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Le 20 avril 1811, le thermomètre Réaumur étant à + 13° j'ai fait geler six grammes d'eau dans une capsule de cuivre jaune du poids de trente-un grammes. L'acide sulfurique du commerce à 66° étoit placé sous le récipient, dans des capsules en verre; l'une, supérieure, contenoit environ cent grammes d'acide, et l'autre, inférieure, sept cents grammes. La température de l'acide s'est élevée de 13° à 20° dans la capsule supérieure, et de 13° à 15° dans l'inférieure.

Les six grammes d'eau ont été gelés en trois minutes, à compter du moment où le vide a été fait sous le récipient. Après quinze minutes, le thermomètre plongé dans la glace, étoit à 6° Réaumur. J'ai pesé la quantité d'eau évaporée, que j'ai trouvée de 1,6 grammes. Ce poids observé diffère peu du poids calculé, qu'on déduiroit de la connoissance des caloriques spécifiques de l'eau et du cuivre de la capsule.

Lorsqu'on a pour objet de produire un froid artificiel par l'évaporation dans le vide ou dans un air très-dilaté, on évite autant que possible le retour du calorique du vase qui contient la substance hygrométrique vers le vase qui contient le liquide à évaporer. Mais si l'on se propose seulement de produire l'évaporation, on la favorisera en faisant communiquer ces vases, de manière que le calorique passe alternativement du premier au second. Un physicien(M. Clément) a déjà proposé d'employer ce mode d'évaporation par l'intermédiaire d'un air très-dilaté, pour la réduction des sirops, pour le dessèchement des substances. nutritives, animales et végétales, pour la fabrication de la poudre à canon, des colles-fortes, etc.

H. C.

Sur le Nautile-Marin, par MM. COESSIN frères (*).

Le nautile-marin a pour objet d'établir une navigation sousmarine. Les expériences faites au Havre avec l'autorisation du Ministre de la Marine, paroissent ne laisser aucun doute sur la possibilité de cette navigation. Dans un rapport fait à l'Institut le 1 avril 1811, et adopté par la classe des Sciences physiques et mathématiques, le rapporteur, M. Carnot, donne la description suivante du nautile-marin :

er

« C'est une espèce de grand tonneau qui a la forme d'un ellipsoïde alongé. C'est dans cet ellipsoïde que s'enferment les navigateurs. Ce nautile avoit vingt- sept pieds de longueur (8,77 mètres) et renfermoit neuf personnes.

Pour le maintenir dans sa position, on le charge d'un lest.
Ce nautile est partagé en trois parties séparées l'une de l'autre

(*) M. Coëssin jeune est un ancien Elève de l'Ecole Polytechnique, actuellement officier d'artilleric.

par des doubles fonds. La partie du milieu est seule occupée par les navigateurs; celles de l'avant et de l'arrière se remplissent à volonté d'air ou d'eau, par les manoeuvres de ces mêmes navigateurs, suivant le poids qu'ils veulent donner au nautile, afin qu'il puisse flotter à la surface du fluide, ou s'y enfoncer si l'on

veut.

Pour imprimer au vaisseau un mouvement progressif, on emploie deux rangs de rames à porte, que font mouvoir ceux qui sont dans l'intérieur. Ces rames passent au travers des flancs du nautile; mais les ouvertures sont masquées par des poches de cuir qui empêchent absolument l'eau d'y pénétrer; et si l'une d'elles venoit par hasard à crever, la rame est taillée de manière à faire elle-même, aussitôt, l'effet d'un tampon, en la tiraut seulement à soi. Dans le nautile il n'y avoit que quatre rameurs, et il faisoit une demi-lieue par heure; mais il est aisé de multiplier le nombre de ces rameurs.

Pour diriger la machine et la faire virer de bord, on emploie un gouvernail placé à la poupe, comme dans les vaisseaux ordinaires, et qui se manoeuvre du dedans par une corde; de plus, les navigateurs s'orientent à l'aide d'une boussole.

Pour monter ou descendre, ils emploient quatre ailes ou espèces de nageoires attachées deux à droite, et deux à gauche du nautile, et qu'un homme seul fait mouvoir par des tringles. On les incline de l'avant à l'arrière ou de l'arrière à l'avant, suivant qu'on veut ou monter ou descendre, parce qu'alors la résistance de l'eau occasionnée par le mouvement progressif agit sur ces plans inclinés conformément au but qu'on se propose.

Enfin, on se procure du jour au moyen d'une ou plusieurs glaces très-épaisses; mais comme l'obscurité devient trèsgrande à une certaine profondeur, les auteurs proposent de recueillir ce qui reste de rayons par de fortes loupes, qui pourront au moins leur faire distinguer ce qui se trouve près d'eux.

Pour vaincre la plus grande difficulté, celle de se procurer les moyens de respirer, on pratique des ouvertures ou petites écoutilles dans les douves supérieures du nautile. Par le moyen de ces ouvertures, en venant de temps en temps à la surface de l'eau, on renouvelle l'air du nautile, par une circulation qui s'établit alors facilement, soit par le ventilateur, soit, lorsque cela sera praticable, par des lampes qui, placées à quelques-unes de ces ouvertures, et correspondant jusqu'au fond du vaisseau par des tuyaux qui font l'effet de petites cheminées, en extraient l'air vicié, comme les réchauds placés au haut de l'ouverture d'une mine font circuler rapidement l'air jusqu'à sa plus grande profondeur.

Au surplus, il faut remarquer qu'il n'est pas nécessaire que ce renouvellement d'air dans le nautile soit fréquent; car dans les nombreuses expériences faites au Hâvre, les navigateurs sont restés plus d'une heure de suite sans aucune communication avec l'air extérieur et sans éprouver aucun mal-aise.

Mais c'est ici que la chimie vient efficacement au secours de la mécanique; car à défaut de tous les autres moyens, lès navigateurs pourvoient au besoin impérieux de respirer, par une ample provision d'oxigène comprimé, qu'ils tiennent en réserve, et dont ils font usage avec l'économie que leur commande l'intérêt de leur propre conservation.

MM. Montaguès-la-Rogue, capitaine de vaisseau commandant le port du Hâvre, et Grehan, ingénieur-constructeur en chef de la marine, qui ont été témoins des expériences faites avec le nautile, en ont rendu un témoignage avantageux, et ils pensent qu'on pourroit faire des vaisseaux de ce genre beaucoup plus grands. Parmi les coopérateurs des expériences faites au Hâvre, sont M. Colin, actuellement préparateur de chimie à l'Ecole Polytechnique, et M. Muller, aide-de-camp du général d'Hastrel. M. Ransonnet, commandant le brick l'Alcyon, servoit de pilote dans le nautile.

ANNONCES

§. III.

D'OUVRAGES.

JOURNAL DE L'ÉCOLE POLYTECHNIQUE, publié par le Conseil d'Instruction de cet Etablissement. Dixième cahier, 1 vol. in-4°.

Ce cahier contient : 1°. la solution de plusieurs problêmes de géométrie, par M. Branchon; 2°. un mémoire sur les polygones et sur les polyèdres, par M. Poinsot; 3°. deux mémoires d'hydrographie, par MM. de Prony et de Humbold; 4°. les programmes du cours de grammaire et belles-lettres, par M. Andrieux.

RECHERCHES PHYSICO-CHIMIQUES, faites à l'occasion de la grande Batterie Voltaïque, donnée par S. M. à l'Ecole Polytechnique, 2 vol. in-8°. avec six planches. Par MM. GayLussac et Thenard, Instituteurs de Chimie à l'Ecole Polytechnique.

Cet ouvrage est terminé par un rapport fait au nom d'une commission de l'Institut, composée de MM. Laplace, Monge, Chaptal, Hauy et Berthollet. Le rapporteur, M. Berthollet,

après avoir fait mention des brillantes découvertes de M. Davy, chimiste anglais, a donné l'analyse du travail de MM. GayLussac et Thénard, commencé en mars 1808, époque à laquelle ils ont obtenu, par un procédé de leur invention, le nouveau Métal (le potassium ), qui a été l'agent principal de leurs découvertes. En lisant le précis de M. Berthollet, on se convaincra que ce nouvel ouvrage contribuera autant aux progrès de la chimie, que le traité du célèbre Lavoisier sur cette science. (Voyez la Correspondance, pag. 445-453 du premier volume, et pag. 28 du 1 cahier, pag. 109 du 2°. cahier du second volume.)

De la Défense des places fortes, ouvrage composé par ordre de S. M. I. et R., pour l'instruction des Elèves du Corps du Génie. Par M. CARNOT. Seconde édition; Paris 1811.

Cette nouvelle édition contient un Mémoire additionnel fort intéressant, sur les améliorations dont l'art défensif est susceptible.

M. Carnot jugeant que la meilleure des armes pour la défense rapprochée, est la grenade, a imaginé un nouveau moyen de la lancer. Il a fait monter sur un petit mortier à grenade une platine de fusil d'infanterie, et une espèce de fût avec un crochet qui empêche le recul, de manière qu'un homme peut trèsaisément charger un petit mortier, le pointer et le tirer seul comme un mousquet. Cette arme porte fort loin: l'essai en a été fait au Champ-de-Mars. Avec une simple cartouche ordinaire de fusil, elle porte la grenade jusqu'à trois cents pas, passant par-dessus les arbres.

Un autre Mémoire additionnel contient diverses données et plusieurs résultats d'expériences nécessaires pour la direction et l'exécution des travaux relatifs à la guerre offensive et défensive. Ce Mémoire sera très-utile aux militaires de toute arme.

Traité élémentaire des Machines, suivi d'un Rapport de M. Carnot, membre de l'Institut; I vol. in-4°., 28 pl. in-fol. par M. HACHETTE, Instituteur de l'Ecole Polytechnique; ouvrage dédié à M. le sénateur Monge.

Projet d'Hôpital pour quinze cents Malades. Par M. ROHAULT, ancien Elève de l'Ecole Polytechnique.

Depuis long-temps on fait des vœux pour que l'Hôtel-Dieu de Paris soit remplacé par un hospice plus vaste et mieux situé. Le projet de M. Rohault a déjà obtenu les suffrages des ingénieurs et des architectes les plus éclairés.

Thèse de Mécanique ( la première qui ait été soutenue devant la Faculté des Sciences de Paris), par M. BOURDON, ancien Elève de l'Ecole Polytechnique, Docteur-és-Sciences, et Professeur de Mathématiques au Lycée Charlemagne. Brochure in-4°. ; avril 1811.

Cette thèse, que M. Bourdon a dédiée à son ami et ancien condisciple S. D. Poisson, est divisée en deux parties; dans la première, il a exposé la théorie des axes principaux des corps solides, par une méthode semblable à celle qu'il a suivie pour la détermination des axes principaux d'une surface du second degré (voyez pag. 189); la seconde partie renferme la théorie du mouvement d'un corps solide autour d'un point fixe.

Considérations générales sur l'application de la Chimie aux diverses branches de la Médecine.

Tel est le titre d'une Thèse présentée et soutenue à la Faculté de Médecine de Paris, le 18 avril 1811, par M. A. J. DE LENS, de Paris, Docteur en Médecine.

Cet ouvrage est divisé en sept articles, qui comprennent les applications de la Chimie à l'Art de l'Anatomiste, à la Physiologie, à l'Hygiène, à la Pathologie, à la Pharmacie, à la Matière médicale, à la Thérapeutique, à la Médecine légale et à la Médecine pratique : chacun de ces articles offre des subdivisions relatives au sujet qui y est traité.

L'auteur de cette Thèse, dont le père jouit de l'estime due à de longs et utiles services dans l'administration de l'Ecole Polytechnique, a fait ses premières études de chimie dans cette école; M. Guyton-Morveau, à qui l'on doit l'heureuse application de la chimie à la désinfection de l'air, a adressé au père de ce jeune médecin des complimens sur le jugement et l'érudition qu'il a remarqués dans cette première production de son fils, et sur la manière brillante avec laquelle il débute dans la carrière.

§. IV.

PERSONNEL.

Nomination à des places dans l'Ecole.

M. Morlet (Marie-Pierre-Hippolyte), capitaine du génie, ex-élève de l'Ecole Polytechnique, a été nommé par S. Ex. le

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