Page images
PDF
EPUB

fait lecture, et montant en totalité à la somme de deux mille quatre cent onze livres tournois et trois mille deux cent soixante francs.

Et de suite, nous avons procédé à la représentation des divers objets et valeurs saisis comme appartenant au dit Charles Pichegru, dans le local où il a été arrêté, dans le procès verbal qui a été dressé par le commissaire de police Comminges, en présence du citoyen Pâques et autres signataires, le 8 du présent mois, et dont nous lui avons fait lecture, les dits effets consistant, savoir;

1o. En un poignard à lame carrée, deux pistolets de poche, les quatre lettres de change désignées au dit procès verbal, montant en totalité à la somme de 24,900 livres, plus deux billets de banque de France de 500 francs chacun; plus dix pièces d'or de 24 francs chacune, et une pièce de vingt-quatre sous; plus une montre en or, désignée au même procès verbal, à Jaquelle pend une petite chaîne d'or.

Tous lesquels objets et effets ont été reconnus par le citoyen Pichegru pour lui appartenir.

Desquelles confrontation, questions, réponses, représenta tions et reconnoissances, nous avons dressé procès verbal dont seconde lecture a été faite au dit Pichegru, et que nous avons signé seul, le dit ayant declaré ne vouloir signer quant à présent, de ce interpellé.

(Signé)

RÉAL.

No. XXI.

Interrogatoire de Georges du 18 Ventose, an 12.

Nous, conseiller d'etat, préfet de police avons fait compa raître par devant nous le ci-après nommé, lequel nous a paru avoir taille d'un metre 73 centimetres, les cheveux chatains, les sourcils idem, le front moyen, le nez court et écrasé, les yeux bleus, la bouche petite, le menton à fossette et rond, visage plein, cheveux à la Titus, nageoires peu fournies, forte corpulence, épaules larges.

Et avons procédé à son interrogatoire ainsi qu'il suit. D. Quels sont vos nom, prénoms, âge, lieu de naissance, profession, et domicile actuel?

R. Je m'appelle Georges Cadoudal, âgé de 35 ans, natif de Brech, près Auray, département du Morbihan, militaire sans domicile à Paris.

L'ayant fait fouiller, sur lui s'est trouvé cinquante-un billets de mille francs de banque de France, douze billets de 500 francs de la même banque, un billet de 300 francs du comptoir commercial de l'hôtel de Taback, le tout enveloppé dans

uhe note non-signée ni datée dans une bourse de soie violette, cinq pièces d'or de 48 livres tournois.

Une montre de chasse à boîte d'or, à calotte et à pompe, double cadran pour les secondes; un poignard à manche d'ebène garni en argent, lame à quatre quarts, fourreau en argent; adapté et cousu au-dedans du revers de l'habit; une épingle d'or montée d'un diamant; deux balles de calibre de fusil; un porte crayon en or; un cure-oreille en or; une pe tite poire à poudre garnie en cuivre, doublée de maroquin rouge; deux petits paquets de cartouches.

D. Vous étiez porteur de deux pistolets au moment de vo tre arrestation, vous en avez fait usage, et vous avez tué un citoyen lorsqu'il s'est présenté pour arrêter et saisir la bride de votre cheval.

R. J'ai tiré mes deux coups de pistolet au moment où on m'a arrêté, j'ignore ce que sont devenus mes pistolets.

Lecture faite du présent interrogatoire et de ses réponses à icelui, à dit ses réponses coutenir vérité, y a persisté et a signé avec nous.

(Signé)

DUBOIS ET GEORGES CADOUDAL.

Et le même jour 18 Ventose, an 12.

Nous, conseiller d'etat, préfet de police, avons fait compa raître par devant nous Georges Cadoudal, et l'avons interrogé ainsi qu'il suit.

D. Que veniez-vous faire à Paris ?

R. Je venais pour attaquer le premier Consul.

R. Quels étaient vos moyens pour attaquer le premier Consul?

R. J'en avais encore bien peu, je comptais en réunir.

D. Vous avez demeuré à Chaillot?

R. Je ne vous dirai pas où j'ai demeuré.

D. Connaissez-vous Pichegru ?

R. Je l'ai connu à Londres.

D. Vous l'avez vu à Paris; vous avez été ensemble à Chaillot, nous en avons la certitude.

R. Je ne vous répondrai point là dessus, je n'étais logé nulle part.

D. De quelle nature étaient vos moyens d'attaque contre le premier Consul?

R. Des moyens de vive force.

D. Aviez-vous beaucoup de monde avec vous?

R. Non; parce que je ne devais attaquer le premier Con-sul que quand il y aurait un Prince français à Paris, et il n'y est point encore.

D. Vous avez à l'époque du 3 Nivose, écrit à Saint Régent, et vous lui avez fait des reproches de la lenteur qu'il mettait à exécuter vos ordres contre le premier Consul.

FF

B. J'avais dit à Saint Régent de réunir des moyens à Paris, mais je ne lui avais pas dit de faire l'affaire du 3 Nivose..

DoQuels étaient les quatre hommes que vous voulez introduire au palais des Tuileries?

R. Je n'y a voulu introduire personne; le premier Consul était sur ses gardes, et mon intention n'a jamais été de faire assassiner le premier Consul dans le palais des Tuileries, en y introduisant quatre hommes.

D. Depuis quel téms êtes-vous à Paris

R. Je crois qu'il y a environ cinq mois, Je n'ai passé que peu de tems à Paris, j'ai été me promener, mais je ne dirai pas où. D'ailleurs vous me tenez, il y a eu déjà assez de victimes, et je ne veux pas être cause qu'il y en ait davantage. Lecture faite de l'interrogatoire, l'interrogé a déclaré qu'il contenait vérité, qu'il y persistait, et a signé avec nous.

(Signé)

DUBOIS ET GEORGES CADOUDAL.

Le 19 Ventose, an 12, nous Jacques Alexis Thuriot, juge au tribunal criminel et spécial de la Seine, chargé par ordre du citoyen président, en date du 16 présent mois, d'instruire contre Georges, Pichegru, le général Moreau, et autres prévenus de conspiration contre la personne du premier Consul, et contre la sûreté interieure et exterieure de la république; assisté de Pierre Jean Baré, commis-greffier assermenté; étant en la chambre du dit tribunal, avons fait donner lecture au dit Georges Cadoudal, des deux interrogatoires par lui subis le jour d'hier à la préfecture de police, et l'avons interpellé de déclarer s'il persiste dans les réponses qu'il y a faites. A répondu. Oui, citoyen.

Lecture faite de ce que dessus, le dit Cadoudal a persisté dans sa réponse, et a signé avec nous et le greffiers

(Signé)

[merged small][merged small][ocr errors][merged small]

Interrogatoire de Georges Cadoudal, du 18 Ventose, an 12. En la chambre du conseil du tribunal criminel et spécial du département de la Seine.

Ce jourdhui 18 Ventose, an 12, de la république française par devant nous Jacques Alexis Thuriot, juge au tribunal cri-, minel et spécial du département de la Seine, assisté d'André Etienne Fremin, commis-greffier assermenté, a éte conduit par un détachement de la force armée, commandé par le ci

toyen Jean Barnier, capitaine au 20d régiment de la garde municipale de Paris, qui en a reçu ordre de la préfecture, ún particulier prévenu d'être du nombre de ceux désignés comme étant dans la couspiration contre la personne du premier Consul et contre la sûreté intérieure de l'état; chargé par ordonnance du citoyen président, en date du 16 du présent mois, d'instruire sur la dite conspiration, avons interpellé de nous déclarer ses noms, âge, état et demeure.

A répondu, Georges Cadoulal, âge de 35 ans, sans demeure, sans état.

D. Depuis quel tèms êtes-vous à Paris?

R. Depuis environ cinq mois, je n'y suis point resté que quinze jours en totalité.

D. Où avez-vous logé ?

R. Je ne veux pas le dire.

64

D. Pourquoi refusez-vous à le déclarer?

R. Parce que je ne veux pas augmenter le nombre des victimes.

-D. Quel est le motif qui vous a amené à Paris?

ZR. J'y suis venu dans l'intention d'attaquer le premier
ConsulTime 141 BP, 19ti bers

D. Quels étaient vos moyens d'attaque ?.
R. L'attaque devait être de vive force.s mus
D. Où comptiez-vous trouver cette force-là?
R. Dans toute la France. N DOT 4

[ocr errors]

D. Il y a donc dans toute la France une force organisée à votre disposition et à celle de vos complices?

[ocr errors]

1.1.8 R. Ce n'est pas ce qu'on doit entendre par la force dont j'ai parlé ci-dessus.

[ocr errors]

D. Que faut-il donc entendre par la force dont vous parlez?

aRvUne réunion de force à Paris.

D. Où cette réunion existe-t-elle ?

.(T

R. Cette réunion n'est pas encore organisée; elle d'eût été aussitôt que l'attaque aurait été définitivement résolue, { SiD♫e Quel était donc votre projet et celui des conjurés ? ‹ R. De mettre un Bourbon à la place du premier Consul." -D. Quel était le Bourbon désigué?5.b ta pekpe R. Charles Xavier Stanislas, ci-devant Monsieur, reconnu par nous pour être Louis XVIII. af 4970. 230 2 D. Quel rôle deviez-vous jouer lors de l'attaque..

R. Celui qu'un des ci-devant Princes français, qui devait

se trouver à Paris, m'aurait assigné.

J

[ocr errors]
[ocr errors]

D. Le plan a donc été conçu et devait être exécuté d'accord avec les ci-devant Princes français,

R. Oui, citoyen juge,

D. Vous avez conféré avec les ci-devant Princes en Angle terre? dwuzax ! R, Oui, citoyen,kutua bao. a.

- D. Qui devait fournir les fonds et les armes ?

R. J'avais depuis long-tems les fonds à disposition; je n'as vais pas encore les armes.

D. Pichegru, n'était-il point dans cette conspiration?
R. Je n'en ai point connaissance.

D. Moreau n'y était-il pas !

R Je ne l'ai jamais vu ni connu.

D. Avez-vous eu des relations avec Pichegru?

R. Je l'ai vu deux ou trois fois à Londres sans parler du projet que je viens de vous révéler.

D. N'avez-vous pas voyagé avec lui en France, et ne l'avezvous pas vu à Paris?

R. Non, citoyen, je n'ai pas voyagé avec lui, et je ne l'ai point vu à Paris.

D. En quel lieu avez-vous été arrêté aujourd'hui à Paris? R. Je ne sais à quel endroit; je sais seulement qu'on a dit que c'était près de l'Odéon.

D. Que s'est-il passé au moment de votre arrestation ?

R. J'étais dans un cabriolet lorsqu'on se présenta pour m'arrêter. J'étais muni de deux pistolets chargés. J'ai tiré deux coups. Après avoir tiré le premier sur un homme qui s'était jeté à la bride de mon cheval, j'ai sauté par terre ; un autre homme ayant couru après moi, j'ai tiré le secoud coup: on a prétendu que j'avais tué un homme, je l'ignore.

D. Quel motif a pu vous déterminer à tirer un coup de pistolet sur un homme?

R. La nécessité de repousser la force par la force.

D. N'est-ce pas parce que vous étiez convaincu qu'il était impossible que vos projets criminels ne fussent découverts et pour vous soustraire aux recherches de la justice?

R. J'ai tiré sans réflexion.

D. Que sont devenus les pistolets que vous aviez sur vous ?
R. Je l'ignore; je crois qu'ils sont tombés.

D. Pourquoi étiez-vous muni de ces deux pistolets ?
R. Ponr ma défense personnelle.

D. Représentation à lui faite d'un poignard à manche d'ébène, garni en argent, dont la lame est à quatre quarts, creux, bronzé, et doré, ayant une gaine en argent, et inter pellé de déclarer s'il reconnaît le dit poignard?

R. Oui, citoyen, j'en étais porteur au moment de moq

arrestation.

D. Ce poignard n'a-t-il point été fabriqué en Angleterre? R. Oui, citoyen.

D. N'est-ce pas le controle anglais qu'on y voit?

R. Je n'en sais rien ; je puis assurer que je ne l'ai point fait controler en France.

D. Tous les chefs de la conspiration ne cont-ils pas porteurs de pareils poignards?

R. Je ne connais d'autres chefs que moi,

« PreviousContinue »