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propager, a rempli sa destination: elle vient d'acquérir un® nouveau degré de perfection par le régime qui y a été introduit. Ses élèves, assnjettis à une discipline presque militaire, puisent l'habitude de l'ordre et consacrent tout leur tems aux objets de leurs études.

Turin a vu rouvrir, à la voix de Napoléon, son antique université, réglée par des lois plus libérales, entourée de tous les établissemens qui secondent le génie de l'étude; elle promet à l'ancienne capitale du Piémont de lar endre le centre des lumières en Italie.

Gênes aussi a obtenu son université, mais accommodée aux besoins d'une cité commerçante et industrieuse: près d'elle un asile se prépare pour les enfans des marins, et leur offrant tous les bienfaits de l'instruction, récompensera dans les fils le dévouement des pères.

Neuf écoles de droit, en grande parties organisées, forment une pépiniere de jurisconsultes éclairés pour les tribunaux et pour le barreau français.

Le prytanée de Saint-Cyr, servant tout ensemble et à acquitter la dette publique envers les services passés et à préparer des services futurs, est lié à l'école militaire de Fontainbleau; déjà celle-ci s'honore des lauriers cueillis par ses éléves dans les champs de l'Allemagne et de la Moravie. Vingtneuf lycées sont en pleine activité; plusieurs autres seront bientôt établis; une nouvelle distribution de pensions natio nales, en multipliant et graduaut ces récompenses, achèvē d'assurer les resoures de ces établissemens, accrues d'ailleurs par une comptabilité plus sévère. L'entretien de vingt-neuf lycées, les frais d'organisation et les dépenses générales n'ont coûté à l'état pour un bienfait offert à tous doublé par un grand nombre, que la somme de 3 millions à-peu-près. Trois cent soixante-dix écoles secondaires sont érigées aux frais des communes et jouissent la plupart, dès leur naissance, de la plus haute prospérité. Un nombre au moins égal d'écoles secondaires établies par des particuliers, mais surveil lées par l'administration publique, complète notre système ac tuel d'enseignement; système auquel il entre dans les pensées de l'empereur de douner bientôt plus d'ensemble et de perfection, en fixant son but d'une manière plus déterminée, et en créant l'esprit qui doit animer tous ceux qui se livrent à eette honorable fonction.

Mais en s'occupant ainsi de favoriser les progrès des lumières en France, de semner partout le germe des vertus publiques et privées, en veillant avec une prévoyante sollicitude aux besoins de la génération future, l'empereur ne pouvait oublier d'étendre ses bienfaits au sexe qui exerce un si grand empire sur nos curs; il ne pouvait regarder son éducation comme étrangère aux destins de la patrie, aux intérêts de la morale, à l'attention da législateur. Trois maisons d'édu

eation reçoivent les filles de ceux qui auront bien servi l'état ; un règlement général, sans rien détruire, mais tendant à perfectionner, donnera une utile direction aux établissemens qui doivent former de bonnes épouses et de bonnes mères; déjà Fadministration a secondé, protégé plusieurs entr'eux, sans exiger, pour cet appui d'autre retour que de servir, envers la classe peu fortunée, les voeux de la bisnfaisance publique.

La banque a rendu des services essentiels; mais n'a pas ré pondu à tout ce qu'on avait droit d'attendre d'elle. La loi qui l'institue est incomplète; plusieurs de ses dispositions les plus importantes ont été violées. L'escompte qui ne de vait servir qu'à réaliser le crédit de la place, et qui par la loi ne devait avoir lieu qu'en faveur des négocians et selon leur crédit, a donné naissance à des opérations qui ont violé dans la lettre et dans l'esprit cette institution si importante au cré dit et à la vie de notre commerce. Cet escompte a été sou vent trop abondant pour des individus qui ne l'appliquaient qu'à des paiemens de circulation, non à des effets de commerce ou du gouvernement, lesquels ayant derrière eux des recettes ou des marchandises, ne sont jamais illusoires.

Cet objet est un des premiers qui aient fixé les regards de l'empereur. Il a reconnu avec plaisir la solidité et l'état sa tisfaisant de cet établissement, malgré ces violations, malgré ces imperfections, qui doivent être corrigées par des lois dans le cours de votre sessson. Parmi celles que le conseil d'état est chargé de vous présenter, vous en verrez qui ordonnent l'achévement de l'édifice de la Magdelaine, où devront être réunis tous les établissemens du commerce.

S. M. a pensé que c'était une juste indemnité pour les pertes que son peuple avait éprouvées par l'interruption du paiement des billets de banque à bureau ouvert.

En vous parlant de la banque, S. M. a voulu qu'il fût bien clairement exprimé que jamais, sous son règne, aucun papier monnaie, aucune altération dans les monnaies n'aurait lieu. Comment, en effet l'un ou l'autre pourrait-il se renouveler sous son gouvernement, lorsque l'histoire de tous les siècles nous confirme que ces expériences désastrenses ne sont faites que sous des gouvernemens énervés ? Les billets de la banqne ne seront toujours aux yeux de l'état que des billets de confiance, et jamais il ne les reconnaîtra comme obligatoires.

Les ministres des finances et du trésor public ont présenté leur compte à l'empereur. Vous y verrez la situation pros -père de nos finances. L'ordre et la clarté qui règnent dans ces comptes sont tels, qu'il n'y a point d'exemple qu'une aussi grande nation ait eu une connaissance aussi entière de toutes ses affaires; et c'est là un des principaux avantages des principes de notre monarchie, qui séparent entièrement le trésor du prince de celui de la nation, dont il est l'administrateur suprême, sous la responsabilité des ministres. Tout ce que la

nation paie est directement employé pour soutenir ses nombreuses armées, pour améliorer son territoire et pour subvenir à toutes les dépenses nationales.

Un changement assez notable aura lieu dans les lois du budjet. Au moment où ces lois vous seront présentées, vous y verrez l'intention de l'empereur, d'établir un système permanent de finances: c'est un des plus grands bienfaits que son peuple puisse attendre de lui. Il faut un prince éclairé et fort pour pouvoir se décider entre les différens partis qui, dans ces derniers siècles, ont partagé les administrateurs et ceux qui se sont occupés d'économie politique.

L'expérience a fait justice du principe d'une imposition unique tant vantée; et d'un autre côté, les abus du passé ont signalé tous les inconvéniens attachés aux impositions indirectes, vexatoires et fatigantes; et c'est en vain que leurs partisans appellent en témoignage l'Angleterre. Dans les propositions qui vous seront faites sur cet objet, comme sur tous les autres, vous reconnaîtrez modération dans les taxes personnelles, exclusion de tout système absolu, etc. etc.

Mais ici, il faut le dire avec courage à la nation, sa sûreté veut qu'une armée nombreuse soit maintenue, que des flottes soient construites et équipées pour protéger notre commerce, nos colonies et nos droits. Ces circonstances exigent des finances productives. L'empereur estime que huit cents millions sont nécessaires en tems de guerre, et plus de six cents millions en tems de paix; car jamais le sort de son peuple ne doit être à la merci de quelque complot obcur, ni de quelqu'intrigue de cabinet; et, dans tous les instans, il doit être prét à faire face à l'orage, ou à faire taire les jalouses clameurs de ses ennemis.

La nouvelle législation propose des diminutions dans les impositions directes. Dans les tems ordinaires, la charge n'en est que trop pesante pour les propriétaires; mais tout ce qui vous sera proposé a été profondément médité, et aucun abus dont on ait eu à se plaindre avec raison ne sera renouvelé.

Vous verrez dans la loi sur les douanes le soin qu'on a mis à protéger notre commerce, nos manufactures, et à mettre, autant qu'il dépend de nous, des bornes à la prospérité des manufactures de nos ennemis.

L'année dernière, la solde a été augemtée par la fourniture qui a été faite au soldat, du pain blanc pour sa soupe, qu'il payait auparavant sur la solde. Cette année, l'empereur a pensé que les soldats, qui ne sont autres que nos enfans, doivent, en guerre et en paix, avoir le même genre de nourriture, et que son peuple n'aprouverait aucune économie sur cet objet de dépense.

L'augmentation d'une demi-ration de viande accordée également, en tems de paix, au soldat, fera aussi une augmenta

tion notable dans la dépense, mais qui ne sera pas plus regrettée que la précédente.

Les domaines nationaux, par une combinaison ingénieuse et sage, passeront dans les mains de la caisse d'amortissement, Le sénat, la légion d'honneur, le prytanée, par des contrats où leurs intérêts sont ménagés, ont cédé des domaines à la caisse d'amortissement qui leur a donné en échange des rescriptions sur le grand livre. Tout le fond d'amortissement, décrété par la loi du 30 Ventôse, an 9, a été, depuis l'an 12, également soldé en domaines. Les 52 millions que le trésor devait à cette caisse sont soldés de la même manière; et par là la dette publique a cessé d'être flottante, et a été fixée dans des mains qui la possèdent comme immeuble. On a trouvé aussi dans ces différentes combinaisous de quoi faire cesser le service des années 9, 10, 11, 12 et 13, et de rattacher au service courant tout ce que le trésor percevra sur ces exercices antérieurs,

Il est dans la volonté de l'empereur, comme dans les intentions de la nation, d'accroître notre marine, et si nous avons perdu quelques vaisseaux dans les derniers combats de mer, c'est un nouveau motif pour redoubler d'énergie. Un grand nombre de nos escadres parcourent les mers, et ont attaqué le commerce de nos ennemis jusque dans ses routes les plus éloignées. Notre flottille toute entière va bientôt être ranimée par le retour à son bord des vainqueurs d'Ulm et d'Austerlitz.......Mais tous ces moyens de guerre ne seront jamais que des moyens de paix, d'une paix égale où nous puissions trouver la garantie que nous ne serous point soudainement attaqués et envahis sous les prétextes les plus frivoles et les plus mensongers; mieux vaut supporter encore les calamités de la guerre que de faire une paix qui nous donnerait la certitude de nouvelles pertes, et offrirait un nouvel aliment à la mauvaise foi et à la cupidité de nos ennemis,

La réunion du Piémont à la France, exécutée depuis deux ans, rendait indispensable la réunion de Gènes qui en est le port. Celle de la place de Gènes occupée depuis long-temps par les Français, défendue par eux dans la seconde coalition, a été la suite de la volonté et de l'indépendance de cette république. Cette réunion n'augmentait pas notre puissance continentale; l'Angleterre seule avait le droit de s'en plaindre; elle n'a pas été la cause de la guerre que nous venons de ter miner. La réunion n'a eu lieu qu'au mois de Juin, et dès le mois d'Avril, les intrigues de l'Angleterre avaient séduit le cabinet de Pétersbourg. L'humiliation de la France et le dér membrement de ses provinces étaient résolus. Ce n'est pas simplement le royaume d'Italie qu'on voulait nous enlever: le Piémont, la Savoie, le comté de Nice, Lyon même, les départemens réunis, la Hollande, la Belgique, les places de la Meuse, tel était le démembrement qui était dicté par l'AŋТттт

gleterre aux coalisés, et sans doute ils ne s'y seraient point are rétés, s'ils avaient triomphe de la constance du peuple françois. L'Angleterre prend peu d'intérêt à l'Italie: la Belgique, voilà le véritable motif de la haine qu'elle nous porte.

Mais la Hollande, les cent dix départemens de la France, le royaume d'italie, Venise, la Dalmatie, l'Istrie, Naples sont désormais sons la protection de l'aigle impérial, et la réunion de ces états ne nous donne que les moyens nécessaires pour être redoutables sur nos frontières et sur nos côtes.

La Bavière, Wurtemberg, Baden et plusieurs des princi pales puissances d'Allemague sont nos alliés.

L Espague, constante dans sa marche, a montré une activité, une bravoure, une fidélité dont nous n'avons qu'à nous louer. Dans les guerres précédentes, l'Angleterre et la Russie avaient toujours présenté à l'empereur d'Autriche l'appas d'un aggrandissement en Italie, pour le déterminer à y prendre part; mais ce souverain, maintenant mieux instruit de l'état des choses, a reconnu le danger de l'aliance d'Angleterre, et laissé à la France seule le soin de se mêler des affaires d'Italie; n'ayant reconvré ses états que par la modération et la générosité de l'empereur, il sait que ce n'est que dans l'ami tié de la France qu'il pourra trouver la tranquil'ité et le bonheur dont ses sujets ont besoin plus qu'aucun autre peuple de l'Europe.

L'empereur de Russie, impuissant pour nous faire du mal, sentira que la véritable politique de son pays est aussi dans l'amitié de la France, tout comme sa véritable gloire est dans l'affranchissement des mers et dans le refus de recounaître des principes qui soulèvent même les plus petits états, et qui les ont mis dans le cas de braver les bombardemens et les blocus plutôt que de s'v soumettre,

L'empereur offrait la paix à l'Autriche après chaque victoire. Il l'avait accordée à Naples avant la guerre. Paix violée aussitôt que jurée, et qui a entraîné la ruine de cette maison....... Il offre également la paix à l'Angleterre. Il ne prétend pas faire revenir cette puissance sur les immenses changemens faits aux Indes, pas plus qu'il ne prétend faire revenir l'Autriche et la Russie sur le partage de la Pologue; mais il a le droit de se refuser à revenir sur les alliances et sur les réunions qui composent les nouveaux élémens fédératifs de l'empire français.

La Turquie a été constamment sous l'oppression de la Russie, et l'empereur, en acquérant la Dalmatie, a eu principalement sear but de se trouver à portée de protéger le plus ancien de nos alliés, et de le metire en état de se maintenir dans son indépendance, à laquelle la France est intéressée pins que toute autre puissance.

La première coalition. termi ée par le traité de CampoFormio, a eu pour résultat favorable à la France l'acqui

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