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mêlant des agitations partielles aux agitations générales.

La Hollande ne peut vouloir de nouvelle union, elle se reconnaît dans l'impuissance d'absorber la Belgique; elle sait que la Belgique la rongerait lentement ellemême. La Hollande ne pourrait accepter l'union que sous une condition : c'est que la Belgique renoncerait à elle-même, en perdant le souvenir du passé, l'espoir de l'avenir. Condition impossible, car attachée à la Hollande, la Belgique ne serait point morte; foulée aux pieds, le cœur lui battrait encore; elle ne tarderait pas à vivre de nouveau de sa vie propre. Elle résisterait à toute absorption; et si elle consentait à ne pas triompher physiquement de la Hollande, ce serait pour en faire insensiblement la conquête morale. Initiée à la civilisation de l'Europe méridionale, la Belgique y initierait à son tour la Hollande; elle commencerait ce travail d'assimilation en détachant de la Hollande le Brabant septentrional. Par la supériorité numérique et l'activité sociale, elle forcerait graduellement la nationalité hollandaise à se replier sur elle-même et à s'annihiler. Ce n'est pas d'ailleurs que cette nationalité se présente de nos jours bien imposante; née des troubles du xvIe siècle, c'est une des nationalités les plus jeunes de l'Europe; et si la Belgique moderne avait besoin d'invoquer l'autorité du passé, elle trouverait les éléments d'une nationalité dans des temps bien reculés; elle pourrait revendiquer comme base de sa nationalité d'aujourd'hui cette nationalité flamande si forte, si complète, pendant les trois siècles qui ont précédé le xvre, alors que la Hollande était encore sans nom. La Hollande est plus jeune

que la Flandre, et Amsterdam a succédé à Bruges; la nationalité hollandaise s'est établie sur les ruines de la nationalité flamande, ruines glorieuses, qui subsistent encore, qui se relèveront pour peu que nous veuillions déblayer le terrain et sur lesquelles nous pouvons bâtir à notre tour, sans nous interdire l'emploi des matériaux que nous offrent les temps modernes.

FIN

DOCUMENTS POLITIQUES

I

CESSATION DES HOSTILITÉS.

Suspension d'armes entre la Belgique et la Hollande, le 21 novembre 1830, sous la garantie de la Conférence de Londres.

Acte du gouvernement belge du 10 novembre 1830 1.

LE GOUVERNEMENT PROVISOIRE DE LA BELGIQUE:

COMITÉ CENTRAL.

Le gouvernement provisoire de la Belgique a eu l'honneur de recevoir le protocole de la conférence tenue au Foreign-Office, le 4 novembre 1830, et signé Esterhazy, Talleyrand, Aberdeen, Bülow, et Matuszewic, en qualité de plénipotentiaires respectifs de l'Autriche, de la France, de la Grande-Bretagne, de la Prusse et de la Russie. Les membres du gouvernement provisoire se plaisent à croire que des sentiments de sympathie bien naturels pour les souffrances de la Belgique ont déterminé la mission toute philanthropique dont les plénipotentiaires des cinq grandes puissances se trouvent chargés. Plein de cet espoir, le gouvernement provisoire, voulant d'ailleurs concilier l'indépendance du peuple belge avec le respect pour les droits de l'humanité, remercie les cinq puissances de l'initiative qu'elles ont prise pour arrêter l'effusion du sang, par une entière cessation des hostilités qui existent entre la Belgique et la Hollande.

(Signe) De Potter, Ch. Rogier, comte F. de Mérode, A. Gendebien, Jolly, Vanderlinden, F. de Coppin. Voyez t. I, p. 140..

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