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En vertu de l'autorisation spéciale de son Altesse Royale Monsieur, frère du Roi, lieutenant général du koyaume.

Nous, François de Mallet, maréchal des catnps et armées du roi, chevalier de l'ordre du mérite militaire, commandant en chef provisoirement pour le roi, dans l'arrondissement de Haute Normandie et sur la rive droite de la Seine.

En raison des bons et loyaux services rendus par Monsieur Louis Ducorps; de son expérience et vigilance à la guerre, de son attachement aux principes de la religion et de la monar chie, nous l'avons nommé, et nommons provisoirement, par ces présentes, capitaine d'Infanterie dans la quatrième division, pour prendre rang en cette qualité parmi les autres capitaines des armées royales, et pour jouir des droits, titres et préroga tives, accordés à cet emploi.

Ordonnons à tous les fidèles sujets de sa majesté, de le recon naltre en cette qualité et de lui obéir en tout ce qu'il com mandera pour le bien du service.

Donné à notre quartier général de Rouen, le 7 Décembre de l'an de grâce 1799.

(Signé)

DE MALLET.

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Les débarquemens successifs des conspirateurs eurent lieu, et ce fut Louis Ducorps qui fut chargé de les conduire de Preuseville à Aumale, et d'Aumale à Fouquière, et même à Caille Fontaine. Il faisait leurs commissions, il allait dans ces différens endroits prévenir de leur arrivée, et ensuite il leur servait de guide.

Il avait acheté pour ces sortes de commissions et pour le transport des paquets un cheval moyennant la somme de 300 livres, qui lui avait été fournie par Lemaire.

Il lui était payé quatre à cinq louis par mois.

Les conspirateurs ne lui avaient pas laissé ignorer que leur projet était de renverser le gouvernement, et de mettre un Bourbon sur le trône.

Parmi les conjurés qu'il a vus chez Monsieur, et auxquels il a servi de guide, il a indiqué Georges Lemaire, Raoul, Jules et Armand Polignac, Armand Gaillard, Lemercier, Lelan, Jean Pierre, Jean Louis Tamerlan et Picot sous le nom de Joseph.

Il a reconnu également Lemercier, et Jean Louis pour les avoir conduits à Caille Fontaine chez la femme Lesueur; et leur avoir porté du linge qui lui avait été donné par eux chez donne par s Monnier.

Il a fait un voyage à Paris. Il a été chez Denand, rue du Bac pour remettre de la part de Lemaire, une lettre à Raoul Gailliard.

Il n'eût pas manqué de se trouver à Paris pour l'action; la quitté la maison de Monnier et de sa femme, quand ile

ont été arrêtés, et il l'a été lui-même, le 22 Germinal chez sa mère à Saint Piat, où il s'était réfugié.

Il a d'abord nié tous les faits, ensuite il les a avoués, et a déclaré que c'était Mallet qui l'avait entraîné.

Il prétend qu'on a dans le principe abusé de son inexpérience et ensuite de sa misère et de ses malheurs.

LERIDAN.

Il a servi en qualité de conscrit dans le premier bataillon de la légion de l'Ouest.

Par acte passé devant notaire à Rennes, le 5 Germinal, an 8, il a traité avec le nommé Sevestre pour le remplacer.

Le même jour, Sevestre a été agréé par le conseil d'administration.

Muni de son congé et d'un passeport, Leridan s'est rendu à Paris, pour y apprendre le commerce.

Il paraît qu'il est resté long-tems chez le citoyen Willer. may, négociant, rue Michel Lepelletier.

Il avait connu Georges Cadoudal lors de la pacification parce qu'il avait un frère qui était son aide-de-camp.

Raoul Gaillard, dit Saint Vincent l'avait découvert à Paris, et avait été le voir.

Après le premier débarquement, Joyant, auquel Saint Vin cent avait parlé, alla le voir.

Le Citoyen Willermay ayant manqué, il restait sans place. Georges et ses agens, qui probablement lui connaissaient déjà quelques dispositions à les servir, pensèrent que c'était le moment de se l'attacher'; on le chargea de différentes commis şions.

Il alla habituellement où était Georges et vit les agens qui l'environnaient,

Joyaut l'envoya, au mois de Brumaire, porter dix louis & Versailles, à la demoiselle Brossard, ex-religieuse.

A la fin du même mois, il a été envoyé, par Georges, à Rennes, pour porter trois cents louis à Lahaye, Saint Hilaire, dit Raoul, un des agens de la conspiration,

C'est Burban Malabry, qu'il trouva à Rennes, qui le conduisit an milieu de la nuit à travers champ à une petite maison où demeurait Saint Hilaire dans un village peu distant de Rennes,

De retour à Paris, il a continué de voir Georges et ses com, plices.

Il a échangé pour Joyaut un nombre considérable de pièces d'or étrangères.

Il a touché chez un banquier une somme de onze mille livres pour lui.

Il est convenu, qu'à l'exception du tems de ses voyages, il Toyait Georges trois fois par semaine.

Qu'il avait été chez lui rue de Carême Prenant à Chaillot et rue du Puit l'Hermite.

Il savait quelle avait éte la conduite de Georges et celle de Joyaut dans les guerres de l'Ouest ; il savait également quelle avait été celle de Burban, avec lequel il avait fait ses études.

Il connoissait celle d'une autre partie des agens de Georges, qu'il voyait, ou dont il entendait parler; et par conséquent il ne pouvait douter que leur réunion n'eût un objet criminel; cependant rien ne l'arrêta.

C'est lui, qui au nom de Joyaut porta une lettre à Fresnière secrétaire de Moreau, qu'il atteste être venu deux fois voir Joyaut.

On ne l'eût point chargé de faire des voyages et des commissions qui exigeaient la plus grande discrétion, s'il ne fut pas devenu un des agens de l'exécution du plan.

La publication par les papiers publics de la conspiration dont Georges était signalé comme le chef, ne l'empêcha pas de le voir, ainsi que ses affidés.

Il continua, malgré l'arrestation de Picot, de Moreau, de Lajolais, de Coster et de Roger,

Il continua, malgré la désignation formelle de ceux avec lesquels il communiquait.

C'est à lui que Joyaut s'adressa le 17 Ventôse, pour le prier de lui procurer un autre logement que celui où ils étaient, montagne Saint Geneviève.

C'est à lui qu'il confia les inquiétudes qu'ils avaient.

Il est constant qu'il a été avec Joyaut reconnaître le lieu où il devait, le 18, conduire un cabriolet pour les enlever.

Il n'a pu disconvenir que le 16 il s'était trouvé sur le boule vard Saint Antoine avec Joyaut, et qu'ils avaient vu une femme nommée Julie, que Joyaut avait engagée à lui pro❤ curer un logement pour lui et un ami.

Il a réellement Joué un cabriolet le 18, et malgré la publication de la loi contre ceux mêmes qui recevraient Georges et ses complices, il s'est rendu, heure marquée, au lieu con

venu.

Il était dans ce cabriolet avec Georges, lorsque deux inspecteurs de police se jetèrent sur les brancards, rue de l'Egalité, près celle des quatre vents.

Il y était lorsque fut tiré le coup de pistolet qui ta Buffet. Il se sauvait, lorsque le second coup de pistolet fut tiré par Georges sur Caillole.

Il a été suivi et arrêté presqu'à l'instant.

Conduit devant un magistrat de sûreté, il fit des réponses évasives; mais bientôt à la préfecture de police et devant le juge chargé de l'instruction, il commença à faire des aveux, et on ne tarda pas à avoir de lui tous les renseignemens qu'il pouvait administrer.

Il ne put contester que les brigands disaient qu'ils étaient at

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tachés au parti des Bourbons, et qu'ils chercheraient les moyens de les rétablir sur le trône.

Il a prétendu ne pas être instruit des moyens qu'ils comptaient employer.

Malgré tons les faits dont on vient de rendre compte, et qu'il a été obligé d'avouer, il a soutenu qu'il était étranger à la conspiration.

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Après le traité d'Amiens, il a été à Jersey,

Il est passé ensuite à Londres.

En Angleterre, il a été enregimenté sous Georges qui lui a fait donner le grade de capitaine, et se l'est attaché pour son service domestique.

Il recevait du gouvernement britannique deux schellings de paye par jour.

Il en est convenu.

Il a aussi déclaré que beaucoup d'autres passés comme lui, avaient été enregimentés et recevaient solde.

Il a même attesté qu'il y en avait en France qui n'avaient pas cessé de recevoir, quoique restés dans leurs foyers.

Il faisait partie du premier débarquement. On conçoit qu'il pe devait pas se séparer de Georges.

Il est arrivé comme lui par une des échelles formées pour les affidés. Comme lui, il n'a pas cessé de voir les conjurés dont il connaissait les projets.

Il a legé à Chaillot No. 6, rue de Carême Prenant, No, 21, et rue du Puits l'Hermite, chez Verdet.

Il logeait encore rue du Puits l'Hermite lorsque le 18 Pluviose, au moment même où, par ordre de police, on faisait une perquisition chez Denand, merchand de vin, rue du Bac, il se présente, il s'aperçoit que des inspecteurs l'examinent, il voit qu'on le tourne et qu'il va être arrêté; pour tâcher de se soustraire, et pour prévenir les autres conspirateurs, il tire un coup de pistolet.

On le saisit, on s'empare du pistolet tiré, d'un autre chargé et amorcé, et d'un poignard à lame carée et bronzée, garni en argent.

On trouve sur lui cinq cartouches à balles, calibre de pistolets, une poire à poudre garnie en cuivre, demi pleine, et six balles à pistolet.

On arrête dans la même maison Merille et Rubin Lagrimau diere.

Les pistolets et le poignard lui avaient été donnés par Georges. Il dit, lorsqu'on l'arrêta et qu'on le questionna sur le poignard dont il était porteur, qu'il était pour assassiner Bonaparte.

Il le répéta le lendemain devant le préfet de police.

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Il ajouta qu'il voulait être fusillé, qu'il le méritait, qu'il voulait mourir pour sa religion et pour son roi.

Le 20, il donna le signalement de Georges, et dit qu'il avait une demeure à Chaillot,

Le 24, il avoua connaître la femme Verdet, qui avait été arrêtée.

Il déclara que Georges avait logé chez elle, que très-souvent la correspondance se faisait par la femme Denand.

Que le soir où il avait été arrêté, il était suivi par Raoul Gaillard, dit Saint Vincent.

Que Joyaut, dit Villeneuve, ne devait pas être loin.
Qu'il était entré chez Denand pour savoir où on était.
Que Bouvet était le chef de la correspondance anglaise;
Que Georges brûlait les papiers aussitôt qu'il les avait lus.
Que Georges avait demeuré rue de Carême Prenant;

Que dans les chevaux saisis et appartenant à Charles d'Hozier il y en avait un au duc de Berry, ou du moins venant de lui.

Il promit d'indiquer les lieux où on se réunissait pour attaquer le Premier Consul.

Il dit que les chefs avaient tiré au sort à qui l'attaquerait. Qu'ils voulaient l'enlever s'ils le rencontraient sur la route de Boulogne, où l'assassiner en lui présentant une pétition à la parade, ou lorsqu'il irait au spectacle.

Que c'était pour cela qu'on avait fait faire des uniformes. Le même jour il a encore déclaré que les chefs avaient pété fréquemment devant lui; qu'ils étaient fâchés que les princes eussent mis Moreau dans l'affaire.

Qu'il y avait une cache chez Denand;

Qu'il avait entendu dire plus d'une fois aux chefs, en cas d'événement, mettez tout dans la cache et sauvez-vous.

Le 25 il est convenu que Pichegru, qui était du troisième débarquement, sous le nom de Charles, avait logé avec Georges à Chaillot, chez Verdet.

Il est aussi convenu que Rusillion avait logé chez Verdet. Il a donné des renseignemens sur des assassins qui étaient dans différens départemens.

Il a continué le 27.

Il en a encore donné le premier Ventôse.

Il a indiqué des stations; il a indiqué des lieux où des chevaux avaient été placés; il a signalé une partie des conjurés. Il a reconnu une grande partie des conspirateurs dont il a été également reconnu; il n'a pas cessé d'administrer les renseignemens qu'il pouvait donner.

Une déclaration, par lui faite le 10 Floréal an 12, prouve que le gouvernement britannique n'a pas discontinué de fournir la solde des rebelles de l'Ouest.

Elle établit que les vols de diligences se faisaient par les ordres de ce gouvernement transmis à Georges.

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