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platine incandescent, ne permettroient pas qu'aucune partie d'eau pût échapper à l'action du sel, sur-tout avec la précaution d'y entretenir la température de la glace fondante.

M. Van-Marum employoit, à l'exemple de Saussure, la potasse fondue au creuset; nous avons donné la préférence au muriate de chaux, non que nous lui attribuions la propriété d'attirer plus puissamment l'humidité, mais parce que la potasse passant beaucoup plus promptement à un état pâteux, qui dispose les angles des fragmens à se réunir, ne pouvoit servir que dans des conduits placés horizontalement; en observant encore de pratiquer l'entrée et la sortie du gaz dans la partie supérieure; et que l'agglutination de ces mêmes fragmens au fond de nos tubes circulaires, auxquels nous accordions le plus de confiance, auroit suffi pour intercepter la communication. Il n'est pas besoin de dire que nous n'avions pas le choix dans ces derniers, où la potasse auroit pris le gaz acide carbonique qu'il s'agissoit principalement de recueillir et de mesurer.

Quoique la propriété du muriate de chaux poussé à fusion sèche, d'attirer l'humidité de l'air, soit bien connue, nous n'avons pas négligé de nous assurer, par des essais, de la puissance de celui que nous avions préparé.

Sous une cloche de verre contenant cinq décimètres cubes d'air, placée sur le mercure, on a introduit l'hygromètre pour les gaz, dont j'ai donné la description (1), chargé de 13.325 grammes de muriate de chaux en morceaux. Le godet qui le contenoit, retiré et pesé le 6o. jour, avoit reçu une augmentation de poids de 92 milligrammes, ou de 18.4 par décimètre cube d'air.

Le godet replacé sur-le-champ sous la cloche, on y fit passer à travers le mercure, une petite fiole contenant 120 milligrammes d'eau distillée. Deux jours après, il ne restoit plus d'eau dans la fiole, et le muriate de chaux avoit acquis une nouvelle augmentation de poids de 195 milligrammes, c'est-à-dire 75 de plus que le poids de l'eau.

On a reporté successivement sous la même cloche 25 décigrammes d'eau, observant à chaque fois de prendre l'augmentation de poids du muriate de chaux et les quantités d'eau retrouvées dans la fiole, lorsqu'on n'avoit pas donné le temps pour l'évaporation totale; le résultat de l'expérience a été une absorp tion de 2.620 grammes de l'eau introduite, et une augmentation de poids du muriate de 2.871 grammes, y compris les 92 milligrammes fournis le premier jour par l'air de la cloche; les 159 milligrammes en sus étoient nécessairement le produit de l'humidité transmise par le mercure de la cuve, pendant la durée de l'ex

(1) Annales de Chimie, octobre 1808.

périence, quoique la cloche y fût enfoncée à plus d'un centimètre au-dessous du niveau. Le muriate de chaux seulement blanchi et un peu gonflé à sa surface, laissoit encore des interstices suffisans pour la circulation de l'air.

On verra que chacun de nos tubes demi-circulaires pouvoit tenir de 11 à 12 grammes du même sel; de sorte qu'en suivant les mêmes proportions, ils devoient absorber 4.74 grammes d'eau. avant que la surface des fragmens devînt assez liquide pour en opérer la réunion, ce qui donne une puissance attractive bien supérieure à celle dont nous avions besoin; mais cet excès nous garantissoit la rapidité de l'absorption, qui, comme tous les effets de l'affinité, depend du contact des élémens qu'il s'agit de combiner.

Après cela, il ne nous étoit plus possible de douter que l'augmentation de poids de ces tubes desséchans ne représentât exactement toute la quantité d'eau qui auroit été introduite dans l'appareil, ou qui s'y seroit formée pendant l'opération. C'est pour que l'on puisse avec connoissance en porter le même jugement, que j'ai cru devoir rendre un compte aussi détaillé des moyens que nous avons pris pour atteindre ce but.

Le gaz oxigène que nous avons employé a toujours été tiré immédiatement avant l'expérience, du muriate sar-oxigéné de potasse

On a fait bouillir le mercure avant que d'en remplir les gazo

mètres.

Enfin les volumes des fluides aériformes n'ont été déterminés que d'après les corrections qu'exigeoient la température et la pression.

Ces précautions indiquées une fois pour toutes, M. Guyton passe aux expériences faites avec l'appareil qu'il a décrit ; es après avoir exposé les faits tels qu'on les a observés, il en tire la conclusion suivante:

CONCLUSION.

Il n'est plus possible d'admettre dans la composition du diamant un tiers ou même un quart de son poids d'hydrogène. Les expériences dont nous venons d'exposer les procédés et les résultats, nous paroissent fournir à ce sujet des preuves plus directes que celles que MM. Davy, Allen et Pepys opposoient déjà à cette théorie, et qui faisoient dire à M. Hauy, « que leurs resul>>tats s'accordoient à infirmer l'opinion que l'hydrogène fut la » cause de la grande puissance réfractive du diamant; opinion » dont la vraisemblance étoit fondée sur les applications aussi >> exactes qu'ingénieuses que MM. Biot et Arago avoient faites

» des lois de la lumière à l'analyse de plusieurs corps natu» rels (1). "

Il n'y a même jusqu'à présent aucune probabilité de l'existence d'une proportion quelconque de ce principe, dans le diamant (si ce n'est peut-être ceite infiniment petite quantité d'eau de cristallisation dont j'ai parlé ). L'hydrogène n'est pas plus partie constituante essentielle de la plombagine et du charbon.

Il ne l'est point de la plombagine : des essais de la plombagine de Cornouailles, répétés avec la plus rigoureuse précision par M.Th. de Saussure, l'ont conduit à ce résultat; elle ne fournit, en brûlant, ni eau ni gaz hydrogène (2).

Il ne l'est pas dans le charbon, puisque, suivant les expériences de MM. Gay-Lussac et Thénard, une fois que le gaz muriatique oxigéné lui a enlevé la dernière portion qu'il retient, même après une forte calcination, il reste sans action à la plus haute température pour en opérer la décomposition (3).

Si l'on ne trouve pas dans nos expériences la confirmation des différentes quantités d'oxigène que prennent en brûlant le dia. mant et le charbon, telles que je les avois déterminées d'après la grande expérience faite en 1798, au foyer de la lentille de Tschirnavsen (4), il s'en faut beaucoup qu'elles autorisent à conclure l'identité absolue de ces deux substances, ou même qu'elles laissent entrevoir la possibilité de donner une solution plus satisfaisante de ce problême, justement regardé par M. Hauy, comme « l'un des plus propres à piquer la curiosité, ayant pour but de » démontrer jusqu'où s'étend l'analogie de nature entre deux ❝ corps, que le contraste de leurs propriétés physiques tendroft » plutôt à faire regarder comme les extrêmes d'une série (5). »

C'est sans doute l'évidence de ce contraste qui a porté M. Davy à admettre dans le diamant une composition chimique différente, à raison de la présence d'une infiniment petite quantité d'oxigène, mais cette opinion, qu'il n'a pu fonder que sur sa propriété idio-électique, est inconciliable, non-seulement avec ses caractères les plus marqués, mais sur-tout avec ce principe si généralement reconnu, que l'aggrégation rompue par un commencement d'union rend la saturation plus facile et plus prompte; de sorte que la résistance du diamant à l'oxigénation devroit être moindre que celle du charbon.

Ce savant physicien est plus près de la vérité, lorsqu'il recon

(1) Tableau comparatif des résultats de la cristallisation et de l'analyse chimique. Note 102, pag. 235.

(2) Annales de Chimie, tom. LXXI, pag. 290.

(3) Recherches physico-chimiques, etc., tom. II, noo. 330 et 333. (4) Annales de Chimie, tom. XXXI, pag. 72.

(5) Tableau comparatif, etc., note 102.

noît qu'une petite différence dans la composition chimique des corps en produit une très-grande dans leurs qualités extérieures et physiques (1). Il semble en préparer lui-même l'application à la résolution de la question, lorsqu'il adopte la conclusion de MM. Allen et Pepys, que la ploinbagine, le charbon et le diamant consument en se brûlant, à peu de chose près, la même quantité d'oxigène.

Il est donc vrai que l'on n'est pas encore parvenu à déterminer rigoureusement les quantités d'oxigène que ces corps exigént pour leur combustion, et que l'on peut encore demander si dans celle du charbon, on ne feroit réellement que compléter ce qui lui manque pour le porter à l'état d'acide.

Rien ne peut mieux éclaircir la question, que le rapprochement des nombreuses observations qui établissent à-la-fois, et des caractères si tranchans entre le diamant et le charbon, même réduit à ses élémens essentiels, et les indices si puissans d'un commencement d'oxidation du carbone dans le dernier. On n'hésitera pas sans doute d'admettre dans cette série les disproportions aussi énormes de densité, de dureté, de transparence, d'inflammabilité, le lustre que prend le charbon privé d'eau et d'hydrogène; la résistance à l'inflammation qui s'accroit en proportion de ce changement; l'état dans lequel se montre constamment le diamant par la première impression de l'oxigène, déterminée par l'élévation de température, état dans lequel il manifeste si sensiblement la forme, la couleur, la foible aggrégation, le peu de densité du charbon (2).

Ces fails sont désormais à l'abri de toute contradiction, et ils ne peuvent ni se concilier ni recevoir d'explication plausible, qu'en admettant dans le charbon une partie quelconque d'oxigène, qui le constitue protoxide du diamant.

(1) Voyez Bibliothèque britannique, tom. XLII, pag. 123; et Annales de Chimie, tom. LXXIII, pag. 16.

En partant de ce principe, on pourroit être tenté de croire que le peu de matière étrangère que le charbon laisse en brûlant, suffit pour constituer le pur carbone dans un état de composition, dont le charbon reçoit ses caractères distinctifs; mais le charbon qui se montre au premier instant de la combustion du diamant, celui que donnent les matières animales, celui qu'on retire de l'acier, de la fonte, des carbures, etc., etc., démontrent son existence indépendamment de son union avec les matières qu'on en sépare par l'incinération.

(2) On peut appuyer les conséquences de ces rapprochemens par les résultats des curieuses expériences de M. Davy, qui l'ont mis à portée d'observer que le charbon soumis à l'appareil voltaïque devient dur, et prend le lustre de la plombagine...; que le diamant traité avec le potassium, noircit; qu'ik s'en détache des écailles qui, vues au microscope, paroissent grises extérieurement et présentent intérieurement là couleur de la plombagine, etc.

Analyse (1) d'un Mémoire sur la Distribution de l'Electricité à la surface des Corps conducteurs ;

Par M. POISSON.

La théorie de l'électricité la plus généralement admise est celle qui attribue tous les phénomènes à deux fluides différens, répandus dans tous les corps de la nature. On suppose que les molécules d'un même fluide se repoussent mutuellement, et qu'elles attirent les molécules de l'autre : ces forces d'attraction et de répulsion suivent la raison inverse du quarré des distances; à la même distance, le pouvoir attractif est égal au pouvoir répulsif, d'où il résulte que, quand toutes les parties d'un corps renferment une égale quantité de l'un et de l'autre fluide, ceux-ci n'exercent aucune action sur les fluides contenus dans les corps environnans, et il ne se manifeste par conséquent aucun signe d'electricité. Cette distribution égale et uniforme des deux fluides est ce qu'on appelle leur état naturel; dès que cet état est troublé par une cause quelconque, le corps dans lequel cela arrive est électrisé, et les différens phénomènes de l'électricité commencent à se produire.

Tous les corps de la nature ne se comportent pas de la même manière par rapport au fluide électrique: les uns, comme les métaux, ne paroissent exercer sur lui aucune espèce d'action; ils lui permettent de se mouvoir librement dans leur intérieur et de les traverser dans tous les sens pour cette raison on les nomme corps conducteurs. D'autres, au contraire, l'air très-sec, par exemple, s'opposent au passage du fluide électrique dans leur intérieur, de sorte qu'ils servent à empêcher le fluide accumulé dans les corps conducteurs de se dissiper dans l'espace. Les phénomènes que présentent les corps conducteurs électrisés, soit quand on les considère isolément, soit lorsqu'on en rapproché plusieurs les uns des autres, pour les soumettre à leur influence mutuelle, sont l'objet de ce Mémoire, dans lequel

(1) Cet article précède le mémoire que M. Poisson a la les 9 mai et 12 août 1812, à la Classe de l'Institut, dont il est membre. Il a déjà paru dans plusieurs ouvrages périodiques; néanmoins, j'ai cru devoir l'insérer dans cette feuille, spécialement destinée à une école, où l'on enseigne l'application de l'analyse aux questions de physique, dont la solution dépend des lois générales de la mécanique.

H. C.

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