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1873, Oct.13.

Furnel.

( Tom. I " _ XXVII " & 3 tom. of allos;

Complement, Tom. I" _XII

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AVERTISSEMENT

SUR CETTE NOUVELLE ÉDITION.

Un écrivain supérieur, qui est en même temps un homme d'État éminent, a dit, dans une savante dissertation sur les encyclopédies: « Il manque à notre état social quelque chose dont l'absence se fait partout sentir, que tout le monde cherche, souvent même sans le savoir: c'est un état intellectuel qui lui corresponde et le complète. Les révolutions ne changent pas le monde intérieur et moral aussi promptement que le monde extérieur et matériel. On s'enrichit plus vite qu'on ne s'éclaire; on monte sans grandir à proportion. Il y a maintenant un nombre immense de citoyens honnêtes, influents, importants par leur fortune, leur activité, leur clientèle, et dont l'instruction n'est pas au niveau de leur situation; qui n'ont pas les lumières de leur influence, ni les principes de leur conduite, ni les croyances de leurs sentiments; la civilisation intellectuelle, en un mot, est moins avancée que la civilisation sociale. C'est donc de la civilisation intellectuelle qu'il faut seconder les progrès; il faut se hâter de répandre des connaissances, des principes, qui rétablissent entre les pensées et les situations, les esprits et les existences, cet équilibre, cette harmonie, qui fait l'éclat, et assure le repos de la société. C'est là ie premier et le plus noble besoin de notre époque. »

Ces lignes, écrites il y a vingt ans, ont conservé jusqu'aujour d'hui tout leur à-propos ; et quoique le moyen signalé par M. Guizot, comme le plus propre à satisfaire ce premier besoin de notre époque, ait été plusieurs fois employé depuis; quoique l'on ait vu paraître, dans ces derniers temps surtout, un grand nombre d'encyclopédies, on n'en peut pas moins dire, maintenant comme

en 1826, qu'il existe un nombre immense de citoyens dont l'instruction, très-étendue dans les diverses branches de la science que chacun d'eux a prise pour objet spécial de ses études, n'a point, cependant, ce caractère de généralité dont l'état actuel de la société fait pour tous un besoin. C'est qu'aucune encyclopédie, véritablement digne de ce nom, n'a encore été publiée à un prix assez modique pour pouvoir être acquise par tous ces citoyens. Les éditeurs de l'Univers pittoresque, cette grande ENCYCLOPÉDIE DE L'HISTOIRE, qui a présenté une première solution de ce problème, ont essayé de le résoudre de nouveau, en publiant à leur tour, et à un prix plus modique encore, une ENCYCLOPÉDIE DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES ARTS.

Les auteurs de l'Encyclopédie des gens du monde, du Dictionnaire de la conversation et de la lecture, de l'Encyclopédie nouvelle et de plusieurs autres ouvrages du même genre, aujourd'hui en cours de publication, désirant attacher leurs noms à des œuvres entièrement nouvelles, ont cru devoir regarder comme non avenus les travaux de leurs devanciers, et ils ont entrepris de les recommencer sur nouveaux frais. De cette manière de procéder sont résultés des ouvrages fort chers, qui, sans doute, se distinguent tous par un mérite particulier, mais aussi dans chacun desquels on remarque des défauts que n'ont pas les autres. Pouvait-on éviter ce double écueil? Était-il possible de publier une encyclopédie à bon marché, où l'on trouvât toutes les qualités de la meilleure de celles qui ont déjà paru, et dans laquelle ces qualités ne fussent pas compensées par des défauts d'une égale importance? MM. Firmin Didot ont pensé qu'on y parviendrait, si, au lieu de refaire, on se bornait à perfectionner encore la meilleure des encyclopédies existantes; et ils ont pris pour base de leur publication l'Encyclopédie moderne, publiée en 1832, sous la direction de M. Courtin, déjà réimprimée en 1843, avec de nombreuses améliorations.

Cet ouvrage est-il, en effet, le meilleur de ceux du même genre qui ont paru en France depuis le commencement de ce siècle? Quand les deux éditions qui en ont été publiées et épuisées ne répondraient pas affirmativement à cette question, les nouveaux

éditeurs pourraient alléguer, pour justifier leur choix, un suffrage qui en vaut bien d'autres on sait comment, après la bataille de Salamine, le prix de la valeur fut décerné à Thémistocle; les chefs des Grecs étant assemblés à Corinthe pour donner leurs suffrages, chacun accorda au général athénien le second rang, et garda pour soi le premier. Si l'on veut prendre la peine de lire les préfaces des principales encyclopédies françaises du x1x siècle, on en tirera, en faveur du livre de M. Courtin, une conclusion analogue à celle que l'assemblée des Grecs tira, en faveur de Thémistocle, des suffrages de ses collègues.

Il nous reste à expliquer en peu de mots de quelle manière ont été conçues les améliorations qu'on a cru devoir introduire dans cet ouvrage.

Quelques-uns des auteurs de la première édition ont été enlevés aux lettres dans ces dernières années; ceux de leurs articles qui étaient devenus tout à fait inexacts, par suite des progrès de la science, ont été supprimés, et remplacés par d'autres, dans lesquels on a tenu compte des dernières découvertes; ceux qui étaient seulement inexacts ou incomplets, ont été rectifiés et complétés, au moyen de notes au bas des pages ou d'additions placées à la fin des articles; enfin, ceux qui avaient pour objet des matières dont la théorie est restée la même, ont été scrupuleusement respectés; qu'aurait-on pu, en effet, vouloir changer aux articles de philosophie de Th. Jouffroy, de littérature de Népomucène Lemercier, Arnault, Étienne et Picard, de physiologie de Broussais, de chirurgie de Larrey et Dupuytren, d'histoire militaire du général Lamarque, de linguistique de Klaproth, de chronologie de Saint-Martin, d'histoire religieuse de Benjamin Constant?... Tous ces articles sont devenus célèbres; ils ont fait la fortune de l'Encyclopédie moderne : on s'est borné à les réimprimer, en y ajoutant simplement, lorsqu'il y avait lieu, de courtes notes et des notices bibliographiques.

L'Encyclopédie moderne contient encore un grand nombre d'autres articles non moins remarquables, non moins célèbres, et que nous ne citons pas, parce que, plus heureux pour ces articles que pour ceux que nous venons de mentionner, nous avons pu en communiquer les épreuves aux écrivains, aux savants illustres,

qui en ont enrichi ce livre ils ont bien voulu les revoir et les mettre eux-mêmes au niveau des derniers progrès de la science.

Voilà ce que nous avions à dire sur le fond de cette encyclopédie; ainsi que les éditeurs l'ont annoncé dans leur prospectus, ce fond se trouve, dans cette édition, augmenté de près du double. On a, en effet, dans les diverses spécialités, ajouté à l'ancienne nomenclature un grand nombre de mots qui ne s'y trouvaient pas, et même quelques spécialités nouvelles, que M. Courtin avait cru devoir exclure de son cadre; l'histoire politique, entre autres, et l'histoire littéraire y ont été admises, et y occupent maintenant une place considérable. Pour toutes ces additions, pour toutes ces améliorations, les hommes qui tiennent dans la science et dans la littérature le rang le plus élevé, ont bien voulu nous prêter leur concours. Les articles qu'ils nous ont fournis suffiraient à eux seuls pour assurer le succès d'un livre; nous y avons réuni ceux de l'encyclopédie de M. Courtin, dont tout le monde s'accorde à reconnaître le mérite: cet ensemble ne saurait manquer de recevoir du public un accueil favorable.

LÉON RENIER.

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