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De la Sicotière, Histoire du collège d'Alençon, 1842, in-8°.

Comtes et ducs d'Alençon. Dès le huitième siècle Alençon était le chef-lieu d'une centaine, ou petit pays qui comprenait cent lieux. Plus tard cette ville devint le siége de l'un de sept grands bailliages de la Normandie.

Yves Jer de Creil, plus connu sous le nom d'Yves de Bellême, était, vers 940, en possession de la ville de Bellême, mais non pas du comté du Perche. Il vivait encore au commencement du règne du roi Robert.

997 an plus tôt. Guillaume 1or, fils d'Yves, joignit le comté du Perche à la seigneurie de Bellême. Il avait rendu de grands services à Hugues Capet dans sa lutte contre Charles de Lorraine, et il ne fut pas moins utile au roi Robert. Le duc de Normandie Richard II lui fit don du château d'Alençon et de ses dépendances. En 1027, il accompagna le duc Richard III au siége de Falaise, dont Robert, frère de ce prince, s'était emparé, et ce Robert étant devenu duc à son tour, Guillaume fut forcé de lui rendre hommage.

1028. Robert Ier, fils et successeur du précé dent, fit la guerre à Herbert, comte du Maine, fut fait prisonnier par son ennemi, et tué dans sa prison, en représailles de cruautés com mises par ses vassaux, qui combattaient pour sa délivrance.

1033 ou 1034. Guillaume II, surnommé Talvas, son frère, lui succéda. Il vengea sa mort, et commit beaucoup de cruautés, qui déterminèrent enfin ses sujets, vers 1048, à se joindre à ses ennemis et à le chasser.

1048. Arnoul, son fils, lui succéda, et fut assassiné la même année.

1048. Yves II, troisième fils de Guillaume 1er et évêque de Séez, succéda à son neveu Arnoul. L'an 1054, Geoffroi Martel, comte d'Anjou, se rendit maître des places d'Alen çon et de Domfront; mais le duc de Normandie les reprit, et rendit la première à Yves.

1070. Roger de Montgommeri et Mabile. Roger, fils de Hugues, seigneur de Montgommeri en Normandie, succéda à Yves par le droit de Mabile, son épouse, nièce du prélat. Mabile était artificieuse et cruelle; elle fut tuée par Hugues, seigneur de la Roche-d'Igé, dont elle avait enlevé le château (1082.) Roger accompagna, en 1077, le duc de Normandie dans son expédition contre le comte d'Anjou. Il mourut en 1094.

1082. Robert II, dit de Bellême, fils de Roger et de Mabile, succéda à sa mère. Il soutint Robert Courte-Heuse, duc de Normandie, dans ses révoltes contre son père Guillaume le Conquérant, puis contre son frère puîné Guillaume, élevé an trône d'Angleterre à son préjudice; mais il fut enfin forcé de se soumettre. Il fit

prisonnier Élie, comte du Maine (1098). Après la mort de Guillaume, il fit hommage à Henri, son successeur, mais il ne tarda pas à revenir au parti de Robert Courte-Heuse. Il commanda l'arrière-garde de Robert, successeur de ce prince, à la bataille de Tinchebrai, dont il causa la perte par ses mauvaises disposi tions. Il embrassa ensuite le parti de la France, fut emprisonné en 1112, contre le droit des gens, comme il portait des propositions à Henri de la part de Louis le Gros, et resta en captivité jusqu'à sa mort.

Guillaume III, dit Talvas, se mit à la tête des affaires de sa maison pendant la détention de son père; et, en 1119, le roi Henri lai rendit les terres de Robert, à l'exception des citadelles, qu'il retint. Ayant pris le parti de Geoffroi Plantagenet contre le monarque anglais, il fut dépouillé de nouveau; mais il fut encore réintégré après la mort de Henri; il mourut en 1171.

1171. Jean Ier, son fils, lui succéda. I soutint Henri au Court Mantel dans sa révolte contre Henri II, roi d'Angleterre.

1191. Jean II lui succéda et ne lui survécut que deux mois et demi.

1191. Robert III succéda à Jean II, son frère. Assiégé, en 1203, dans Alençon pat Jean sans Terre, il fut délivré par PhilippeAuguste. Il prit part à la guerre contre les Albigeois (1214).

1217. Robert IV, fils posthume de Robert III, mourut au bout de deux ans.

En lui finirent les anciens comtes d'Alençon, et le comté fut réuni à la couronne. Saint Louis le donna en 1268, en apanage et en pairie, avec celui du Perche et avec le droit d'échiquier ou de cour souveraine, à Pierre, son cinquième fils.

Ce prince accompagna son père au voyage d'Afrique (1270) et devint, par son mariage avec Jeanne de Châtillon (1272), comte de Blois, de Chartres et de Dunois, seigneur de Guise et d'Avesnes. Étant, après les vêpres siciliennes, venu au secours de Charles, roi de Naples, il mourut à Salerne en 1284, sans laisser d'enfants, et les comtés d'Alençon et de Perche revinrent encore à la couronte de France. Ils furent donnés pár Philippe le Bel à son frère Charles de Valois.

1292. Charles 1er de Valois se servit dù droit d'échiquier, et mournt en 1325.

1325. Charles 11 de Valois, son second fils, lui succéda et fut le père de Philippe de Valois, qui fut roi de France. Il fut blessé dangereusement à la bataille de Cassel (1328), et reçut la seigneurie de Fongères et le comté de Perhoet. Plus tard, ses possessions s'agrandirent encore. Il commanda l'avant-garde à la bataille de Crécy (1346), et y périt.

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1346. Charles III, son second fils, lui succéda comme comte d'Alençon, et se fit dominicain, en 1361, au couvent de Saint-Jacques de Paris. Charles V lui donna l'archevêché de Lyon. Il mourut en 1365.

1361. Pierre II. Après la mort de Charles III, Pierre et Robert, ses frères, se partagèrent sa succession: Robert fut comte du Perche et de Porhoet; Pierre II eut le comté d'Alençon. Il fut un des otages donnés aux Anglais pour la délivrance du roi Jean, et servit ensuite en Bretagne et en Guienne. Il réunit à ses domaines, à diverses époques, la seigneurie d'Argentan, la châtellenie de Domfront, etc., et hérita du comté du Perche par la mort de son frère Robert (1377).

1404. Jean IV, son fils aîné, surnommé le Sage, tint le parti de la maison d'Orléans contre celle de Bourgogne, et entra, en 1411, dans la ligue formée par les ducs d'Orléans et de Bourbon pour mettre le roi d'Angleterre en possession des provinces qui lui avaient été cédées par le traité de Brétigny. 11 en fut puni: le duc d'Anjou, avec la permission du roi, lui prit plusieurs places. Mais les Anglais s'en emparèrent à leur tour, et les rendirent à leur ancien possesseur. En 1414, Charles VI, pour terminer une querelle de préséance entre Jean IV et le duc de Bourbon, érigea le comté d'Alençon en duché-pairie. Jean périt à la bataille d'Azincourt.

1415. Jean V, le Beau, succéda à son père. Il fut pris par les Anglais à la bataille de Verneuil (1424), et resta trois ans captif. Il eut, en 1429, le commandement général des troupes et partagea les exploits de Jeanne d'Arc aux siéges de Gergeau et de Baugency, et à la bataille de Patay. Quoiqu'il fût déchu dans la faveur royale (1440), il continua de pren dre part à toutes les expéditions qui eurent pour résultat l'expulsion des Anglais de la Nor. mandie et des pays voisins. Ainsi il leur reprit Alençon (1449), Verneuil, Bellême, Caen, Falaise, Domfront. Mais ensuite, irrité de l'ingratitude du roi, qui refusait de le dédommager des pertes qu'il avait essuyées, il rappela les Anglais en Normandie, fut arrêté (1456), et vit sa peine commuée en une prison perpétuelle, d'où il sortit sous Louis XI (1461). Il fut un des chefs de la ligue du bien public. Arrêté et condamné de nouveau à mort (1474), il reçut encore sa grâce, fut remis en prison, en sortit en 1476, et mourut peu de temps après.

1476. René, fils de Jean V, après avoir été comblé de faveurs par Louis XI, fut accusé par des envieux, essaya de s'enfuir près du duc de Bretagne, et fut enfermé (1481) dans une cage de fer, à Chinon. Il fut condamné par le parlement à implorer la clémence du roi et à recevoir garnison royale dans ses châteaux.

Charles VIII le rétablit dans tous ses droits (1487), et depuis ce temps il vécut paisible.

1492. Charles IV, fils du précédent, joignit à l'héritage de son père les comtés d'Armagnac et de Rouergue. Il accompagna Louis XII dans son expédition contre les Génois, et combattit à Agnadel (1509). Devenu beau-frère de François 1er par son mariage avec Marguerite de Valois, il se trouva à Marignan en 1515, commanda l'avant-garde de l'armée dans les Pays-Bas, en 1521, et eut encore un commandement à la funeste journée de Pavie, en 1525; mais il perdit la tête en voyant com. mencer la défaite, s'enfuit jusqu'en France, et lorsque sa raison fut revenue, il mourut de honte et de regret.

Il ne laissait pas d'enfants. Marguerite, sa veuve, qui se remaria à Henri II, roi de Navarre, continua à jouir du comté du Perche malgré la saisie qui fut faite par les officiers du roi, des États du défunt. Ce ne fut qu'après la mort de cette princesse que le tout fut réuni à la couronne.

Le duché d'Alençon fut donné par Char les IX à Catherine de Médicis, qui en jouit jusqu'en 1566, et alors il forma l'apanage de François, le plus jeune des frères du roi. En 1576, on y ajouta par un traité l'Anjou et le Berri, et dès lors François prit le nom de duc d'Anjou. Voyez ANJOU.

Après sa mort (1584), le duché d'Alençon fut de nouveau réuni au domaine. Il fut depuis compris dans l'apanage de Gaston, duc d'Orléans, deuxième fils de Henri IV; passa, en 1660, à Isabelle, seconde fille de ce prince, mariée à Joseph de Lorraine, duc de Guise; puis fut donné à Charles de France, fils du dauphin Louis, et entra enfin dans l'apanage du prince qui fut depuis Louis XVIII.

Voyez, outre les ouvrages cités à la fin de l'article précédent, l'Art de vérifier les dates, éd. in-8°, t. XIII, p. 142 et suiv.

Bry, Histoire des pays et comté du Perche et duché d'Alençon, 1620, in-4°, et Additions aux recherches d'Alençon et du Perche, 1621, in-4°.

L. RENIER

ALÈNIER, fabricant d'alênes. (Technologie.) L'alène est un poinçon droit ou courbe destiné à percer le cuir pour le coudre. Ce petit outil, peu important au premier coup d'œil, est cependant un exemple frappant de la perfection qu'amène successivement une industrie longtemps exercée, dans les instruments des arts, comme dans les produits des fabriques.

Les premières alênes étaient droites, c'étaient tout simplement de petites pointes de forme conique qui faisaient un trou rond dans le cuir. On ne tarda pas à s'apercevoir que cette forme était mauvaise, parce que, le trou n'étant jamais rempli qu'à moitié par les deux fils qu'on

y fait entrer simultanément pour coudre le cuir, il restait de chaque côté un vide latéral qui rendait la couture lâche, peu adhérente et d'un effet désagréable à la vue.

Le premier perfectionnement fut d'aplatir le poinçon conique en lui donnant une forme ovale dans sa coupe. Ensuite on trouva plus avantageux de le limer à quatre faces en forme de losange, dont les angles sont tranchants, comme on les voit aujourd'hui; l'outil perce mieux le cuir sans le forcer ni le déchirer, et le trou retient plus fortement la couture: mais l'alêne était toujours droite. On ne pouvait percer de trous sans refouler le cuir vers les bords, auxquels on donnait ainsi une forme ondulée ou festonnée que le tranchet redres. sait ensuite, mais aux dépens de la solidité. L'alêne droite d'ailleurs ne pouvait servir que pour les coutures saillantes; elle devenait d'un usage incommode pour les autres, et surtout pour celles que l'on voulait masquer; on imagina donc de courber l'alêne et de s'en servir en tournant sa convexité du côté opposé au bord du cuir. Il n'y eut plus de refoulement vers le bord, et l'alêne put pénétrer partout. Un autre perfectionnement non moins utile consisterait à donner exactement la même courbure à toutes les alênes. On éviterait par là un grave inconvénient qui se renouvelle toutes les fois qu'un ouvrier casse ou perd son alêne, et qu'il est obligé d'en prendre une autre qui se trouve très-rarement de la même forme que la première pour percer chaque trou, l'ouvrier est obligé de donner un tour de main particulier qui dépend de la courbure de son ou til; il en prend bientôt l'habitude, et la couture va très-vite : mais s'il est réduit à changer d'alêne, celle-ci n'ayant pas la même courbure que la première, il faut qu'il change son tour de main; il devient gauche, maladroit, et se désespère tout le temps que dure ce nouvel apprentissage. Il serait facile de lui épargner ce désagrément en donnant aux alênes une courbure uniforme, ce qui ne souffre d'ailleurs aucune difficulté, comme on le verra.

Les alênes sont en acier et se font à la forge et à la lime; on commence par les faire droites, et on les courbe ensuite. Pour cela les uns les frappent avec un petit maillet de bois sur un tasseau de plomb, mais ils n'obtiennent jamais par ce moyen des alênes d'une forme semblable. D'autres ont un mandrin creusé suivant la forme de l'alêne et qui leur sert de matrice; ils les courbent dans ce mandrin à l'aide d'un petit maillet, et pour peu qu'ils y apportent de soin, les alênes qui sortent de la même fabrique ont à peu de chose près une courbure uniforme. Il serait à désirer que tous les fabricants adoptassent ce dernier procédé, ainsi que l'usage d'une matrice parfaitement pareille.

Les alênes sont ensuite trempées, recuites, et redressées par l'ajusteur, lorsque la trempe en a altéré la forme. On les polit en les agitant dans des sacs de peau avec de l'émeri et de l'huile; on répète cette opération, et on les dégraisse enfin en les faisant tourner dans un tonneau avec de la sciure de bois.

LENORMAND et MELLET. ALÉOUTIENNES (Iles). (Géographie). La mer de Béring, la partie la plus septentrionale du grand Océan est fermée, au S. par la longue chaine des îles Aléoutiennes, qui forme un arc de cercle entre le Kamtchatka et la presqu'île américaine d'Aliaksa. Elles s'étendent entre 51° 40′ et 55° de lat. N., et par 194° 11′ jusqu'à 169° 10' de long. E. Ces iles ont été découvertes par les Russes vers la moitié du 18e siècle le Danois Béring et le capitaine russe Tchirikoff, dans un second voyage tenté en 1741 pour déterminer la distance qui sépare l'Asie de l'Amérique, en visitèrent et

en

occupèrent quelques-unes. Après la mort de Béring, Tchirikoff continua à les explorer, et dès lors un commerce important de fourrures s'y établit entre les indigènes et les négociants russes. En 1768 et 1769 Krenitzine et Levachef, de 1793 à 1795 Billings et Sarytchef, tous capitaines de la marine russe, achevèrent de découvrir cet archipel, de le soumettre, d'en fixer les positions importantes et les principales hauteurs (1). Mais ces déterminations, qu'on n'a malheureusement contro. lées depuis que d'une manière incomplète, n'ont jamais obtenu grande confiance : c'est ainsi que dans le mémoire remis par Louis XVI à la Pérouse pour lui servir d'instruction particulière, il était dit que toutes les relations des Russes au sujet de ces iles, rassemblées dans l'ouvrage de Coxe sur les découvertes des Russes, devaient être regardées comme non avenues, et que la Pérouse devait explorer ces iles comme des terres entièrement inconnues. Maintenant encore on croit géné ralement que cet archipel n'a été ni visité ni relevé dans son ensemble (2).

Les îles Aléoutiennes sont divisées en plusieurs groupes: 1o les Aléoutiennes propre

(1) En 1767, le marchand Schiloff présenta à l'зmirauté de Saint-Pétersbourg une carte des îles Aléoutes, qui fut comparée avec celle du capitaine Tchirikoff et reconnue comme très-utile, quoiqu'elle ne fût pas dressée d'après les principes nautiques. En 1772, il se fit une expédition également très-digne d'attention, sous le commandement d'un marin habile, nomme Potap-Zaikoff, ayant le rang de pilote. Le rapport de son voyage fut trouvé digne par l'Académie des sciences de Saint-Pétersbourg, d'être imprimé dans l'almanach de cette société pour 1782.

(2) Voy. L'histoire chronologique de la découverte des îles Aléoutiennes par M. Berg (Chronologitcheskaia Istoria otkrutia Aleoutskich ostrowow, etc.); Saint-Pétersbourg. Le baron de Neuen-Kirchen a inséré quelques observations sur cette publication dans le tome XXIXe des Nouvelles Annales des voya ges (1826), p. 121-28.

ment dites ou Chao sont au nombre de trois, Atta, découverte en 1745, longue de 24 lieues, large de 5 à 7 lieues; Agatta à l'E. et près d'Atta, longue de 6 lieues environ; Semitche, également à l'E. d'Atta. 2o Le groupe des Andreanof ou Negho, à l'E. du précédent, composé de 20 iles et de nombreux îlots sans importance. Une partie de ce groupe est quelquefois désignée sous le nom de Crysié ou iles des Rats. Il faut citer ensuite Tanaga, remarquable par un volcan très-élevé et toujours couvert de neige, montueuse au N., basse et humide vers le S., entourée de basfonds et de rochers; Kanaga, séparée de la précédente par un canal très-dangereux, sans ports, sans arbres, à peine peuplée et remarquable seulement par un volcan qui jette beaucoup de soufre et de fumée, et par des sources d'eau chaude; Semisopotchnoi ou iles des sept cratères; Adak, avec un port commode el sûr, mais étroit à son entrée; Tagalak, d'un abord difficile; Atka, qui présente des sources thermales et un volcan qui brûle continuellement; Amta, arrosée par de nombreuses rivières (1). 3° Les iles des Renards, la partie des îles Aléoutiennes la plus rapprochée de l'Amérique; les principales sont : Oumnak, longue de 30 lieues de l'E. à l'O., large de 5, avec un volcan d'où sortent des sources d'eau chaude; Ounalaschka ou Nagounalaska, l'une des plus grandes îles de l'Archipel, longue de 30 1. du N.-E. au S. O. et large de 8 1., terminée à l'O. par une pointe très-étroite et présentant au N., à l'E. et à l'O. trois golfes profonds et d'un mouillage sûr ; dans l'intérieur, de hautes montagnes, un volcan, et tout ensemble d'excellents pâturages, des vallées bien arrosées; sur la côte méridionale, des rochers inabordables (2); Ounimak, près d'Ounalaschka et séparée de la presqu'île Aliaksa seulement par le détroit d'Isanotzkoï qui a environ 8 lieues de longueur et 3 lieues de largeur (3); les îles de Choumagin, au nombre de 13, qui s'étendent vers le N. E. le long de la presqu'île Aliaksa,

(1) L'ile Adak fut découverte en 1760 par Tolstik, qui donna au gouvernement d'intéressants détails sur cette île, ainsi que sur les îles Kanaga, Tscheschkina, Tagalak et Atka, découvertes et par lui et par Lasareff et Basoutkine.

(2) Ce fut Stepan Glotoff qui découvrit en 1757-59 les iles Oumnak et Ounalaschka; il était accompagné du cosaque Ponomareff, qui, avec l'aide d'un marchand nommé Pierre Schischkin, avait composé une carte assez détaillée des îles Aléoutes; il y avait marqué huit grandes îles au N. E. d'Ounalaschka.

(3) Le pilote Potap-Zaikoff, que j'ai déjà nommé plus haut, atteignit dans l'automne de 1775 le port situé dans le détroit qui sépare l'ile Ounimak de la presqu'ile Aliaksa, où, avant lui, le capitaine Krenitzine avait passé un biver; il y resta trois ans, occupé de la description exacte des îles voisines. Quoiqu'il ne connût pas les procédés astronomiques pour determiner les longitudes, il découvrit cependant l'erreur du capitaine Krenitzine, qui avait place ces îles de cinq degres trop à l'O.

découvertes en 1741 par Bering, qui leur donna le nom d'un de ses matelots, mort dans ces parages; un petit archipel composé de sept iles qu'on appelle Eudokeiskia ou Semides; et enfin Kadiak, à l'E. d'Aliaksa, qui fut découverte en 1763 par Glotoff. Cette ile est séparée du continent par le détroit de Schelekhoff; elle est la plus grande de l'archipel, a 35 lieues de longueur et 20 lieues de largeur, et offre de hautes montagnes de granit, des vallées étroites et couvertes de rochers, des côtes découpées, de bons ports, de nombreux cours d'eau, une végétation fraîche et abondante, des arbres fruitiers, des forêts de pins, de peupliers, d'aunes, etc. Un établissement considérable pour le commerce des fourrures fut formé à Kadiak par le fameux négociant russe Schelekhoff; la sage direction donnée à cet établissement ainena les meilleurs résultats la conversion des indigènes au christianisme, l'institution d'un évêché, d'une école, l'organisation d'un commerce régulier et bientôt si prospère, qu'en 1799 l'établissement fut érigé en Compagnie américaine russe sous la protection de l'empereur (1).

Toutes ces îles ont un aspect uniforme; elles ne diffèrent, dit Malte-Brum, que par l'activité plus ou moins grande des volcans qu'elles renferment et par le caractère de leur végétation : ainsi les plus rapprochées de l'Amérique produisent des pins, des mélèzes, et quelques chênes, tandis que les plus occidentales n'ont que des saules rabougris.

La domination russe a exercé la plus grande influence sur les indigènes de ces îles; la résistance de ceux-ci fut nulle (2), et ils oublièrent complètement leur première religion, leurs anciennes traditions, leurs usages. Aussi est-il impossible actuellement de recueillir parmi eux aucun renseignement sur l'état de ces pays avant l'occupation des Russes. Le révérend

(1) Gregory Schelekhoff, principal fondateur de la Compagnie actuelle russe-américaine, fit sa première expédition en 1776. Il en fit une autre en 1787, commandée par Guerassim Pribuloff, et très-intéressante par la découverte des îles Saint-Paul et SaintGeorges, nommées d'abord iles Zouboff par Pribuloff. La Compagnie russe-américaine possède aujourd'hui toute la chaîne des îles Aléoutes, la grande ile Kadiak, la forteresse de l'Archange Michel dans la baie Setka ou Norfolk Sound, construite en 1999, par Baranoff, agent de la Compagnie, détruite en 1802 par les habitants et reconstruite en 1804, et enfin l'établissement Ross en Californie, fondé en 1812, et placé sous 38° 33'. Les revenus que la Compagnie tirait de son commerce de pelleteries, il y a vingt ans, montaient à peu près à un million et demi de roubles en papier et ses dépenses à un million. On évaluait alors le produit total des pelleteries, depuis l'origine de ce commerce, à quarante-six millions de roubles en papier, sur lesquels le gouvernement russe aurait levé un droit de plus de dix millions.

(2) Cependant lorsque Glotoff, en 1763, découvrit l'ile de Kadiak, il éprouva une longue et vive résistance de la part des habitants; ils se servaient de flèches et de lances et tuèrent un grand nombre de Russes en se défendant.

Jean Veniaminoff, Russe d'origine, mais né dans les colonies de la côte N. O. de l'Amérique, a résidé pendant dix de ces dernières an nées parmi eux, et étudié leurs mœurs, leur caractère, leur langue; il a même composé une grammaire de la langue aléoute, qui a mérité en 1839 l'un des prix Demidoff que décerne l'Académie des sciences de Saint-Pétersbourg; mais il n'a pu retrouver aucun fait certain sur leur ancienne religion ni sur leur histoire. Du reste, l'apathie qu'il signale dans ces peuples, le dénûment et souvent la disette auxquels ils se condamnent volontairement par paresse et par indifférence, leur diminution de nombre progressive et effrayante, tout semble marquer une race qui s'éteint comme tant d'autres et doit bientôt disparaître. AMÉDÉE TARdieu.

ALEP. (Géographie.) Au nord de la Syrie, à environ vingt lieues à l'est d'Antioche sur le même parallèle, s'élève, au milieu d'une plaine ondulée, la ville d'Alep, capitale du pachalik du même nom. Située par le 36° 11' de latitude nord et par le 34° 50′ à l'est du méridien de Paris, Alep jouit d'un climat tempéré qui permet la culture du citronnier, de l'oranger, du jujubier, du pistachier, des fruits d'Europe et de nombreuses variétés de melons ou pastèques. Aux yeux du voyageur, qui, après une longue traversée dans le désert, aperçoit Alep du haut d'une des petites éminences qui l'entourent, la cité se déploie grande et magnifique dans son aspect. La forteresse occupe le sommet d'une haute colline artificielle, au centre de la ville qu'elle domine entierement. Des tours, des murailles élevées, des portes massives, de nombreux minarets s'élevant au milieu des toits en terrasses des maisons, donnent à Alep une apparence d'autant plus imposante que le pays qui l'entoure est plus inculte et plus désolé. Placée dans une campagne riante et fertile, cette grande cité n'en serait pas moins l'une des plus importantes de l'Asie occidentale; mais elle ne frapperait pas d'étonnement l'étranger qui y arrive, ainsi qu'elle le fait quand on l'aperçoit resplendissante au sein des sables du désert. L'idée favorable que les voyageurs conçoivent d'Alep, lorsqu'ils l'embrassent d'un seul coup d'œil, ne supporte pas, il est vrai, une visite détaillée; en franchissant les murs d'enceinte on pénètre dans des rues étroites et fangeuses, où le regard ne peut plus mesurer dans leur ensemble les riches mosquées, les bains élégants, les palais de marbre, perdus dans cet inextricable labyrinthe de petites ruelles, de longues voûtes, de passages qui composent une cité d'Orient; c'est seulement en se rendant aux bazars qu'on retrouve, dans l'activité du commerce, dans le nombre des magasins, dans la richesse et la variété des marchandises, une preuve irrécusable de l'importance com

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merciale de cette ville. En effet, placée sur la route des caravanes qui du golfe Persique ou des bords de la mer Rouge se rendent dans l'Asie Mineure, Alep est l'entrepôt des précieuses denrées qui de la mer des Indes arrivent à travers le désert aux ports de la Méditerranée ; et cette heureuse position y a de tout temps attiré une population nombreuse, que, dans la pénurie d'éléments statistiques, les voyageurs ont estimée différemment, mais que l'on peut porter à près de 100,000 âmes. La ville, qui a près de trois lieues de tour, est bâtie sur la rive orientale du Kowaïk, petite rivière torrentueuse, dont les eaux disparaissent presque entièrement pendant les chaleurs de l'été. Ce n'est pas cette rivière qui alimente les fon. taines de la ville, et comme l'eau des puits est saumâtre, les habitants font venir d'une distance de cinq milles celle dont ils font usage. C'est à cette eau, malgré sa limpidité, qu'on attribue la maladie endémique appelée le bouton d'Alep, espèce d'ulcère, qui, s'attaquant indifféremment aux natifs ou aux étrangers, dure près d'un an et laisse des traces ineffaçables. Le climat d'ailleurs est assez sain, l'air vif, et cette ville serait à tout prendre l'une des plus agréables de l'Orient, si le sol n'était quelquefois bouleversé par des secousses violentes de tremblements de terre. En 1822, au mois d'août, une secousse terrible renversa les deux tiers des habitations et fit périr plus de huit mille habitants quelques mois plus tard un autre tremblement de terre venait compléter le désastre de cette malheureuse ville, qui commence à peine depuis quelques années à sortir de ses ruines. Outre la ville d'Alep, le pachalik du même nom contient les villes moins importantes d'Antakieh ou Antioche, sur les bords de l'Oronte, d'Alexandrette ou Scanderous, de Killis, et peut-être de Schorg que d'autres géographes rattachent au pachalik de Damas. Cette province, qui compte environ 460 milles carrés et 450 mille habitants, est bornée au nord par les districts d'Adana et d'Aïntab; au sud, par le pachalik de Damas; à l'est par l'Euphrate et, à l'ouest, par la Mé diterranée. NOEL DES VERGERS.

ALEP. (Histoire). Alep occupe la place de l'antique Berrhée, dans la Cyrrhestique, que les anciens appelaient aussi Chalybon, d'où paraît être venu le nom de Halebou Alep. Cette ville, habitée en partie par les tribus arabes qui avaient émigré du Yémen lors du cataclisme connu sous le nom de Seil-el-Aram ou rupture de la digue, était tombée au pouvoir des Romains depuis plus de sept cents ans, lorsque les musulmans, marchant à la conquête de la Syrie, résolurent de s'en emparer. Importante par sa population, par son commerce, Alep ne le cédait alors qu'à Antioche, dans la Syrie septentrionale, et son château,

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