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Leichtenstein, lieutenant-général, chargé des pleins-pouvoirs de S. M. l'empereur d'Autriche, roi de Hongrie, etc.

A Austerlitz, le 15 Frimaire an 14 (6 Décembre, 1805).

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et J. Prince DE LICHTENSTEIN, Lieutenant-général.

23 Décembre, 1805.

Extrait du Bulletin daté de Brünn, le 19 Frimaire, an 14.

S. M. a reçu à Brünn M. d'Hangwitz, et a paru très-satis faite de toute ce que lui a dit ce plénipotentiaire qu'elle a ac cueilli d'une manière d'autant plus distinguée, qu'il s'est tou jours défendu de la dépendance de l'Angleterre, et que c'est à ses conseils qu'on doit attribuer la grande considération et la prospérité dont jouit la Prusse. On ne pourrait en dire autant d'un autre ministre qui, né en Hanovre, n'a pas été inaccessible à la pluie d'or. Mais toutes les intrigues ont été et seront impuissantes contre le bon esprit et la haute sagesse du roi de Prusse. Au reste, la nation française ne dépend de personne, et cent cinquante mille ennemis de plus n'auraient fait autre chose que de rendre la guerre plus longue. La France et la Prusse, dans ces circonstances, ont eu à se louer de de M. le duc de Brunswick, de MM. Mollendorff, de Knobolsdorff, Lombard, et surtout du roi lui-même. Les intrigues anglaises ont souvent paru gagner du terrein; mais comme eu dernière analyse on ne pouvait arriver à aucun arti sans aborder de front la question, toutes les intrigues ont échoué devant la volonté du roi. En vérité, ceux qui les conduisaient nbusaient étrangement de la confiance: la Prusse peut-elle avoir un ami plus solide et plus désintéressé que la France?

La Prusse est la seule puissance en Europe qui puisse faire ane guerre de fantaisie: après une bataille perdue ou gagnée, les Russes s'en vont: la France, l'Autriche, la Prusse, au contraire, doivent méditer long-tems les résultats de la guerre: ane ou deux batailles sont insuffisantes pour en épuiser toutes les chances.

Les paysans de Moravie tuent les Russes partout où ils les rencontrent isolés! Ils en ont déjà massacré une centaine. L'empereur des Français a donné des ordres pour que des patouilles de cavalerie parcourent les campagnes, et empêchent ces excès. Puisque l'armée ennemie se retire, les Russes qu'elle laisse après elle sont sous la protection du vainqueur. Il est vrai qu'ils ont commis tant de désordres, tant de brigandages qu'on ne doit pas s'étonner de ces vengeances. Ils maltraitaient les pauvres comme les riches: trois cents coups de bâton leur paraissaient une légère offense. Il n'est point NNNN

d'attentats qu'ils n'aient commis. Le pillage, l'incendie des villages, le massacre, tels étaient leurs jeux. Ils ont même tué des prêtres jusque sur les autels! Malheur au souverain qui attirera jamais un tel fléau sur son territoire! La bataille d'Austerlitz a été une victoire européenne, puisqu'elle a fait tomber le prestige qui semblait s'attacher au nom de ces barbares. Ce mot ne peut s'appliquer cependant ni à la cour, ni au plus grand nombre des officiers, ni aux habitans des villes qui sont au contraire civilisés jusqu'à la corruption.

ITALIE, 28 Décembre, 1805.

Naples, le 26 Novembre (Frimaire.)

L'ordre du destin est irrévocable, et la prudence des hommes ne saurait le changer; c'est vainement que l'Empereur Napo léon a voulu garantir la cour de Naples de sa perte. Un traité accordé par ce monarque, avec la plus grande générosité, a été violé avec la plus insigne perfidie. Des trois filles de MarieThérèse, l'une a perdu la monarchie des Bourbons; l'autre a causé la perte de la maison de Parme; la troisième vient de perdre Naples. Une reine, furieuse et insensée, une femme, méchante et sans moeurs, est le présent le plus funeste que le ciel, dans sa colère, puisse faire à un souverain, à un époux, à une nation.

Lorsqu'un détachement de l'armée anglaise est arrivé ici, la reine est allée au-devant des généraux et les a accueillis avec empressement; elle a porté l'impudeur jusqu'à jeter à pleines mains le ridicule sur son mari, en disant que s'il ne paraissait point, c'est que le beau tems le retenait à Caserte occupé à chasser le sanglier. Lorsque les résultats de l'affaire qui a eu lieu entre les Anglais et les Français devant Cadix ont été connus ici, une escadre anglaise a pavoisé tous ses vaisseaux et tiré tous ses canons; les châteaux de Naples ont aussitôt répondu à ces signes d'allégresse, par des salves réitérées. Enfin, la procla mation ci-jointe a été affichée partout, et 40-mille Napolitains ont reçu l'ordre de se réunir à l'armée anglaise.

On ignore l'effet que ces nouvelles auront produit sur l'esprit de l'empereur des Français. On n'ose chercher à pénétrer la détermination qu'il va prendre. Aura-t-il pitié du prince royal qui a blamé hautement l'extravagante fureur dont sa mère est animée? Aura-t-il pitié d'un roi, d'un époux si outrageusement joué par une nouvelle Frédégonde? Se trouvera-t-il placé trop haut pour que de pareilles insultes puissent l'atteindre? C'est ce que l'avenir fera connaître.

Copie d'une dépêche royale adressée par M. le général For. toguerri, ministre de la guerre à MM. les généraux et inspecteurs-généraux de l'armée napolitaine.

Sa majesté le roi, notre maître, etc. etc.

Voulant accéder à la demande qui lui a été faite par S. M. l'empereur de toutes les Russies et au désir que ce prince lui a manifesté de voir les opérations militaires sous la direction de M. de Lascy, général en chef des troupes russes, S. M. a daigné nommer le dit général de Lascy, commandant en chef des troupes combinées, réunies dans le royaume de Naples. Au palais, le 27 Novembre, 1805.

Fin de l'an, 1805.

Paris, Janvier 6, 1806.

Un décret rendu au palais de Schoenbrunn, le 2 Nivose, an 14, contient les dispositions suivantes :

1. Les fusils et pistolets à vent sont déclarés compris dans les armes offensives, dangereuses, cachées et secrètes, dont la fabrication, l'usage et le port sont interdits par les lois.

2o. Toute personne qui, à dater de la publication du présent décret, sera trouvée porteur des dites armes, sera poursuivie et traduite devant les tribunaux de police correctionelle, pour y être jugée et condamnée, conformement à la loi du 23 Mai 1728.

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Soldats,

9 Janvier, 1806.
.PROCLAMATION.

"La paix entre moi et l'empereur d'Autriche est signée, "Vous avez dans cette arrière-saison fait deux campagnes; vous avez rempli tout ce que j'attendais de vous. Je vais "partir pour me rendre dans ma capitale. J'ai accordé de "l'avancement et des récompenses à ceux qui se sont le plus

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distingués je vous tiendrai tout ce que je vous ai promis. "Vous avez vu votre empereur partager avec vous vos périls "et vos fatigues; je veux aussi que vous veniez le voir en"touré de la grandeur et de la splendeur qui appartiennent au souverain du premier peuple de l'univers. Je donnerai une grande fête aux premiers jours de Mai à Paris; vous y 06 serez tous, et après nous irons où nous appelleront le bon "heur de notre patrie et les intérêts de notre gloire.

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"Soldats, pendant ces trois mois qui vous seront nécessaires pour retourner en France, soyez le modèle de toutes les "armées: ce ne sont plus des preuves de courage et d'intré

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"pidité que vous êtes appelés à donner, mais d'une sévère discipline. Que mes alliés n'aient pas à se plaindre de vo"tre passage, et en arrivant sur ce territoire sacré, comportezvous comme des enfans au milieu de leur famille; mon "peuple se comportera avec vous comme il le doit envers ses "héros et ses défenseurs.

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"Soldats, l'idée que je vous verrai tous avant six mois rangés autour de mon palais, sourit à mon cœur, et j'éprouve d'avance les plus tendres émotions: nous célèbrerons la mé"moire de ceux qui, dans ces deux campagnes, sont morts au champ d'honneur, et le monde nous verra tous prêts à "imiter leur exemple et à faire encore plus que nous n'avons "fait, s'il le faut, contre ceux qui voudraient attaquer notre "honneur ou qui se laisseraient séduire par l'or corrupteur "des éternels ennemis du Continent."

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Schoenbrünn, le 6 Nivose, an 14.

Par ordre de l'empereur.

NAPOLÉON.

Le major-général, maréchal BERthier.

PROCLAMATION.

Habitans de la ville de Vienne.

"J'ai signé la paix avec l'empereur d'Autriche. Prêt à ♫ partir pour ma capitale, je veux que vous sachiez l'estime que je vous porte, et le contentement que j'ai de votre bonne conduite pendant le tems que vous avez été sous ma loi. Je vous ai donné un exemple inouï jusqu'à à présent dans l'histoire des nations. Dix mille hommes de votre "garde nationale sont restés armés, ont gardé vos portes; "votre arsenal tout entier est demeuré en votre pouvoir: et pendant ce tems-là, je courais les chances les plus hasardeuses de la guerre. Je me suis confié en vos sentimens "d'honneur, de bonne foi, de loyauté; vous avez justifié m'a "confiance.

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"Habitans de Vienne, je sais que vous avez tous blâmé la guerre que des ministres vendus à l'Angleterre ont suscitée sur le Continent. Votre souverain est éclairé sur les me"nées de ces ministres corrompus; il est livré tout entier aux "grandes qualités qui le distinguent, et désormais j'espère pour vous et pour le Continent des jours plus heureux.

Habitans de Vienne, je me suis peu montré parmi vous, "non par dédain ou par un vain orgueil; mais je n'ai pas "voulu distraire en vous aucun des sentimens que vous deviez σε au prince avec qui j'étais dans l'intention' de faire une prompte paix. En vous quittant, recevez, comme un présent qui vous prouve mon estime, votre arsenal intact, que

"les lois de la guerre ont rendu ma propriété: servez-vous-ep "toujours pour le maintien de l'ordre. Tous les maux que "vous avez soufferts, attribuez-lés aux malheurs inséparables "de la guerre; et tous les ménagemens que mon armée a ap, "portés dans vos contrées, vous les devez à l'estime que vous avez méritée."

Schoenbrünn, le 6 Nivose, an 14.

(Signé)

Par ordre de l'empereur.

NAPOLÉON.

Le major-général maréchal BERthier.

aris, le 14 Janvier, 1805.

Aujourd'hui, à deux heures après-midi, en conformité des ordres de sa majesté l'empereur et Roi, S. A. S. mgr. le prince archi-chancelier de l'empire s'est rendu à la séance du sénat. S. A. a été reçue dans les formes ordinaires, et ayant pris 6ạ place, il a dit.

Messieurs,

"Si le prince grand-électeur était encore parmi nous, vous auriez reçu de ses mains la communication que S. M. l'Empepereur et Roi m'ordonne de vous faire.

"La lettre que S. M. adresse au sénat, et que je lui apporte, a pour objet de vous instruire de deux transactions importantes.

"L'une est le mariage du prince Eugène avec la princesse Auguste, fille de S. M. le roi de Bavière.

L'autre est le traité de paix avec l'empereur d'Autriche, conclu à Presbourg le 5 Nivose (26 Décembre, 1805), et ratifié le lendemain au palais de Schoenbrünn, près Vienne.

"En vous donnant connaissance des articles qui le composent, S. M. satisfait tout à la fois au besoin qu'elle éprouve de communiquer avec vous sur tous les grands intérêts de l'état, et au désir d'accélérer la publication de cet acte, dont nos lois constitutionnelles ont voulu que vous fussiez instruits les pre

miers.

"Vous appercevrez, messieurs, dans l'établissement du prince Eugène, un nouveau témoignage de la tendresse de S. M., pour celui qui justifie si bien le beau titre qu'elle lui a conféré, en le nomment l'enfant de son adoption. Heureux prince, qui, appelé si jeune à l'administration d'un grand état, a su se rendre égal à cette tâche difficile, se montre de jour en jour plus digne d'imiter les glorieux exemples dont son enfance a été nourrie, et conservera la tradition de bonté, dont son auguste mère lui a transmis l'héritage.

"Ce mariage manifeste aussi combien l'empereur apprécie la loyauté de l'antique maison de Bavière, dont l'attachement pour la France ne s'est jamais démenti dans toutes les époques

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