Page images
PDF
EPUB

qu'en 1815, lorsque l'Anglais s'est présenté devant la ville, se disant encore allié, et s'offrant comme libérateur, on lui a répondu à coups de canon. Parlà les Toulonnais ont reconquis leur honneur. Qu'on ne vienne pas demander pour eux une autre réparation à la Cour d'assises.

Que leur noble cité s'honore constamment de son attachement pour son roi rien de plus légitime. Mais qu'elle ne se prenne pas d'orgueil au point de prétendre, aux dépens du reste de la France, qu'elle seule connut la fidélité, même en 1793; car personne au monde ne détruira la vérité de cette proposition, que, pour pouvoir se dire fidèle à la France, une ville française ne doit jamais se livrer à l'ennemi,

M. DE PRADT,

ANCIEN ARCHEVÊQUE DE MALINES.

ARRÊT DU 28 AOUT 1820.

M. DE PRADT, ancien archevêque de Malines, et l'un des écrivains politiques les plus féconds et les plus distingués, remarquable surtout par la hauteur de ses vues et d'importantes prévisions justifiées par la conformité des résultats, se vit traduit à la Cour d'assises, où il comparut le 28 août 1820, comme accusé :

1o D'avoir provoqué à la désobéissance aux lois; 2o commis le délit d'attaque formelle contre l'autorité constitutionnelle du Roi et des Chambres; 3° provoqué et excité à la guerre civile, en portant les citoyens à s'armer les uns contre les autres, ladite provocation (néanmoins) non suivie d'effet.

On lit dans l'introduction d'un volume in-8°, publié chez Béchet, et intitulé: Procès complet de M. de Pradt, que « des << ordres directs du ministère avaient mis en action les magis<< trats; que des mesures sévères avaient dû être proposées <«< contre l'auteur; que l'effet en avait été prévenu par les représentations des chefs du clergé....

[ocr errors]

>>

Quoi qu'il en soit, M. de Pradt ne fut pas constitué prisonnier; il parut librement devant la Cour, en costume ecclésiastique, ayant au cou le grand cordon de la légion d'honneur, et sur la poitrine la croix archiepiscopale.

On a remarqué, sinon comme un fait exprès, au moins comme une rencontre fâcheuse, que la cause de M. de Pradt, sérieuse par elle-même, et grave surtout par le caractère

dont l'accusé était revêtu, eût été précédée immédiatement par une affaire d'un genre bien différent, celle d'une fille publique appelée la Coquette, prévenue d'avoir proféré des cris séditieux dans un corps-de-garde.

M. l'archevêque de Malines dut se résigner, et se rappeler évangéliquement, que le divin Sauveur du monde avait souf. fert bien d'autres humiliations au jour de son jugement.

La censure existait alors. Et comme c'était une expérience faite à cette époque, que les journaux ouverts seulement à l'attaque, libres seulement pour l'accusation, étaient fermés à la défense; on eut soin de faire sténographier exactement les réquisitoires de M. l'avocat-genéral Vatisménil et la plaidoirie de Me Dupin; le tout parut peu de temps après, ainsi qu'on l'a vu plus haut, sous le titre de Procès complet de M. de Pradt.

On

y

trouve aussi le discours que M. de Pradt lut devant la Cour, immédiatement avant la plaidoirie de son avocat. La déclaration du jury fut négative sur tous les points. Cette cause présentait de grandes difficultés, accrues encore par le talent qu'a déployé dans l'accusation M. l'avocatgénéral Vatisménil. Chacun des deux antagonistes est revenų deux fois à la charge, et toujours avec verve et talent:

Et cantare pares et respondere parati.

PLAIDOYER

POUR

M. DE PRADT,

ANCIEN ARCHEVÊQUE DE MALINES.

MESSIEURS,

Si quelque chose était nécessaire pour attester le progrès de la philosophie moderne et des idées constitutionnelles, ce serait, assurément, la présence d'un archevêque en ces lieux.

Autrefois un pareil événement eût soulevé l'Église; Rome eût fait entendre ses foudres, et l'accusé luimême eût invoqué l'utile théorie des cas privilégiés, pour se soustraire au vulgaire empire du droit

commun.

I

C'est ainsi que naguères encore nous avons vu chez un gouvernement voisin, un évêque 1 décliner 1 M. de Broglie, évêque de Gand.

« PreviousContinue »