Page images
PDF
EPUB

fection et de reconnaissance n'ont été plus sincères et plus mérités que ceux qui accompagnent dans sa tombe Pierre Didot, notre oncle. Ces regrets seront, j'ose le dire, universellement partagés, puisque les services dont l'art typographique lui est redevable ont rendu son nom cher au monde civilisé.

« Il y a quatre-vingt-treize ans que Pierre Didot l'aîné naquit dans une famille où les traditions d'honneur et de dévouement à l'art typographique se conservaient religieusement. Il avait quelques années de plus que son frère Firmin Didot, qui depuis dix-huit ans l'a précédé dans la tombe, et l'on ne peut s'empêcher de réunir dans un même souvenir deux frères si semblables en tout et toujours unis dès l'enfance par une amitié aussi tendre qu'inaltérable, et dont les goûts se trouvaient les mêmes pour la typographie et la poésie (1). Leur éducation sévère, je dirai même rigide, et telle qu'on la donnait alors dans la bourgeoisie, fut terminée au collége d'Harcourt, où l'amour du beau, dont ils étaient épris, les familiarisa avec tout ce que les poëtes et les p'us beaux génies ont légué de plus parfait au souvenir des hommes. Aussi tous deux, doués d'une mémoire merveilleuse, se plaisaient dans un perpétuel entretien avec ces grands modèles qui, devenus l'objet de leur culte, élevaient leur âme an-dessus des tristes réalités de la vie.

«En 1785, Pierre Didot, connu par des poésies diverses, une épître sur les progrès de l'art typographique et un recueil de fables apprécié de Florian, l'ami de la famille, succéda à son père, qu'il secondait depuis longtemps dans ses travaux.

<< Témoin chaque jour du soin et du zèle passionné que son père apportait à la correction des textes, ainsi qu'à la beauté de leur impression, qualités si difficiles à obtenir à une époque où le maître imprimeur devait exercer souvent de sa propre main les divers travaux de sa profession et corriger lui-même les épreuves, c'est à cette école que Pierre Didot apprità imiter son père, à rivaliser avec les plus habiles ouvriers et à perfectionner les procédés de notre art.

A la fin du siècle précédent, lors de la tourmente révolutionnaire, les talents des deux frères furent requis pour améliorer l'exécution des assignats, et c'est peut-être le besoin qu'on eut alors de leurs talents qui garantit de la proscription les fils d'Ambroise Didot, imprimeur du comte d'Artois, et chargé par l'infortuné Louis XVI de l'impression des belles collections dites du Dauphin, continuées avec la même perfection par Pierre Didot.

a C'est dans ces circonstances déplorables, où la vie de tout homme de bien était éphémère, que Pierre Didot préparait avec calme et enthousiasme ces belles éditions qui allaient être exécutées au Louvre, dans ces galeries du palais des rois de France que le Directoire venait de consacrer aux artistes en tout genre qui s'étaient le plus distingués par leur mérite; c'est là que des rapports d'amitié l'unirent à Girodet, à Gérard et aux principaux peintres qui contribuèrent à l'ornement de ses belles

éditions.

« Je n'entrerai pas dans plus de détails sur une carrière aussi longue, entièrement dévouée aux arts et aux lettres. Il me suffira de dire qu'à la dernière Exposition générale des produits de l'industrie à Londres, lorsque les membres du jury examinèrent au British Museum les éditions de Virgile, de l'Horace et du Racine imprimées au Louvre, la comparaison avec les autres chefs-d'œuvre des diverses nations confirma le jugement rendu en 1806 par le jury français, qui les déclarait les plus belles productions de tous les pays et de tous les âges.

« Décoré de l'Ordre de la Réunion par l'Empereur, du cordon de Saint-Michel par Louis XVIII, il reçut à soixante et quinze ans la croix de la Légion-d'Honneur, qu'il n'avait point sollicitée, mais qu'un ministre ami des lettres (M. de Salvandy) lui fit donner, s'étonnant de ne point voir figurer son nom parmi les célébrités de cet ordre. Mais vous avez tous connu la modestie de Pierre Didot, ce don si rare, qui contribue tant au bonheur, et qui est cependant à la portée de tous.

Jeune encore, Pierre Didot, peu de temps avant la mort de son père, se vit privé d'une épouse qu'il chérissait. Bientôt après sa fille aînée lui fut également enlevée à l'âge de vingt ans. Frappé plus tard et plus cruellement encore dans ses plus chères et ses plus flatteuses espérances, il eut la douleur de voir son fils, l'héritier de sa belle typographie, dont il soutenait et accroissait la renommée, forcé de l'abandonner par un de ces coups imprévus dont sa santé, jusque alors si robuste, fut subitement atteinte. Mais du moins, comme consolation dans ce malheur, Pierre Didot trouva dans la fille chérie qui lui restait l'union des plus éminentes qualités du cœur et de l'esprit. Se consacrant entièrement à son père, elle sut par ses soins pieux, son respect et sa tendresse embellir et prolonger la fin de cette longue carrière.

(1) Ce sont les expressious employées par Firmin Didot dans sa dédicace à son frère, en tête de sa traduction des Bucoliques.

«C'est entouré de ses petits enfants, qui faisaient son bonheur, sa consolation et son espoir, que Pierre Didot vient de s'éteindre. Il a senti venir la mort sans aucun trouble, il l'accueillit avec cette douceur inaltérable de caractère que vous lui connaissiez. Il a paisiblement annoncé sa fin à ses enfants, à ses neveux. Elle lui est apparue comme le soir d'une journée bien longue et dans les ténèbres d'une nuit, qui durait pour lui déjà depuis huit ans. La haute philosophie qui ne l'avait jamais abandonné dans aucune des plus pénibles comme des plus heureuses circonstances de sa vie, lui a fait envisager ses derniers moments avec cette sérénité qui rapproche l'homme de bien de l'éternité.

<< Adieu, mon oncle, reçois ce dernier hommage de tes enfants et de tes neveux, qui conserveront toujours avec vénération le souvenir de tes vertus et de ta chère mémoire. >>

CHRONIQUE JUDICIAIRE.

Cour impériale de Paris (1re Ch.)

Audience du 20 décembre.

L'ENCYCLOPEDIE DU DIX-NEUVIÈME SIÈCLE. M. LE DOCTEUR MALGAIGNE CONTRE M. DE SAINT-PRIEST.

Le rédacteur en chef d'une œuvre, collectivement exécutée, a droit, même en l'absence d'une convention spéciale, de faire aux articles de ses collaborateurs tels changements et suppressions qu'il juge utiles, pourvu que ces changements et suppressions n'allèrent pas la pensée de l'article corrigé. C'est au rédacteur en chef qu'il appartieni de signer le bon à tirer qui estnécessaire pour éditer l'article.

Ces questions, soumises au Tribunal de Commerce, avaient été jugées en sens contraire.

Mais sur l'appel, la Cour a réformé le jugement du Tribunal de Commerce, et rendu un arrêt par lequel en ce qui touche la demande de Malgaigne :

Considérant qu'en se chargeant de rédiger dans l'Encyclopédie du dix-neuvième siècle l'article Médecine, Malgaigne, même en l'absence d'une convention spéciale, s'est soumis implicitement au contrôle du rédacteur en chef;

Qu'en faisant à l'article qui lui était livré par Malgaigne certains changements, de Saint-Priest a usé d'un droit;

Que peut-être, il était dans les convenances de charger l'auteur des corrections qui devaient être exécutées;

Que toutefois la pensée de l'auteur a été rigoureusement conservée ;

Que le travail du rédacteur en chef de l'Encyclopédie a été convenablement fait, et que les changements par lui apportés à l'article, en l'appropriant à la couleur de l'œuvre générale, n'en ont altéré en rien le caractère;

Considérant, d'autre part, que le bon à tirer doit être donné par le rédacteur en chef, toutefois qu'il s'agit d'une œuvre collectivement exécutée par plusieurs personnes;

Que c'est là un usage généralement suivi;

Que les autres rédacteurs de l'Encyclopédie s'y sont soumis, et qu'ils ont reconnu le droit de contrôle du rédacteur en chef, en approuvant les modifications qu'il a apportées à leurs articles;

En ce qui touche la demande reconventionnelle en dommages-intérêts formée par de Saint-Priest :

Considérant qu'il ne justifie d'aucun préjudice;

Elle infirme;

Donne acte à de Saint-Priest de l'offre par lui faite de livrer à Malgaigne les cent exemplaires promis et de lui payer le prix convenu;

Déboute de Saint-Priest de sa demande en dommages-intérêts ;

Et compense les dépens.

Imprimerie de PILLET fils aîné, rue des Grands-Augustins, 5.

[blocks in formation]

Paris : AMYOT, 8, rue de la Paix.

OEUVRES

DE L'EMPEREUR

NAPOLÉON III

Conditions de la Souscription:

Les OEUVRES DE L'EMPEREUR formeront 4 gros volumes, grand in-8°, papier vélin.

Le prix de la Souscription est de 40 fr. (30 fr. net), pour les 4 volumes.

Les deux premiers volumes paraîtront le 25 février prochain, les deux derniers le 15 avril.

La liste des Souscripteurs sera publiée avec l'ouvrage.

MM. les Libraires sont instamment priés d'envoyer leurs demandes (à compte fixe) avant le 15 février prochain, époque à laquelle la liste de souscription sera irrévocablement close, et le prix de l'ouvrage porté à 48 fr.

BRISSART BINET

Libraire de l'Académie impériale, rue du Cadran-Saint-Pierre, à Reims.

PUBLICATIONS NOUVELLES.

ALBUM DE L'AMATEUR RÉMOIS,

Collection de planches in-folio tirées sur papier de Chine, dessinées par les premiers artistes de Paris, représentant les divers monuments de Reims. Chaque planche séparée se vend....... 5 fr. ALMANACH DES 5,000 ADRESSES

[blocks in formation]

ALMANACH HISTORIQUE ET TOPOGRAPHIQUE DE LA VILLE ET DE L'ARRONDISSEMENT de Reims,

Orné d'une vue de la ville. 1854.

Ire Année. Prix : 75 c.

BIBLIOTHÈQUE DE L'AMATEUR RÉMOIS

Réimpression elzévirienne, à 100 exemplaires, de curiosités bibliographiques rémoises, inédites ou devenues rares.

EN VENTE :

L'Art de plumer la poule sans crier.

La Messe des Sans-Culottes, chantée à la Belle-Tour de Reims en 1793, avec un Précis historique par Louis PARIS.

La feuille in-18, papier de Hollande, 2 fr. 50. — Pap. de couleur, 5 fr. CRIS DE REIMS.

CHANSONNETTES A 50 c.

GUIDE DU VOYAGEUR

SUR LE CHEMIN DE FER DE REIMS A ÉPERNAY.
1 vol. in-18, orné d'une carte. Prix : 50 c.

COLLECTION

DES POÈTES CHAMPENOIS ANTÉRIEURS AU XVI SIÈCLE PAR PROSPER TARBÉ.

15 vol. in-8°. Prix : 75 fr. — Chaque volume séparé, 5 fr. NOUVEAU PLAN DE LA VILLE DE REIMS ET DE SES FAUBOURGS Dressé d'après les documents les plus récents, et orné de Vues des différents

monuments.

Une feuille grand-aigle. Prix en noir. 5 fr.; coloriée, 10 fr.
PORTAIL DE LA CATHÉDRALE DE REIMS
DESSINÉ PAR EUGÈNE LEBLAN.

Une feuille grand-aigle, papier blanc, 10 fr.; papier de Chine, 15 fr.
VUE DU NOUVEAU PORTAIL DE SAINT-REMI DE REIMS
DESSINÉ ET LITHOGRAPHIE A DEUX TEINTES.
Une feuille jésus. Prix : 3 fr.

Cette planche est destinée à faire pendant au Portail de la Cathédrale dessiné par Chapuy. REIMS

REVUE HISTORIQUE ET LITTÉRAIRE DE LA CHAMPAGNE

Paraissant le 15 de chaque mois, par livr. de 2 feuilles in-8o, 2o année, 1854.

Papier ordinaire.

PRIX DE L'ABONNEMENT :

S fr. | Papier de luxe.

2 fr. en plus par la poste.

12 fr.

[ocr errors]

LIBRAIRIE

DE FURNE ET C

ÉDITEURS

IE

Nous avons l'honneur de prévenir nos confrères que r'HISTOIRE DE FRANCE de M. HENRI MARTIN, étant complétement épuisée, les quelques exemplaires qui restent de cette édition seront vendus au prix fort de 5 francs le volume.

Le Tome XIXe et dernier paraîtra en avril prochain.

FURNE ET C, ÉDITEURS,

45, RUE SAINT-ANDRÉ-DES-ARTS.

« PreviousContinue »