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prit de leurs enfans, qu'il se trouverait bientôt quelqu'un qui ferait la même entreprise.

Qu'il avait ajouté que celui qui avait fait la machine du 3 Nivose, travaillait encore le premier Consul; qu'il en ferait une autre, qui, au besoin, ne manquerait pas; qu'il l'appelait Roger et disait qu'il devait se trouver avec sa nouvelle machine à Paris.

Qu'ils s'entretenaient des armes dont ils auraient besoin, et qu'elle les avait entendus dire, qu'il leur fallait des pistolets, des poignards et des espingoles; qu'elle avait sur ensuite qu'ils en avaient acheté.

Que tout le monde savait à Londres qu'ils étaient payés par le gouvernement anglais.

Que Picot recevait,” non-seulement pour lui, mais encore pour sa femme et ses enfans, et que Lebourgeois lui avait dit qu'il avait tro's lonis par mois.

Qu'ils avaient fait faire des habits à son mari, qué sur la fin, c'est-à-dire, les derniers jours qu'ils étaient resté à Londres avant leur départ pour la France, elle s'était aperçue qu'ils avaient beaucoup d'argent, ce qui l'avait étonnée étrangement. Qu'elle était toute étourdie des propos infâmes qu'ils tenaient, qu'elle ne savait que faire un que dire, et qu'elle avait été bien contente, lors qu'elle avait su que son mari et Marchand avaient été trouver l'ambassadeur Andreossi.

Francois Dujardin a declaré " que pendant le séjour qu'il avait fait à Londres, il y avait connu le nommé Tamerlan, an cien chef des Chuans, qu'il avait gardé trente-cinq jours et trent-cing nuits, pendant une maladie qu'il avait eue, sur l'invitation qui lui avait été faite par un nommé Lebourgeois, qu'il avait vu chez le dit Tamerlau, un nommé Brigand, Aide-deCamp de Georges, le Moyne, Pierre ville dit Chandellier, Las martelliére, Roger de la marre, Lebourgeois et Picot.

Qu'ils ne parlaient que de rétablir Louis XVIII surle trône de France, et que le moyen qu'ils disaient le plus propre à arriver à ce but, était de détruire le petit caporal; qu'ils avaient yu plusieurs fois l'aide-de-camp de Georges porter des lettres à Tamerlan, de la part de Georges ; qu'on hisait les lettres, mais que comme Tamerlan ne pouvait pas écrire, il répondait de bouche à l'aide-de-camp, et qu'afin qu'il n'entendit pas on le faisait sortir.

Qu'ils mangeaient tous ensemble dans la même rue où de meurait Tamerlan chez le nommé Felix, qu'ils se réunissaient presque tous les jours ; qu'ils entraient dans de grandes colères, que Picot surtout semblait un enragé, lorsqu'il avait su que le Premier Consul avait été à Rouen; qu'il frappait des pieds en disant que s'il avait été alors à Rouen, il n'aurait pas manqué son coup; qui'ls s'entretenaient du départ de Lebourgeois et Picot pour la France, mais qu'ils parlaient à mots couverts et le faisaient souvent surtır.

Que Lebourgeois et Picot ne cachaient point chez Roulier leur haine pour le gouvernement français ni le motif de leur voyage en France, qu'ils en parlaient toutes les fois qu'ils y venaient, qu'ils disaient que le Premier Consul était un usur pateur, que sa place ne lui appartenait pas, mais à Louis XVIII; qu'ils venaient à Paris dans le dessein de le mettre à bas, et que pour cette fois il n'échapperait pas, qu'ils disaient qu'aussitôt qu'ils seraient à Paris, ce serait Picot que chercherait à donner un coup de poignard au Premier Consul, et que celui-ci ajoutait que, dût-il périr de cette action, il mourrait content, pourvu qu'il eût tué le Premier Consul; qu'ils avaient deux moyens, le poignard et une autre machine infernale faite ou dessinée par Roger, le même qui avait fait celle du 3 Nivose,

En ajoutant que si on avait un tel homme en France, il y aurait long-tems qu'il serait guillotiné ou que le Consul n'exis terait plus.

Qu'enfin ils disaient qu'ils ne reviendraient en Angleterre qu'avec les panaches blancs,

Qu'il était assuré que Picot recevait pour lui et pour sa maison douze à quinze schellins par jour, du gouvernement anglais qu'il l'avait entendu lui-même dire chez Tamerlan, que Lebourgeois n'en avait que deux ; qu'il avait compris que Picot, qui avait la croix de Saint Louis, était très-lié avec Georges; qu'il allait très-souvent manger chez lui, et qu'il était le plus accrédité de son parti auprès du gouvernement anglais: qu'il lui avait proposé de lui faire donner un traitement qu'il avait refusé et qu'il n'ignorait pas qu'il en avait également offert un à Roulier, mais qu'il avait conseillé à sa femme de ne rien accepter.

Qu'il était sûr que non-seulement le gouvernement anglais était instruit du voyage et du motif, mais qu'il avait fourni tout l'argent pour l'exécution; que c'était M. le comte de la Chaussée qui donnait l'argent à M.Lamartellière et que celuici le distribuait.

Que pour s'en convaincre, il ne fallait que voir leur impatience sur le dernier tems, et les entendre dire qu'on tardait, bien à leur donner leur argent; que s'ils en avaient, ils partiraient tout de suite.

Qu'ils n'avaient pas été payés les trois derniers mois, et qu'on leur paya tout à la fois; qu'ils payèrent toutes leurs dettes, et qu'on leur voyait des pleines mains de guinées :

Qu'il savait qu'ils avaient acheté des armes à Londres; qu'il les avait entendu dire chez Roulier qu'il leur fallait des poignards et des pistolets, et que le jour de leur départ, il les avait vus chez Roulier, sur les 3 heures de l'après midi ;-qu'ils avaient des pistolets à leur ceinture, et chacun un gros bâton, dans le bout duquel il y avait un poignard;

Qu'aussitôt qu'il avait su leur arrestation, il avait été chez Tamerlan, qui lui avait dit que c'était leur faute s'ils avaient

été arrêtés, qu'il leur avait permis d'aller passer quinze jours à la campagne, mais non en France, et qu'au surplus, s'ils avaient été en France, c'était pour des affaires de famille;

Que voyant que Tamerlan voulait lui donner le change, il avait fait quelques observations; et qu'alors Tamerlan lui avait dit qu'on était convenu que, dans le cas où ils seraient arrêtés, on dirait qu'on ne leur avait point permis de passer en France, afin d'éviter que leur présence ne donnât des soupçons au gouvernement français.

Ces quatre témoins ont persisté devant le juge instructeur, Pierre Louis Picot et Charles Lebourgeois ont été condamnés à mort par une commission militaire le 5 pluviose dernier. Ils s'étaient aussi rendus coupables de correspondance avec, les ennemis de l'état!

Leur jugement a été excécuté.

Mais Deville, dit Tamerlan, mais Roger, dit Loiseau, sont du nombre des conjurés, et les projets dévoilés, par les décla rations qui viennent d'être rapportées ne peuvent se séparer de la conspiration dont elles concourent encore puissamment établir l'existence.

Que de conséquences encore à tirer des armes, de la poudre, des poignards, des uniformes saisis et de la réunion à Paris de tous les sicaires soudoyés par l'Angleterre !!

Des correspondances criminelles avec les ennemis de l'état saisies et arrêtées !!

De l'envoi d'émissaires dans les départemens de l'Ouest, pour augmenter le nombre des complices!!

De la séduction employée pour faciliter aux assassine les moyens d'arriver à Paris !!

Des conférences clandestines qui y ont eu lieu !!

Des rapports des agens avec leurs chefs!!

Des caches préparées pour receler les conspirateurs !!

De l'audace enfin de ces hommes, pour lesquels il n'est pas de patrie, et qui, au moment où la conspiration a éclaté, cherchaient à accréditer toutes les calomnies et toutes les idées désorganisatrices!!!

En dire davantage, ce serait révoquer en doute la puissance réelle de l'évidence.

• DEUXIEME POINT.

Le gouvernement anglais est l'âme de la conspiration: depuis la naissance de la révolution, il a tout employé pour anéantir la France.

Son or agissait lorsqu'il paraissait étranger aux motifs de guerre avec les autres puissances.

L'homme politique qui en a observé la marche ne peut s'occuper de lui, sans éprouver un sentiment d'horreur.

Sa devise écrite en caractères ineffaçables dans les annales de toutes les nations, doit être, rien n'est sacré pour lui que le crime.

C'est lui, oui c'est lui, qui médita la journée du 3 Nivose. C'est lui, qui par l'intermédiaire de ses agens principaux, bien dignes de toute sa confiance, fit mettre le feu à la machine infernale.

C'est près de lui et sous sa protection spéciale, que se sont retirés les scélérats que l'instruction criminelle avait signalés, et que le glaive de la loi n'a pu atteindre.

On les retrouve à la tête de la conspiration actuelle.

On dirait que ce gouvernement sacrilege qui les pensiounait avant, et qui sans doute leur a fait un traitement plus avantageux depuis, ne les a recueillis que pour les enhardir à de nouveaux forfaits.

.Qui pourrait en douter? c'est lui qui avait envoyé en France, au mois de Nivose, an. 11, Pierre Louis Picot et Charles Lebourgeois.

Il faut avoir une idée de la moralité de ces hommes et de leurs liaisons, pour se former encore une opinion plus juste de la turpitude de ce gouvernement.

Lebourgeois tenait à Rouen une maison qui était le rendezvous de tous les contre-révolutionnaires.

Tamerlan et les frères Gaillard s'y rendaient.

C'est là qu'on méditait les injures aux autorités, les vols, de diligence, les massacres de la gendarmerie,

Lebourgeois fut accusé d'avoir conseillé le vol de la diligence du Havre; il fut arrêté. La mort d'un témoin le

sauva.

Il se retira à Pont Audemer; on ne tarda pas à le soupçon ner des désordres partiels qui troublaient le département de l'Eure,

Tous ses amis, échappés au supplice qu'ils avaient mérités s'étaient retirés en Angleterre. Il y passa en l'an 10.

Il y trouve Picot dont les amis avaient eu le même sort que les siens.

Picot, mis en jugement en 1790, pour un vol considérable commis à Rouen, faubourg Saint Sévère :

Picot, arrêté relativement à l'assassinat du curé de Catenay;

Picot, déserteur, enrôlé par les Chouans en l'an 2, au moment où il venait de voler la montre et les armes de son capitaine.

Picot qui par ses cruautés avait mérité le surnom de bou◄ cher des bleus;

Qui était parti du château de la Pallue, où il était retranché, pour se porter dans la commune de Sap, où il avait fait fusi lier douze officiers municipaux.

Expédition qui lui valut le grade de chef de légion, et qui contribua puissamment à lui faire donner la croix de St. Louis qu'il portait en Angleterre.

Ce Picot qui, après la pacification, avait paru vouloir profiter de l'indulgence du gouvernement s'était soustrait à sa surveillance et s'était empressé de se rendre à Londres.

Ce Picot qui, condamné à mort par un conseil de guerre, osa offrir par écrit au gouvernement français, de faire venir sa femme et ses enfans d'Angleterre, de les laisser pour ôtages, et de se rendre à Londres pour y assassiner Georges.

Le gouvernement anglais pouvait-il mettre en des mains plus sûres les armes destinées à l'assassinat du Premier Consuls.

Il est établi que tous les conjurés arrivés de Londres, recevaient un traitement du gouvernement anglais; qu'il leur a fourni des poignards, des armes de toute nature, de la poudre, de l'or, des billets de banque, des traites et des lettres de crédit, et qu'il les a fait transporter sur des bâtimens à ses ordres; tous ces faits ne sont-ils pas une preuve du concert criminel qui règne entre ce gouvernement et les assassins!

Ne résulte-t-il pas encore une preuve accablante contre ce gouvernement, des instructions remises au mois de Septem bre 1803, par Bertrand de Molleville, ministre de la marine, sons Louis XVI, à un Français qui avait été jugé à Londres assez lâche pour trahir son pays, dans le moment même où il s'occupait de le servir.

Deux passeports délivrés à ce François le même jour et sous le même numéro, par le même sous-secrétaire d'état, établissent irrésistiblement que c'est au nom du ministère anglais que ces instructions lui ont été remises.

L'un de ces passeports est sous le vrai nom de ce Français, qui, à raison de la circonstance, est annoncé renvoyé en "Angleterre, comme suspect de jacobinisme.

L'autre sous le nom de Stanislas Jablonski, gentilhomme Polonais voyageant pour ses affaires.

Ces instructions sont censées données à Delatouche, surnom de ce Français qui se trouve dans un des passeports.

Il est impossible de les lire sans être convaincu que le gouvernement anglois est disposé à tout oser pour allumer laj guerre civile en France.

Elles sont ainsi conçues.

Art. ler. "M, D. L. se rendra incessamment en France, et sans aller jusqu'à Paris, trouvera le moyen de conférer avec ses associés auxquels il fera connoître, qu'ayant une entière, confiance dans leur sagesse, dans la pureté de leurs intentions de leur patriotisme, on est disposé à leur fournir les moyens, pécuniaires qui seront nécessaires pour amener le renversement du gouvernement actuel, et pour mettre la nation fran

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