Page images
PDF
EPUB

et de la justice, et capables de concourir avec nons à ce grand ouvrage. Envoyez-les prendre place parmi nous, et qu'ils nous fassent part de leurs vues sages et éclairées.

Il doit être bien doux pour tous les Israélites de l'Europe de co-opérer à la régénération de leurs frères, comme il doit être glorieux pour nous en particulier d'avoir fixé l'attention. d'un souverain si illustre.

Jamais hommes sur la terre n'eurent d'aussi puissans motifs que nous d'aimer, d'admirer, ce souverain, parce que jamais nous. n'avons eu à nous applaudir d'une justice aussi éclatanté, ni d'une protection plus signalée. Rendre à la sociéte un peuple estimable par ses vertus privées, le rappeler an sentiment de sa dignité en lui assurant la jouissance de ses droits: tels sont les bienfaits dont nous sommes redevables, à Napoléon le Grand.

L'arbitre souverain des peuples et des rois l'a donné à cet empire pour cicatriser ses plaies, pour lui rendre le calme que de longs orages lui avaient ravi, pour agrandir ses destinées,, fixer les nôtres, et faire les délices de deux nations qui s'ap◄ plaudirout à jamais de lui avoir confié le soin de leur bonheur après celui de leur défense.

Paris, le 24 de Tisris 567 (6 Octobre, 1806)..

Paris, le 19 Octobre, 1806..

PREMIER BUlletin de LA GRANDE ARMÉE.

Bamberg, le 18 Octobre, 1806.

La paix avec la Russie conclue et signée le 20 Juillet, des négociations avec l'Angleterre entamées et presque conduites aleur maturité, avaient porté l'alarme à Berlin. Les bruits vagues qui se multiplièrent, et la conscience des torts de ce cabinet envers toutes les puissances qu'il avait successivement trañies, le portèrent à ajouter croyance aux bruits répandus, qu'un des articles secrets du traité conclu avec la Russie donnait la Pologne au prince Constantin, avec le titre de roi; la Silésie à l'Autriche, en échange de la portion autrichienne de la Pologne; et le Hanovre à l'Angleterre. Il se persuada enfin que ces trois puissances étaient d'accord avec la France, et que de cet accord resultait un danger imminent pour la Prusse.

Les torts de la Prusse envers la France remontaient à des époques fort éloignées. La première, elle avait armé pour profiter de nos dissentions intestines. On la vit ensuite courir aux armes au moment de l'invasion du duc d'Yorck en Hollande; et lors des événemens de la dernière guerre, quoiqu'elle n'eût aucun motif de mécontentement contre la France, elle arma de nouveau, et signa, le ler. Octobre, 1805, ce fameux traité de Potsdam qui fut un mois après remplacé par le traité de Vienne.

Elle avait des torts envers la Russie, qui në peut oublier Pinexécution du traité de Potsdam, et la conclusion subsé quente du traité de Vienne.

Ses torts envers l'empereur d'Allemagne et le corps ge manique, plus nombreux et plus anciens, ont été connus de tous les tems. Elle se tint toujours en opposition avec is diète. Quand le corps germanique était en guerre, elle était en paix avec ses ennemis. Jamais ses traités avec l'Autriche ne recevaient d'exécution, et sa constante étude était d'exciter les puissances au combat, afin de pouvoir, au moment de la paix, venir recueillir les fruits de son adresse et de leurs succès.

Ceux qui supposeraient que tant de versatilité tient à us défaut de moralité de la part du prince, seraient dans une grande erreur. Depuis quinze ans la cour de Berlin est une arène où les partis se combattent et triomphent tour-à-tour; l'un veut la guerre, et l'autre veut la paix. Le moindre événement politique, le plus léger incident donne l'avantage à l'un ou à l'autre, et le roi, au milieu de ce mouvement des passions opposées, au sein de ce dédale d'intrigues, flotte incertain, sans cesser un moment d'être honnête homme.

Le 11 Août un courier de M. le marquis de Lucchesini arriva à Berlin, et y porta, dans les termes les plus positifs, l'assurance de ces prétendues dispositions par lesquelles la France et la Russie seraient convenues par le traité du 20 Juillet, de rétablir le royaume de Pologne, et d'enlever la Silésie à la Prusse. Les partisans de la guerre s'enflammèrent aussi-tôt, ils firent violence aux sentimens personnels da roiz 40 couriers partirent dans une seule nuit, et l'on courut aux

armes.

Ia nouvelle de cette explosion soudaine parvint à Paris, le 20 du même mois. On plaignit un allié si cruellement abusé; on lui donna sur-le-champ des explications, des assurances précises; et comme une erreur manifeste était le seul motif de ces armemens imprévus, on espéra que la réflexion calmerait une effervescence aussi peu motivée.

Cependant, le traité signé à Paris, ne fut pas ratifié à St. Pétersbourg, et des renseignemens de soute espèce ue tardèrent pas à faire connaître à la Prusse, que M. le marquis de Lucchesini avait puisé ses renseignemens dans les réunions les plus suspectes de la capitale, et parmi les hommes d'intrigue qui composaient sa société habituelle. En conséquence il fut rappelé; on annonca pour lui succéder, M. le baron de Kuobelsdorff, homme d'un caractère plein de droiture et de franchise, et d'une moralité parfaite. Cet envoyé extraordi naire arriva bientôt à Paris, porteur d'une lettre du roi de Prusse, datée du 23 Août.

Cette lettre était remplie d'expressions obligeantes et de déclarations pacifiques, et l'empereur y répondit d'une manière franche et rassurante,

Le lendemain du jour où partit le courier porteur de cette réponse, on apprit que des chansons outrageantes pour la France avaient été chantées sur le théâtre de Berlin; qu'aus sitôt après le départ de M. de Knobelsdorff les armemens avaient redoublés, et quoique les hommes demeurés de sangfroid eussent rougi de ces fausses alarmes, le parti de la guerre, soufflaut la discorde de tous côtés, avait si bien exalté toutes les têtes que le roi se trouvait dans l'impuissance de résister

au torrent.

On commença dès lors à comprendre à Paris, que le parti de la paix ayant lui-même été alariné par des assurances mensougères et des apparances trompeuses, avait perdu tous ses avantages, tandis qus le parti de la guerre, mettant à profit l'erreur dans laquelle ses adversaires s'étaient laissé entrainer, avait ajouté provocation à provocation et accumulé insuite sur insuite, et que les choses étaient arrivées à un tel point, qu'on ne pourrait sortir de cette situation que par la guerre.

L'empereur vit alors que telle était la force des circons tauces, qu'il ne pouvait éviter de prendre les armes coutre son allié. Il ordona de préparatifs.

Tout marchait à Berlin avec une grande rapidité; les troupes prussiennes entrèrent en Saxe, arrivèrent sur les frontières de la confédération, et insultèrent les avant-postes.

Le 24 Septembre, la garde impériale partit de Paris pour Bamberg, où elle est arrivee le 6 Octobre. Les ordres furent expédiés pour l'armée, et tout se mit en mouvement.

Ce fut le 25 Septembre que l'empereur quitta Paris; le 28, il était à Mayence, le 2 Octobre, à Wurtzbourg, et le 6 à Banberg.

Le même jour, deux coups de carabine furent tirés par les hussards prussiens sur un officier de l'état-major français. Les deux armées pouvaient se considérer comme en présence.

le

Le 7, S. M. l'empereur reçut un courier de Mayence, dépêché par le prince de Bénévent, qui était porteur de deux dépêches importantes: l'une éta t une lettre du roi de Prusse, d'une vingtaine de pages, qui n'était réellement qu'un mauvais pamphlet contre la France, dans le genre de ceux que cabinet anglais fait faire par ses écrivains à 500 liv. st. par an. L'empereur n'en acheva point la lecture, et dit aux personnes qui l'entouraient: "Je plains mon frère le roi de Prusse; il n'entend pas le Français, il n'a pas sûrement la cette rapsodie." A cette lettre était jomte la célèbre note de M. Knobel-dorff. “Maréchal,” dit l'empereur au maréchal Berthier, donne un rendez-vous d'honneur pour le 8; jamais un Français n'y a manqué; mais comme on dit qu'il y a une belle reine, qui veut être témoin des combats, soyous courtois, et marchons, Bans nous coucher, pour la Saxe.” L'empereur avait raison de parler ainsi, car la reine de Prusse est à l'armée, habillée Ттттт

66 où nous

en amazone, portant l'uniforme de son régiment de dragons; écrivant vingt lettres par jour pour exciter de toutes parts l'in cende. Il semble voir Armide dans sou égarement, mettant le feu à son propre palais; après elle, le prince Louis de Prusse, jeune prince, plein de bravoure et de courage, excité par le parti, croit trouver une grande renommée dans les vicissitudes de la guerre. A l'exemple de ces deux grands personnages, toute la cour crie à la guerre : mais quand la guerre se sera presentée avec toutes ses horreurs, tout le monde s'e cosera d'avoir été coupable, et d'avoir attiré la foudre sur les provinces paisibles du uord; alors, par une suite naturelle des 10conséquences des gens de cour, on verra les auteurs de la guerre, non-seulement la trouver insensée, s'excuser de l'a voir provoquée, et dire qu'ils la voulaient, mais dans un autre tems; mais même eu faire retomber le blâme sur le roi, hoanête homme, qu'ils ont rendu la dupe de leurs intrigues et de leurs artifices.

Paris, le 13 Novembre,

Le maréchal Mortier, commandant le 8e. corps de la grande armée, s'est mis en marche le 30 Octobre, sur Cassel. li y est arrivé le 31.

Voici la note que le chargé d'affaires de France a présentée au prince, vingt-quatre heures auparavant.

NOTE du 29 Octobre, 1806.

que

"Le soussigné, chargé d'affaires de S. M. l'empereur des Français et roi d'Italie, est chargé de déclarer à S. A. S. le prince de Hesse-Cassel, maréchal au service de Prusse, ** S. M. l'empereur a une parfaite connaissance de l'adhésion à la coalition de la Prusse de la part de la cour de Cassel ;” Que c'est en conséquence de cette adhés ou que les sémestriers ont été appelés, des chevaux distribués à la cavalerie, la place de Hanau, approvisionnée et aboudamment pourvue de garnison;

60

[ocr errors]

Que c'est en vain que S. M. a fait connaître à M. de Malsbourg, ministre du prince de Hesse-Cassel à Paris, que tout armement de la part du prince de Hesse-Cassel serait regardé comme un hostilité; que pour toute réponse, la cour de Cassel a ordonné à M. de Malsbourg de demander des passeports à Paris et de retouruer à Gassel;

"Que depuis, les troupes prus-ienues sont entrées à Cassel ; qu'elles y ont été accuellies avec enthousiasme par le prince héréditaire, général au service de Prusse, qui a même traversé la ville à leur tête :

"Que ces troupes ont traversé tous les états de Hesse-Cassel pour attaquer l'armée française à Francfort:

"Qu'immédiatement après, le plan de campagne de l'a mée française étant venu à se développer, les généraux pruss sie is out senti la nécessité de rappeler tous leurs détachemens pour se concentrer à Weimar, afin de livrer bataille ;

"Que c'est donc par l'effet des circonstances militaires, et non de la neutralité de la Hesse, que les troupes prussiennes ont rétrog idé sur leurs lieux de rassemblemens;

"Que pendant tout le tems que le sort des armées a été incertain, la cour de Hesse-Cassel a continué ses armemens comme un acte d'hostilité;

[ocr errors]

"Que les armées prussiennes ayant été battues, et rejetées au-delà de l'Oder, il serait aussi imprudent qu'insensé de la part du général de l'armée française de laisser se former cette armée hessoise qui serait prête à tomber sur les derrières de l'armée française si elle éprouvait un échec ;

"Que le soussigné a donc reçu l'ordre exprès de déclarer que la sûreté de l'armée française exige que la place de Hanau et tout le pays de Hesse-Cassel soient occupés; que les armes, canons, arsenaux soient remis à l'armée françaie, et que tous les moyens soient pris pour assurer les derrières de l'armée contre l'inimitié constante qu'a montrée à l'égard de la France, la maison de Hesse-Cassel.

"Il reste au prince de Hesse-Cassel à voir dans la situation des choses, s'il veut repousser la force par la force, et rendre son pays le théâtre des désastres de la guerre. Toutefois cela étant incompatible avec une saine politique, le sonssigné a reçu ordre de demander ses passeports et de se retirer de suite."

(Signé)

SAINT-GENEST. Voici ensuite la proclamation qu'a faite le maréchal Mor

tier.

PROCLAMATION

Du 31 Octobre.

Edouard Mortier, maréchal de l'empire, etc.
Habitans de Hesse,

C'est le

Je viens prendre possession de votre pays. seul moyen de vous éviter les horreurs de la guerre. Vous avez été témoius de la violation de votre territoire par les troupes prussiennes. Vous avez été scandalisés de l'accueil que leur a fait le prince héréditaire. Dailleurs, votre souve◄ rain et son fils, ayant des grades au service de Prusse, sout tenus à l'obéissance aux ordres du commandant en chef de l'armée prussienne. La qualité de souverain est incompatie ble avec celle d'officier au service d'une puissance, et de la dépendance des tribunaux étrangers.

Votre religion, vos lois, vos mœurs, vos priviléges seront respectés, la discipline sera maintenue; de votre côté, soyez Ттттт 2

« PreviousContinue »