Page images
PDF
EPUB

çaise à portée de choisir enfin la forme de gouvernement la plus propre à assurer son bonheur et sa tranquillité: choix sur lequel dix ans d'expérience doivent l'avoir assez éclairée."

Art. 2. M. D. L. arrêtera avec ses associés un plan gégénéral contenant.

Imo. Le détail des moyens d'exécution qu'ils se proposent d'employer successivement.

2do. L'aperçu des dépenses qu'ils pourront entraîner, en y apportant toute l'économie possible.

3° L'époque probable à laquelle il sera nécessaire que ces fonds soient payés.

Art. 3me. M. D. L. remettra aux associés cinq cents livres sterling pour commencer leurs opérations. Lorsque cette somme sera épuisée ou au moment de l'être, les moyens de la renouveler seront fournis.

Art. 4. On désire avoir deux fois par semaine un bulletin de tous les événemens intéressans dont les papiers publica Fraçais ne parlent pas, ainsi que de ce qui se passe dans les ports et aux armées. Les associés pourront y rendre compte du succès de leurs opérations et de leurs espérances. Ces bulletins doivent être exactement numérotés, afin que s'il y en a quelqu'un qui soit égaré ou soustrait, on puisse s'en apercevoir et en prévenir les associés; ces bulletins doivent aussi, suivant la nature des nouvelles qu'ils contiendront, être écrits, partie avec de l'encre noire, et partie avec de l'encre spmpathique dont M. D. L. leur donnera la recette. Ceux dont une partie sera écrite avec de l'encre sympathique seront indiqués par une petite goutte d'encre ordinaire jetée au hasard dans le haut de la première page de la lettre. Il est bien essentiel que M. D. L. et ses associés s'assurent dea moyens d'être bien instruits de tout ce qui se passera dans les départemens des différens ministres, aussi bien qu'au Sénat, au conseil d'état, dans l'intérieur du palais &c. &c,; car si ces bulletins cessaient d'être exacts, la confiance pourrait

s'alarmer et s'affaiblir.

M. D. L. sera l'intermédiaire unique de la correspondance. 5me. Aussitôt que M. D. L. se sera concerté sur tous ces points avec tous ses associés, il se rendra au lieu de sa destination.

Ce qui a suivi administre des preuves encore bien plus invincibles, et sur l'intention du gouvernement anglais de tout entreprendre pour arriver à son but, et sur la vérité que c'est lui qui se servait du voile sacré d'un traité de paix pour diriger la conspiration avec plus d'audace.

Le Français auquel les instructions avaient été remises devait se rendre à Munich pour y conférer avec Drake, ministre du roi d'Angleterre près la cour éléctorale de Buvière, dont le rôle secret était de recruter des agens d'in

trigue, de sédition, de révolte, dé brigándage et d'assassinates Ce plénipotentiaire, chargé surtout de diriger les poignards contre le chef du gouvernement français, avait été prévenu; il accueillit cet agent.

⚫Aux instructions qui devaient être communiquées au comîté, et qu'on appelait patentes, d'autres avaient été jointes, qu'on appelait secrètes.

Drake témoigna le désir d'en prendre connoissance.

Après les avoir lues, il crut devoir les supprimer ét en remettre d'additionnelles.

Elles sont en dix-huit articles."

Tous ces articles attestent hautement la politique machia vélique de ce plénipotentiaire et de son gouvernement. En voici le texte.

Art. 1er. Il paraît plus convenable que M. D. L. se rende & Paris même ou dans les environs, la police a bien moius les moyens de surveiller quelqu'un qui sait se cacher, que dans un autre endroit où chaque nouveau visage est remarqué, et le moindre maire est instruit de tout ce qui arrive, et en rend compte pour s'en faire un mérite. On ne parle pas desoupçons que les allées et venues et le passage des lettres peuvent faire naître, ainsi que de leur interception possible.

Il est encore bon d'observer que l'on est bien mieux éclairé en parlant séparément aux personnes mêmes, qu'en obtenant même d'elles des renseignemens écrits qui supposent toujours une certaine réserve qui n'a pas lieu dans l'abandon de la conversation.

Art. 2nd. Le but principal du voyage de M. D. L. étant le renversement du gouvernement actuel, un des premiers moyens d'y parvenir, est d'obtenir la connoissance des plans de l'ennemi: pour cet effet, il est de la plus haute importance de commencer avant tout, par établir des correspondances sûres dans les différens bureaux, pour avoir une connoissance exacte de tous les plans, soit pour l'extérieur, soit pour l'intérieur. La connoissance des plans fournira les meilleures armes pour les déjouer, et le défaut de succès est un des moyens de discréditer absolument le gouvernement, premier pas vers le but proposé et le plus important: pour cet effet, on tâchera de se ménager des intelligences très-sûres dans les bureaux de la guerre, de la marine, des affaires étrangères et des cultes.

- On tâchera aussi de savoir ce qui se passe dans le comité secret que l'on croit établi à Saint-Cloud, et composé des amis les plus affidés du Consul. Ces avis doivent être donnés en forme de bulletin, conformément aux instructions du président du comité, et envoyés avec toute la célérité possible M. D. (Drake) de la manière qui sera convenue. On aura soin de rendre compte des différens projets que B pourrait avoir

I

relativement à la Turquie et à l'Irlande, et des menées du comité des Irlandais réfugiés; ces points sont très-spécialement recommandés à M. D. L. comme le premier et le plus important en commençant et dans les premjers momens. On fern connaître aussi le déplacement des troupes, des vaisseaux, des constructions, et tous les préparatifs militaires.

Les lettres seront adressées à un ami à Strasbourg, et de là par lui portées à la poste à Kehl. Lorsqu'on aura beaucoup à écrire, on pourra le faire aur le dos d'une ou plusieurs cartes géographiques, avec l'encre sympathique, ou sur la marge de livres imprimés sur papier bien collé, en observant de faire une petite tache d'encre sur la feuille l'écriture commence et on enverra le paquet par un charriot de poste, à l'adresse de Madame Frank; ou Messieurs Papelier & Co. à Strasbourg avec une lettre signée du nom d'un libraire quelconque, où l'on priera le correspondant de le faire passer à M. D.

Ces correspondaus étant dans l'usage de faire des commissions pour M. D. ne soupçonnèrent jamais de quoi it s'agit; ces objets étant des objets de commerce ordinaire.. Ceci n'aura lieu cependant que lorsqu'il y aura beaucoup à écrire, et dans le cas où le volume du paquet pourrait éveiller des soupçons à la poste, et alors, on préviendra M. D. de cet envoi, dans la première lettre; on observera que la manière d'empaqueter n'ait rien d'affecté. Les adresses de ces paquets seront toujours A. B. avec une lettre d'envoi pour Mad. Frank ou Messieurs Papelier.

sme. On tâchera de fournir à M. D. un aperçu des dépenses qui seront nécessaires, en observant de faire la demande autant en avance qu'il sera possible, et en expliquant les différens objets. On indiquera à M. D. le nom de convention de la personne en faveur de qui la lettre de change doit être tirée, et M. D. aura soin de procurer une lettre, où son nom ne paraîtra pas, et qui ne pourra pas être suspectée.

4me. Pour mettre la correspondance plus à l'abri d'une découverte, on se servira de noms de convention, même avec l'encre sympathique de même que pour les noms des villes, qu'on prendra l'une pour l'autre, suivant la feuille numerotée A,

Art. 5me. Pour ne pas donner des soupçons, en écrivant toujours au même noin L. M. D., s'arrangera avec six, au moins, de ses connoissances, les plus sûrs pour pouvoir alterner, Ce moyen est indispensable, en cas d'accident ou de maladie. Chacun de ces Messieurs, en écrivant, observera très-exactement l'ordre numérique de la même série, comme si une seule personne eût écrit. Ce qui sera écrit in claro, sera relatif ou au commerce, ou aux arts et sciences, et paraîtra un compte rendu des nouvelles de Paris. S'il arrive que l'on dise quelque chose du gouvernement, ce sera toujours dans un sens qui lui soit favorable; on aura soin aussi que ce qui est écrit en

encre sympathique, ne soit pas écrit trop fin; il faudra numéroter, avec de l'encre sympathique, et jamais in claro, ce qui fait remarquer et observer davantage.

6me. M. D. L. ayant reçu de M. V. la recette pour la composition de l'encre sympathique, détruira la bouteille qu'il a avec lui, pour ne rien porter en France qui puisse donner le moindre lieu à des soupçons. Il écrira ses instructions se crètes sur le papier blanc de son porte-feuille, à la suite des dépenses de voyages, &c. il détruira toute espèce de papier qui pourrait donner la moindre lumière sur sa destination, ainsi que les passeports qu'il a.

7me. On pourrait de concert avec les associés, gagner les employés dans les fabriques de poudre, afin de les faire sauter, quand l'occasion s'en présentera.

8me. Il est, surtout, nécessaire de s'associer et de s'assurer de la fidelité de quelques imprimeurs et graveurs, pour imprimer et faire tout ce dont l'association aura besoin.

- 9me. Il serait à désirer que l'on connût au juste l'état des · partis en France, et surtout à Paris, et quel serait le résultat le plus favorable, si B. venait à mourir.

10me. On ne parlera au comité, pour le moment actuel, que du renversement du gouvernement de Bonaparte, hormis à ceux que l'on sait être bien disposés, en attendant que l'on eût quelque chose de certain sur les dispositions du roi, et que l'on connaisse mieux la nature des moyens d'agir dans l'intérieur, ainsi que la disposition générale des esprits. On enverra, par la suite, de nouvelles instructions, tendantes au but qu'on se propose, et qui seront calquées sur les renseignemens que l'on reçevra.

11me. On recommande la plus grande circonspection, surtout dans les premières démarches, et de ne se confier qu'avec la plus grande réserve, pour éviter les trahisons des faux-frères, qui pourraient profiter de cette occasion d'acquérir des droits aux faveurs du gouvernement, et dans aucun cas quelconque on ne se fiera qu'à des hommes très-prudens.

Une manière de sonder l'opinion des gens dont on doute, serait naturellement d'observer que si la République n'est pas possible, il parait plus simple et plus juste de recourir à la royauté ancienne, que de se dévouer au nouveau despotisme d'un étranger.

12me. M. D. n'est pas d'avis que M. D. L. quitte la France à moins d'une nécessité très-urgente, vu la difficulté de passer et repasser les frontières.

13me. Il est entendu qu'on employera tous les moyens pos sibles pour désorganiser les armées, soit au-dehors, soit au dedans.

14me. On tâchera d'établir une correspondance plus directe

avec l'Angleterre, par la voie de Jersey, ou de quelque point de la côte de France. On pourrait aussi voir s'il y a moyen d'établir une correspondance par la voie d'Hollande et d'Embden.

En attendant, quand on aura des choses à communiquer, d'un intérêt très-majeur et très-pressant, on pourrait adresser ses lettres à M. Harwood sous enveloppe à Messieurs Herber ger & Co. & Husum, mais cette voie pourrait devenir tous les jours moins sûre. On ne manquera pas d'envoyer des dupli❤ cats à M. D. dans le cas qu'on pourrait trouver moyen de communiquer avec le commandant de Jersey, M. D. l'écrira sous un de ses noms de convention, et le commandant de Jersey, en sera instruit par le gouverneur anglais.

15me. M. D. L. fera connaitre, au plutôt, à M. D. l'adresse dont il pourrait se servir en lui écrivant à Paris.

16me. M. D. L. adressera les lettres, pour le moment à l'Abbé Dufresne, conseiller ecclésiastique à Munich.

17me. M. D. L. fera connaître à M. D. les signes par lesquels on pourrait tirer parti des paragraphes qui seront publiés dans le citoyen français.

18me. Dans le cas qu'il devienne nécessaire d'envoyer des associés auprès de M. D. il faut l'en avertir d'avance, et attendre sa réponse à Augsbourg, dans laquelle M. D. indiquera le lieu du rendez-vous.

Le Français arrive à Paris.

La correspondance s'ouvre entre lui, sous le nom d'Obreskow, et le plénipotentiaire Drake.

Une lettre de ce ministre, en date du 9 Décembre, 1803, exige la plus grande attention.

Je viens de recevoir (dit-il) votre lettre du 26 Novembre, et je m'empresse de vous assurer, de la manière la plus formelle, que je n'ai absolument aucune connoissance quelconque de la société de l'existance de laquelle votre comité croit avoir acquis les preuves.

[ocr errors]

Au reste, si le fait était avéré, et si vous étiez pleinement convaincu que les vues et le but que cette société se propose sont d'accord avec les vôtres, je n'hésiterais pas à vous exhorter à faire usage de toute votre habileté et de toute votre discré tion, pour combiner vos opérations de manière, non-seulement à ne pas mettre d'obstacles aux travaux et aux entreprises de cette dernière, mais à les favoriser et à tâcher d'assurer ses succès, qui (dans le cas que je suppose), serviraient très-essentiellement à avancer la réussite de vos propres desseins. Je suis persuadé qu'il ne sera pas très-difficile de faire goûter ces raisons à votre comité, en partant de la supposition sur la quelle je me fonde.

Je vous répète de la manière la plus précise, que je n'ai

« PreviousContinue »