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dévoués pour la patrie lui ont légué les intérêts de leurs familles et le soin de leur mémoire; il y a satisfait; mais la plus digne récompense du soldat français, c'est le regard de son empereur, c'est la gloire de l'empire accru par son courage; ce sont les transports de la France entière qui l'accueillent à son reteur. L'empereur veut qu'ils viennent les goûter sous ses yeux ; qu'une fête triomphale soit donnée par la capitale à l'armée, spectacle digne des grands événemens qu'il doit célébrer, où tout l'éclat des arts, où toute la pompe des cérémonies, où tous les signes de la gloire, où tous les accens de la joie publique, viendront entourer la grande armée réunie auprès de son digue chef, et feront un brillant cortége à ces phalanges de héros.

Tels sont les principaux événemens de l'année qui vient de s'écouler je n'ai pu que les indiquer. Je vous dois de plus grands détails sur les dispositions législatives et sur les opérations administratives qui ont signalé cette brillante époque de notre histoire.

L'administration a eu beaucoup à se louer du patriotisme du clergé.

Les traitemens faits aux desservaus des succursales ont été un objet de dépense notable, mais d'une importance majeure. Un grand nombre d'églises dégradées ont été réparées, et l'influence de la morale et de la religion se fait sentir. Dans ces circonstances, un attachement sincère de la part des évêques et archevêques, a été manifesté à l'empereur, non par de telles paroles, mais par un zèle efficace et actif que S.`M, a su apprécier.

Le tribunal de cassation a rempli sa tâche. Il maintient l'uniformité de la législation: sa surveillance réprime les abus qui s'introduisent dans les tribunaux. Les nouveaux réglemens out diminué d'un tiers les frais de justice, et l'empereur a mis à profit cette économie pour augmenter le traitement des juges, qui lui a paru disproportionne à l'importance de leurs fonctions.

Le code judiciaire vous sera présenté. Différens corps qui ont adressé des réclamations ont été entendus. Ce ne sera pas un ouvrage parfait, mais meilleur que ce qui a existé jusqu'à présent.

Les crimes ont diminué.

La sûreté est telle que depuis bien des années les tribunaux criminels 'cnt eu si peu de crimes à punir.

Du centre de l'Italie, l'empereur avait veillé sur la sûreté intérieure de la France et sur les moyens de rendre invariable l'ordre qu'il y avait établi. Il avait institué les compagnies de réserve. Cette force entièrement départementale augmente les ressorts de l'administration, en même temps qu'elle ajoute à sa dignité. Elle veille autour des établisseinens publics, et laisse à la gendarmerie la partie la plus active de son

service, que ce corps estimable snit avec autant de succès que de zèle la poursuite des brigands et des perturbateurs de l'ordre public; elle laisse disponibles les corps de l'armée, forme la jeunesse au service militaire, et lui apprend que c'est en servant à maintenir l'ordre, l'obéissance aux lois et le respect des propriétés, que l'on devient digne de défendre l'état contre l'ennemi du dehors.

L'administration a suivi la marche qui lui avait été imprimée pendant la paix ; les travax publics commencés ont été continués avec ardeur; de nouvelles et grandes entreprises ont été conçues, préparées, exécutées, et avec le fardeau d'une double guerre contre l'Europe presqu'entière, 40 millions ont encore été consacrés à cette branche importante du service public.

Les Alpes et les Apennins, ces deux grandes barrières posées par la nature, que le génie de la guerre avoit seul franchies jusqu'à ce jour, s'ouvrent aux efforts de l'art, et unissent l'Italie et la France, le Piémont et la rivière de Gènes, par les liens du commerce, comme ils seront unis désormais par les intérêts politiques. Sur les pentes et sur les sommets du Simplon et du Mont-Cénis roulent facilement d'énormes voitures; prodiges des arts de la paix presqu'aussi étonnant que ses exploits de guerre dont ces montagnes ont été le théâtre. Sur les rives du lac Léman, au travers des précipices de la Maurienne, des chemins escarpés sont appla nis; bientôt une seule pente, adroitement ménagée, condnira le voyageur tranquille du Pout-de-Beauvoisin au pied du Mont-Cénis. Le Mont-Genèvre offrira à l'Espagne une com munication plus abrégée avec l'Italie. Les rochers qui bornent la Méditerranée, de Toulon à Gènes, témoins des hés roïques exploits de nos armées, pour lesquelles seules ils ont paru accessibles, cessant d'être le théâtre de la guerre, et applanis par d'immenses travaux, leur offriront désormais un passage plus facile et plus sûr vers des contrées lointaines.

Le produit de la taxe d'entretien des routes s'élevant à 15 millions, a été abandonné à chaque département, et réparti sur les routes de lère. 2e. et 3e. classes. Le trésor public y a joint de 5 à 6 millions; la totalité de ces fonds a été employée en réparation des routes des deux premières classes. Plusieurs communications nouvelles, désirées par les administrés, ont fixé l'attention du gouvernement: celle de Valogue à la Hogue est achevée ; celle de Caen à Honfleur se termine; celle d'Ajaccio à Bastia est à moitié; celle d'Alexandrie à Savonne est tracée; celles de Paris à Mayence par Hambourg, d'Aix-la-Chapelle à Mont-Joye sont ordonnées; le zèle des départemens a concouru sur plusieurs points avec les efforts de l'administration: une louable émulation anime un grand nombre de communes pour la restauration des chemins vicinaux, et pn doit espérer que cet exemple, ouvrant les yeux

aux habitants des campagnes sur leurs premiers intérêts, se propagera chaque jour.

Des ponts se rétablissent sur le Rhin, à Khel et à Brisack; sur la Meuse, à Givet; sur le Cher, à Tours; sur la Loire, à Nevers et à Roanne; sur la Saône, à Auxonne; sur le Rhône, Avignon; celui de Nemours est achevé; enfin, ces deux indomptables torrens, la Durance, qui n'avait pas encore été mise sous le joug; l'Isere, qui avait brisé ceux qu'on lui avait imposés, seront asservis à passer sous des ponts déjà avancés que la campagne prochaine verra finir; ouvrage énorme par ses difficultés, que l'on avait ósé entreprendre, ou qu'on avait entrepris sans succès.

Les rivages des mêmes fleuves, ceux de la Seine, de l'Aube, de la Moselle, de la Seille, de Taru, ont été le théâtre d'un vaste système de travaux qui les bordent de chemins de hallage, rendent leurs cours plus libres et protégent les champs qui les avoisinent.

Des savans distingués, appelés sur les bords du Pô, en ont parcouru toute l'étendue, visité, la sonde à la main, tous les passages. Délivré des nombreux obstacles qui entravaient son cours; soumis à une police plus sage, le Pô conduira du pied des Alpes à Venise, nos inarchandises et nos soldats. Une législation bienfaisante encourage ce commerce qu'embarras saient, et les mesures fiscales des anciens princes, et la rivalité des états. L'empereur l'a prononcé le Pô est libre

Six grands canaux sont en exécution. Celui de SaintQuentin, auquel plus de 5,000,000 franes out déjà été employés, peut être fini dans le courant de l'année prochaine, à l'aide des moyens que vous serez appelés à fournir. Les souterrains se prolongent; il ne reste plus que deux écluses à fonder, sur vingt-quatre, 800,000 francs ont été consacrés au canai Napoléon, qui doit joindre le Rhin au Rhône. La portion du canal de Bourgogne qui s'étend de Dijon à Saint-Jean de Lome, compte onze écluses sur vingt-deux. Les canaux du Bluvet, de l'Ile de Rance, qui établissent au sein de la Bretagne des communications intérieures entre le golfe de Gascogne et la Manche, sont déjà conduits, le premier au tiers, le second au huitième de leurs travaux. Celui d'Arles, qui doit donner au Rhône une issue navigable vers la mer, est au quart. Les canaux d'embranchement qui accroissent la fertilité naturelle de la Belgique ont été réparés, continués, multipliés.

Quelques autres canaux, non moins importans, sont commencés ou du moins tracés, et seront entrepris dès cette campagne; tels sont celui de Saint-Valery qui perfectionnera la navigation de la Somme à la mer; celui de Beaucaire à Aigues-Mortes, qui abrégera la communication de ce grand rendez-vous commercial avec la Méditerrannée; celui de Sedan, qui unica la Haute à la Basse-Meuse; mais surtout ceux de Niort à la Rochelle, et de Nantes à Brest. Le premier a

Tanimé déjà toutes ces contrées, auxquelles ils promet une nouvelle existence; le second, touchant à la Loire et à la Vilainé, débouchera par quatre points sur la mer, et portera de tous côtés dans les départemens de l'Ouest, les productions du commerce et les approvisionnemens de la marine.

Plusieurs autres enfia sont projetés, comme celui de la Censée, destiné à unir l'Escaut à la Scarpe, eelui de Charleroy à Bruxelles, qui unira la Sambre à l'Escaut; celui d'Ypres, qui abrégera la communication de Lille à la mer; ceux qui se développeront le long de la Haisne, de la Vesle et de l'Aisne; et enfin le canal latéral de la Loine, allant de Degouin à Briaus, et rendant facile et praticable en tous tems, la navigation de la plus belle et la plus capricieuse de nos rivières.

L'histoire à conservé les noms des princes qui, dans l'antiquité, ont illustré leurs règnes par de semblables travaux; les états les plus florissans leur doivent leur prospérité intérieure. Quel avenir ne promet pas à l'activité de l'industrie française, une sollicitude qui les étend et les multiplie ainsi, au milieu de tant d'autres soins, sur toutes les parties de l'empire!

Si vous jetez les regards sur nos ports, vous verrez qu'on s'occupe sur les deux mers, à les rendre plus accessibles, plus Commodes et plus sûrs: à Anvers on creuse des bassins; à Dieppe, à Ostende, Dunkerque, le Havre, on construit des écluses de chasse et des canaux d'écoulement. A Honfleur, Bordeaux, Nice, Halinguen, Belle-Isle, Ajaccio, Bastia, des quais sont relevés, des jetées ou des môles prolongés ou reconstruits. La Rochelle réunit à la fois tous ces travaux. "Le eurage des ports de Cette et de Marseille se continue: on aggrandit celui d'Oléron. Les ports de Dielette et Casteret sont préparés de manière à recevoir un grand nombre de bateaux et chaloupes cannonnières, qui inquiéteront les habitans des les anglaises de Jersey et de Guernsey, comme celles de Boulogne menacent Douvres et Londres.

Les sondes faites à Bouc ont offert un résultat satisfaisant; Je Rhône aura un port. Des hommes de l'art ont examiné les développemens qu'il est possible de donner à celui de Gènes.

Six millions 850 mille francs ont été dépensés pour les ports militaires. Leur emploi a eu pour objet principal, à Cherbourg, l'exhaussement des digues, l'eurochement des talus, les jetées du môle, la construction de l'avant-port et du bassin, et la fondation du nouveau port Buonaparte, qui des tiné à complèter cette belle création maritime, et digne de son nom, sera, sur la Manche, la terreur de l'Angleterre; à Boulogne, le bassin et son écluse, l'achèvement des ouvrages qui constituent l'ensemble du port et la construction des éta blissemens qui l'entourent; à Ambleteuse, les travaux nécessaires pour approfondir le port, l'élévation de la jetée qui le garantit des sables poussés par les vents de l'ouest, les talus ét

les bâtimens; à Brest, la formation d'une le artificielle; les excavations dans le rocher, les hôpitaux, les magasins, l'arsenal, les casernes, et l'achèvement des bateries; à Anvers, la continuation des rapides travaux qui doivent en faire l'arsenal de notre marine sur la mer du Nord, les calles de construction, l'élévation des quais, les hangards et les ateliers; dans la rade de Rochefort, les jetées qui doivent servir de bases au fort Boyard, et les opérations de tout genre que nécessite cette difficile construction.

Onze autres points ont eu constamment des travaux en activité; Ostende, pour l'achèveineut des bateries et la formation d'un hôpital de marine; Dunkerque, pour les évasemens et les restaurations; Etaples, pour l'établissement d'un magasin à poudre; le Havre, pour l'entretien de ses établisse mens; l'Orient, pour la construction d'une salle d'armes et la réparation de ses bâtimens; Rochefort, pour celle des quais, la clôture de l'arsenal, etc.; Toulon enfin, pour la construction du magasin général incendié, du hangard de la grande mâture, pour les soins employés à relever quatre des vaisseaux qui l'obstruaient. Ce port, un des plus beaux ouvrages de l'art et de la nature, consolé de ses désastres, n'en conservera bientôt plus aucun vestige; la même main qui l'arracha à l'ennemi, lui aura rendu toute sa prospérité.

L'établissement de cent vingt-cinq ponts à bascules, dont cent déjà rendus à leur destination, lié à l'exécution des lois des 29 Floréal, an 10, et 25 Ventôse, an 12, garantiront les routes des dégradations commises par l'imprudence des voituriers, en les forçant de proportionner la largeur des roues à la charge de leurs voitures.

Trois lignes télégraphiques se dirigent sur Brest, Bruxelles, Strasbourg; des embranchemens sur Boulogne et le cap Grinez; une quatrième s'étendra, d'ici à six mois, à Milan par Lyon et Turin.

L'organisation des ponts et chaussées, établie sur un plan plus vaste et plus régulier, arrêtée en l'an 12 et exécutée en l'an 13, assure des retraites à la vieillesse, des récompenses aux services, de l'avancement au mérite et des encouragemens à tous les ingénieurs, et met sur toute l'étendue de la France, ancienne et nouvelle, la composition de ce corps, en proportion, avec le systême des travaux publics.

Deux nouvelles cités s'élèvent au sein d'une contrée désolée jadis par les guerres civiles, et trop long-tems étrangère à notre commerce, à uos arts comme à nos mœurs. Toute sa population se portait aux côtes; son intérieur va se ranimer. Dans le Morbihan, Napolionville se développe sur les plans arrêtés cette année, elle est déjà avancée: des bâtimens militaires, des édifices civils s'y construisent; le local du Lycée est prêt à recevoir cent cinquante élèves. Placée au centre des nouveaux canaux de la ci-devant Bretagne, Napoléonville

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