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l'acide sulfurique, opération qui exige, comme on sait, de nombreuses précautions. On introduit douze à quinze kilogrammes d'alliage granulé dans une cornue de platine; on y ajoute de l'acide sulfurique concentré, et on chauffe peu à pen jusqu'à l'ébullition. Au bout de quelques heures, on laisse refroidir, puis on décante: la liqueur séparée contient l'argent et le cuivre en dissolution, et l'or reste dans la cornue. On le traite une seconde et une troisième fois de la même manière pour l'avoir complétement pur.

Quand les dissolutions obtenues par ces opérations successives sont éclaircies, on les étend d'eau, puis on y introduit des mor ceaux de cuivre qui précipitent l'argent à l'état métallique. La liqueur ne contient plus alors que du sulfate de cuivre; on la concentre et on fait cristalliser le sel se dépose et ses eaux mères fournissent de l'acide sulfurique à peu près pur, dont on se sert pour de nouvelles opérations.

Ce procédé permet, comme on l'a dit, de séparer un millième d'or de l'argent. Il a donc des avantages sur le précédent; mais il est difficile à exécuter, et il exige de nombreuses précautions, à cause de la haute température qui est nécessaire pour mettre l'acide sulfurique en ébullition et des dangers que présente cette opération. (Voyez SULFURIQUE [Acide]. ) C'est cependant la méthode que l'on emploie le plus souvent en France pour l'affinage, parce que l'acide sulfurique y est à bas prix.

L'opération que nous venons de décrire, et qui consiste à extraire l'or de l'argent auquel il est allié, est connue sous le nom de départ. On fait le départ au moyen de l'acide nitrique ou de l'acide sulfurique, parce que ces acides ont la propriété de dissoudre l'argent, sans attaquer l'or; en agissant sur l'alliage, ils déterminent ainsi la séparation des deux métaux.

AFFINITÉ. (Chimie.) Lorsque deux corps sont mis en contact, quoique la pesanteur ne provoque aucun déplacement, que la tempé. rature soit uniforme, la lumière également répartie, en un mot que rien ne paraisse capable de troubler l'équilibre ou le repos du système, il arrive souvent que les deux corps, par une action réciproque et comme volon taire, donnent naissance à des êtres nouveaux, au milieu de circonstances plus ou moins remarquables; bien plus, le même corps, vient à modifier l'action qu'exercent sur lui les agents naturels, comme l'électricité, le calorique, la lumière, se transforme aussi trèssouvent en des produits nouveaux. Enfin, il arrive parfois qu'un corps abandonné à luimême, quand rien ne change autour de lui, acquiert des propriétés, prend des formes nouvelles ces changements dans la constitu.

si

on

tion intime des corps sont dus à une force ou à des forces que l'on désigne par le nom général d'affinité, dont on cherche à expliquer la nature et le mode d'action par l'interprétation de leurs effets. D'anciens philosophes attribuèrent ces transformations, si fréquentes dans le règne minéral, et perpétuelles dans les végé taux et les animaux, à l'action d'un être particulier répandu dans tout l'univers (mens agitat molem). Suivant les autres, il n'y avait qu'une seule matière capable de prendre par elle-même des formes variées à l'infini. Aristote et ses partisans firent découler tous les phénomènes naturels du jeu de quatre éléments, dont les combinaisons, dues à des forces inhérentes à leur nature, donnaient naissance à tous les corps composés.

On attribue à Moyow les premières observations sur les combinaisons des corps ; il remarqua celles qui s'opèrent entre les acides et les alcalis, et conçut l'existence d'une force capable de les produire. Cette force, par laquelle les corps s'unissent entre eux, fut dési gnée par le mot d'affinité (alliance) : ainsi l'on disait que deux substances qui s'unissent fortement ont l'une pour l'autre une grande affinité, ou qu'il existe entre elles une grande force d'affinité. L'idée la plus naturelle qui se présentait pour estimer le degré d'affinité de deux corps était de chercher à la vaincre par une autre force de même espèce. Ainsi, voulait-on savoir lequel des deux corps A et B avait le plus d'affinité pour un troisième X, on formait le composé AX, et l'on faisait agir sur lui le corps B: si ce dernier avait la puissance de déplacer A, en formant le composé BX, on en concluait que B avait pour X plus d'affinité que n'en avait A; dans le cas contraire, on tirait une conséquence opposée. Geoffroy établit sur ce principe les premières tables d'affinité ; elles parurent en 1718. Chaque substance était placée tour à tour à la tête d'un tableau, sur lequel étaient inscrites toutes les autres par ordre de leur plus grande affinité pour la première. Limbourg, Rouelle le jeune, y firent des corrections. Gelbert donna aussi des tables d'affinité, fondées, non pas, comme celles de Geoffroy, sur les décompositions chimiques, mais sur la facilité plus ou moins grande avec laquelle les corps se combinent et sur la stabilité de leurs produits. Enfin Bergmann, en 1775, puis en 1783, développa la théorie des affinités, et forma de nouvelles tables, copiées quelquefois, il est vrai, sur celles de Gelbert, tout en suivant la mé. thode de Geoffroy. Considérant toujours les combinaisons comme le résultat d'une force unique, indépendante des circonstances qui semblaient devoir au moins modifier ses effets, Bergmann distingua l'affinité immédiate d'un corps pour un autre, lorsque ces corps

sont libres tous les deux, de l'affinité de ces mêmes corps lorsque l'un d'eux seulement entre déjà dans une combinaison, enfin de leur affinité lorsqu'ils entrent l'un et l'autre dans des composés différents. La première fut une affinité simple ou élémentaire, la seconde une affinité élective, et la troisième une affinité complexe. L'affinité simple est bien la véritable, mais il est impossible de la m surer directement. Par l'affinité élective, un corps détruit un composé pour s'emparer de l'un de ses éléments; elle peut donner la mesure de la première. Quand deux sels sont en contact, il y a quatre affinités en action. Deux tendent à maintenir en combinaison l'acide du premier sel avec sa base, et l'acide du second sel avec sa base: ce sont les affinités quiescentes. Deux agissent en sens contraire, l'affinité de l'acide du premier sel pour la base du second, et l'affinité de l'acide de celui-ci pour la base du premier : ce sont les affinités divel lentes. S'il n'y a point décomposition réciproque, c'est parce que les premières l'empor tent sur les secondes; et si, au contraire, la décomposition a lieu, celles-ci ont vaincu les premières. Les phénomènes dus à de pareilles actions combinées devaient offrir la confir mation de l'ordre établi dans les affinités électives.

Berthollet combattit victorieusement cette théorie.

"

L'affinité, selon lui, est une force qui tend toujours à réunir, et jamais à décomposer. Mais il est difficile, pour ne pas dire impossible, de la séparer de tout ce qui n'est pas elle; car à l'affinité, qui, si elle agissait seule, produirait la combinaison intime des deux corps, s'opposent la cohésion, qui tend à maintenir ensemble les atomes de chacun de ces corps, et l'élasticité, par laquelle ils se repoussent. La liquidité même des deux corps ne permet pas à l'affinité d'avoir tout son effet, puisque les liquides ne sont pas dépourvus de cohésion. Qu'on atténue, qu'on détruise même ces deux forces perturbatrices, en dissolvant les solides et les gaz dans un liquide tel que l'eau, l'affinité réciproque des substances dissoutes sera encore contrariée par leurs propres affinités pour le liquide. Bien plus, continue l'illustre chimiste, les corps n'agissent pas en vertu de leurs affinités seulement, mais encore par leur quantité, puisqu'en faisant varier celle-ci, les résultats de l'affinité ne sont plus les mêmes. Pour déterminer les affinités relatives de deux substances sur une troisième, il faudrait les mettre en présence, toutes dans un état de liberté absolue, et voir en quelle proportion cette troisième se partagerait avec des quantités déterminées des deux autres. Si ces quantités étaient entre elles, par exemple, comme 1 est

à 2 lorsque le partage se fait également, on en pourrait conclure que les affinités correspondantes sont entre elles en raison inverse, comme 2 est à 1.

En considérant la neutralisation d'un sel comme le point où l'acide et la base qui le forment ont des actions égales et opposées sur nn troisième corps, sur les couleurs bleues végé tales, par exemple, on peut dire que deux acides ont pour la même base des affinités qui sont en raison inverse des quantités de ces acides nécessaires pour saturer une même or tion de la base, puisque dans l'un et l'autre des sels neutres qui en résultent, les acides exercent sur une couleur bleue, soumise à leur action, un effet qui est justement compensé par l'action contraire de la base. On pourrait donc regarder les affinités comme inversement proportionnelles aux quantités, aux masses qu'il faudrait prendre de chaque acide pour neutraliser la même quantité d'une base, ou aux masses de chaque base nécessaires à la saturation d'une même portion d'acide. Et, dans tous les cas, l'action chimique serait proportionnelle à la saturation; en sorte que l'acide qui saturerait deux portions de base aurait une action double de celle d'un autre acide qui, pris en quantité égale, ne saturerait qu'une seule portion de base. Enfin, la capacité de saturation à laquelle l'affinité est proportionnelle ayant été déterminée, pour chaque corps, à un certain degré de satura tion, il serait possible que les capacités ne fussent plus dans les mêmes rapports à un autre degré de saturation.

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Quand un sel est dissous dans l'eau, si on vient à y verser un acide dans l'intention d'expulser celui du sel, ou une base pour la substituer à l'autre, tant que la dissolution se maintient parfaite, les trois corps dissous agis. sent l'un sur l'autre en proportion de leurs masses. S'il y a deux acides et une base, celle. ci se partage entre les deux acides; et s'il y a deux bases et un acide, ce dernier agit sur les deux premières; et, dans l'un et l'autre cas, en vertu des masses et des affinités mises en jeu. On voit par là, continue Berthollet, qu'il n'y a point d'expulsion; car quelque grande que soit la force d'affinité de l'un des acides pour la base commune, et quelle que soit la faiblesse de l'autre acide, si ce dernier est en quantité suffisante, son action chimi que pourra l'emporter sur celle du puissant acide, parce que sa masse suppléera à la force d'affinité qui lui manque. S'il arrive qu'il y séparation, elle ne sera pas l'effet d'une prétendue affinité élective, mais celui des forces étrangères déjà signalées plus haut. La précipitation d'une des substances devra être attri buée à la force de cohésion qui surmonte l'action du dissolvant. La cristallisation sera

ait

une précipitation lente. Le dégagement d'un des corps à l'état de fluide élastique sera dù à la force répulsive du calorique, force que le dissolvant n'a pu vaincre. Il restera néanmoins dans le liquide une portion du corps éliminé; portion compatible avec la force de cohésion ou d'élasticité d'une part, et, d'autre part, avec l'action du liquide et des corps dissous. Dans cette dissolution, les actions chiniques seront toujours proportionnelles aux affinités et aux masses; et ce qui sera précipité ou volatilisé devra être considéré comme soustrait à la combinaison par des forces étrangères à l'affinité, quoique provoquées par elle. Les déplacements de certaines substances par d'autres substances n'indiquent donc pas leurs forces d'affinités respectives; les affinités électives n'existent donc point réellement, et leurs tables ne peuvent donner qu'une fausse idée de l'affinité proprement dite. Ce n'est pas qu'on ne puisse comprendre sous le nom général d'affinité toute la puissance chimique qu'un corps exerce sur un autre dans des circonstances données; mais alors il faut éviter de la considérer comme une force constante qui produirait les compositions et les décompositions chimiques. »

Berthollet, il faut l'avouer, a complétement renversé la théorie des affinités électives, au moins telle qu'on la concevait alors. Un grand pas qu'il a fait faire à la science, c'est de lui avoir ôté cette prétendue perfection qui, réprésentant par des nombres invariables les forces des éléments matériels, devait mettre en état de calculer d'avance tous les phénomènes chimiques. Ce n'est pas qu'il ne crût qu'après avoir observé et mesuré les effets de toutes les forces qui concourent à la produire, on ne parvint un jour à découvrir la force vé. ritable de l'affinité, et à prévoir les mouvements infiniment petits des atomes, comme on avait déterminé ceux des corps planétaires. Mais la capacité de saturation ne semble pas être la véritable mesure de l'affinité, comme il l'avait admis. SAIGEY.

Nous exposerons ailleurs les théories admises aujourd'hui, dans la science, sur la nature et les lois de l'affinité chimique. Voyez COMBINAISON.

Voyez les auteurs cités et principalement Berthollet, Statique chimique, 1803, in-4°.

AFFIRMATION. (Philosophie.) L'affirmation (en grec zaτápaσiç) consiste à attribuer à une chose une qualité quelconque, ou à admettre simplement qu'elle est. L'affirmation, quand elle est renfermée dans la pensée, n'est pas autre chose qu'un jugement; exprimée par la parole, elle devient une proposition, et cette proposition est affirmative ou positive; la négation en est le contraire. Il faut remarquer

qu'un jugement, affirmatif dans la pensée, peut être exprimé sous la forme d'une proposition négative; ainsi, quand je nie que l'âme soit matérielle, j'affirme réellement son immatérialité, c'est-à-dire son existence même.

AFFLUENT. (Géographie physique.) Les divers cours d'eau qui forment une rivière ou un fleuve sont appelés affluents (ad fluere, affluere, couler vers).

L'ensemble des pentes, d'où découlent les affluents d'un fleuve s'appelle le bassin de ce fleuve, ou sa région hydrographique. Il peut arriver que les bassins de deux fleuves soient extrêmement voisins; cependant il est impossible d'aller de l'un à l'autre au moyen de rivières ou de cours d'eau. Une exception à cette règle se présente dans l'Amérique méri dionale l'Orénoque et le Maragnon (rivière des Amazones) ont des affluents communs.

AFFOUAGE. Ce terme, qui vient de ad et de focus, foyer, signifie la répartition du bois de chauffage dont on a déjà la propriété en commun. Cette répartition se fait, non par tête d'habitant, mais par foyer, disposition assez rationnelle, que le conseil d'État adopta en 1807. Le droit d'affouage s'accorde aussi aux agents et fonctionnaires forestiers, et alors son étendue se mesure au grade. Il a été aussi quelquefois l'effet d'une tolérance; ainsi autrefois chaque communauté d'habitants avait ses affouages dans les forêts seigneuriales Aujourd'hui ce droit se confond entièrement avec les autres droits d'usage, qui ne peuvent s'établir que par titres, ou par une prescription équivalant à titre. Toutes les manières d'exercer le droit d'affouage sont sujettes à une loi qui leur est commune: il est défendu aux individus qui en profitent de détourner les bois reçus, de l'objet de leur destination, qui est de fournir à chacun son chauffage pour l'hiver. Ainsi aucune portion affouagère ne peut être ni vendue, ni échangée contre des objets d'une autre nature, et cela sous de, peines qui atteignent l'acheteur comme le vendeur.

AFFRÉTEMENT. (Commerce maritime.) Toute convention pour louage d'un vaisseau prend le nom d'affrélement, de nolissement, de charte-partie. Rédigée par écrit, elle doit énoncer le nom et le tonnage du navire, le nom du capitaine, les noms du fréteur, celui qui donne à loyer, et de l'affréteur, celui qui prend à loyer; le lieu et le temps convenus pour la charge et la décharge; le prix du fret ou nolis; si l'affrétement est total ou partiel; enfin l'indemnité convenue pour les cas de retard.

S'il arrive qu'avant le départ du navire il y ait interdiction de commerce avec le pays pour lequel il est destiné, les conventions sont résolues sans dommages-intérêts de part

et d'autre; cependant, le chargeur reste tenu des frais de charge et de décharge des marchandises.

S'il existait une force majeure qui n'empêchât que pour un temps la sortie du navire, les conventions subsisteraient, et il n'y aurait pas lieu à dommages-intérêts à raison du retard. Les conditions subsistent également, et il n'y a lieu à aucune augmentation de fret, s'il arrive pendant le voyage quelque accident de force majeure.

En cas de blocus du port pour lequel le navire est destiné, le capitaine est tenu, s'il n'a des ordres contraires, de se rendre dans un des ports voisins de la même puissance où il lui sera permis d'aborder.

Le navire, les agrès et apparaux, le fret et les marchandises, sont respectivement affectés à l'exécution des conventions des parties. (Code de commerce, 273-280.)

AFFUSION. (Médecine.) Affundere, verser dessus. L'affusion consiste à verser d'une hauteur variable sur la surface du corps une certaine quantité d'eau. Les affusions chaudes sont rarement employées (Voy. BAIN); c'est aux affusions froides que se rapportera ce que nous dirons de ce moyen thérapeutique. La température des affusions varie de 12° à 25°.

Plusieurs passages d'Hippocrate prouvent que les affusions étaient connues et employées avec succès par les médecins grecs. Les auteurs latins et arabes en parlent peu et ce moyen resta longtemps dans l'oubli chez les modernes. Suivant Kæmpfer (1712), on l'employait à Java dans le traitement de la rougeole; d'autres auteurs proclamèrent bientôt ses avantages, et il fut admis dans la pratique.

Chez les anciens, comme depuis, ce fut presque toujours contre des maladies caractérisées par le trouble des fonctions nerveuses que les affusions furent employées. Cependant, à l'exemple des médecins de l'Inde, les Anglais ont préconisé les affusions comme moyen de déterminer l'éruption de l'exanthème dans la rougeole et la scarlatine. Cette pratique, effrayante au premier abord, compte de nombreux succès, et nous semble précieuse pour certains cas où les autres moyens sont épuisés.

On cite des cas de succès par les affusions dans des névralgies externes; Hippocrate et d'autres auteurs citent des guérisons d'entéralgie obtenues par ce moyen. La goutte, le rhumatisme, le tétanos et plusieurs autres affections de genres différents ont, au dire des auteurs, cédé à ce moyen. Aujourd'hui M. Foville emploie avec succès à Charenton les affusions à 20° dans la période aiguë de l'aliénation mentale ou dans les exacerbations qui surviennent chez les aliénés après quelque temps de calme.

C'est encore parmi les affusions qu'il faut ranger la douche écossaise, qui consiste à faire tomber en pluie sur le corps nu et ordinairement debout une certaine quantité d'eau. Ce moyen réussit à merveille dans certaines affections nerveuses qui presque toujours participent de la chlorose. Enfin, le bain de mer à la lame n'est autre chose qu'une affusion, et c'est sans contredit un des moyens les plus puissants contre une foule de maladies, et notamment contre les scrofules, la chlorose et les désordres qui en sont la conséquence. La durée des affusions est limitée suivant les indications particulières observées par le médecin. C'est dans le paroxysme et non dans la rémission qu'il convient de les employer. Les affusions sur la tête pendant le bain amènent souvent d'excellents résultats, notamment dans les maladies des enfants.

Le mode d'action des affusions est complexe. Sédatif puissant du système nerveux dans la manie aiguë, peut être n'agissent-elles pas seulement ainsi dans le typhus et dans les affections qui peuvent se rattacher au xzo; d'Hippocrate. Ce n'est pas non plus comme sédatif qu'elles réussissent contre les scrofules ou quand elles déterminent l'éruption de la rougeole. Ne faut-il pas leur reconnaître une action physique sur le sang, l'excitateur universel de l'économie, et ne peut-on pas admettre qu'en tonifiant puissamment le système musculaire et y faisant affluer le sang par réaction, elles agissent dans certains cas sur le système nerveux, comme révulsifs? Nous ve prétendons pas leur refuser une action directe sur le système nerveux; mais ici comme toujours, nous croyons qu'il ne faut pas envisager la question d'un seul côté.

On a voulu dans ces derniers temps fonder toute une théorie médicale dans laquelle les affusions figurent comme élément essentiel; nous en parlerons au mot HYDROTHÉRAPIE.

Hippocrate, περὶ ὑγρῶν χρήσιος.

Currie, Traité des affusions. Liverpool, 1798. Medical reports on the effects of Water, etc. tome I, 1804.

A. LE. PILEUR.

AFFUT. (Chasse.) La chasse à l'affût consiste à se poster sur la lisière d'un bois, sur le bord d'un chemin, etc., et à attendre là le passage du gibier. Elle est pratiquée principalement par les braconniers, qui, craignant d'être surpris, et chassaut principale ment la nuit, y trouvent de grands avanta ges, et pour qui même c'est presque la seule chasse possible.

L'affût est l'endroit où se porte le chasseur; de là cette expression figurée: être à l'affût, pour guetter, épier une occasion, une personne, une circonstance.

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AFFUT D'ARTILLERIE. (Art militaire.) On appelle affût, des mots latins ad fustem, un support, partie en bois, partie en fer ou en fonte, sur lequel une bouche à feu, soit un canon, soit un obusier, un mortier ou un pierrier, doit toujours être établie, pour qu'on puisse la manœuvrer aisément, lorsqu'il s'agit de la tirer. S'il ne s'agit pas de tirer la pièce, mais de la voiturer d'un lieu à un autre, de la conduire à un siége, par exemple, ou de la traîner en campagne, il faut adapter à Paffut un avant-train. Voy. ce mot.

C'est en 1323, au siége de la ville espagnole de Baza par Ismaïl, roi de Grenade, que les bouches à feu apparurent pour la première fois en Europe; néanmoins, jusqu'en 1522, il n'exista point d'affûls proprement dits. Pendant ce long intervalle d'environ deux siècles, les bouches à feu ne furent employées qu'à défendre ou à attaquer des rem parts, et elles n'eurent, au lieu d'affûts plus ou moins analogues à ceux d'aujourd'hui, que de pesants tabloins, ou construits à demeure pour la défense, ou fabriqués sur place pour l'attaque. Ces tabloins consistaient en de grossières charpentes, dont nos chantiers de cave peuvent donner une idée approximative, et dans les madriers desquelles une ou plusieurs bouches à feu étaient rangées horizontalement et parallèlement, encastrées à demi-bois, et assujetties par de robustes colliers de fer. Il fallait des leviers, des cabestans, des attelages de chevaux ou de bœufs, pour mouvoir ces lourdes charpentes et donner aux pièces la direction convenable; aussi, certaines pièces de siége étaient tellement massives, tellement difficiles à remuer, qu'elles ne pouvaient faire feu qu'une fois par jour. Quant aux pièces légères, comme les coulevrines, il arri vait souvent qu'on les suspendait par de grosses chaînes à des chèvres ou à des trépieds, et qu'on les tirait dans cette position bizarre. Enfin, vers le milieu du seizième siècle, le général vénitien Coléone imagina d'installer des pièces d'artillerie sur des chariots pour les merer en campagne et les produire sur un champ de bataille. Ce n'étaient pas encore des affûts; car de tels véhicules ne devaient pas pouvoir, comme les affûts le peuvent maintenant, résister, sans se rompre, aux secousses que la bouche à feu reçoit et communique autour d'elle lors de l'explosion; mais du moins ce fut le principe, l'idée mère du système d'après lequel on a bientôt construit des affûts véritables. On peut dire que ce système a peu varié pour le fond, mais pour les détails il a sans cesse marché de progrès en progrès, et il semble aujourd'hui avoir atteint le degré de perfection nécessaire.

Ce n'était pas la construction de l'affût à demeure qui présentait les plus grands obs

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tacles: il ne fallait que rendre moins laborieuse la manœuvre des espèces de charpentes qui supportaient les pièces, et l'on y arriva pen à peu. Mais inventer, mais construire des affúts roulants, c'est-à-dire propres à voiturer les pièces au loin, il y avait là un double problème à résoudre : il fallait les faire à la fois solides et facilement voiturables, deux conditions qui paraissaient s'exclure l'une l'autre, car trop de légèreté eût nui à la solidité, et trop de pesanteur à la facilité de locomotion. Il y avait là, comme en toute chose, ce juste milieu si délicat à saisir. Voici comment on a cru jusqu'en 1815 avoir évité les deux écueils; voici en quoi consiste l'affût qui jusqu'à cette époque a semblé réunir les deux avantages, et qui, inventé dans le courant du seizième siècle, servait encore pendant les campagnes de la république et de l'empire, sans guère avoir subi de modifications notables, mais qui, à l'issue de cette longue lutte, a reçu une amélioration assez importante pour qu'on doive distinguer aujourd'hui l'ancien et le nouveau système.

Dans le système ancien, deux fortes pièces de bois appelées flasques, reliées entre elles par d'autres pièces de bois plus minces qu'on appelle entretoises, reposent par une de leurs extrémités, qu'on appelle la téle, sur un essieu que soutiennent deux roues semblables à celles des voitures, et, par leur autre extrémité, qui forme ce qu'on appelle les crosses, sur le sol naturel ou sur un sol factice; les fiasques sont disposés de telle sorte que, droits et équidistants du côté de l'essieu, ils vont se recourbant et en s'éloignant l'un de l'autre du côté des crosses; la bouche à feu s'installe, la volée à l'opposé des crosses, entre les deux flasques, qui pour la soutenir ont, à leur extrémité supérieure, des évidements demi-circulaires nommés encastrements, dans lesquels entrent les tourillons, c'est-à-dire ces saillies de métal qui laissent aux pièces d'ar. tillerie un certain jeu de bascule et permet. tent d'en élever ou d'en abaisser la volée ou la culasse; les tourillons sont en outre, quand on ne tire pas, mais qu'on voiture la pièce, retenus dans les encastrements par une sus bande, c'est-à-dire par une bande de fer qui vient s'appliquer dessus; et la culasse a pour appui une planchette fixée entre les flasques, qu'on nomme la semelle de l'affût; enfin, sous la culasse, et dans cette semelle même, se tient une grosse vis de.fer, dite vis de pointage, que l'on monte ou que l'on descend selon qu'on veut pointer plus bas ou plus haut. Tel est l'ancien affût roulant, tel est celui dont, jusqu'en 1815, il a été fait usage dans toute l'Europe, pour porter les pièces de campagne et de siége. Cet affût, on le pense bien, ne fut point établi du premier coup tel que nous

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