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les trois puissances prenaient hautement la défense des droits du roi de Hollande.

La démolition du royaume des Pays-Bas se fit pas à pas, méthodiquement.

On crut d'abord que la séparation administrative des deux parties suffirait pour conjurer l'orage. Puis on espéra faire reconnaître le second fils du roi de Hollande comme souverain de la Belgique; ce qui aurait été une espèce de paraphrase des traités de 1814. Mais les whigs venaient de rentrer au pouvoir; à côté de la conférence des cinq puissances, lord Palmerston fit un pacte particulier avec le prince de Talleyrand. C'était d'un seul coup faire l'abandon du système politique qui avait donné naissance au royaume des Pays-Bas. C'était se détacher, au profit de la révolution, de cette maison de Nassau avec laquelle l'Angleterre entretenait depuis plus d'un siècle et demi les relations les plus intimes de principes et d'intérêts.

Le roi de Hollande voulait la guerre; il avait raison de la vouloir. Mais une guerre générale était loin de sa pensée; il n'aurait sans doute pas voulu que sa cause en devînt le motif; il ne demandait que la liberté d'employer les puissants moyens qu'il avait rassemblés pour faire rentrer la Belgique sous son obéissance. C'était son droit : les trois puissances continentales lui en auraient laissé faire l'essai, si l'Angleterre avait pris la même décision; la France seule, dans la situation indécise dans laquelle la tenait encore la révolution de 1830, ne pouvait pas risquer de courir les chances d'une guerre contre la réunion expectante des qua

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tre puissances. Malgré les différences de sentiments, de mœurs et d'opinions, qui avaient amené la rupture, malgré les torts qu'on avait eus des deux côtés, l'esprit dominant du siècle qui est celui du commerce et de l'industrie, déjà si développé dans tout le royaume, aurait fini par rapprocher d'une manière plus durable les deux partis, si on les eût laissés vider leur querelle sans intervention.

Le danger d'une guerre générale n'était nullement dans la question hollando-belge. Il n'a existé que par l'alliance que fit alors l'Angleterre avec la France.

Il n'y a certainement dans les fastes de la diplomatie rien d'aussi remarquable que le changement qui s'opéra dans la position des puissances prenant parti pour la Belgique contre le roi de Hollande. Ce n'était pas le parti des anciens Belges que l'on prenait, ni celui de l'aristocratie, ni celui de l'Église, mais le parti de la faction révolutionnaire, fille de celle de la France de 1830.

Le besoin de conserver la paix générale imposait ce sacrifice aux trois puissances. La France restait fidèle à la politique qui alors lui était naturelle; mais comment expliquer la conduite de l'Angleterre, elle que rien ne menaçait? Y avait-il en Belgique quelque chose d'assez puissant, d'assez irrésistible pour la lui imposer? Quelles raisons pouvait-elle avoir de prendre la révolution belge sous sa protection particulière?

Son intervention directe amena la convention signée devant Louvain le 13 août 1831, entre le prince d'Orange et le maréchal Gérard, en vertu

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La diplomatie de la Conférence s'agitait à la surface des événements dans le but de concilier, de rapprocher les intérêts opposés ; ce n'était déjà plus pour elle une question de principes; c'était la paix, mais cependant la paix en diminuant le plus que possible les sacrifices qu'on exigeait du roi de Hollande.

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le Rhin, la Meuse, l'Escaut; c'était Ostende, and, Anvers, Amsterdam et Rotterdam; c'était de l'industrie, du commerce et la mer. C'étaient des débouchés dont l'Allemagne ne peut pas se passer, et que la Hollande lui fermait, quoique ce royaume ne pût lutter contre personne sans le secours de l'Allemagne. La séparation du royaume en deux parties donnait à l'Allemagne l'espoir que la liberté de la navigation de l'Escaut, qui en devenait une des conditions, lui assurerait un des avantages que la Hollande lui avait refusés.

L'opinion publique en Allemagne resta passive de fait; c'était dans la nature de sa forme politique; mais ses vœux paraissaient se prononcer en faveur de la Belgique.

Quant à la France, M. de Talleyrand eut la sin

de laquelle les deux armées évacuèrent la Belgique; car une armée française y était entrée en même temps que l'armée hollandaise.

Ce fut donc l'armée française et une flotte anglaise entrée dans les eaux de l'Escaut, qui empêchèrent que les Belges ne retombassent sous la domination de la Hollande. La Belgique n'avait encore organisé aucun moyen de défense.

Pourquoi donc l'Angleterre a-t-elle apporté cet empêchement? D'où lui venait ce respect pour cette manifestation de la volonté populaire en Belgique, tandis qu'elle ne montrait pas ce même respect sur plusieurs autres points?

Vint plus tard le siége d'Anvers, convenu d'avance entre la France et l'Angleterre. Cette expédition avait pour objet spécial d'assurer la liberté de la navigation de l'Escaut. La décadence des florissantes manufactures de Gand ne tarda pas à montrer à qui elle devait profiter.

Mais un intérêt aussi minime pouvait-il motiver pour l'Angleterre un changement de système politique aussi complet, et la protection si directe, si agissante en faveur d'une révolution qui s'établissait comme succursale de celle de France?

La diplomatie de la Conférence s'agitait à la surface des événements dans le but de concilier, de rapprocher les intérêts opposés; ce n'était déjà plus pour elle une question de principes; c'était la paix, mais cependant la paix en diminuant le plus que possible les sacrifices qu'on exigeait du roi de Hollande.

Sans se séparer de la Conférence, l'Angleterre

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