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entre autres à Notre-Dame de Paris.

ployé soit à la charpente, soit à la menuiserie, | voir dans plusieurs édifices gothiques, et d'où sont venus les noms de caju areng, qui est une sorte de bois d'ébène, de caju radja, qui est le canneficier, et de caju ular, qui est un vomiquier employé contre la morsure des serpents, etc. (Voyez ÉBÈNE, CANneficier, VOMIQUE et Bois.)

BORY DE SAINT-VINCENT. ACANTHACÉES. (Botanique.) 'Axavoa, épine. Cette famille, qui appartient à la grande di. vision des plantes dicotylédones, est composée de plantes herbacées ou frutescentes, propres aux climats chauds. Les acanthacées ont les feuilles opposées, entières ou dentées, les fleurs disposées en épí, et accompagnées de braciées à leur base. Le calice, à quatre ou cinq divisions, est monosépale; la corolle irrégulière, souvent bilabiée, est monopétale. Le fruit est une capsule à deux loges s'ouvrant, avec élasticité, en deux valves qui emportent, chacune avec elle, la moitié de la cloison.

La famille des acanthacées a été récemment l'objet d'un travail aussi complet que possible. M. Nees d'Esenbeck, qui en est l'auteur (Acanthacea Indiæ orientalis, vol. III des Plantæ Asiaticæ rariores, de Wallich), les a divisées en trois tribus, les thunber giées, les nelsoniées, les eematacanthées, et il a subdivisé en sept sections la troisième tribu, qui renferme le plus grand nombre d'espèces. C'est à la section quatrième, ou des acanthées, qu'appartient le genre acanthus.

Ce geare se compose d'une douzaine d'espèces presque toutes tropicales. Deux cepen. dant, ac. mollis et spinosus, croissent sur les bords du bassin méditerranéen; on les trouve même dans la France méridionale. Elles sont connues toutes deux par le rôle qu'elles jouent dans l'histoire des beaux-arts; denx sortes d'ornements architecturaux leur correspondent. La première a, dit-on, donné naissance au chapiteau corinthien; voici ce que rapporte Vitruve à ce sujet : Une jeune fille de Corinthe étant morte au moment de se marier, sa nourrice recueillit plusieurs des objets qui lui avaient appartenu, et les plaça dans une corbeille qu'elle alla déposer sur la tombe; elle avait eu soin de recouvrir la corbeille avec une tuile. Une racine d'acanthe se trouvait, par hasard, en ce lien ; au printemps, elle poussa des feuilles qui entourèrent la corbeille, mais qui, rencontrant la tuile, furent forcées de se recourber. Le sculpteur Callima que, passant près du tombeau, fut frappé de l'aspect gracieux qu'il présentait, et y trouva le modèle du chapiteau corinthien.

L'acanthe épineuse, plus finement découpée que l'acanthe molle, offrant à l'extrémité de ses segments des piquants roides et aigus, semble être celle que les architectes du moyen âge ont souvent imitée, comme ou peut le

L'acanthe molle, sous le nom de branche ursine, était jadis employée en pharmacie comme émolliente et apéritive; elle est aujour d'hui abandonnée. A. DUPONCHEL.

ACANTHE. (Architecture.) En architecture, les deux espèces d'acanthe ont été particulièrement appropriées, tant par les Grecs que par les Romains, à orner non-seulement le chapiteau corinthien, mais encore une infinité de moulures, vases et meubles à leur3 usages. (Voyez ORDRE CORINTHIen.)

DEBRET. ACANTHOPTERYGIENS. ( Histoire naturelle.) Axxvox, épine, πtéρvž, aile. Les poissons se divisent en deux séries : les pois sons osseux et les poissons cartilagineux, qui diffèrent entre eux et par la nature de leur squelette, et par un grand nombre d'autres caractères. Ces deux grandes classes se subdivisent elles-mêmes en plusieurs ordres, d'après la disposition de la bouche, la structure des branchies, et certaines modifications de structure et de position des nageoires. Les acanthoptérygiens forment le premier ordre des poissons osseux; ils ont la mâchoire supérieure mobile, les branchies en forme de peigne, des rayons osseux à la nageoire dorsale antérieure, quelques rayons osseux à la nageoire anale, et un ordinairement à chaque nageoire ventrale. Cet ordre, des plus nombreux, comprend seize familles naturelles, auxquelles appartiennent la perche, la vive, le rouget, le maquereau, le thon, la bréme, etc. A. DUPONCHEL. ACAPULCO. (Géographie.) Excellent port du Mexique sur la mer du Sud. C'est même un des meilleurs du monde entier, par son étendue, sa profondeur, et la sécurité qu'il offre aux navires; les plus grands vaisseaux peuvent jeter l'ancre au pied même des rochers de granit qui l'abritent de tous côtés. On pénètre dans la rade par deux passes, que forme l'ile de la Roquette ou du Griffon, située à l'entrée. Malheureusement ce beau port est à peu près sans commerce; car la nature a plus fait encore contre lui que pour lui la température, qui est pendant le jour de 86 à 90 degrés Fahrenheit, les moustiques, les exhalaisons meurtrières d'un marais qui s'étend à l'orient de la ville, la rendent presque inhabitable. La fièvre jaune, le choléra-morbus y déciment les Européens. D'un autre côté, les calmes subits et très-longs, si fréquents sous la ligne, rendent la ravigation de Callao à Acapulco plus difficile et souvent plus longue que celle de Callao à Cadix. Aussi la navigation à la vapeur amènera-t-elle dans ces parages le plus heureux résultat. Lorsque les pyroscaphes sillonneront cette mer immobile, et par cela

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même plus favorable à leur navigation, lorsque le gouvernement espagnol, qui déjà a fait percer un chemin au travers des rochers qui entourent la ville, aura desséché les marais, Acapulco pourra devenir un entrepôt où les États du Nord-Est de l'Amérique enverront leurs richesses, et voir s'augmenter sa population, qui, portée autrefois jusqu'à 9,000 åmes, n'est plus aujourd'hui que de 4,000.

ACARIDES. (Histoire naturelle.) La famille des acarides appartient à l'ordre des arachnides trachéennes, classe des arachnides. Les animaux qui composent cette famille sont, en général, de petite taille, quelquesuns même sont microscopiques; ils pullulent prodigieusement. Munis de huit pattes, ils n'en ont souvent que six en naissant; la quatrième paire ne paraît qu'après la mue.

Les mœurs des acarides varient à l'infini : les uns habitent sous les pierres et sur les plantes; d'autres sont aquatiques; quelques espèces se rencontrent dans les collections, qu'elles ravagent, ou dans des substances organiques altérées, comme le fromage, etc.; on les appelle vulgairement mites. Il en est enfin qui vivent en parasites sur d'autres animaux, et même sous leur chair; on voit jusqu'à des insectes qui en sont couverts; les acarides parasites sont connus sous le nom de tiques ou ricins, et de sarcoptes.

Les acarides n'ont point d'abdomen pédiculé; leur bouche est conformée en suçoir; ils respirent par des trachées. Les uns ont quatre yeux, d'autres deux, d'autres un seul; il en est enfin qui en sont privés.

Parmi les acarides, il en est un dont l'existence a donné lieu à des discussions qui sont à peine terminées. Dès le douzième siècle, Avenzoar, médecin arabe, fit mention d'un insecte vivant sous la peau, mais sans établir le moindre rapport entre cet animal et la gale, dont il parle plus loin. Scaliger, Ingrassias, au seizième siècle, furent les premiers qui signalèrent formellement un insecte de la gale. Depuis cette époque, un grand nombre d'auteurs parlèrent du ciron de la gale; mais, malgré ces nombreuses assertions, et nonobstant même les détails donnés par Morgagni, Linné et surtout Degeer, l'existence de cet animal fut toujours regardée comme douteuse; et elle fut complétement repoussée, quand, en 1812, on reconnut que les figures jointes par Galès à son travail sur la gale, représentaient la mite du fromage. Galès fut-il de mauvaise foi, ou bien l'artiste chargé du dessin trouva-t-il plus commode de copier l'anímal du fromage qu'il avait à sa portée? Toujours est-il que cette sorte de mystification fit grand tort au véritable acarus humain; d'autant plus que de nouvelles expériences tentées plus tard par MM. Biett, Lugol, Moronval,

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Alibert, n'amenèrent aucun résultat. M. Lugol, cependant, ne se tint point pour battu; il proposa un prix de trois cents francs pour celui qui parviendrait à découvrir l'animal si contesté. Un élève en médecine, M. Renucci, Corse de naissance, ayant eu souvent occasion de voir, dans son pays, les femmes du peuple extraire le petit insecte de la gale, M. Renucci, dis-je, indiqua comment il fallait le chercher non dans les boutons, mais bien dans les sillons ou cuniculi qu'il se

creuse.

Dès lors l'acarus scabiei reprit son rang dans l'histoire naturelle; M. Raspail rétablit pour lui le genre Sarcopte, que Latreille avait supprimé, après les expériences de Galès. Voici la description du sarcopte de la gale: « Corps un peu arrondi, comme comprimé << sur ses deux faces et imitant la tortue; « blanc, strié, hérissé de papilles rigides sur «<le dos; huit pattes, les quatre antérieures placées à côté de la tête et comme palmées; << les quatre postérieures distantes. Les qua<< tre pattes antérieures sont munies d'ambu« lacrum, petite caroncule en godet servant à la progression. >>

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Il paraît que les sarcoptes des mammiferes diffèrent de celui de l'homme. Les travaux les plus complets sur le sarcopte humain sont ceux de MM. Albin Gras et Aubé.

Quel est le rôle que joue l'insecte de la gale dans le développement et la propagation de cette maladie? Cette question trouvera plus convenablement sa place à l'article Gale, A. DUPONCHEL.

ACARNANIE. (Géographie et Histoire.) Les écrivains de l'antiquité ne sont pas d'accord sur les limites de l'Acarnanie; celles que Strabon lui assigne sont le golfe d'Ambracie au N., le cours de l'Achélous au S. et à l'E. du côté de l'Étolie, et le pays des Amphiloquiens et des Agréens au N.-E.; Xénophon, Éphore, Tite-Live réunissent à l'Acarnanie ce pays des Amphiloquiens, situé au N.-E. du golfe d'Ambracie et dépendant de l'Épire, et ils prétendent même que l'Arachthus ou Aré thon coulait en Acarnanie, ce qui supposerait le golfe d'Ambracie enfermé de toutes parts par les terres des Acarnaniens; César recule les bornes de cette province encore plus vers le N. D'autres, au contraire, en réduisent l'étendue au point de ne pas la compter au nombre des provinces de la Grèce; ainsi Pline se borne à nommer quelques-unes de ses villes dans le chapitre qu'il a consacré à l'Épire; et Élien et Ptolémée n'en font qu'une des subdivisions de cette dernière contrée; mais l'opinion de Strabon, quoiqu'elle paraisse un peu modifiée dans son huitième livre, doit être suivie de préférence.

D'après le sentiment d'Ephore, reproduit

par Strabon, la Grèce commençait à l'Acarna nie, et les Acarnaniens étaient un peuple grec; c'est lui qui nous a conservé la tradition de cette colonie d'Alcméon, l'un des Épigones, et de son frère Amphilochus, fondant Argos Amphilochium (1), et changeant plus tard l'ancien nom de Curètes en celui d'Acarnaniens dérivé de celui d'un fils d'Aleméon.

Les Acarnaniens ne jouèrent jamais un rôle important dans les affaires de la Grèce, quoiqu'ils y fussent toujours mêlés; ils furent surtout occupés à défendre leur indépendance, sans cesse menacée par les Étoliens. Une guerre qu'ils eurent à soutenir contre les Messéniens, mis en possession de Naupacte par leurs alliés les Athéniens, et la difficulté qu'ils eurent à les chasser d'Eniades, l'une de leurs villes les plus importantes, qu'ils avaient laissé surprendre, donnent une mauvaise idée de leur puissance et de leurs forces militaires (2); cependant on voit plus tard ce peuple résister vaillamment aux Roniains et aux Étoliens conjurés contre sa liberté, effrayer même ses ennemis par son attitude ferme et désespérée et retarder sa soumission jusqu'à la bataille de Cynocéphales, qui fut suivie de la prise de Leucade par Flamininus. Le nom de l'Acarnanie disparaît alors de l'histoire; on sait seulement, par les rares mentions des historiens byzantins, que les Scytho-Sclaves ou Triballes l'occupèrent longtemps, que les Normands s'en emparèrent, et que Roger, roi de Sicile, s'intitulait prince des Acarnanes et des Étoliens; que l'empereur Andronic réunit de nouveau l'Acarnanie à l'empire grec; que les Serviens la prirent ensuite et la gardèrent jusqu'en 1357;❘ que Jean Cantacuzène la leur enleva alors; et qu'au commencement du quinzième siècle elle fut cruellement dévastée par les Albanais d'Épidamne. Enfin les Turcs en firent un voiwodilik partagé en deux cantons, celui de Vonitza et celui du Xeromeros.

Les historiens et géographes anciens nomment seize villes importantes en Acarnanie: le canton de Vonitza, qui s'étend sur la côte du golfe d'Arta ou d'Ambracie, contient les ruines de trois de ces antiques cités, la célèbre Actium, située sur un promontoire (aujourd'hui Punta) en face de la ville moderne de Prévesa; Echinus, dans les environs du lac Boulgari; enfin: Anactorium, ville considérable sous la domination romaine, et dont le port est voisin de la ville de Vonitza. Le canton finit sept milles à l'est de cette ville; et de ce côté une rivière, descendant du mont Olympe ou Berganti, la sépare du villaïeti de Valtos, que le cadastre impérial de Constantinople a compris aussi dans l'Acarnanie.

Le Xeromeros est la partie la plus sauvage (1) Raoul-Rochette, Hist. des col gr., t. 11, ch. XIV. (2) Pausan. Messen. XXV.

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de cette contrée; son littoral, qui présente une étendue de 11 lieues, a souvent été ravagé par les pirates de Meganesi et de Kalamo, iles dépendantes de Leucade. Les ruines de treize villes anciennes y ont été découvertes et relevées; ces villes se nommaient: Limnée, port du golfe Ambracique, appelé aujourd'hui Loutraki; Solium, óλtov, colonie de Corinthe; Alyzée, 'Aλúčɛta, que Strabon place à 15 stades de la mer; Tyrrhæum ou Thyrium, voisine de l'Anape (aujourd'hui rivière Aëtos), affluent de l'Achélous, et située dans la vallée de Tripho; Métropolis, première capitale de l'Acarnanie (1), que Justinien restaura sous le nom d'Aëtos, et érigea en évêché suffragant de Naupacte; qui fut cédée en 1204 au dernier prince de la maison de Palæologue, enlevée à cette maison par Amurath II en 1432, et enfin renversée par Mahomet II; Medeon, Msôɛúv, ville limitrophe du territoire de Tyrrhæum; Astacos, "Aσtaxos, port assez voisin de la ville de Dragomestra, fondée dans les derniers siècles du Bas-Empire, mais bien déchue aujourd'hui; Œneia, près du hameau de Palæo-Catouna; le port sacré d'Hercule, que Pouqueville reconnaît dans le mouillage de Petala ; Cniades, Οἰνιάδαι οι Ερυσίχη, ville située à l'extrémité méridionale de l'Acarnanie et au milieu de lagunes nommées aujourd'hui Trigardon, au S. du lac Lezini ou Cy. nia, qui verse ses eaux dans l'Achélous; Stratos, Erpatós, capitale de l'Acarnanie, tò xotvov Twν 'Axapvάvwv, comme l'appelle Xénophon, dont l'enceinte subsiste encore tout entière, et qui commandait un gué de l'Achéloüs, seul point de communication entre les habitants des deux rives de ce fleuve et très fréquenté encore aujourd'hui ; enfin les villes peu connues de Coronte, Kópovτa, Conope et Pœanion. Le chef-lien du Xeromeros est aujourd'hui Catochi, près de la vaste forêt de Manina, qui couvre toute la partie occidentale de l'Acarnanie jusqu'à l'embouchure de l'Achéloüs.

Le canton de Valtos est une partie de l'ancienne Agraïde, Aypaía, qui s'étend depuis le gué de Stratos jusqu'aux terres de l'Amphilochie qu canton d'Arta. Il est arrosé par le Voïnicovo et le Valtos, et couvert par la chaîne du Macrinoros. I renferme le grand Ozeros (lac, en langue esclavone), qui verse ses eaux et celles du lac d'Ambrakia dans l'Achélous, à travers de vastes marais; les ruines de l'antique Olрæ, "Okna, des Agræens (aujourd'hui Ambrakia), qui avait été bâtie par les Acarnaniens pour défendre l'entrée des défilés qui de l'Acarnanie conduisent dans l'Amphilochie, et celles de Photie ou Phytie, Porría, dont Étienne de Byzance emprunte la mention à Polybe.

(1) Cousinéry, Essai historique et critique sur les monnaies d'argent de la ligue achéenne, p. 146, 150,

Le troisième volume du Voyage de Pouqueville contient uue description complète et très. exacte de l'Acarnanie, que M. Lapie a suivie rigoureusement dans sa carte physique, historique et routière de la Grèce, en 4 feuilles. Pour la partie de littoral du golfe d'Ambracie qui appartient à l'Acarnanie, il faut consulter la description du golfe d'Ambracie par d'Anville (Acad. des Inscr., t. xxx11), rectifiée sur plusieurs points très-importants par M. Pouqueville avec une précision et une sûreté de critique qui ne sont pas habituelles à cet auteur; et enfin un mémoire inséré dans la première partie du t. III du Journal de la Société géographique de Londres, et intitulé: Observations on the gulf of Arta, maae in 1830, communicated by lieut. James Wolfe. AMÉDÉE TARDIEU.

ACCAPAREMENT. On entend par ce mot l'acte par lequel un ou plusieurs spéculateurs achètent une marchandise, et la conservent pour la revendre plus tard à un prix élevé, lorsque cette marchandise se trouve, par le retrait qu'ils en ont fait de la circulation, devenue très-rare.

Il peut y avoir accaparement pour toute es pèce de marchandise; cependant cette expression s'entend plus spécialement des spécula tions sur les céréales. En effet, on ne pourrait regarder comme accapareur le marchand qui achèterait une grande quantité de soieries par exemple, et attendrait pour les revendre avec bénéfice le moment favorable.

Le code pénal a prévu le cas d'accaparement, sans cependant en employer l'expression. Tous ceux, dit il, art. 419, qui, par des faits faux ou calomnieux, semés à dessein dans le public, par des sur-offres faites aux prix que demandent les vendeurs eux-mêmes, par réunion ou coalition entre les principaux détenteurs d'une même marchandise ou denrée, tendant à ne pas la vendre, ou à ne la vendre qu'un certain prix, ou qui, par des voies, ou moyens fraudu. leux quelconques, auront opéré la hausse ou la baisse du prix des denrées ou des marchandises ou des papiers et effets publics au-dessus ou au-dessous des prix qu'aurait déterminés la con. currence naturelle et libre du commerce, seront punis d'un emprisonnement d'un mois au moins, d'un an au plus, et d'une amende de cinq cents francs à dix mille francs. Les coupables pourront être mis par l'arrêt ou le jugement sous la surveillance de la haute police pendant deux ans au moins et cinq ans au plus. » L'art. 420 double la peine lorsqu'il s'a git d'objets de nécessité première : « la peine sera d'un emprisonnement de deux mois au moins et de deux ans au plus et d'une amende de mille francs à vingt mille francs si ces manœuvres ont été pratiquées sur grains, grenail. les, farines, substances farineuses, pain, vin ou

toute autre boisson. La mise en surveillance qui pourra être prononcée sera de cinq ans au moins et de dix an plus. » Ces deux articles du code pénal ont eu principalemeut en vue la coalition qui pourrait se former entre plusieurs capitalistes pour faire à leur gré le cours du marché. C'est bien là de l'accaparement.

De tout temps et dans tous les pays il y a eu des hommes qui ont songé à ce moyen de s'en. richir. Dans l'ancienne Grèce, à Rome, dans notre ancienne monarchie il y a eu des accapa reurs. Dans tous les temps et dans tous les pays les lois ont cherché à réprimer cet abus.

Nous ne ferons point ici l'histoire, fort longue d'ailleurs et fort variée, des accaparements; nous dirons seulement qu'ils ont produit de grands maux à une époque surtout où, les moyens de transport étant difficiles et le commerce beaucoup moins étendu, les denrées abondantes sur une place ne pouvaient être transportées rapidement au lieu où il y en avait besoin, et à une époque aussi où la pomme de terre, ce pain providentiel, était encore inconnue à la plus grande partie de l'Europe. Toutefois, nous ne pouvons passer ici sous silence un fait presque incroyable et qui est certainement la monstruosité la plus grande qui ait jamais été commise par les accapareurs contre toute une nation. Nous voulons parler du pacte de famine : « c'était, dit un historien, une conspiration infâme ourdie pendant le règne de Louis XV et de son successeur, et à la tête de laquelle étaient la cour, les ministres, les principaux membres de la noblesse, du clergé, de la magistrature et les plus riches capitalistes. Le but de cette conspiration était d'acheter à vil prix et d'accaparer tous les blés du royaume, d'en exporter ou même d'en détruire une partie afin de produire la cherté dans les années les plus abondantes, une disette affreuse dans les années médiocres et de revendre alors à un prix exorbitant ce qui restait dans des magasins établis en dehors du royaume, et notamment dans les îles de Jersey et Guernesey. Ces opérations avaient un double résultat; elles procuraient un bénétice énorme à ceux qui y prenaient part; et elles augmentaient le produit des dimes que percevaient la noblesse et le clergé, dîmes que l'on percevait au moment où l'abondance régnait encore et que l'on avait bien soin de garder en magasin jusqu'à ce que la famine que l'on préparait fût venue en doubler ou en tripler la valeur. >>

En 1729, le contrôleur général des finances Orry fit signer au roi une ordonnance sur les grains, laquelle devait remédier aux maux qu'avaient faits à l'agriculture les guerres désastreuses de la fin du règne de Louis XIV et l'administration imprévoyante du régent.

Cette ordonnance créait une régie spéciale chargée d'acheter les grains en temps d'abondance, de les emmagasiner et de les revendre dans les temps de mauvaises récoltes. Le bail de la régie était de douze ans, il devait être, en effet renouvelé tous les douze ans, jusqu'en 1789.

Les concessionnaires du bail firent rendre en même temps par le conseil un arrêt qui permettait l'exportation des blés. Le but apparent de cette mesure était de faire hausser la valeur des terres; mais, au fond, elle n'était prise que pour permettre aux accapareurs de produire plus facilement la disette des grains.

La société concessionnaire de la régie avait besoin d'argent pour opérer; elle en trouva chez les financiers, chez les riches propriétaires, chez les gens de cour; le roi lui-même prit un intérêt considérable dans cette société, et lui fit une avance de dix millions. De plus, on prit toutes les mesures convenables pour assurer le succès des opérations et en garantir Pimpunité : il fut défendu sous peine de mort aux écrivains de parler de finances; on réprima par des charges de cavalerie et par les galères les émeutes du peuple, qui demandait du pain; on envoya à la Bastille ceux qui se plaignaient au roi ou à ses ministres.

Le bail de la régie fut renouvelé plusieurs fois jusqu'en 1789; la première fois sous Machault, en faveur des nommés Bouffé et Dufourni; ce fut cette société qui amena les famines de 1740, 1741 et 1752; la seconde fois sous Laverdy, en faveur de quatre grands capitalistes, Ruy de Chaumont, Rousseau, Perruchot et Malisset. Les intendants des finances Trudaine de Montigny, Boulin, Langlois et Boullongne, associés à l'entreprise, s'étaient divisé la France, pour l'exploiter chacun dans une partie désignée; ils correspondaient avec les intendants de province, qui les aidaient dans leurs opérations. Ils firent entrer dans leur société les ministres Bertin, de Sartine et Choiseul; Malisset était l'agent général. Par leurs manœuvres ils amenèrent les famines de 1767, 1768, 1769, 1775 et 1776. En 1768, l'abbé Terray, contrôleur des finances, organisa la société, dont il faisait partie, sur un nouveau pied; les blés, emmagasinés dans les entrepôts de Jersey et Guernesey, ne devaient sortir que sur les avis de besoins pressants. Terray fit en même temps acheter pour le roi les magasins et les moulins de Corbeil, de manière que, non-seulement le blé, mais encore la farine, étaient au pouvoir de la société. On calcule que les bénéfices réalisés par cette société étaient de 70 à 100 pour cent.

Lorsque Turgot arriva anx affaires, il voulut dissoudre cette société, et rendit à cette fin l'édit de 1775; mais les mesures prises par les accapareurs occasionnèrent, cette même

année et l'année suivante, des famines qui l'obligèrent à avoir recours à ceux-là même qu'il avait voulu frapper. Bientôt même, les intrigues des associés, qui étaient très-nombreux et appartenaient aux classes les plus élevées de la société, le forcèrent à quitter le ministère. Le bail fut renouvelé en 1777, en faveur de Laverdy, par les soins du ministre de police Lenoir, en cela agent de de Sartine: Necker, en arrivant au pouvoir en 1778, ne put changer le système établi. En 1788, sous le ministère de Brienne, les accapareurs, en obtenant le renouvellement du bail, obtinrent également la permission d'exporter les grains. Cette permission obligea plus tard Necker, rentré aux finances, à racheter les blés exportés pour 40,000,000.

Les événements de 1789 mirent enfin un terme à cette affreuse spéculation. On ne saurait dire quand elle aurait cessé sans la révolu tion. Elle avait duré soixante ans et occasionné des maux incalculables; en revanche elle avait procuré beaucoup d'argent au roi Louis XV, enrichi les ministres, un grand nombre de nobles, de financiers, de membres du parlement. Le peuple, qui avait tant souffert de ce monopole, ne put l'oublier de si tôt. Il poursuivit avec acharnement les accapareurs et en fit souvent justice.

Dans les premières années de la révolution les manœuvres secrètes des accapareurs amenèrent encore des désordres; et la Convention fut obligée de rendre un décret qui prononçait contre eux la peine de mort.

Aujourd'hui l'accaparement est devenu sinon impossible, du moins très-difficile, à cause de la libre concurrence, des sages mesures administratives et de la facilité dans les transports. Aussi le code pénal que nous avons cité plus haut prévoit-il plutôt le cas de coalitions que celui d'accaparement. DE FRIESS COLONNA.

ACCÉLÉRATRICE (Force). (Mécanique rationnelle.) On appelle force accélératrice, celle qui, dans le mouvement que l'on considère, sollicite l'unité de masse; elle a pour dv d2x mesure ou c'est-à-dire, la dérivée, dt dt2

prise par rapport au temps, de la vitesse du point auquel la force est appliquée; ou encore, la dérivée du second ordre, toujours par rapport au temps, de l'espace parcouru par le point d'application. Cette expression, considérée dans le mouvement en lui-même, en mesure l'accélération positive ou néga tive. X. JEANDEL. ACCELÉRÉ (Mouvement). (Mécanique rationnelle.) Ce mouvement prend naissance lorsqu'un point matériel est sollicité par une force continue, dirigée dans le sens de son mouvement; produit par une force constante, il devient uniformément accéléré, et alors la vitesse croit proportionnellement au temps.

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