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s'occupa de plusieurs débarquemens de fusils, sabres, pistolets, canons, obus, munitions, argent et habillement.

Il s'enorgueillissait de ses dispositions, lorsque l'arrivée en Bretagne du général Brune avec des forces supérieures l'obligea de mettre bas les armes.

Malgré la pacification, il écrivit et signa l'acte suivant.

Nous, général, commandant les départemens d'Ille et Vilaine des côtes du Nord, du Finistère et du Morbihan, en vertu des pouvoirs à nous transmis par son Altesse Royale Monsieur, frère du Roi, nommons Monsieur Pierre Guillemot, adjudant général commandant des légions de Vannes, d'Auray, de Mohon et celle aujourd'hui sous ses ordres. Nous l'autorisons à y nommer un officier pour le remplacer. Nous le chargeons de les diriger en grand et de les disposer de son mieux à l'insurrection. Il correspondra pour celle de Vannes avec Hervé qui en est le major, pour celle d'Auray avec Rohu, et pour celle de Mohou avec Troussier. Il donnera à tous ses officiers l'ordre exprès de ne pas commettre la moindre bostilité, avant le moment propice qu'on leur désignera.

Donné au quartier général ce 8 Juillet 1800, &c.

Il était tout à la fois général en chef et trésorier des fonds envoyés par l'Angleterre pour soudoyer les rebelles, de ceux volés aux diligences, et de ceux exigés sous peine de mort, notamment des acquéreurs de domaines nationaux.

On ignore s'il était à Paris à l'époque du 3 Nivose an 9; mais on ne peut douter qu'il ne fût un des chefs de la conspiration qui éclata dans cette journée.

C'est lui qui, le 28 Frimaire an 9, quatre jours avant le 3Nivose, écrivait en ces termes à Pierre Robinault St. Réjant dit Pierrot, dit Soyer, qui a mis le feu à la machine infernale, et qui a été condamné à mort.

Mon cher Soyer, je reçois de tes nouvelles par tes deux amis. Pour toi, tu n'as pas encore appris à écrire. Hélas! les 15 jours sont passés; les événemens s'avancent d'une manière effrayante, si les événemens continuent je ne sais ce que nous deviendrons tous; en toi seul est toute notre confiance et toute notre espérance. Tes amis se rappellent à ton souvenir, et te recommandent leur sort. Adieu, ton sincère ami.

Ce billet est signé, Gédéon.

Au-dessous est écrit, nous attendons à tous les couriers de tes nouvelles.

Une vérification légale a établi qu'il était réellement l'auteur de cet écrit, qui fut le signal d'ordre donné par le chef des conjurés.

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Le 26 Nivose, an 9, il écrivit la lettre suivante, qui n'exige pas moins d'attention.

Mon cher comte, je viens de recevoir votre lettre du 10

Decembre, elle n'est pas fort consolante, surtout après celle dont vous aviez chargé P.

Dans la première vous donniez, pour ainsi dire, des certitudes et dans celle-ci vous ne donnez que de faibles espé rances; vous devez sentir cependant que notre position de mande du positif, et cela promptement. Nous sommes ici à chaque minute exposés aux poignards des assassins.

Notre devoir, les instructions reçues, et l'espérance de voir encore se renouer quelque chose, nous y retient, pas un de nous n'en bongera avant de recevoir des ordres: vous devez juger avec quelle impatience nous les attendons.

Je ne vous parlerai pas de la position des armées de l'Autriche, ni de l'armistice existant entr'elle et celles de la répu blique, seulement je vous observerai que toutannonce ici la paix comme assurée, et d'après les apparences, cette fâcheuse nouvelle n'a malheureusement que trop de fondement. Dans le cas où elle se confirmât, de quels moyens vent-on que nous nous servions pour conserver encore au roi des sujets fidèles dans l'Ouest? Après y avoir mûrement réfléchi, voici les deux seuls moyens que je crois les plus propres à parvenir à ce but (je suppose la paix faite avec l'Empereur et que les puissances du Nord ne se déclareront pas contre l'usurpateur). Premier moyen d'obtenir du gouvernement britannique de prendre à son service, sur le pied des régimens anglais, deux à trois régimens royalistes de l'intérieur. On composerait ces corps des hommes les plus ardents dans toute la Bretagne, et dès que les circonstances leur permettraient de s'y jeter, il est hors de doute qu'ils parviendraient à insurger cette province, mais les chefs avant de faire cette démarche, exigeraient du gouverne ment la promesse formelle par écrit que ces corps ne seraient point licenciés quels que fussent les événemens. Si les circoustances ne permettaient pas au gouvernement britannique d'adopter le premier moyen, qui est sans contredit le plus sûr, voici le second, qui peut aussi réussir, mais qui offrira bien des difficultés aux acteurs.

Permettre aux chefs de légion et même à quelques adjudants généraux tous dévoués, qui ne sont pas encore extrêmement compromis, de s'arranger avec l'usurpateur, d'en obtenir des sûretés qui leur permettent de vivre tranquillement dans leur pays, et les mettront à même de communiquer librement avec leurs officiers fidèles, qui, d'après les instructions qu'ils en recevront, maintiendront certainement ce pays. Que son Altesse Royale Monsieur, adopte dans sa sagesse celui de ces moyens qu'il croira le plus convenable; mais je vous en prie, mon cher comte, de vous empresser de nous faire connaitre celui qu'il aura choisi. Dans tous les cas prévenez, je vous en prie, son aitesse royale que je serai obligé de faire banqueroute, si dans vingt-cinq jours au plus tard je ne reçois quatre mille Louis. On m'avait promis cette

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somme tous les mois sans comprendre Bt. qui me coûte aussi infiniment et depuis que je suis rentré, je n'ai reçu que 4000 Liv......Surtout réponse en poste ; vous sentez notre position. Si on n'adopte pas le premier moyen, je me verrai forcé de passer avec cinq à six officiers. Je me flatte qu'on leur accordera un traitement honnête. Réponse positive à cet article.... Mes commissaires sont de retour de C. d'après leur rapport, je ne réponds pas absolument du succès..mais j'ai de grandes espérances de réussir.... les événemens permettant de donner de l'enthousiasme. Vous savez l'expédition dont parle la lettre du général Maitland que j'ai laissée à son Altesse Royale. J'ai pris les mesures les plus justes pour la faire réussir.

La garnison est presque toute composée d'hommes à moi. Soutenu des voltigeurs, et sans peut-être soutenu de forces étrangères, je pourrai tenter cette opération. Si elle réussissait, elle nous mettrait à même d'attendre les événemens; nous recrutons considérablement. Il faudrait seulement être prétégé par les voltigeurs et soldé par le gouvernement. Surtout décision prompte, vous n'ignorez pas que la grande correspondance à éclaté mal adroitement elle, est heureusement renouée..... Je la presse d'agir, mais les fonds ne sont nullement suffisans ......J'ai vu les seconds de C. de D...... ils sont bien 'intentionnés, et ils comptent beaucoup sur leur pays. Anne tergiverse toujours, je crains qu'elle n'ait perverti B....t; on le dit à Paris prêt à faire la courbette...... Toutes ces démarches sont heureusement décorées de beaux prétextes. C'est par de tels moyens qu'on doit parvenir au véritable but, moi et bien d'autres nous pensons autrement.

Si on est forcé d'adopter le second moyen, pour le faire réussir, il faudra que j'aie quelques fonds disponibles à remettre aux of ficiers restans pour l'instruction de leurs subordonnés les plus capables et les plus fidèles.

J'espère que la grande correspondance jouera encore bientôt. J'ai l'honneur d'être, avec la plus haute estime et tta plus parfaite considération, votre très-humble et très-obéissant serviteur, elle est signée Georges!!

C'est au comte de la Chaussée, à Londres, que cette lettre était adressée.

Une de la même date et sous la même enveloppe, écrite au ci-devant Prince de Bouillon par Georges, ne permet pas d'en douter.

Elles ont été trouvées dans le porte-manteau d'un nommé le Mercier, second de Georges, tué la nuit du 30 Nivose, an 9, dans une rencontre près de Loudeac.

Lorsque Georges y parle d'espérances d'y voir encore renouer quelque chose, il est clair qu'il s'agit d'un nouveau plan. C'est de Brest dont il est question pour la dépense.

On ne pouvait y avoir des intelligences pour tâcher de faire livrer cette place, sans de grands sacrifices.

L

C'est & Belle-Isle que les agens avaient été envoyés pár Tui pour embaucher, et avaient été arrêtés.

Lorsqu'il dit que la grande correspondance a maladroitement éclaté, et qu'elle est heureusement renouée, il est de toute évidence qu'il est question de la machine infernale.

Sauvé en angleterre, il y médite avec les chefs de ce gouvernement, avec tous ses complices échappés au glaive de la loi, avec les intimes des ci-devant Princes français, avec Pichegru et ses adhérens, les plans d'assassinat du Premier Consul et de renversement du gouvernement français.

C'est lui qui avait fait partir en avant Picot et Lebourgeois.

C'est également lui qui avait fait partir Roger, dit Loiseau qui est passé par la Bretagne, pour remplir la mission qui lui avait été confiée

C'est lui qui était en relation avec les émissaires envoyés dans l'Ouest et surtout avec Debar, qui lui écrivait le 12 Nov. 1803.

Général,

Je travaille sans cesse à voir les individus les plus propres l'opération dont nous avons parlé Je les trouve tres-apathiques et très-alarmés des surveillances et des recherches que l'on fait sur le compte de chaque voyageur arrivant à Pet dans les environs; ces comptes que l'on prend sur eux dans la commune dont ils sont partis &c; enfin, votre der ́nière résolution sur cet objet.

Je ne douterai jamais de faire un noyau d'insurrection au moment favorable, malgré l'indifférence du clergé et de la noblesse: un prince avec une force imposante, enlevera toujours la nation entière, ce que cent mille royalistes réunis ne pourront faire; alors je crois voir déjà que je pourrai préalablement fournir un petit contingent.

Quand j'aurai fini ma mission, si je ne reçois de nouveaux ordres de vous, je me rendrai au lieu d'où je suis parti; les rhumatismes me tracassent grandement ; j'irai jusqu'à tomber sur les dents. Ne doutez jamais de mon zèle, de mon attachement et de mon dévouement. Salut d'amitié respectueuse.

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P. S. J'emploie le plus utilement possible la petite somme que vous m'avez confiée; je ne la ménage pas; aujourd'hui on ne peut rien faire sans beaucoup d'argent.

Cette lettre porte pour souscription au papa.

Georges Cadoudal a fait, comme il a été annoncé, partie d'un débarquement effectué à la falaise de Beville, le 21 Août dernier.

Il était à Paris au moment où Debar lui écrivait, il y était

venu par une des lignes sur lesquelles des stations avaient été disposées par Jean Marié, dit Lemaire, arrivé par Boulogne sur un paquebot, dans les premiers jours de prairial et par Raoul Gaillard, dit Saint Vincent, venu en France par Hambourg, qui, après avoir été secondés par Bouvet et d'autres initiés, étaient retournés en Angleterre.

La première de ces stations, à partir de Béville, était à Guileniecourt, chez Pajot,

La seconde, commune de Saint Remy, ferme de la Poterie, Hameau d'Hautelimont, chez les Detrimont,

La troisième, à Precesseville, chez Loizel,

Là se forment trois lignes particulières en direction sur Paris.

A gauche la quatrième station était à Aumale, chez Mon

nier.

La cinquième, à Feuquières, chez Boniface Colliaux,

La sixième, au Monceau, commune de Saint Omer, chez Leclerc ;

La septième à Auteuil, chez Quentin Rigaud;

La huitième à Saint Lubin, commune de Remonuille, ches Jean Baptiste Messignon et à Jouy le Peuple, chez Nicholas Messignon;

La neuvième, à Saint Leu Taverny, chez Lamotte;

A prendre au point d'embranchement, ligne du milieu, la quatrième station était à Gilles Fontaine, chez la yeuve Lesueur;

La cinquième à Saint Clair chez Daché ;

La sixième, à Gournay, chez la veuve Caqueray;

A remonter toujours au dit embranchement, la quatrième station était à Forges et à Rencheralles, chez les Gambu;

La cinquiéme à Saint Crepin, commune de Lorlot, chez Bertongles;

La sixième à Estrepagny, chez Damonville et son fermier. La septième, à Aubonne, dans une maison confiée, par un des affidés à Hyvonnet,

C'est la ligne à gauche, en partant de la Falaise, que Georges avait suivie.

Joyaux, dit Villeneuye; Jean Marie, dit Lemaire; Raoul, Guillaume, dit Saint Vincent, Querelle, la bonté; Picot et Troché fils, étaient débarqués avec lui.

Charles d'Hozier et Dessoles étaient venus au-devant de lui et de ceux qui l'accompagnaient jusqu'à Saint Leu Tour

ney,

Il était monté avec Joyaux, Jean Marie, dit Lemaire et Dessoles, dans une voiture que d'Hozier avait conduite en cocher.

Il avait logé, dans les premiers jours, chez Depand, marchand de vin, rue du Bacq, au coin de celle de Varennes, où

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