Page images
PDF
EPUB

» soit que vous passiez à d'autres, auxquelles votre » gouvernement pourrait vous appeler..., etc. »

Quelques membres furent plus loin, et prétendirent que l'inscription de ce bref serait peutêtre un jour d'une fâcheuse autorité ; mais Cambacérès, qui avait le mot de l'affaire, témoigna avec humeur que le premier consul serait fort mécontent si le bref n'était pas enregistré. Et il finit par conclure qu'il le fallait ABSOLUMENT, pour qu'il fût constaté que M. de Talleyrand était rendu à la communion laïque afin qu'on pút l'enterrer sans discussion quand il viendrait à

mourir.

Au reste, je dois ajouter que le bref fut enregistré.

CHAPITRE III,

genoux.

Sanction définitive du concordat. Serment des évêques à Termes du serment. Consécration de mon oncle, évêque de Metz. L'archevêque Cambacérès. Cérémonie religieuse à Notre-Dame. — Le jour de Pâques choisi par Bonaparte. Progrès du luxe à la cour consu

laire.

[ocr errors]
[ocr errors]

Les soixante dames accompagnant madame Bonaparte. Le cardinal Caprara et M. de Boisgelin.

- Pro

pos du général Delmas, et mécontentement du premier consul. Conversation remarquable de mon oncle avec Napoléon. M. de Buffon, et suite d'une envie de femme grosse.

[ocr errors]

Le premier consul voulut qu'une cérémonie religieuse, ayant tout l'appareil que peut donner notre culte, eût lieu à l'occasion de la promulgation du concordat, qui venait de recevoir sa sanction définitive. Le concordat sur les affaires ecclésiastiques, après avoir été signé à Paris le

15 juillet 1801 par les consuls, avait été envoyé à Rome, où, après avoir passé à un sévère examen dans une congrégation de cardinaux, il avait également été signé par le saint-père, qui le ratifia dans tout son contenu; ce qui, vu l'infaillibilité du pape, me paraît suffisant pour calmer des consciences qui devraient se borner à être aussi bonnes chrétiennes que lui. Quatorze prélats, qui tenaient peut-être plus à leurs souvenirs qu'à leurs espérances, se refusèrent à donner leur démission et à reconnaître le concordat: Ces quatorze évêques étaient alors à Londres, où ils jouissaient d'une existence douce et tranquille, sans se donner aucun soin. Ils avaient bien raison de ne pas changer : ils n'auraient pas été si bien traités en France; car le premier consul, tout en payant les évêques, ne leur donnait que ce qui devait leur faire tenir un état honorable. Ils ne devaient pas rougir en remplissant de hautes fonctions ecclésiastiques. Ils doivent aussi, » disait le premier consul, « ils » doivent avoir la possibilité de soulager les mal>> heureux de leur diocèse; mais il ne faut pas que » des archevêques, des évêques, absorbent le re» venu d'une province, excitent le scandale, et, >> comme aux anciens jours, soient des causes de » malheur pour la religion. Quarante évêques,

[ocr errors]
[ocr errors]

neuf archevêques furent donc institués par le premier consul. De cette façon nous avions des prêtres, mais il n'y avait plus de clergé. Le premier consul imposa même aux prélats une formule de serment qu'ils devaient prêter avant de prendre possession de leur diocèse, dont la teneur est assez singulière pour la rapporter ici. Voici la copie littérale de celui que prêta mon oncle, l'évêque de Metz, lorsqu'il fut nommé à l'évêché de cette ville.

GOUVERNEMENT FRANÇAIS.

Aujourd'hui, dimanche, dix-neuf floréal an x les consuls séants dans la chapelle du premier consul, s'est présenté Pierre-François Bien-Aymé, nommé évêque de Metz par arrêté du 19 germinal dernier; lequel s'est mis à genoux, et la main droite placée sur l'Evangile, a fait le serment de fidélité dans les termes suivans:

CITOYEN PREMIER consul,

Je jure et promets à Dieu, sur les saints Evangiles, de garder obéissance et fidélité au gouvernement établi par la constitution de la république

française. Je promets aussi de n'avoir aucune intelligence, de n'assister à aucun conseil, de n'entretenir aucune ligue soit au dedans, soit au dehors, qui soit contraire à la tranquillité publique, et si, dans mon diocèse ou ailleurs, j'apprends qu'il se trame quelque chose au préjudice de l'état, je le ferai savoir au gouvernement.

En foi de quoi nous lui avons délivré le présent

acte.

Le secrétaire d'état,

HUGUES B. MARET.

La vignette, en haut de la feuille sur laquelle cet acte est écrit, représente une belle femme, coiffée du bonnet phrygien, la poitrine couverte de l'égide. Dans sa main gauche sont trois couronnes, de chêne, de laurier et d'olivier, et sa main droite tient un gouvernail. Cette femme, aux traits fermes et doux, à la beauté mâle et fière, c'est la Liberté, c'est la République. Sur le socle de l'espèce de piédestal qui la supporte, on lit ces deux mots: Gouvernement français.

J'ai placé cette pièce ici, parce qu'elle est monumentale selon moi. Tous les évêques, tous les archevêques qui ont siégé, non-seulement sous l'empire, mais sous le consulat, ont été obligés de

« PreviousContinue »