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DE FRANCE.

SUITE DE LA TROISIÈME RACE.

LOUIS XVI.

EN succédant à son aïeul, Louis XVI vit

1774.

Maurepas

toute l'étendue des obligations que le trône Le comte de lui imposait; effrayé du fardeau de la cou- principal ronne, il appela aussitôt auprès de lui le ministre. comte de Maurepas, ancien ministre, exilé de la cour, en 1749, pour quelques vers satiriques qu'il avait faits contre la marquise de Pompadour. La lettre que le jeune monarque lui écrivit à cette occasion fait trop d'honneur à son cœur pour ne pas la rapporter; elle était cinsi conçue : « Dans la juste dou<«<leur qui m'accable, et que je partage avec << tout le royaume, j'ai de grands devoirs à remplir. Je suis roi, et ce titre renferme de Tome XII.

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I

Édit

portant remise

joyeux

avénement.

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grandes obligations; mais je n'ai que vingt << ans, et je n'ai pas toutes les connaissances qui me sont nécessaires. La certitude que j'ai de votre probité et de votre intelligence profonde dans les affaires, m'engage à vous prier de m'aider de vos conseils. Venez donc « le plus tôt possible voir votre roi et votre «< ami. » Ce fut d'après cette invitation que le comte de Maurepas prit séance au conseil en qualité de ministre d'état.

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Les finances de la France et ses ressources étaient épuisées, les dettes accumulées, les du droit de rentiers incertains de leur existence, et chaque jour plus alarmés sur le sort de leurs capitaux. Le premier acte de la puissance du nouveau roi est la ratification des engagemens de ses prédécesseurs; la première fois qu'il parla aux Français, fut pour les décharger d'un impôt ou tribut qu'ils lui devaient pour son avénement à la couronne, pour prendre sur lui la longue dette de ses pères, pour annoncer qu'aucun sacrifice ne lui coútera, dès qu'il pourra tourner au soulagement du peuple.

Organisa

ministère.

Après avoir purgé la cour des sybarites et tion du des femmes sans mœurs qui la déshonoraient, Louis XVI s'occupa du ministère le comte de Muy eut le département de la guerre; le comte de Vergennes, celui des affaires étrangères; Sartine, celui de la marine, et Turgot,

celui des finances. Lorsque ce dernier, en sa
qualité de contrôleur-général, prêta serment
à la chambre des comptes, Nicolaï, premier
président, lui adressa un discours dont voici
quelques traits : « Balancer les dépenses et
« les recettes, annoncer des vues, se servir de
<< moyens faciles et simples dans toutes les
« opérations; .... n'avoir d'autre base que la
<< bienfaisance, la justice et l'économie ; . . . .
« voilà, monsieur, ce que l'on espère de votre
<«< administration;..... diminuer les impôts,
<< respecter nos propriétés, maintenir inviola-
«<blement les engagemens du prince avec ses
" sujets;.
telle est la mesure des obliga-
«<tions que vous allez remplir; telle est la
<< dette sacrée du ministre des finances. >>

Édit

la liberté du

des farines

dans

l'intérieur.

Bientôt, sous les auspices de Turgot, l'agriculture fut protégée; alors parut cet édit concernant mémorable, qui, fixant les principes sur la li- commerce berté du commerce des grains, et affranchis- des grains et sant leur circulation intérieure, tendait à rendre la denrée plus abondante, et la subsistance plus facile; on vit s'établir entre les provinces un échange qui rendait les richesses communes et faisait mettre un prix à des travaux trop négligés, malgré leur importance. L'ancienne magistrature était dans l'exil depuis 1771; la nation désirait son retour. RétablisseAprès avoir retiré les sceaux au chancelier parlemens.

ment des

1775.

Meaupou, pour les donner à Miroménil, premier président du parlement de Rouen, Louis XVI, interrogeant l'opinion publique, rétablit les tribunaux sur leurs anciens fondemens, rendit la vigueur aux lois, et la confiance à ceux qui en étaient les organes; en un mot, tous les parlemens rentrèrent successivement dans leurs fonctions.

Abolition des

des

entre les

des

Il subsistait dans la perception des impôts campagnes une mesure dont la rigueur contraintes était voisine de l'injustice et approchait de la solidaires cruauté. Si dans un village, quelque pauvre habitans habitant n'avait pu fournir sa contribution, campagnes, ou qu'un individu de mauvaise foi eût disparu pour sans y avoir satisfait, leurs portions étaient des impôts. reversées sur la communauté entière qui était solidairement contrainte. Une déclaration du roi abolit cette mesure odieuse et tyrannique, qui avait usurpé le nom sacré de loi.

le paiement

Émeute

à l'occasion

Cependant les opérations bienfaisantes du des grains. monarque, secondées par les vues du sage et incorruptible Turgot, alarmaient de toutes parts ceux qui s'engraissaient des abus, ceux qui se rassasiaient de la substance du peuple et des larmes du malheureux. Turgot avait des ennemis irréconciliables dans les parlemens, au rétablissement desquels il s'était opposé avec les armes de la philosophie; dans les gens d'église et dans les financiers, qui le redou

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