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rendu un service à l'Église, et se proposa de lui en rendre un plus considérable par une Apologie du christianisme, monument largement conçu, et pour l'érection duquel il demandait à Dieu dix ans de santé. Ce temps, hélas ! il ne put l'obtenir! Ses souffrances s'accrurent, et avec elles son intolérance et son goût pour les petites pratiques de dévotion. Dans le but de combattre ses inclinations et de réprimer toute pensée d'orgueil, il portait à nu sur sa chair une ceinture de fer garnie de pointes, et de temps en temps, il se donnait un coup de coude, afin de s'avertir par la douleur.

autres, il trouva la haute éloquence avant Bossuet. C'est là qu'il fait regretter aux jésuites le temps où il ne les attaquait qu'avec cet enjouement cruel dont s'était plaint leur apologiste; c'est là qu'il ne garde plus de ménagements, que son sérieux tourne en colère, que sa véhémence est pleine d'amertume, que la passion l'emporte jusqu'à l'insulte; enfin, c'est là que notre langue, incertaine dans sa marche, en quête de son véritable génie, s'avança sur un terrain ferme, et parut à jamais fixée. Aussi, n'y eut-il qu'une voix sur le mérite littéraire des Provinciales, et cette unanimité de suffrages ne peut être infirmée par le reproche de manquer parfois d'élégance et d'harmonie, reproche fondé sur quelques phrases assez rares, et qui attestent l'extrême ditficulté d'écrire en français. Voy. FRANÇAISES (lang. et litt.), T. XI, p. 452 et

478.

Les jésuites étaient assez puissants pour s'opposer à l'impression des Provinciales; mais cette impression fut clandestine. Il paraît que l'auteur, prenant un autre nom que le sien, alla s'établir dans une auberge, à l'enseigne du roi David, rue des Poirées, en face du collége de Clermont, aujourd'hui Louisle-Grand, et que c'est dans ce collége que le principal, M. Fortin, fit imprimer l'ouvrage sous le titre de Petites lettres, parce que chacune ne contenait qu'une feuille de 8 pages in-4°, excepté les trois dernières, qui ont un peu plus d'étendue. Dès 1657, elles furent réunies en 1 vol. in-12, par les Elzevirs; et Nicole (voy.), sous le pseudonyme de Guillaume Wendrock, les traduisit en latin, et ajouta des notes importantes. L'ouvrage eut, sous cette forme, un assez grand succès, puisqu'il en était, en 1679, à la 5o édition. Nous ne parlons pas d'une Réponse aux Lettres provinciales, ou Entretiens de Cléandre et d'Eudoxe, que hasarda, au bout de 40 ans, le jésuite Daniel, ni de la réfutation qu'en fit Petit-Didier, bénédictin de Lorraine. Ces ouvrages sont oubliés, et l'on ne cesse de réimprimer les Provinciales.

L'ardeur de la polémique aggrava la maladie de Pascal. Insensible à l'éclat de sa victoire, il ne s'applaudit que d'avoir

Ce qu'il y avait de plus admirable dans sa conduite, c'était son amour pour la pauvreté et la disproportion de ses aumônes avec ses moyens. Quand on lui en faisait la remarque, il répondait qu'il avait fait une autre remarque, à savoir: que les plus pauvres laissent toujours quelque chose en mourant. Mais il poussait si loin le rigorisme, qu'il reprenait sa sœur, Mme Périer, si elle disait avoir vu une belle femme, et qu'il trouvait mauvais qu'elle reçût les caresses de ses enfants. Il regardait l'insensibilité comme une perfection, et retranchait toutes les amitiés. Lorsqu'il apprit la mort de sa sœur, la religieuse, certainement la personne du monde qu'il aimait le plus, il ne dit rien, sinon : « Dieu nous fasse la grâce d'aussi bien mourir! » Cette insensibilité était logique. « On ne considère pas, disait-il, qu'en fomentant et souffrant des attaches, on occupe un cœur qui ne doit être qu'à Dieu seul. »

Dans la ferveur de sa dévotion, Pascal récitait des psaumes, parcourait les églises, et domptait par de minutieuses pratiques son esprit porté au doute, son cœur facile aux emportements. Ce grand génie méritait plus que jamais le reproche de donner dans les extrêmes. En retranchant tout superflu, jusqu'aux balais, il descendait sans peine à la malpropreté.

Ce fut au milieu des souffrances de ses dernières années que Pascal dicta parfois et plus souvent écrivit les notes et fragments dont il voulait conserver le souvenir pour l'époque où il composerait son Apologie du christianisme. Il les je

tait presque illisibles sur de petits papiers dont on trouva plusieurs liasses après sa mort, arrivée le 19 août 1662. Quelques-unes de ces notes étaient informes et inintelligibles; mais plusieurs fragments avaient une certaine étendue, ils étaient achevés et d'une beauté incomparable. Parents et amis tinrent conseil sur ce qu'on ferait de tout cela. Le duc de Roannez fut chargé de préparer pour l'impression ces manuscrits sans ordre, dont la révision serait soumise à PortRoyal. Une pensée malheureusé présida au travail on voulut faire un livre édifiant, et, dans ce but, on supprima, on ajouta, on modifia; le principal éditeur scinda des morceaux finis pour y intercaler d'autres morceaux, ou seulement pour disjoindre les premiers; les doutes cruels qui avaient tourmenté Pascal disparurent; ses attaques aux jésuites et sa résistance au pape, qui avait condamné les Provinciales **, restèrent dans le manuscrit; puis on chercha dans des lettres de l'auteur, dans le souvenir de ses conversations, des idées émises en dehors de l'Apologie projetée, et l'on publia, en 1670, le livre des Pensées. Desmolets, Condorcet, Bossut et quelques autres, ont fait à ce livre d'importantes additions; mais un Rapport étendu, de M. Cousin, à l'Académie-Française, sur la nécessité d'une nouvelle édition des Pensées de Pascal, a révélé, en 1842, combien l'ouvrage a perdu en passant par les mains de Port-Royal, quelles mutilations ont subies et l'effrayante profondeur des idées et l'énergique hardiesse des expressions. Tel qu'il est, cependant, l'admiration n'a pas fait faute à cet étonnant recueil. Où trouver une peinture plus effrayante et

(*) Ces petits papiers, collés dans un in-fol. de 491 pages, forment le ms. autographe des Pensées, qui appartient à la Bibliothèque royale.

(*) Quelque temps avant sa mort, Pascal, à qui l'on demanda s'il ne se repentait point d'avoir écrit les Provinciales, condamnées à Rome, répondit: que s'il avait à recommencer, il les ferait encore plus fortes. Dans ses pensées autographes, il dit : « Il faut crier d'autant plus haut, qu'on est censuré plus injustement, et qu'on veut étouffer la parole plus violemment, jusqu'à ce que vienne un pape qui écoute les deux parties, et qui consulte l'antiquité pour faire justice. » Et plus loin : « Si mes lettres sont condamnées à Rome, ce qu'elles condamnent est condamné dans le ciel. »

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plus vraie de la misère de l'homme, du tourment de l'intelligence en présence des problèmes de notre origine et de notre fin, du besoin d'une religion qui nous abrite contre les systèmes, et nous donne un repos que nous avons en vain demandé à la philosophie?

Les règles ordinaires de la composition ne sont point applicables aux Pensées. L'auteur, qui portait le scrupule jusqu'à refaire dix à douze fois les morceaux qu'il donnait au public, n'écrivit qu'une fois, et pour lui seul, ces fragments dont la place, dans l'œuvre en projet, nous est inconnue. Beaucoup sans doute eussent été rejetés pour de plus beaux encore qu'eût trouvés son génie. L'Apologie du christianisme, telle que l'avait conçue Pascal, eût été l'une des plus magnifiques productions de l'esprit humain. Une idée du plan nous a été donnée par les premiers éditeurs, d'après un entretien où Pascal l'avait déroulé, pendant plus de deux heures, en présence de quelques amis; seulement on ignore sous quelle forme il eût rédigé cette vaste composition. M. Cousin, s'appuyant sur quelques indications manuscrites, soupçonne que l'auteur eût pris la forme épistolaire à laquelle il eût mêlé des dialogues. Nous ne le nions pas, et nous renvoyons au Rapport déjà cité ceux de nos lecteurs qui veulent avoir une idée juste de l'infidélité de toutes les éditions des Pensées, en même temps qu'une appréciation motivée de leur auteur, de ce penseur étrange, de ce Montaigne converti, qui rassembla toutes ses forces pour annihiler la raison, et qui, dans un passage supprimé par Port-Royal au milieu du morceau célèbre des paris, dit à son interlocuteur, en parlant de ceux qui ont douté : « Suivez la manière par où ils ont commencé : c'est en faisant tout comme s'ils croyaient, en prenant de l'eau bénite, en faisant dire des messes, etc. Naturellement même cela vous fera croire et vous abétira. » A la vue de ce dernier mot de la sagesse humaine, on est saisi, comme M. Cousin, << d'une commisération profonde pour ce grand esprit, trahi par une méthode infidèle et l'habitude des démonstrations géométriques, ici impossibles et superflues, enfermé par là dans le scepticisme,

et, pour eu sortir, se condamnant luimême et les autres à une foi bien cher achetée et elle-même pleine de doute. » (Rapport, p. 189). Les Pensées ont eu deux commentateurs célèbres, Voltaire et Condorcet. Nous n'en parlons que pour mémoire, car ils ont été sans bonne foi dans leurs annotations.

Pendant un siècle et demi, aucune société littéraire ne mit au concours l'éloge de Pascal; cet injuste oubli fut réparé, en 1811, par l'Académie des Jeux-Floraux, qui proposa cet éloge pendant plusieurs années, et décerna l'églantine d'or, en 1816, à M. G.-M. Raymond. L'Académie Française a plus récemment proposé ce même éloge, et partagé le prix, en 1842, entre MM. Faugère et Demoulin.

Nous citerons deux éditions des OEuvres de Pascal. La plus connue est celle que publia Bossut, en 1779. Le 1er volume contient les Provinciales; le 2o les Pensées et quelques pièces de dévotion; le 3o les ouvrages attribués à Pascal, à savoir: Lettre au P. Annat, des factums, des censures, etc.; le 4 et 5o les ouvrages de mathématiques et de physique. Une autre édit. des OEuvres complètes a paru chez Lefebvre, 1819, 6 vol. in-8°.

La Vie de Pascal, écrite par Gilberte, sa sœur (Mme Périer), est pleine de détails intéressants. Son autre sœur, Jacqueline (la religieuse), née à Clermont le 4 octobre 1625, morte en 1661, faisait à 15 ans de jolis vers. On a d'elle: Pensées édifiantes sur le mystère de la mort de N. S. Jésus-Christ, nouvelle édit., Paris, 1767, in-12; des Cantiques spirituels, et un Règlement pour l'éducation des enfants de Port-Royal, imprimé en 1665, avec les Constitutions de Port-Royal. J. T-v-s.

PAS-DE-CALAIS, détroit de l'océan Atlantique qui unit la Manche à la mer du Nord, et sépare l'Angleterre de la France. Dans sa partie la plus étroite, entre Calais et Douvres, il a 7 lieues, et peut être franchi, lorsque la mer est calme, en 3 ou 4 heures. La similitude des roches crayeuses des côtes de France et d'Angleterre sur ce détroit a fait supposer que les deux pays ont formé très an

ciennement un seul continent, et que, par suite de quelque révolution, la mer a fait irruption dans les terres et a produit le détroit qui aujourd'hui fait une île de l'Angleterre. Le Pas-de-Calais ne contenant point, que l'on sache, la base des roches qui auraient dû unir les deux pays, il faut supposer que la violence des flots a tout enlevé, jusqu'aux moindres traces de l'ancien isthme, s'il y en a eu un. Quand la mer est très agitée, la traversée dure bien plus longtemps; les bateaux à vapeur ont beaucoup contribué à rendre plus rapides les communications entre la France et l'Angleterre à travers le détroit. D-G. PAS-DE-CALAIS (DÉPARTEMENT DU). Situé sur le détroit de ce nom, et formé de l'Artois, du Boulonais, du Ponthieu et du Calaisis, en Picardie, il est borné à l'est par le dép. du Nord, au midi par, celui de la Somme, à l'ouest par la Manche, et au nord-ouest par le Pas-de-Calais (voy. tous ces noms). Le sol, généralement plat, n'a que quelques chaînes de collines dont l'élévation n'excède pas 200m, et dont les principales sommités sont : le mont Hulin et le mont Lambert, tous deux voisins de la mer. Plusieurs rivières le traversent, les unes pour se jeter dans la Manche, et les autres pour se réunir aux rivières du dép. du Nord. Du nombre des dernières sont la Scarpe et la Lys. Les principales rivières qui ont leur embouchure dans la Manche sont l'Authie, servant de frontière au sud; la Canche, dont l'embouchure forme une baie considérable; et la Liane, à l'embouchure de laquelle est le port de Boulogne: elles sont toutes navigables, du moins pour les bateaux; en outre, plusieurs canaux établissent des communications entre les principales villes, ou avec les canaux et rivières des départements voisins: c'est ainsi que le canal de Neuf-Fossé, entre Saint-Omer et Aire unit la Lys à l'Aa, tout en formant une ligne de défense sur la frontière. Un autre canal conduit de Saint-Omer à Calais, en continuant le précédent, tandis que depuis Aire un troisième canal se prolonge par Béthune et Labasse jusqu'au dép. du Nord. Des travaux ont été entrepris récemment pour

que des carrières de marbres variés. Il y a plusieurs hauts-fourneaux, des moulins à poudre, des verreries, tanneries, distilleries de grains, savonneries, poteries, filatures de coton, etc.

canaliser la Canche. Le sol est entrecoupé, à la manière hollandaise, d'un grand nombre de canaux d'irrigation. Des dunes règnent le long des côtes. Beaucoup de villes ont des fontaines alimentées par les puits artésiens (voy.) qui ont pris leur nom de ce pays, et qui y sont faciles à établir.

Le dép. a une superficie de 655,645 hectares, ou près de 342 lieues carrées, dont 492,374 hect. de terres labourables, 43,107 de bois, 46,210 de prés, 93,118 de jachères. Il y a beaucoup d'étangs provenant d'anciens marais, dont on a enlevé la tourbe. La terre est fertile; elle produit, outre les céréales, des plantes oléagineuses, du lin et du chanvre, des betteraves, dont la culture a donné lieu, dans les derniers temps, à une fabrication de sucre importante; on cultive environ 700 hect. de tabac, et on récolte beaucoup de fruits et de légumes; le faubourg de Haut-Pont, auprès de Saint-Omer, est renommé pour sa population jardinière qui a transformé en carrés bien cultivés et entrecoupés de fossés, les anciens marais de cette contrée, et qui en exporte les légumes en bateaux au marché de la ville. Le dép. a 365,800 bêtes à laine de bonne race; il fournit aussi de bons chevaux de trait. Ses pêches sont importantes, moins dans les rivières que sur la mer, où les pêcheurs prennent des harengs, maquereaux, morues, etc. Il a six ports, Boulogne, Calais, Ambleteuse, Étaples, Vimereux et Wissan, ce qui donne lieu à un mouvement de cabotage considérable. Boulogne et Calais étant des lieux d'embarquement pour l'Angleterre, reçoivent et font partir journellement des paquebots: le nombre des voyageurs entre Boulogne et Calais est à peu près dans la proportion de trois à un. Le chemin de fer de Paris à la Belgique qui devra avoir un embranchement sur les deux ports, augmentera probablement beaucoup le mouvement des voyageurs anglais et français. Le dép. s'enrichit en outre par son industrie manufacturière. On y file du lin, et on y fabrique beaucoup de toile, surtout dans l'arrondissement de Béthune, de la dentelle et des tulles, particulièrement à Calais et Boulogne. On exploite des mines de fer et de houille ainsi

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D'après le recensement de 1841, le dép. du Pas-de-Calais compte une population de 685,021 âmes; en 1836, elle montait à 664,654, et présentait alors co mouvement: naissances, 19,632 (10,164 masc., 9,468 fém.), dont 2,004 illégitimes; décès, 14,604 (7,188 masc., 7,416 fém.); mariages, 5,165. Ce dép. se compose des six arrondissements d'Arras, Béthune, Saint-Omer, Saint-Pol, Boulogne et Montreuil, comprenant ensemble 43 cantons et 903 communes. Pour l'élection de 8 députés, nommés en 1842 par 5,153 électeurs, Arras et Saint-Omer sont subdivisés chacun en deux arrondissements. Le dép. est de la 16o division militaire, dont Lille est le quartier-général; sous le rapport judiciaire et universitaire, il est du ressort de la cour royale et de l'académie de Douai. Il forme le diocèse d'Arras et reuferme 25 congrégations religieuses et une église du culte réformé. Presque toutes les villes un peu considérables ont des sociétés d'agriculture et les villes principales possèdent des sociétés littéraires.

On trouvera aux art. ARRAS, BouLOGNE et CALAIS ce qui concerne ces villes; ainsi nous ne parlerons que des autres lieux remarquables.Saint-Omer, sur l'Aa, une des places les plus peuplées du dép., ayant 19,032 hab., était anciennement un bourg sous le nom de Sithieu, et avait une grande abbaye, celle de Saint-Bertin, dont on voit encore les restes. La ville est bien bâtie et entourée de quelques fortifications; elle a un collége, un théâtre, une ancienne cathédrale, et une bibliothèque publique. Béthune (6,805 hab.), bâtie sur un rocher au bord de la Brette, est fortifiée ainsi que Bapaume, ville régulièrement bâtie; Aire, ville de 8,750 hab., située au confluent de la Lys et de la Laquette, et Ardre à la tête d'un canal qui traverse un pays marécageux. Auprès de cette ville, le lieu de l'entrevue entre François Ier et Henri VIII, roi d'Angleterre, avait pris le nom de Champ du Drap-d'Or (voy.). Il faut encore citer

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la ville de Montreuil sur la Canche, place forte, dominée par une vieille et vaste citadelle. Hesdin, sur la même rivière,ville entourée de canaux; Saint-Pol (3,452 hab.), auprès des sources de la Ternoise; et Lens, auprès de laquelle Condé remporta, en 1648, une victoire, ont cessé d'être des places fortes. Ce pays était autrefois occupé par les Atrébates et par les Morins ou habitants des marais (moere). Thérouenne, qui n'existe plus, était la ville la plus considérable de la Morinie, et le siége d'un évêché. Au musée de Boulogne, on voit des antiquités romaines recueillies dans l'arrondissement. Les champs d'Azincourt (voy.), arrondissement de Saint-Pol, ont acquis une triste célébrité dans l'histoire de France par le désastre de l'armée française combattant contre les Anglais, en 1415.

D-G.

PASIGRAPHIE (de não, à tous, et ypapo, j'écris). On a cherché inutilement jusqu'à présent à inventer un langage par signes ou des caractères d'écriture qui pussent exprimer les idées d'une manière facilement compréhensible pour toutes les nations de la terre. Leibnitz fut le premier, dit-on, qui conçut l'idée d'une pasigraphie. L'Anglais Wilkins marcha sur ses traces (en 1668), ainsi que C.-G. Berger, Plan d'une langue parlée et écrite pour toutes les nations, (Berlin, 1779); Wolke, Explication sur la possibilité de la Pasigraphie (Dessau et Leipz., 1797); Sicard (1798), Noether (1805); Ab. Bürja, Pasilalie (Berlin, 1808); J.-M. Schmidt, Essais de pasigraphie (Vienne, 1815), et Magasin pour une langue générale (Dilling., 1816); et André Stethy, Lingua universalis (Vienne, 1825). En France, Volney a fondé un prix annuel à décerner au meilleur système de transcription des alphabets surtout asiatiques, et un essai de ce genre a été tenté par M. Eichhoff dans le supplément de son Parallèle des langues de l'Europe et de l'Inde. On peut consulter en outre sur l'idée d'une pasigraphie: Vater, Pasigraphie et antipasigraphie ou découvertes les plus modernes relatives à une langue écrite générale pour tous les peuples (Weissenf., 1795); Niethammer, sur la Pasigraphie et l'Idéographie (Nuremb.,

| 1808), et And. Riem, Sur la langue écrite et la Pasigraphie (Manh. 1809). On n'a pas mieux réussi à trouver une pasilalie (hahέw, je parle), c'est-à-dire une langue parlée et comprise de tout le monde. C. L. PASIPHAÉ, fille du Soleil et de Perséis, et épouse de Minos, roi de Crète, dont elle eut Deucalion Glacus, Ariane et Phèdre (voy. ces art.). C'était, comme son nom (qui luit à tous) l'indique, une divinité du système solaire des Crétois. Égarée par Neptune qui voulait punir Minos de ce qu'il ne lui avait pas sacrifié le taureau qu'il avait accordé à ses supplications, ou, selon d'autres, par Vénus qui avait juré de se venger sur toute la race du Soleil de la trahison de ce Dieu qui l'avait surprise avec Mars, elle conçut un amour contre nature pour ce taureau, satisfit sa passion, grâce à l'adresse de Dédale qui l'enferma dans une vache de bois, et mit au monde le Minotaure, monstre affreux, moitié homme, moitié taureau, qui se nourrissait de chair humaine, et à qui on livrait, dans le labyrinthe (voy.) où Minos l'avait enfermé, des criminels et les infortunés jeunes gens et jeunes filles qu'Athènes avait été contrainte de fournir annuellement. On verra à l'article THÉSÉE que ce héros délivra ses concitoyens de cet odieux tribut, et tua le monstre; le fil d'Ariane lui permit de retrouver son chemin pour échapper au dédale du labyrinthe, en sauvant ses compagnons. C. L. m.

PASKÉVITCH (IVAN FOEDOROVITCH), comte D'ÉRIVAN, prince DE VARSOVIE, feldmaréchal et gouverneur de Pologne, est né à Poltava, le 8 mai 1782, au sein d'une famille noble de la PetiteRussie. L'aîné de trois frères qui servent dans l'armée russe, il entra fort jeune au Corps des pages à Saint-Pétersbourg, et fut attaché en cette qualité à la personne de Paul Ier. Nommé lieutenant dans le régiment des gardes Préobrajenski, il resta attaché à la personne de l'empereur comme aide-de-camp, position qu'il conserva aussi auprès d'Alexandre. Paskévitch fit ses premières armes dans la campagne d'Austerlitz, en 1805. Dans celle de Moldavie, en 1806, sous les ordres du général Michelson, il reçut une

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