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le 30 mai 1814, ainsi que les stipulations arrêtées et signées au Congrès de Vienne dans le but de compléter les dispositions de ce traité, de les garantir contre toute atteinte, et particulièrement contre les desseins de Napoléon Bonaparte. » A cet effet, elles s'engagent à diriger, si le cas l'exigeait, et dans le sens de la déclaration du 13 mars dernier, de concert et de commun accord, tous leurs efforts contre lui et contre tous ceux qui se seraient déjà ralliés à sa faction, ou s'y réuniraient dans la suite, afin de le forcer à se désister de ses projets, et de le mettre hors d'état de troubler à l'avenir la tranquillité et la paix générale, sous la protection de laquelle les droits, la liberté et l'indépendance des nations venaient d'être placés et assurés.

(1) 2. Quoiqu'un but aussi grand et aussi bienfaisant ne permette pas qu'on mesure les moyens destinés pour l'atteindre, et que les hautes parties contractantes soient résolues d'y consacrer tous ceux dont, d'après leur situation respective, elles peuvent disposer, elles sont néanmoins convenues de tenir constamment en campagne chacune cent cinquante mille hommes au complet, y compris pour le moins la proportion d'un dixième de cavalerie, et une juste proportion d'artillerie, sans compter les garnisons, et de les employer activement et de concert contre l'ennemi com

mun.

(2)- 3. Les hautes parties contractantes s'engagent réci

réfléchie que de faire sortir d'un acte essentiellement défensif le texte de la nécessité d'une agression. La dernière partie de l'article, en rappelant la déclaration du 13 mars, en reproduit le langage. Selon cette grammaire nouvelle, la France est à Gand, et les vingt-huit millions d'habitans qui couvrent le sol français sont une faction! Que répondre à de pareils argumens? >>

(1)« Il y a ici une distinction à faire, et, cette distinction admise, toutes les opinions seront d'accord. Si, comme on cherche à le faire croire, l'empereur Napoléon voulait bouleverser le monde, le but de la ligue que l'on forme contre lui serait grand et bienfaisant; tous les efforts pour le repousser seraient légitimes: mais si, comme il en donne l'assurance solennelle, il n'a d'autre désir que de conserver la paix ; si la France, comme lui, ne peut avoir d'autre intérêt ni d'autre vœu, il faut supposer aux armemens des puissances un but moins grand, moins bienfaisant que celui qu'on leur prête, puisqu'il n'y aurait ni grandeur ni bienfaisance à conspirer l'asservissement ou le démembrement d'une nation dont l'immobilité ne fournit aucun prétexte aux immenses préparatifs dirigés contre elle. »

(2) « Enfin voilà de la franchise! Les puissances contractantes pouvalent s'abstenir d'entortiller leurs intentions dans les deux premiers articles pour les mettre à nu dans le troisième. De toutes manières, co

proquement à ne poser les armes que d'un commun accord, et avant que l'objet de la guerre, désigné dans l'article 1er du présent traité, n'ait été atteint, et tant que Bonaparte ne sera pas mis absolument hors de possibilité d'exciter des troubles et de renouveler ses tentatives pour s'emparer du pouvoir suprême en France.

(1)». Le présent traité étant principalement applicable aux circonstances présentes, les stipulations du traité de Chaumont, et nommément celles contenues dans l'article 16, auront de nouveau toute leur force et vigueur aussitôt que le but actuel aura été atteint.

>> 5. Tout ce qui est relatif au commandement des armées combinées, aux subsistances, etc., sera réglé par une convention particulière.

» 6. Les hautes parties contractantes auront la faculté d'accréditer respectivement, auprès des généraux commandant leurs armées, des officiers qui auront la liberté de correspondre avec leurs gouvernemens pour les informer des événemens militaires et de tout ce qui est relatif aux opé

rations des armées.

(2) -7. Les engagemens stipulés par le présent traité ayant pour but le maintien de la paix générale, les hautes parties contractantes conviennent entre elles d'inviter toutes les puissances de l'Europe à y accéder.

(3) -»8. Le présent traité étant uniquement dirigé dans

troisième article arrive trop tard. La prétention des alliés est d'empêcher P'empereur Napoléon de s'emparer en France du pouvoir suprême. Même en adoptant leur logique dans toute sa plénitude, l'acte est incomplet; il manque ici une clause de prévoyance: il fallait prévoir le cas où ce qu'elles veulent prévenir serait déjà consommé, il fallait raisonner dans cette supposition. A la vérité, la supposition eût été inexacte, et les faits en ont déjà fourni la preuve. Il est une autre chance à laquelle on n'a pas songé ; c'était celle où, par un mouvement universel de la population française, le pouvoir suprême se retrouverait tout d'un coup entre les mains de l'empereur. C'est précisément ce qui est arrivé. S'il est bien démontré qu'il est impossible qu'un seul homme ait conquis une grande nation, il faut bien convenir que c'est cette grande nation qui a reconquis son défenseur et son souverain. » (1) « Renvoyer l'exécution de quelques clauses jusqu'après le moment où le but de la convention aura été atteint, ressemble beaucoup à un ajournement indéfini. »

(2) « Si on ne se propose en effet que le maintien de la paix générale, l'empereur est la première partie contractante de la présente convention; il avait accédé au traité avant qu'il existât. »

(3) << Les puissances contractantes semblent, à chaque article du traité, avoir besoin d'en expliquer encore une fois le but; mais la

le but de soutenir la France ou tout autre pays envahi contre les entreprises de Bonaparte et de ses adhérens, S. M. très chrétienne sera spécialement invitée à donner son adhésion et à faire connaître, dans le cas où elle devrait requérir les forces stipulées dans l'article 2, quels secours les circonstances lui permettront d'apporter à l'objet du présent traité. »9. Le présent traité sera ratifié, etc. »

CONVENTION additionnelle au traité du 25 mars 1815, conclue à Vienne le 30 avril suivant.

« S. M. britannique s'engage à fournir un subside de cinq millions sterling pour le service de l'année finissant au 1o avril 1816, pour être divisé en égales proportions entre les trois puissances, savoir, entre S. M. le roi de Prusse, S. M. l'empereur d'Autriche, roi de Bohême et de Hongrie, et S. M. l'empereur de toutes les Russies.

dernière explication embrouille de nouveau ce qui avait paru éclairci dans un article intermédiaire. Ce but est, dit-on encore, de soutenir la France ou tout autre pays envahi contre les entreprises de Bonaparte et de ses adhérens. Il est question ici de deux choses, de la France ou de tout autre pays envahi. Pour la France d'abord, l'allégation d'envahissement n'est-elle pas dérisoire? Peut-on qualifier du titre d'envahissement une réunion volontaire qui suit une séparation forcée? Soutenir la France contre les adhérens de Bonaparte!... Ces adhérens qui sont-ils ? La France elle-même. C'est donc soutenir la France contre la France. La France rend grâce à cet excès de zèle dont elle n'a pas besoin, et ne veut à aucun prix d'un soutien étranger. On est prêt de même à soutenir tout autre pays envahi... La question est différente; mais quels pays sont menacés d'un envahissement, si ce n'est cette même France, paisible, occupée de ses lois intérieures, les discutant avec son souverain, et qui n'est troublée dans son repos domestique que par le bruit d'une attaque qui la menace sous le nom de secours, par les éclats avant-coureurs d'une guerre qu'on lui apporte sous le titre de protection et d'amitié?

» Le prétendant est invité à donner son adhésion à l'accord du 25 mars. Nous aimons à croire que ce prince, s'il n'était dominé par sa famille et par ses entours, ne pourrait jamais entrer dans un arrangement dont le résultat, s'il était heureux, serait la ruine de la France. Mais si, cédant à la fatalité qui a précipité la seconde et dernière chute de sa maison, il mêle son étendard à des étendards ennemis, ce n'est pas le moyen d'accélérer son retour sur notre territoire; c'est montrer encore à la nation effrayée la chimère de la possession de droit divin, une légalité insultante, et le sceptre odieux de la féodalité. Vingt-cinq années n'avaient pu dégager la famille des Bourbons de cet horrible cortége. Leur destinée est de vivre et de s'éteindre ensemble, loin du sol régénéré de l'Empire français. »

» Le subside stipulé ci-dessus de cinq millions sterling sera payé à Londres, par appoints, par mois, et en égale proportion aux ministres des puissances respectives, duement autorisés à recevoir lesdites sommes. Le premier paiement sera dû à dater du premier mai prochain, et il devra avoir lieu immédiatement après l'échange des ratifications de la présente convention additionnelle. Dans le cas où la paix aurait lieu, et serait signée entre les puissances alliées et la France avant l'expiration de la susdite année, le subside, calculé sur l'échelle de cinq millions sterling, sera payé à la fin du mois dans lequel le traité définitif aura été signé ; et S. M. britannique promet de plus de payer à la Russie quatre mois, et à l'Autriche, ainsi qu'à la Prusse, deux mois en sus du subside stipulé, pour couvrir les frais du retour de leurs troupes dans leurs propres frontières.

» La présente convention additionnelle aura la même force et le même effet que si elle était insérée mot pour mot dans le traité du 25 mars.

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En foi de quoi, etc. »

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« Il a été ordonné de ratifier le traité dont la substance a été donnée ci-dessus, et il a été notifié, de la part du prince régent aux hautes parties contractantes, que telle était la volonté de Son Altesse Royale, agissant pour et au nom de Sa Majesté, que lesdites ratifications soient échangées en due forme contre les actes semblables de la part des puissances respectives, sous une déclaration explicative de la teneur suivante, quant à l'article 8 dudit traité :

Déclaration. « Le soussigné, en échangeant les ratifications du traité du 25 mars dernier de la part de sa cour en a reçu l'ordre de déclarer que l'article 8 dudit traité, par lequel S. M. T. C. est invitée à y accéder sous certaines stipulations, doit être entendu comme liant les parties contractantes sous des principes de sécurité mutuelle, à un commun effort contre la puissance de Napoléon Bonaparte, en exécution de l'article 3 dudit traité; mais qu'il ne doit pas être entendu comme obligeant S. M. B. à poursuivre la guerre dans la vue d'imposer à la France aucun gouvernement particulier. Quelque sollicitudeq ue le prince régent doive apporter à voir S. M. T. C. rendue au trône, et quelque 'désir qu'il ait de contribuer, conjointement avec ses alliés, à un événement

aussi heureux, il se croit néanmoins appelé à faire cette déclaration au moment de l'échange des ratifications, tant par considération de ce qui est dû aux intérêts de S. M. T. C. en France, que conformément aux principes sur lesquels le gouvernement anglais a réglé invariablement sa conduite. Signé le vicomte de CASTLEREAGH. »

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AUTRICHE. Acte par lequel cette puissance adhère à l'interprétation donnée par le gouvernement anglais au huitième article du traité du 25 mars. (1)

« Le soussigné, ministre d'état et des affaires étrangères de S. M. l'empereur d'Autriche, ayant informé son auguste maître des communications à lui faites par lord Castlereagh concernant le huitième article du traité du 25 mars dernier, a reçu l'ordre de S. M. de déclarer que l'interprétation donnée à cet article par le gouvernement britannique est entièrement conforme aux principes sur lesquels S. M. I. se propose de régler sa politique dans le cours de la guerre actuelle.

» L'empereur, quoique irrévocablement résolu à diriger tous ses efforts contre l'usurpation de Napoléon Bonaparte, ainsi que cet objet a été exprimé dans le troisième article dudit traité, et à agir avec ses alliés dans le plus parfait concert, est néanmoins convaincu que le devoir qui lui est imposé par l'intérêt de ses sujets et par ses propres principes ne lui permettra pas de poursuivre la guerre pour imposer à la France un gouvernement quelconque.

>>

Quel que soit le vœu que forme S. M. l'empereur pour voir replacer sur le trône S. M. T. C., et quel que soit son constant désir de contribuer conjointement avec ses alliés à atteindre un but aussi désirable, S. M. a cru juste de répondre par cet éclaircissement à la déclaration que S. E. lord Castlereagh a remise lors de l'échange des ratifications du traité, laquelle déclaration le soussigné est pleinement autorisé à accepter.

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Vienne, le 9 mai 1815. Signé Metternich. »

(1) La Russie et la Prusse ont donné la même adhésion.

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