HOLLAND OISES, O U CORRESPONDANCE POLITIQUE SUR L'ETAT PRESENT DE L'EUROPE Dicere verum quid vetat. HORACE. [Dexival da Gomicourt I NUMERO I. TOME QUATRIÊ ME A AMSTERDAM, M. DCC. LXXX. LETTRES HOLLANDOISES J'ai dit la vérité, & la dirai encore. LETTRE. AT Auteur des Lettres Hollandoifes. LA HAYE ce Mars 1780. Depuis un an, Monfieur Vous : nous dites des vérités, un peu dures quelquefois, mais qui ne déplaifent qu'à ceux d'entre nous qui nous attirent les reproches que yous nous faites de n'être plus aujourd'hui ce que nous étions autrefois, des Républicains que le moindre outrage fait à la nation, enflammoit de colere. Vous savez pour vous dans toutes nos Provinces le petit nombre de Citoyens qui ont échappé à la corruption; ils vous lifent avec plaifir, & vous favent un gré infini, d'avoir méprifé les inTom. IV. N°. 1. A 2 jures que vous ont prodigués ceux don't ils rougiffent d'être les compatriotes; ce font à leurs yeux des Citoyens dégradés qui n'ont plus rien de ce qui caractérifoit autrefois un Hollandois : l'avarice en a fait de vils courtifans; l'ambition les a métamorphofés en bas adulateurs; ils n'ont plus de fentiment à eux, d'opinion qui foit la leur; nés libres, ils portent déjà les fers de l'efclavage, & leurs vœux les plus ardens font d'avoir un maître, & que la République ait un Souverain: elle n'en aura pas, Monfieur: jamais le temple de la liberté qu'ont élevé nos ancêtres, dont ils ont cimenté les fondemens de leur propre fang, ne fera détruit: notre Province feule, quand toutes les autres confentiroient à fa deftruction, s'oppoferoit à fa ruine: dites-le à l'anivers entier, perfonne de nous ne vous défavouera: ici même où fe fabriquent tous les poifons de la corruption, on aime encore la liberté; il y a encore ici des Citoyens, des patriotes, & de vrais Hollandois: je fuis de ce nombre, & c'eft en leur nom comme au mien que je vous engage à continuer à nous dire, librement & fans aucune espéce |