens les plus riches. Les fenêtres de la salle du festin royal, de forme gothique, dont les vitraux sont coloriés, donnent sur cette plate-forme.

Les appartemens du Roi se composent d'un salon d'attente, un grand salon, un petit salon, un grand cabinet de travail, une chambre à coucher et un petit cabinet de toilette. Ils sont peints en or et en blanc, et leur décoration, faite dans le style moderne, est à la fois riche et élégante. Les fenêtres donnent sur un jardin élégant qui naguère servait de préau à des prisonniers. Le Roi, en entrant dans ces appartemens, a paru agréablement surpris: Je suis ici comme aux Tuileries, a dit Sa Majesté.

Au-dessus des appartemens du Roi se trouvent ceux de S. A. R. Madame, duchesse de Berri. Un aile latérale du palais renferme les appartemens de LL. AA. RR. monseigneur le Dauphin et madame la Dauphine. Tous les ameublemens ont été fournis par le Garde-Meuble de la couronne.

La salle du festin royal occupe toute la longueur de la façade du palais : c'est un carré long. La voûte, très-élevée, en forme d'ogive, est d'un bleu tendre parsemé d'étoiles; elle est traversée par neuf solives à baguettes d'or, à chacune desquelles sont

suspendus deux lustres. Sept lustres, plus élevés, sont attachés à la voûte, de sorte que la salle est éclairée par vingt-cinq grands lustres. Dans le fond de la salle, à gauche en entrant, s'élève une haute cheminée gothique ornée des armes du cardinal Briconnet, au-dessus de laquelle est placée la statue de saint Remi. Plus bas, à droite et à gauche de saint Remi, on voit les portraits en pied de Clovis et de Hugues Capet. Les autres portraits de tous les rois de France qui ont été sacrés à Reims occupent toute la longueur de la salle dans l'ordre suivant, Philippe-Auguste, saint Louis, Philippe V, Philippe VI, Charles VIII, Louis XII, François I., Louis XIII, Louis XIV, Louis XV. Les portraits de Louis XVI et de Charles X sont placés sur le côté qui fait face à la cheminée. Au-dessus de ces portraits sont peints, en buste, les archevêques qui ont occupé le siége de Reims. Le fond est blanc, parsemé de fleurs de lis d'or. Dans cette seule salle du festin royal, on a employé cent vingt-cinq milliers de plâtre, et quarante ouvriers y ont été occupés pendant un mois.

On a construit, en outre, une galerie vitrée où a été dressée une table de cent trente couverts, et qui s'est formée comme par enchantement. Tous les ornemens, d'un goût simple, qui ressortent sur un fond blanc et des draperies bleues, ont été posées en deux jours.

En sortant de la salle du festin royal, on entre,

à droite, par la plate-forme, dans la galerie couverte qui, par une pente douce, conduit à la cathédrale. Cette galerie est formée de vingt-quatre arcades de quinze pieds environ chacune, soutenues par des trophées d'armes chevaleresques avec l'écu au chiffre de Charles X, surmonté d'une couronne. Le ciel est d'une étoffe bleue parsemée d'étoiles d'argent; elle est couverte, dans toute sa longueur, d'un tapis fleurdelisé. Cette galerie se joint, en angle droit, avec le porche élevé en avant du portail. Au moyen de cette galerie couverte, le Roi a pu se rendre, avec son cortége, de plain-pied, de son appartement à la cathédrale.

Les cachots, dans lesquels les prisonniers se trouvaient encore le io mars dernier, ont été métamorphosés en offices, en glacières et en cuisines.

Ce palais, après le départ du Roi, doit être occupé par monseigneur l'archevêque de Reims.

Ce sont MM. Hittorff et Lecomte, architectes du Roi pour les fêtes et cérémonies, qui ont été chargés de faire les dessins sur lesquels ont été exécutés les travaux de la cathédrale. C'est au talent de M. Mazois que l'on doit le nouveau palais archiépiscopal.

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