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Que c'était Lajolais qui avait fait ce rapport aux ci-devant comte d'Artois et duc de Berry;

Que tout le monde avait été si enchanté, qu'on ne croyait plus éprouver de difficulté, et que si le Roi d'Angleterre eût pu, il aurait été du voyage.

Que Lajolais lui avait assuré plusieurs fois à Paris, que le général Moreau était dans les meilleures dispositions pour l'exécution du plan.

Polignac (Armand), dans un premier interrogatoire, s'était borné à dire que si Georges et les siens étaient à Paris, d'après l'ordre du Prince, il n'y aurait rien eu d'entrepris sans que le prince fût arrivé; et qu'alors il y aurait eu un engagement personnel et loyal entre le Prince, soutenu de ses partisaus, et le premier Consul.

Qu'ayant vu souvent Pichegru à Londres avec le Prince, il imaginait d'après son retour à la famille des Bourbons, qu'il aurait été avec le Prince; mais que quant à Moreau, il ne le connoissait pas, et qu'il n'avait pas ouï dire qu'il se fût déclaré positivement."

Il s'est expliqué d'une manière bien plus précise le 22 Ventôse dernier, devant le juge instructeur :

Lorsque je suis parti cette dernière fois de Londres, (a-t-il dit :)

Je savais quels étaient les projets du comte d'Artois.

Je lui étais trop attaché pour ne pas l'accompagner. Son plan était d'arriver en France, de faire proposer au premier Consul d'abandonner les rênes du gouvernement, afin qu'il pût en saisir son frère.

Si le Premier Consul eût rejeté cette proposition, le comte était décidé à engager une attaque de vive force, pour tâcher de reconquérir les droits qu'il regardait comme appartenant à sa famille.

Lorsqu'il fut question d'un second débarquement, le comte d'Artois me fit entendre qu'à raison de la confiance qu'il avait en moi, et du zèle que j'avais toujours témogné, il désirait que j'en fisse partie; ce'st ce qui contribua aussi à me déterminer à passer sur le premier bâtiment.

Je dois vous observer qu'au moment de mon départ, j'ai hautement déclaré que si tous les moyens d'exécution ne portaient pas le cachet de la loyauté, je me retirerais et repasserais en Russie.

Interpellé de déclarer s'il était à sa connoissance que Georges, Pichegru et Moreau se fussent yus:

Il a répondu : "J'ai su qu'il y avait eu une conférence très-sérieuse à Chaillot, maison No. 6, où logeait Georges Cadoudal, entre ce dernier, le général Moreau et Pichegru ex-général On m'a assuré que Georges Cadoudal, après dif férentes ouvertures et explications, avait dit au général Mo

reau.

G

Si vous voulez je vous laisserai avec Pichegru, et alors, vous finirez peut-être par vous entendre;

Qu'enfin, le résultat n'avait laissé que des incertitudes désagréables, attendu que Georges Cadoudal et Pichegru paraissaient fidèles à la cause du Prince; mais Moreau restait indécis et faisait soupçonner des idées d'intérêt particulier."

Polignac (Jules) interpellé de déclarer quelles étaient les instructions qui lui avaient été données lorsqu'il était sorti d'Angleterre :

A répondu "qu'on ne lui en avait pas remis, mais qu'il ne pouvait dissimuler qu'il avait entendu transpirer quelque chose, par rapport au changement du gouvernement."

Il est convenu que, deux ou trois mois avant son départ, le ci-devant comte d'Artois lui avait parlé de quelques changemens qui devaient arriver dans le gouvernement de France.

Il a soutenu qu'il ne lui avait donné aucun détail sur ces changemens, i sur les motifs qui pouvaient les amener.

Il est convenu qu'il avait vu Georges à Paris du côté de Sainte Pélagie.

Il a dit qu'ils avaient parlé ensemble de la manière dont on pouvait rappeler le Roi.

Qu'il lui avait demandé quelle était leur proposition, et qu'il lui avait répondu qu'elle était toujours bonne.

Que lui paraissant, ainsi qu'à son frère, que ce qu'on voulait faire n'était pas aussi noble qu'ils devaient naturellement l'espérer, ils avaient parlé de se retirer en Hollande. Invité à expliquer le motif de ses craintes,

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Il a répondu qu'il soupçonnait qu'au lieu de remplir unè mission quelconque relative à un changement du gouvernement, il était question d'agir contre un seul individu, et que c'était le Premier Copsul que le parti de Georges se proposait d'attaquer ?"

Il a ajouté que Pichegru lui avait dit que Moreau ne travaillerait pas pour les Bourbons, qu'on ne pouvait le deviner.

Charles d'Hozier a dit, le 21 Germinal, qu'il avait bien entendu, dans une conversation tenue chez Georges à Chaillot, ou rue Carême-prenant, en présence de Villeneuve, Saint Hilaire et autres; qu'on pourrait tenter un changement de gouvernement.

Le Mercier est convenu, qu'il savait que le complot avait pour objet de renverser le gouvernement actuel, et de mettre Louis XVIII sur le trône.

Le confident intime du ci-devant comte d'Artois, l'exmarquis de Rivière, a déclaré, le 16 Ventôse dernier.

Qu'il était venu à Paris pour s'assurer de l'état des choses ct de la situation politique de l'intérieur de la République afin d'en faire part aux Princes qui auraient jugé d'après ses observations, s'il était de leur intérêt de venir en France ou de rester en Angleterre.

Qu'en général il avait eru voir en France beaucoup d'égoisme d'apathie, et un grand désir de conserver la tranquilité.

Malgré les efforts de l'art, on voit dans cette déclaration un aveu formel de la conspiration, qui pouvait seul déterminer les Princes à désirer savoir si leur intérêt les appelait en France ou s'ils devoient rester à Londres ?

Si Roger, dit Loiseau, n'a pas aussi fait une déclaration formelle sur la conspiration devant le magistrat chargé d'instruire, il s'est expliqué devant les gens d'armes d'élite, qui ont été entendus, et dont les dépositions doivent fixer toute l'attention.

Le 7 Germinal, Louis Gauchet a déclaré que le premier du même mois, il avait été placé avec Frin, son compagnon d'armes, étant comme lui, de garde dans l'intérieur de la tour du Temple, depuis midi jusqu'à 4 heures du soir, auprès du nommé Roger, presonnier ; que le dit Roger leur avait assuré qu'on lui avait dit que Moreau, Pichegra et Georges étaient les trois principaux chefs de la conspiration actuelle contre le Premier Consul, et contre la Republique française; que Moreau devait prendre le commandement de l'armée du camp du Boulogne, et la diriger sur Paris.

Alexandre Frio a declaré qu'il avait été mis en faction depuis inidi jusqu'à quatre heures auprès du nommé Roger dit Loiseau, que ce dernier lui avoit demandé, de quel département il était, il lui avoit dit, de Maine et Loire; que son camarade, à qui il avait fait la même question, lui avait répondu d'Ille et Vilaine; qu'il leur avait dit qu'il avait fait la guerre avec les Chouans; qu'il avait demandé au dit Roger, s'il connoissait Bourmont et Dandigné ; qu'après avoir parlé de ce qui s'était passé dans le Morbihan et dans les départe mens voisins, ils avaient parlé de la conspiration actuelle ; qu'il n'avait pas dissimulé qu'il était un des complices, et leur avait dit que Moreau, Pichegru et Georges étaient les trois chefs principaux; que le coup porté, Moreau devait aller à Boulogne, se mettre à la tête de l'armée et la ramener à Paris.

Pierre Alexandre Leroy a déclaré, qu'il était de garde au Temple, le 1er Germinal, qu'on l'avait mis, à quatre heures du soir, en faction auprès de Roger dit Loiseau, qu'il y était resté jusqu'à 8 heures du soir, avec Gilbert et son camaradé,

Que le dit Roger leur avait demandé ce qu'on disait d'eux; que, sur leur réponse, il leur avait dit que si le tems n'avait pas été contraire, les ci-devant princes du sang, qui étaient sur une frégate qui devait avoir paru dans les environs de Dieppe, seraient débarqués.

Que si l'on eût attendu seulement 8 jours, le plan eût été exécuté.

Qu'après différentes explications, il avait avoué qu'il

savait bien que les trois principaux chefs de la conspiration actuelle étaient Moreau, Pichegru et Georges.

Que leur intention n'était point de faire de mal à la troupe Que le Premier Consul aurait été eulevé, conduit en Angleterre et le Prétendant Louis XVIII. placé sur le trône.

Urbain Gilbert a déclaré: Qu'étant de garde à la tour du Temple, le 1er. Germinal, auprès de Roger, dit Loiseau, ce. dernier avait dit qu'il était instruit de la conspiration, qui venait d'être découverte; qu'il était un des conjurés.

Qu'il avait fait faire un habit pour cela, et acheté un cheval à 35 Louis,

Que les chefs étaient Pichegru, Moreau et Georges.

Que le but était d'enlever le premier Consul, de le con❤ duire en Angleterre, et de mettre Monsieur sur le Tróne. Qu'on se servait de Pichegru et Moreau pour avoir les armées.

Et que sur quelques réflexions relatives à Moreau, il avait dit: Oh! bah, Moreau n'a jamais été républicain.

Dans un interrogatoire subi le 23 Germinal dernier, Louis Ducorps, qui servait de guide à Aumale, aux conjurés qui venaient d'Angleterre, pour l'exécution du plan, a déclaré.

Qu'il leur avait quelquefois entendu dire, mais sécrètement et entre eux, qu'on devait renverser le gouvernement, et mettre un Bourbon sur le trône.

Leridan interpellé le 18 Ventôse dernier, à la préfecture de police, de dire si Georges, et les brigands de sa bande qu'il connoissait, ne lui avaient pas fait part du projet d'assassiner le Premier Cousul.

A répondu "Ces Messieurs me disaient seulement qu'ils étaient attachés au parti des Bourbons, et qu'ils cherchaient les moyens de les rétablir sur le trône."

Le 24 Pluviose dernier, Louis Picot a déclaré que les chefe avaient tiré au sort à qui attaquerait le Premier Consul.

Qu'ils voulaient l'enlever, s'ils le rencontraient sur la route de Boulogne.

Qu l'assassiner en lui présentant une pétition à la parade, ou lorsqu'il irait au spectacle.

Qu'il y avait des uniformes de Chasseurs, couleur bleue; Que c'étoit pour cela qu'on avait fait faire des uniformes: Qu'il y en avait d'Hussards, en vert, chapeau à cornes, avec gances et glands d'argent."

Le même jour il a dit. "Que les chefs avoient fréquemment répété devant lui, qu'ils étaient fâchés que les Princes eussent mis Moreau dans l'affaire.

Interrogé le 24 Ventôse, sur la question de savoir: Si tous ceux qui étaient aux ordres de Georges et à sa solde à Paris, pour l'exécution de son plan, n'avaient pas, comme lui, chacun deux pistolets et un poignard?

Il a répondu. Je puis au moins l'affirmer pour presque tous.

Dans une déclaration, en date du 10 Germinal dernier, Victor Couchery a dit "Qu'il avait bien à peu près connu que Georges et ses gens devaient agir contre le Premier Consul."

Rolland, dans un interrogatoire en date du 29 Pluviose dernier, a di:.

Je rentrai chez moi vers les dix heures du soir, le jour où Pichegru avait eu avec Moreau la conférence où mon cabriolet l'avait conduit.

Pichegru de retour, me fit alors entendre qu'il avait des projets bien différens de ceux que je lui supposais. Il me dit: qu'il avait vu les princes en Angleterre; être chargé de faire à Moreau des ouvertures à cet égard; avoir causé de cet objet avec lui; mais que n'étant pas tombé d'accord il me priait de le voir le lendemain; de lui demander, détérminément, s'il voulait conduire un mouvement royaliste, ou dans le cas contraire, ses gens à lui agissant s'il voulait s'engager à remettre l'autorité dont il se trouverait investi, en des mains légitimes aussitôt qu'il le pourrait.

Je ne sais si Pichegru s'aperçut de l'effet que produisit sur moi cette ouverture.

J'allais sans doute balbutier quelques observations, lorsque réfléchissant qu'un secret de cette nature devait ne pas être impunément contredit, je pris le parti de me retirer sous prétexte de besoin de repos. Certes, il me fut impossible de former l'œil de toute la nuit; j'aperçus le gouffre dans lequel ma confiance m'avait plongé, le dauger de faire un pas en avant ou en arrière; et le jour parut, sans que j'eusse pú prendre une résolution fixe!

Dans le jour, cependant, il fallut aller faire à Moreau la fameuse ouverture à laquelle je n'osais plus me refuser, j'espérais, je ne sais pourquoi, que ce général me retirerait d'embarras. Voici à peu près la réponse qu'il me fit: je ne puis me mettre à la tète d'aucun mouvement pour les Bourbons, ils se sont tous si mal conduits, qu'un essai semblable ne réussirait pas. Si Pichegru fait agir dans un autre sens, et en ce cas je lui ai dit qu'il faudrait que les consuls et le gonverneur de Paris disparussent, je crois avoir un parti assez fort dans le Sénat, pour obtenir l'autorité; je m'en servirai aussitôt pour mettre son monde à couvert, ensuite de quoi l'opinion dictera ce qui conviendra de faire; mais je ne m'engagerai en rien par écrit. Il me dit en outre dans la conférence, que depuis la première ouverture de Pichegru, il avait parlé à plusieurs de ses amis."

Lajolais a déclaré, le 27 Pluviose dernier.

Qu'entrant en Angleterre, chez Pichegru, il y avait trouvé un Français qui causait avec lui, que ce Français sachant qu'il arrivait de France, lui avait demandé des nouvelles; qu'il lui en avait donné avec assez de négligence;

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