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«ment Votre Majesté de daigner accepter les vœux « sincères et ardents qu'ils forment pour son bonheur « et celui de S. M. l'Impératrice et S. A. le Prince. «< Impérial.

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Sa Majesté a répondu:

« Messieurs,

« La démarche que vous faites auprès de moi me touche profondément et me fournit l'occasion de ren«dre justice à l'esprit de conciliation et d'amicale en<< tente qui vous a constamment animés dans l'exercice « de vos délicates fonctions.

« Si vous rapportez chez vous un bon souvenir de « l'accueil que vous avez reçu en France, de notre côté, << nous nous rappellerons toujours avec plaisir cette grande fête internationale où tant d'étrangers de dis<«<tinction sont venus ajouter à son éclat.

« Représentants de la pensée, du travail dans toutes << les parties de l'univers, vous avez vécu quelque << temps parmi nous d'une vie commune, et vous avez << pu vous convaincre que toutes les nations civilisées << tendent de plus en plus à ne former qu'une seule fa« mille. De ce concours d'intelligences si variées, de « cette fusion des intérêts de tous les peuples naîtra, je n'en doute pas, l'harmonie si nécessaire aux pro«<< grès de l'humanité.

«

<< Je vous remercie, Messieurs, des paroles que vous « m'adressez pour l'impératrice et pour mon fils; ils « partagent ma reconnaissance pour vos efforts, ma << sympathie pour vos personnes et mes vœux pour la paix du monde. »

On comprend toute la valeur et toute l'importance que cette exposition eut pour notre pays et pour la prospérité de la France. On ne pourra oublier les nobles paroles qui furent prononcées sur cet immense concours où ont figuré nos arts, nos sciences, notre agriculture, notre commerce et nos industries avec tant de succès et dont Paris tout particulièrement tira de si grands avantages.

Hélas! qui aurait pu penser alors que tant de succès, tant de gloire seraient sitôt oubliés, et que les Français eux-mêmes en auraient tenu aussi peu compte à leur souverain et aux ministres qui nous avaient placés si haut dans l'esprit du monde?

Voilà où en était la situation de la France en 1867. Le commerce et l'industrie prospère, l'agriculture riche et florissante, les finances dans de bonnes conditions, les arts au premier rang, les sciences en progrès, la religion libre et respectée. Malgré l'agitation qui régnait déjà en politique, cette situation ne cessa pas de se maintenir jusqu'en 1870. Eh bien! qu'on la compare avec celle qu'elle avait en 1851 après les quatre années passées en République! et l'on verra quel est le régime qui lui a donné le plus de bien-être et de satisfactions.

Y-a-t-il une meilleure réponse à faire aux injures et à toutes les calomnies répandues contre les Monarchies de juillet et de l'empire? Y a-t-il besoin d'ajouter rien de plus pour démontrer combien sont fausses, injustes et mensongères les allégations dont les républicains osent se servir, en disant que Louis-Philippe et Napoléon III ont été des souverains tyrans et despotes, qui n'ont donné à la France que corruption et ruine?

En entreprenant cet ouvrage, mon but a donc été de prouver combien de gens, faute de connaître la vérité,

sont dans l'erreur, et comme par les faits eux-mêmes, je crois l'avoir atteint, tenant plus à ce résultat qu'à écrire l'histoire, je crois devoir m'arrêter ici et ne pas m'étendre davantage sur le règne de Napoléon III. Je ne veux pas m'y étendre plus longtemps par cette autre. raison que je puis dire que: tant que le gouvernement de Napoléon a été un gouvernement d'affaires et d'intérêts publics et qu'il n'y avait que des éloges à en faire, j'ai jugé à propos de prendre sa défense; mais que du moment où il est devenu par la volonté même de l'empereur un gouvernement parlementaire, politique et libéral, abdiquant en quelque sorte son autorité impériale en faveur du Corps législatif, du Sénat et de ses Ministres, je crois devoir cesser de m'y intéresser; je crois le faire avec d'autant plus de raison qu'à la suite de sa lettre du 19 janvier et son manifeste du 25 août 1869, après les longs et chaleureux débats qui devaient indubitablement en résulter, il y avait tout à présumer qu'un jour ou l'autre l'empire succomberait tristement comme il l'a fait sous le poids de l'opposition dont la puissance grandissait chaque jour et que soutenue comme elle l'était par la presse radicale, cette chute devenait tout à fait inévitable,

Pour en terminer, je m'en tiendrai donc à dire ceci: En admettant que Napoléon III ait commis quelques fautes (quel est l'homme qui n'en commet aucune?) nous ne devons pas moins lui savoir bon gré de nous avoir sauvés de l'anarchie, et qu'après nous avoir sortis des mains des républicains, de nous avoir donné dixhuit à vingt ans de tranquillité et de prospérité. Qu'en conséquence notre devoir est au moins de lui en être reconnaissants, plutôt que de l'accuser et d'insulter à sa mémoire comme je l'entends faire si souvent par

ceux-là mêmes qui l'ont amené sur le trône de France et qui par conséquent n'ont pas le droit de lui reprocher d'y avoir monté, comme nous n'avons pas celui de lui reprocher de l'avoir perdu.

Dans tous les cas, en principe, je n'admets pas que le malheur d'un souverain exclue la reconnaissance du bien qu'il a produit en faveur d'un peuple; l'ingratitude étant, à mes yeux, l'avilissement le plus certain d'une grande nation civilisée comme la nôtre, avilissement qui, hélas! a eu pour résultat (après cette guerre terrible avec la Prusse) la Commune dont nous avons eu tant à souffrir et qui fut, avec les trois journées de juin 1848, les maux les plus affreux qu'ait jamais supportés la France.

CHAPITRE X

RÉSUMÉ DE MES RÉFLEXIONS

Dans les dernières années de son règne, Napoléon III étant affaibli par la maladie, son pouvoir amoindri par son ministère, son autorité dominée par les députés de l'opposition; à la suite des malheurs dont lui et l'impératrice Eugénie ont été les victimes, en raison des désastres qu'a subis la France pendant la guerre, et de la terreur qui a régné sous la Commune, dans l'histoire que j'ai entreprise, j'ai cru devoir m'arrêter en 1867. Cependant, frappé tant de fois des écrits, des paroles et des discours malveillants, que les républicains de toutes nuances ont répandus et répandent encore tous les jours contre nos monarchies vaincues, et disparues, je ne puis m'empêcher de profiter de l'occasion qui se présente d'émettre ici les quelques réflexions que m'inspirent purement mes sentiments et tout particulièrement l'intérêt que je porte à mes concitoyens et surtout à notre jeune génération. Le résultat en sera probablement négatif, mais comme, pour mon histoire, je crois en cela remplir un devoir, sauf à être blâmé par les

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